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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

La rubrique 'Rencontre avec…' de votre site www.ocvidh.org/ reçoit BA Mamadou Bocar.


La rubrique 'Rencontre avec…' de votre site www.ocvidh.org/ reçoit BA Mamadou Bocar.
Mamadou Bocar BA

Ancien et médiatique Secrétaire aux Relations extérieures des FLAM, ce politique brillant et rompu à l'art de la rhétorique a défendu deux décennies durant les thèses de son Parti.
Le 15 février 2006, à la surprise presque générale, il claquait la porte du mouvement, emportant dans ses bagages des camarades de route et la "volonté d'oeuvrer sur le terrain en Mauritanie.. .". Il aborde sans détours les questions de l'heure, allant du retour au pays à l'engagement politique sur le terrain national en passant par les relations avec l'AJD-MR, la cohabitation et bien d'autres points.


Mamadou Bocar BA, bonjour.
L'OCVIDH est heureuse de vous accueillir dans sa rubrique « Rencontre avec... ». Voulez-vous présenter à nos lecteurs ?


Je m'appelle Mamadou Bocar BA, je suis né en 1954 à Sinthiane Padalal dans le département de Maghama. Je suis marié et père 5 enfants. Après des études primaires à Wali et Nouachott, j'intégrai le lycée National en 1967 et obtint en 1974 mon baccalauréat série « C » , je fus orienté au Maroc à l'institut National des Postes et Télécommunication (INPT) de Rabat. Mes études à l'Institut furent sanctionnées par un diplôme d'ingénieur d'application qui m'a permis d'obtenir une inscription en licence de sciences physiques par équivalence à la faculté des sciences de Rabat où j'obtins en 1980 un diplôme de maîtrise .A mon retour au pays je fus recruté comme professeur stagiaire de sciences physiques et envoyé au Collège de Sélibaby en janvier 1981en qualité de professeur de mathématiques.
Après Sélibaby je fus affecté à Boghé pour enseigner la physique et la chimie jusqu'en juin 1984. En septembre de la même année je fus nommé inspecteur à l'inspection générale de l'enseignement secondaire.
En janvier 1986, j'obtins une bourse de stage de six mois au Centre International des Etudes Pédagogiques de Sèvres (CIEP) dans la région parisienne. A mon retour en juin la situation au pays était tendue et la crise couvait. Après les arrestations des dirigeants des FLAM en septembre, un comité de soutien aux détenus noirs se mit en place et j'en étais un membre actif. Ce qui me valut d'être arrêté le 14 octobre 198 , jugé et condamné à quatre ans de prison, je fus libéré le 14 décembre 1989 suite à la remise de peine d' accordée par Maouya qui tenait à libérer les baathistes pour se réconcilier avec Saddam Hussein.
A la sortie de prison je me suis retrouvé exilé au Sénégal et je militais au sein des FLAM. Je fus élu au Bureau National du mouvement comme Secrétaire National chargé des finances en janvier 1991, et reconduit en 1994. Je démissionnai de ce poste en septembre 1997au moment où je quittai le Sénégal pour la France. Au congrès de décembre 1998 je fus de nouveau élu cette fois en qualité de Secrétaire National aux Relations Extérieures, avec résidence à Paris .Je fus également le premier Président de l'association des mauritaniens réfugiés au Sénégal (AMRS) en octobre 1991.
Le 15 février 2006 mes amis me portèrent à la tête de FLAM/Rénovation qui venait de voir le jour. Aujourd'hui je suis le 2eme vice président de l'Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Rénovation ( AJD/MR) après son congrès constitutif, tenu à Nouakchott les 18 et 19 août dernier.

Il y'a un an, presque jour pour jour, disparaissait une des figures les plus emblématiques de la communauté négro- mauritanienne, homme de culture et militant politique, le Professeur Saïdou KANE. Vous l'avez bien connu, que vous inspire ces moments de recueillement et de souvenir ?

