Daniel Minani et sa compagne Madeleine Nyandwi dans leur potager, au Québec.
Le Canada est devenu un des principaux pays d'émigration des Africains. Mais que trouvent-ils donc à ce pays pour ne jurer que par lui?
En ce début de mois de septembre, les derniers rayons de soleil de l'été jouent à cache-cache avec le feuillage des arbres.
Sur le balcon d'un appartement de Sherbrooke, au Québec, deux fillettes rient à gorge déployée, offrant leur visage à la brise de cette fin d'après-midi.
Dans la salle de séjour, leurs parents sont loin d'afficher la même insouciance.
Le mobilier sommaire de la demeure démontre que ses occupants n'y sont pas depuis longtemps.
Mhamed et Lamia ont débarqué au Québec depuis quatre mois seulement. Partis d'Alger, ils espèrent offrir une meilleure vie à leurs quatre enfants.
«En Algérie, on ne voyait pas le bout du tunnel. Les conditions de vie sont difficiles avec les tensions politiques, un système éducatif déplorable et un faible pouvoir d'achat», explique Mhamed.
Face à cette situation, le couple vend le petit restaurant qui faisait vivre la famille et met le cap sur le Canada.
«En tant qu'Africain, on n'a pas beaucoup de choix pour émigrer en Occident. En Europe, il n'y a pas de politique d'immigration en tant que telle, sauf peut-être quand on est étudiant. Et encore, c'est une aventure très hasardeuse», constate Mhamed.
Comme le Canada semble disposé à accueillir des étrangers, Mhamed et Lamia ont préféré ce pays qui leur tendait les bras.
C'est en regardant une émission, sur une chaîne française, dans laquelle on encourageait les Français à émigrer au Canada, que Mhamed va s'intéresser à ce pays.
Bientôt plus d'Africains que de Canadiens au Canada?
Confronté à une population vieillissante et à un taux de natalité bas, le Canada ouvre ses frontières à une main-d'œuvre étrangère. Et les Africains s'engouffrent dans cette brèche.
Selon Statistique Canada, «les personnes d'origine africaine constituent un des plus grands groupes ethniques non européens au Canada», et «le nombre de personnes d'origine africaine augmente de façon beaucoup plus rapide que l'ensemble de la population.»
Si le Canada a autant la cote auprès des Africains, c'est parce que «le processus d'émigration est souple. On accepte les gens de tous les niveaux d'études. L'essentiel c'est d'avoir une expérience de travail. Si on est moins diplômé, le fait de travailler joue en votre faveur; cela a été le cas pour nous», souligne Lamia.
Mais avant de postuler, Mhamed et Lamia se sont renseignés auprès d'autres compatriotes vivant au Canada.
«Il y a beaucoup d'Algériens qui partent vivre au Canada. En 1998, un ami qui avait émigré est revenu se marier en Algérie. J'en ai profité pour discuter avec lui. Ce qui m'a marqué, quand il me parlait de son expérience, c'est qu'il n'y a pas de discrimination au Canada», se rappelle Mhamed.
Au bout de trois ans et demi de procédure, Mhamed et Lamia obtiennent leur résidence permanente pour le Québec.
Le sésame de la nationalité canadienne
Assane Bâ, lui, n'a pas attendu aussi longtemps. En deux ans, il est reçu résident permanent. Arrivé au Québec en 2007, ce Sénégalais d'origine a le parcours classique de la majorité d'Africains établis au Canada: le passage par la case Europe.
Alors qu'il a fait ses études en France, où il a vécu pendant 11 ans, Assane Bâ choisit de poser ses bagages en Amérique.
«Mon but est d'avoir une expérience professionnelle sur tous les continents. J'avais fait le tour de l'Europe, il était temps que je vienne sur le continent américain.»
Comme il ne parle que le français, le choix du Québec s'impose à lui. L'option du Canada est d'autant plus évidente que, pour Assane Bâ, «c'est le seul pays occidental dont il est relativement facile d'avoir la nationalité aujourd'hui».
Avoir la nationalité canadienne, c'est l'élément qui pèse le plus sur la balance quand les Africains choisissent le Canada.
Ici, après trois ans de résidence, on devient Canadien, pour peu qu'on demande la citoyenneté.
