La communauté internationale, qui n'a pas été capable de mettre fin aux massacres au Darfour, doit contraindre le Soudan à accepter le déploiement d'une force internationale dans la région, a déclaré, dimanche 24 juin, à Paris, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice.
"Je serai très franche : je ne pense pas que la communauté internationale ait vraiment été à la hauteur de ses responsabilités" dans ce dossier, a-t-elle estimé lors d'une conférence de presse avec le ministre des affaires étrangères français, Bernard Kouchner, à la veille d'une réunion internationale, organisée dans la capitale française, sur le Darfour. Cette région semi-désertique de l'ouest du Soudan est en proie à une guerre civile et des exactions à grande échelle qui ont fait environ 200 000 morts (9 000 selon Khartoum) et 2,5 millions de déplacés depuis 2003. "Sommes-nous prêts à faire les choix difficiles (...) qui, je crois, persuaderont et forceront Khartoum à faire ce qu'il faut ?", a interrogé la chef de la diplomatie américaine.
"FORCE HYBRIDE"
Pour Condoleezza Rice, le gouvernement soudanais doit cesser de tergiverser sur l'envoi d'une "force hybride" ONU-Union africaine (UA) de 20 000 hommes dans le Darfour décidé voilà plus de dix mois par le Conseil de sécurité.
"J'aimerais que chacun, la Chine incluse, dise sans ambiguïté aux Soudanais qu'il n'existe pas d'autre possibilité et qu'ils doivent cesser d'accepter les conditions avant de chercher à en réduire la portée", avait-elle auparavant confié aux journalistes l'accompagnant à Paris.
Pékin, qui achète du pétrole et vend des armes au Soudan, sera représenté à Paris. Les Chinois sont réticents à imposer des sanctions au gouvernement de Khartoum.
Le 12 juin, le gouvernement soudanais avait accepté le principe du déploiement d'une semblable "force hybride" pour rétablir l'ordre et la paix civile au Darfour. Mais nombre de diplomates doutent de la parole en la matière de Khartoum, très sourcilleux quant à la souveraineté nationale. Ces diplomates s'alarment ainsi des nombreuses réserves émises depuis par les Soudanais, qui demandent que la future force internationale soit placée sous le commandement de l'UA et non de l'ONU, et laissent entendre que le gros de ses effectifs devrait être composé de soldats africains.
Les Etats-Unis pressent les quinze membres du Conseil de sécurité d'adopter une nouvelle résolution sanctionnant Khartoum, ce que cherche à éviter Pékin. "Je pense vraiment que la Chine et chacun d'entre nous devraient intensifier les efforts en vue de s'assurer que les Soudanais iront jusqu'au bout", a expliqué Mme Rice. Elle a cependant précisé qu'aucune décision n'était à attendre prochainement sur ce sujet.
"LA FRANCE ENDOSSE UN RÔLE NOUVEAU"
La secrétaire d'Etat a exprimé, par ailleurs, sa gratitude au nouveau président français, Nicolas Sarkozy, et à son ministre des affaires étrangères pour la tenue de la réunion sur le Darfour, dont les responsables américains espèrent aussi qu'elle préfigurera une amélioration des relations entre Washington et Paris. La réunion de Paris est "une bonne occasion de se partager le travail, le cas échéant, de faire en sorte de s'assurer que chacun pousse dans la même direction", a estimé la chef de la diplomatie américaine.
Les rapports entre Washington et Paris ont connu des moments de tension après l'intervention militaire américaine en Irak de 2003 à laquelle Paris était résolument hostile, et l'administration Bush s'est plainte de la passivité relative des gouvernements français précédents à propos du drame du Darfour. "Le nouveau gouvernement français a fait montre d'une forte volonté de coopérer et nous escomptons une période de coopération étroite", a souligné à cet égard Mme Rice. "La France endosse un rôle nouveau et, je pense, énergique au Darfour (...), et nous avons besoin de toute cette énergie dans cette affaire parce que les choses n'avancent pas aussi vite pour traiter cette crise humanitaire importante."
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, des représentants européens, chinois, russes et japonais seront présents à la réunion de Paris, qui durera environ cinq heures. En revanche, le Soudan a décliné l'invitation et l'UA, qui compte déjà 7 000 soldats sous-équipés au Darfour, sera absente.