En effet j'ai connu Saidou KANE pour avoir travaillé avec lui pendant les deux années où j'ai servi comme inspecteur. Il était inspecteur et avait en charge l'histoire et la géographie.
Nous avions une grande amitié et beaucoup de respect l'un pour l'autre.
Les conditions extrêmement pénibles de la prison de Walata m’ont permis de connaître d’avantage la personne. C'est en effet dans les moments difficiles qu'on reconnaît les grands hommes et Saidou en était un. Il était toujours égal à lui-même et avait toujours un mot pour détendre l'atmosphère.
Son engagement constant pour une Mauritanie de paix et de fraternité n'avait pas de limite. Il était un homme de relation et savait respecter l'autre. Il était d'une très grande générosité.
Sa disparition est une grande perte pour notre pays.

Sur la scène politique mauritanienne, vous n'êtes pas un inconnu. Vous venez de le rappeler, longtemps Secrétaire des FLAM, vous avez mené le groupe de ceux qui s'en sont émancipés en février 2006 en créant les Flam-Rénovation. Vous avez, depuis, intégré avec toute votre structure l'AJD-MR. Expliquez-nous ...

Après le coup d’état du 3 août 2005 nous avons estimé mes amis et moi que le temps était venu pour nous de porter le combat à l’intérieur du pays. Mais cette vision n’était pas partagée par tous. Nous avons alors pris nos responsabilité s et créé les FLAM/Rénovation. Dès le départ nous avons annoncé clairement notre volonté de nous impliquer dans le processus démocratique qui se mettait en place malgré des réserves importantes quant à la non prise en compte de certains des problèmes majeurs du pays tels que le retour organisé des déportés, la résolution du passif humanitaire, le problème de l’esclavage et de la cohabitation. Nous avons fait du mieux que nous pouvions avec des moyens certes limités. Mais nous sommes sûrs d’avoir contribué – modestement - à faire avancer les choses. Je peux en déduire que notre bilan a été globalement positif.
Le départ des FLAM fut douloureux pour nous mais nous étions convaincus d’avoir fait le bon choix et nous nous devions de l’assumer. Les FLAM nées en Mauritanie avaient pour vocation de lutter à l’intérieur du pays. L’exil étant dû seulement à la violence de la répression qui a frappé notre mouvement. Nous ne pouvions pas conditionner le retour de notre organisation à l’intérieur par la résolution des problèmes posés à notre pays. Nous sommes des acteurs politiques et non des spectateurs et notre rôle est de combattre avec les forces du progrès pour trouver des solutions rapides aux problèmes posés et hâter le changement.
Nous pensions que nos populations voulaient notre retour le plus rapidement possible pour lutter avec elles sur le terrain et nous l’avons vérifié lors de notre tournée de Boghé à Sinthiane Padalal en passant Bababé ,Kaédi , Djowol , Djigué et Daw durant notre séjour de trois semaines en avril et mai 2006.


On a eu vent de supposées difficultés de votre mouvement à accepter le partage des rôles voire l'appellation de la formation qui est désormais la vôtre, qu'en est-il ? Est-ce que les formes ont prévalu sur le fond des raisons ayant conduit à la mise en chantier de la fédération qui a donné naissance à l'AJD-MR ?
Il ne faut pas exagérer les choses nous avons fait un congrès extraordinaire à plus d’un titre. En effet c’était le congrès de l‘AJD mais tout le monde sait que cette formation devait s’ouvrir à plusieurs autres courants et à des personnalités. C’est vrai qu’il y a eu des discussions parfois âpres parce que les courants étaient nombreux et il est naturel que dans des cas pareils qu’on négocie. C’est ce que nous avons fait. Au vu du résultat, nous pouvons être fiers. L’objectif est atteint. Nous avons créé un nouveau parti qu’on a doté de structures que nous espérons fonctionnelles et efficaces. L’Histoire retiendra j’en suis sûr que durant ce congrès notre mouvement a joué un rôle positif dans la création de ce vaste rassemblement.
Pour le sigle AJD il est vrai que certains avaient voulu que l’on choisisse un nouveau nom mais au final nous avons accepté après discussion de garder le sigle AJD et lui adjoindre MR. Comme vous voyez nous avons fait prévaloir le fond sur la forme.
Nos assises se sont donc passées dans de bonnes conditions et les échos qu’on en reçoit sont des plus encourageants. Je saisis cette occasion d’ailleurs pour remercier les participants et féliciter les organisateurs qui ont permis la tenue de ce congrès

Comment voyez-vous l'avenir de la Mauritanie, ses problèmes de cohabitation nationale ?

