Alf Kumalo à Johannesburg
Alf Kumalo, un ami proche de Nelson Mandela, est mort le 21 octobre à Johannesburg à 82 ans. Ce grand photographe, ancien reporter du magazine Drum puis du quotidien The Star, a couvert les soubresauts de l’histoire mouvementée de l’Afrique du Sud, tout au long de l’apartheid.
Procès de Rivonia, émeutes de Soweto en 1976, enterrement de Steve Biko en 1977, libération de Nelson Mandela en 1990… Comme d’autres photographes noirs, parmi lesquels Peter Magubane, il a fait de son appareil une arme, pour témoigner et construire la mémoire collective nationale, comme le souligne aujourd’hui l’ancien président Thabo Mbeki.
Plus efficaces que tous les discours, certaines de ses images ont fait le tour du monde. Il les a compilées pour en faire des livres ces dernières années, parmi lesquels Trough my lens, A photographic memoir (Tafelberg, Cape Town, 2009).
Surnommé « A.K. » comme la Kalachnikov à cause de ses initiales, Alf Kumalo était aussi « Alfie » ou « Bra Alf » (diminutif de « brother ») pour Nelson Mandela. Il a suivi le grand homme dans tous ses moments importants, avant son arrestation en 1963 et après sa libération en 1990. Il a été présenté comme le photographe officiel du président, pendant l’unique mandat de Mandela, alors qu’il suivait son ami de manière tout à fait informelle, sans ordre de mission ni titre officiel – et encore moins d’émoluments…
Alf Kumalo a aussi documenté la vie de Winnie Mandela et de ses deux filles au fil des ans, en tirant un livre, « 8115, A prisoner’s home » (Penguin Books South Africa, 2010). Il envoyait des photos de ses enfants au prisonnier politique, qui ne les a pas vus grandir – le droit de visite ne pouvant s’exercer qu’à partir de 15 ans. Dans ses archives figurent des images rares, comme Winnie rayonnante à la réception de la première lettre de Nelson Mandela en prison, en 1964. Ou encore la petite Zenani en larmes alors que sa mère partait à Robben Island, à l’autre bout du pays – un long voyage pour une visite de quelques minutes.
Alf Kumalo partageait avec Nelson Mandela cet humour indestructible, une générosité à toute épreuve et un regard toujours positif sur la vie: «Je ne sais pas si pardonner est chez moi une qualité personnelle, sud-africaine ou africaine, mais je me dis toujours que tout pourrait être pire !», nous confiait-il encore, l’an dernier.
Il a côtoyé de nombreuses personnalités, Oliver Tambo, Robert Sobukwe, Mohamed Ali, Miriam Makeba, et exposé partout dans le monde – notamment aux Etats-Unis, où il est plus connu qu’en Europe. Alf Kumalo avait lancé en 2002 une école de photo et un musée dans le quartier de Diepkloof à Soweto, où il ne résidait plus mais auquel il restait attaché. Il ne se déplaçait jamais sans son appareil, et il était connu pour sa grande désorganisation – transportant une partie de ses archives dans le coffre de sa voiture. Cette homme au grand coeur est aujourd’hui salué par la presse sud-africaine pour ce qu’il est: un monument national.
Source: slatateaf
Procès de Rivonia, émeutes de Soweto en 1976, enterrement de Steve Biko en 1977, libération de Nelson Mandela en 1990… Comme d’autres photographes noirs, parmi lesquels Peter Magubane, il a fait de son appareil une arme, pour témoigner et construire la mémoire collective nationale, comme le souligne aujourd’hui l’ancien président Thabo Mbeki.
Plus efficaces que tous les discours, certaines de ses images ont fait le tour du monde. Il les a compilées pour en faire des livres ces dernières années, parmi lesquels Trough my lens, A photographic memoir (Tafelberg, Cape Town, 2009).
Surnommé « A.K. » comme la Kalachnikov à cause de ses initiales, Alf Kumalo était aussi « Alfie » ou « Bra Alf » (diminutif de « brother ») pour Nelson Mandela. Il a suivi le grand homme dans tous ses moments importants, avant son arrestation en 1963 et après sa libération en 1990. Il a été présenté comme le photographe officiel du président, pendant l’unique mandat de Mandela, alors qu’il suivait son ami de manière tout à fait informelle, sans ordre de mission ni titre officiel – et encore moins d’émoluments…
Alf Kumalo a aussi documenté la vie de Winnie Mandela et de ses deux filles au fil des ans, en tirant un livre, « 8115, A prisoner’s home » (Penguin Books South Africa, 2010). Il envoyait des photos de ses enfants au prisonnier politique, qui ne les a pas vus grandir – le droit de visite ne pouvant s’exercer qu’à partir de 15 ans. Dans ses archives figurent des images rares, comme Winnie rayonnante à la réception de la première lettre de Nelson Mandela en prison, en 1964. Ou encore la petite Zenani en larmes alors que sa mère partait à Robben Island, à l’autre bout du pays – un long voyage pour une visite de quelques minutes.
Alf Kumalo partageait avec Nelson Mandela cet humour indestructible, une générosité à toute épreuve et un regard toujours positif sur la vie: «Je ne sais pas si pardonner est chez moi une qualité personnelle, sud-africaine ou africaine, mais je me dis toujours que tout pourrait être pire !», nous confiait-il encore, l’an dernier.
Il a côtoyé de nombreuses personnalités, Oliver Tambo, Robert Sobukwe, Mohamed Ali, Miriam Makeba, et exposé partout dans le monde – notamment aux Etats-Unis, où il est plus connu qu’en Europe. Alf Kumalo avait lancé en 2002 une école de photo et un musée dans le quartier de Diepkloof à Soweto, où il ne résidait plus mais auquel il restait attaché. Il ne se déplaçait jamais sans son appareil, et il était connu pour sa grande désorganisation – transportant une partie de ses archives dans le coffre de sa voiture. Cette homme au grand coeur est aujourd’hui salué par la presse sud-africaine pour ce qu’il est: un monument national.
Source: slatateaf