«Notre arrivée au Canada est un acte réfléchi. Nous avons l'ambition d'y faire notre vie et de devenir Canadiens. Comme ça, on n'est pas dans une situation provisoire et personne ne vous dira un jour de rentrer dans votre pays d'origine, si vous avez un passeport canadien. C'est vraiment rassurant et différent de la situation en Europe, où on n'est jamais sûr que son titre de séjour sera renouvelé», confie Mhamed.
En plus de ce confort, le passeport canadien ouvre les frontières de bien de pays dans le monde, sans avoir besoin de visa. Un détail non négligeable.
Pour les Africains, habitués à se voir refuser le droit d'entrer dans des pays occidentaux, cela veut dire visiter quand on veut les Etats-Unis, presque tous les pays européens, l'Afrique du Sud, Hong-Kong ou la Nouvelle-Zélande. On devient véritablement citoyen du monde.
Une qualité de vie attrayante
Au-delà de la nationalité canadienne, les Africains apprécient la qualité de vie que leur offre le Canada.
Assane Bâ, par exemple, a amélioré sa situation financière. Ce contractuel en informatique a plus de pouvoir d'achat grâce à une facilité d'accès au crédit et une meilleure rémunération.
Dans son grand appartement de trois chambres, qu'il occupe tout seul, il prend conscience qu'il a pu réaliser des rêves en quelques années:
«Je suis propriétaire de mon logement et j'ai pu faire quelques investissements, ce qui est plus difficile en Europe.»
Si beaucoup choisissent d'aller vivre au Canada, certains y sont contraints. Daniel Minani aime à préciser qu'il n'a pas choisi le Canada, c'est le Canada qui l'a choisi.
C'est depuis un camp de réfugiés, en Tanzanie, que ce Burundais a été sélectionné pour le Canada. C'était il y a dix ans.
Depuis, il a trouvé sa place dans sa nouvelle patrie. Avec sa compagne, ils ont racheté une ferme qu'ils exploitent avec succès. Ce qui leur vaut souvent d'être cités en exemple par le gouvernement québécois, qui sait reconnaître la valeur de ceux qu'il accueille.
C'est que Daniel Minani a vite compris, à son arrivée au Québec, qu'il était au pays de tous les possibles. Pour une fois, il était véritablement maître de son destin, dans un monde qui offre plein d'opportunités.
Même si la situation s'est stabilisée au Burundi, il ne compte pas rentrer y vivre. Il a pris racine au Canada et entend bien y rester.
Nomba Danielle
Source : http://www.slateafrique.com/
En ce début de mois de septembre, les derniers rayons de soleil de l'été jouent à cache-cache avec le feuillage des arbres.
Sur le balcon d'un appartement de Sherbrooke, au Québec, deux fillettes rient à gorge déployée, offrant leur visage à la brise de cette fin d'après-midi.
Dans la salle de séjour, leurs parents sont loin d'afficher la même insouciance.
Le mobilier sommaire de la demeure démontre que ses occupants n'y sont pas depuis longtemps.
Mhamed et Lamia ont débarqué au Québec depuis quatre mois seulement. Partis d'Alger, ils espèrent offrir une meilleure vie à leurs quatre enfants.
«En Algérie, on ne voyait pas le bout du tunnel. Les conditions de vie sont difficiles avec les tensions politiques, un système éducatif déplorable et un faible pouvoir d'achat», explique Mhamed.
Face à cette situation, le couple vend le petit restaurant qui faisait vivre la famille et met le cap sur le Canada.
«En tant qu'Africain, on n'a pas beaucoup de choix pour émigrer en Occident. En Europe, il n'y a pas de politique d'immigration en tant que telle, sauf peut-être quand on est étudiant. Et encore, c'est une aventure très hasardeuse», constate Mhamed.
Comme le Canada semble disposé à accueillir des étrangers, Mhamed et Lamia ont préféré ce pays qui leur tendait les bras.
C'est en regardant une émission, sur une chaîne française, dans laquelle on encourageait les Français à émigrer au Canada, que Mhamed va s'intéresser à ce pays.
Bientôt plus d'Africains que de Canadiens au Canada?
Confronté à une population vieillissante et à un taux de natalité bas, le Canada ouvre ses frontières à une main-d'œuvre étrangère. Et les Africains s'engouffrent dans cette brèche.
Selon Statistique Canada, «les personnes d'origine africaine constituent un des plus grands groupes ethniques non européens au Canada», et «le nombre de personnes d'origine africaine augmente de façon beaucoup plus rapide que l'ensemble de la population.»