L’avenir de la Mauritanie ne dépend que des mauritaniens car personne ne viendra résoudre nos problèmes à notre place. Le problème de la cohabitation est un problème réel et complexe mais nous devons avoir le courage de le prendre en charge pour lui trouver une solution adéquate et définitive. Des pans entiers de notre peuple sont marginalisés et cette marginalisation ne date pas d’aujourd’hui. Les pouvoirs qui se sont succédé ont dans la plus part des cas voulu faire de la Mauritanie un pays exclusivement arabe. Cette politique doit être corrigée pour que nous nous sentions tous pleinement mauritaniens où seules la compétence et la probité seront les critères de sélection. La télé, la radio, l’administration… doivent refléter la diversité du pays ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Nous devons assumer notre diversité qui bien exploitée est une richesse et non un handicap.
Pour éviter le chaos à notre pays nous nous devons de résoudre ce problème car le meilleur gage de paix est la justice.

La position de votre parti par rapport à la création d'un large parti présidentiel dont il est question à travers la presse mauritanienne et que des réactions de responsables de partis alliés au Président Sidi semblent accréditer ?

Je pense qu'en démocratie on est libre de créer un parti, il suffit tout simplement que la constitution soit respectée.
SI les indépendants veulent créer un parti il n'y a pas de problème. Libre à eux de le faire ils en ont le droit. Mais en aucun cas ce parti ne doit être le parti du président car si tel est le cas nous savons que ce parti deviendra très rapidement un parti état avec tous les risques que cela comporte pour notre pays. Situation qui serait tout simplement inacceptable.
Le fait que le ministre Secrétaire Général de la Présidence soit impliqué de façon évidente dans la naissance de ce parti est une chose pas rassurante du tout.


Que pensez-vous des conditions de retour des Déportés ? Peuvent-elles être optimales au nombre de Réfugiés mais surtout du dénuement dans lequel ils ont survécu dix neuf années durant en territoires sénégalais et malien. On entend dire qu'une aide financière de seulement 7 millions de dollars US aurait été sollicitée par le HCR ?

Le retour des déportés n'est pas encore entamé. Le président a néanmoins exprimé de façon très claire sa volonté de les ramener dans la dignité et nous l'en félicitons. Les premiers contacts des autorités avec les déportés sont aussi encourageants et ils ont montré de façon claire la volonté de la majorité de nos compatriotes de rentrer dans leur pays. Pour que l'opération retour réussisse nous pensons que toute la communauté nationale doit être impliquée. Flam-Rénovation au moment où elles existaient, avaient produit une contribution écrite qui a été remise en novembre 2006 aux autorités de la transition et au président après son élection. Nous avions développé dans ce document nos propositions. Il est encore disponible sur le site : flam-renovation. org.
Dans ce document nous avions définies plusieurs phases qui devaient être respectées pour s'assurer une bonne réussite de l'opération et parmi ces phases la recherche des moyens tenait une place prépondérante. Je pense que le montant avancé de 7 millions de dollars ne constitue pas une somme suffisante pour faire face à la situation mais les autorités, ont certainement prévu tout ce qu'il faudra peut être en plus de cette aide du Haut -Commissariat aux Réfugiés.
En tout état de cause nous souhaitons que nos compatriotes rentrent le plus tôt pour que finisse enfin leur calvaire qui n'a que trop duré. Nous apportons notre soutien total au Président et l'encourageons à rester ferme face aux pécheurs en eau trouble qui s'échinent à empêcher ou retarder le retour de nos frères. Il faut que tout le monde sache que ces mauritaniens, victimes de l'arbitraire ont le droit inaliénable de rentrer chez eux et de recouvrer leurs droits.

Le règlement du Passif peut-elle faire l'économie de l'aspect judiciaire de la question ?

On appelle passif humanitaire chez nous l’ensemble des crimes commis à l’encontre de la communauté noire sous le règne du dictateur sanguinaire Ould Taya. Ces crimes sont d’autant plus graves qu’ils sont orchestrés par le pouvoir et exécutés par les forces de sécurité sensées protéger les citoyens.
Il y a de mon point de vue des étapes nécessaires pour le règlement de ce passif.
- D’abord faire la lumière sur ce qui s’est passé en vue d’aider à la manifestation de la vérité et de déterminer les responsabilité s de chacun, trouver les lieux où les victimes ont été enterrées afin que leurs familles puissent se recueillir sur leurs tombes et faire enfin leur deuil.
- . Engager ensuite un véritable travail de réhabilitation et de réparations des préjudices en faveur des victimes ou leur ayant droit.
- Enfin, une fois ces étapes franchies, il pourrait être envisagé un travail de réconciliation.
Plusieurs formules peuvent être envisagées. Nous pouvons nous inspirer des exemples de l’Afrique du Sud, du Chili ou du Maroc…Etant entendu que le pardon appartient aux seules victimes.
Après il reviendra à l’Etat de régler l’aspect pénal de la question en tenant compte de l’exigence de justice et la nécessité d’une réconciliation nationale.

Votre opinion pour ce qui concerne l'enseignement des langues nationales ?

Si nous observons le monde nous constatons que c’est en Afrique noire seulement où l’enseignement n’est pas fait dans les langues maternelles des apprenants.
Les pays asiatiques qui étaient pratiquement au même niveau de développement que nos pays vers les années soixante et qui sortaient pour la plus part de la colonisation comme nous s’en sortent bien aujourd’hui. La différence entre eux et nous c’est qu’eux ont développé leurs langues qui ont servi de support à leur développement.
On n’a vu nulle part dans le monde un pays se développer en utilisant une langue étrangère. L’enseignement de nos langues s’impose à nous et nous devons tout faire pour que leur enseignement soit effectif.

Les solutions de l'AJD-MR pour une Mauritanie égalitaire, juste et paisible ?

Pour nous la solution pour une Mauritanie égalitaire, juste et paisible passe par la reconnaissance de l'identité négro-africaine et arabe du pays c'est à dire l'acceptation par tous de notre diversité, ce qui implique un traitement égal de nos langues et nos cultures et par le partage équitable du pouvoir et des richesses entre nos communautés et nos régions.

Rescapé de Oualata, qu'avez-vous ressenti à la sortie du film de « LE CERCLE DES NOYES », de Pierre-Yves Vandeweerd, récemment projeté à Nouakchott ?
La façon dont mon ami et frère Fara Oumar BA a raconté les événements est poignante et il a pu vraiment restituer les événements et décrire la souffrance durant ces moments difficiles. La vue du fort et les tombes de nos amis ont fait ressurgir au fond de moi des souvenirs enfouis dont la remémoration est encore douloureuse. C'est un excellent travail de mémoire car il faut pardonner mais pas oublier pour que dans notre pays il n'y ait plus jamais ça.

Le président SIDI vient de rencontrer à New York le président des FLAM, ,différents comptes rendus ont fait état d’une convergence de vues, que pensez de cette rencontre ?

Le fait que le Président de la République rencontre le Président des FLAM est pour moi une bonne chose .S’il y a convergence de vue c’est encore mieux car tous deux sont des acteurs politiques importants de notre pays et la concertation est de mon point de vue le meilleur moyen d’arrondir les angles dans l’intérêt de tous.
Il faut noter que le président a depuis son avènement rencontré toute la classe politique de notre pays je pense que cette rencontre s’inscrit naturellement dans le prolongement des autres qu’il a eut avec l’opposition interne
Si le président leur a donné des garanties leur permettant de renter c’est une excellente chose Nos populations qui ont des attentes immenses jugeront le président sur sa capacité à régler les problèmes de la cohabitation, le retour des déportés , du passif humanitaire, le problème de l’esclavage mais surtout sa capacité à améliorer leur quotidien par une lutte sans merci contre la pauvreté, l’ignorance et la maladie.

Avez-vous un message à délivrer aux mouvements politiques et organisations établies en Europe ?

Je dis à tous que la Mauritanie est notre bien commun et il nous revient d'en faire un havre de paix et de fraternité. Tous ceux qui pensent qu'il est possible d'avoir une cohabitation harmonieuse entre nos communautés doivent se mobiliser pour traduire dans les faits leur aspiration.

Merci d'avoir bien voulu répondre aux questions de « Rencontre avec… »

Je vous remercie à mon tour pour votre invitation qui pour moi est une importante marque de considération.

Propos recueillis par El Hadj Mady DRAME & Almouda Demba KEBE
source: ocvidh
Dimanche 7 Octobre 2007 - 17:55
Dimanche 7 Octobre 2007 - 17:59
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