Si le Canada a autant la cote auprès des Africains, c'est parce que «le processus d'émigration est souple. On accepte les gens de tous les niveaux d'études. L'essentiel c'est d'avoir une expérience de travail. Si on est moins diplômé, le fait de travailler joue en votre faveur; cela a été le cas pour nous», souligne Lamia.
Mais avant de postuler, Mhamed et Lamia se sont renseignés auprès d'autres compatriotes vivant au Canada.
«Il y a beaucoup d'Algériens qui partent vivre au Canada. En 1998, un ami qui avait émigré est revenu se marier en Algérie. J'en ai profité pour discuter avec lui. Ce qui m'a marqué, quand il me parlait de son expérience, c'est qu'il n'y a pas de discrimination au Canada», se rappelle Mhamed.
Au bout de trois ans et demi de procédure, Mhamed et Lamia obtiennent leur résidence permanente pour le Québec.
Le sésame de la nationalité canadienne
Assane Bâ, lui, n'a pas attendu aussi longtemps. En deux ans, il est reçu résident permanent. Arrivé au Québec en 2007, ce Sénégalais d'origine a le parcours classique de la majorité d'Africains établis au Canada: le passage par la case Europe.
Alors qu'il a fait ses études en France, où il a vécu pendant 11 ans, Assane Bâ choisit de poser ses bagages en Amérique.
«Mon but est d'avoir une expérience professionnelle sur tous les continents. J'avais fait le tour de l'Europe, il était temps que je vienne sur le continent américain.»
Comme il ne parle que le français, le choix du Québec s'impose à lui. L'option du Canada est d'autant plus évidente que, pour Assane Bâ, «c'est le seul pays occidental dont il est relativement facile d'avoir la nationalité aujourd'hui».
Avoir la nationalité canadienne, c'est l'élément qui pèse le plus sur la balance quand les Africains choisissent le Canada.
Ici, après trois ans de résidence, on devient Canadien, pour peu qu'on demande la citoyenneté.
«Notre arrivée au Canada est un acte réfléchi. Nous avons l'ambition d'y faire notre vie et de devenir Canadiens. Comme ça, on n'est pas dans une situation provisoire et personne ne vous dira un jour de rentrer dans votre pays d'origine, si vous avez un passeport canadien. C'est vraiment rassurant et différent de la situation en Europe, où on n'est jamais sûr que son titre de séjour sera renouvelé», confie Mhamed.
En plus de ce confort, le passeport canadien ouvre les frontières de bien de pays dans le monde, sans avoir besoin de visa. Un détail non négligeable.
Pour les Africains, habitués à se voir refuser le droit d'entrer dans des pays occidentaux, cela veut dire visiter quand on veut les Etats-Unis, presque tous les pays européens, l'Afrique du Sud, Hong-Kong ou la Nouvelle-Zélande. On devient véritablement citoyen du monde.
Une qualité de vie attrayante
Au-delà de la nationalité canadienne, les Africains apprécient la qualité de vie que leur offre le Canada.
Assane Bâ, par exemple, a amélioré sa situation financière. Ce contractuel en informatique a plus de pouvoir d'achat grâce à une facilité d'accès au crédit et une meilleure rémunération.
Dans son grand appartement de trois chambres, qu'il occupe tout seul, il prend conscience qu'il a pu réaliser des rêves en quelques années:
«Je suis propriétaire de mon logement et j'ai pu faire quelques investissements, ce qui est plus difficile en Europe.»
Si beaucoup choisissent d'aller vivre au Canada, certains y sont contraints. Daniel Minani aime à préciser qu'il n'a pas choisi le Canada, c'est le Canada qui l'a choisi.
C'est depuis un camp de réfugiés, en Tanzanie, que ce Burundais a été sélectionné pour le Canada. C'était il y a dix ans.
Depuis, il a trouvé sa place dans sa nouvelle patrie. Avec sa compagne, ils ont racheté une ferme qu'ils exploitent avec succès. Ce qui leur vaut souvent d'être cités en exemple par le gouvernement québécois, qui sait reconnaître la valeur de ceux qu'il accueille.
C'est que Daniel Minani a vite compris, à son arrivée au Québec, qu'il était au pays de tous les possibles. Pour une fois, il était véritablement maître de son destin, dans un monde qui offre plein d'opportunités.
Même si la situation s'est stabilisée au Burundi, il ne compte pas rentrer y vivre. Il a pris racine au Canada et entend bien y rester.
Nomba Danielle
Source : http://www.slateafrique.com/