SOURCE / LEMONDE
"Je serai très franche : je ne pense pas que la communauté internationale ait vraiment été à la hauteur de ses responsabilités" dans ce dossier, a-t-elle estimé lors d'une conférence de presse avec le ministre des affaires étrangères français, Bernard Kouchner, à la veille d'une réunion internationale, organisée dans la capitale française, sur le Darfour. Cette région semi-désertique de l'ouest du Soudan est en proie à une guerre civile et des exactions à grande échelle qui ont fait environ 200 000 morts (9 000 selon Khartoum) et 2,5 millions de déplacés depuis 2003. "Sommes-nous prêts à faire les choix difficiles (...) qui, je crois, persuaderont et forceront Khartoum à faire ce qu'il faut ?", a interrogé la chef de la diplomatie américaine.
"FORCE HYBRIDE"
Pour Condoleezza Rice, le gouvernement soudanais doit cesser de tergiverser sur l'envoi d'une "force hybride" ONU-Union africaine (UA) de 20 000 hommes dans le Darfour décidé voilà plus de dix mois par le Conseil de sécurité.
"J'aimerais que chacun, la Chine incluse, dise sans ambiguïté aux Soudanais qu'il n'existe pas d'autre possibilité et qu'ils doivent cesser d'accepter les conditions avant de chercher à en réduire la portée", avait-elle auparavant confié aux journalistes l'accompagnant à Paris.
Pékin, qui achète du pétrole et vend des armes au Soudan, sera représenté à Paris. Les Chinois sont réticents à imposer des sanctions au gouvernement de Khartoum.
Le 12 juin, le gouvernement soudanais avait accepté le principe du déploiement d'une semblable "force hybride" pour rétablir l'ordre et la paix civile au Darfour. Mais nombre de diplomates doutent de la parole en la matière de Khartoum, très sourcilleux quant à la souveraineté nationale. Ces diplomates s'alarment ainsi des nombreuses réserves émises depuis par les Soudanais, qui demandent que la future force internationale soit placée sous le commandement de l'UA et non de l'ONU, et laissent entendre que le gros de ses effectifs devrait être composé de soldats africains.
Les Etats-Unis pressent les quinze membres du Conseil de sécurité d'adopter une nouvelle résolution sanctionnant Khartoum, ce que cherche à éviter Pékin. "Je pense vraiment que la Chine et chacun d'entre nous devraient intensifier les efforts en vue de s'assurer que les Soudanais iront jusqu'au bout", a expliqué Mme Rice. Elle a cependant précisé qu'aucune décision n'était à attendre prochainement sur ce sujet.
"LA FRANCE ENDOSSE UN RÔLE NOUVEAU"
La secrétaire d'Etat a exprimé, par ailleurs, sa gratitude au nouveau président français, Nicolas Sarkozy, et à son ministre des affaires étrangères pour la tenue de la réunion sur le Darfour, dont les responsables américains espèrent aussi qu'elle préfigurera une amélioration des relations entre Washington et Paris. La réunion de Paris est "une bonne occasion de se partager le travail, le cas échéant, de faire en sorte de s'assurer que chacun pousse dans la même direction", a estimé la chef de la diplomatie américaine.
Les rapports entre Washington et Paris ont connu des moments de tension après l'intervention militaire américaine en Irak de 2003 à laquelle Paris était résolument hostile, et l'administration Bush s'est plainte de la passivité relative des gouvernements français précédents à propos du drame du Darfour. "Le nouveau gouvernement français a fait montre d'une forte volonté de coopérer et nous escomptons une période de coopération étroite", a souligné à cet égard Mme Rice. "La France endosse un rôle nouveau et, je pense, énergique au Darfour (...), et nous avons besoin de toute cette énergie dans cette affaire parce que les choses n'avancent pas aussi vite pour traiter cette crise humanitaire importante."
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, des représentants européens, chinois, russes et japonais seront présents à la réunion de Paris, qui durera environ cinq heures. En revanche, le Soudan a décliné l'invitation et l'UA, qui compte déjà 7 000 soldats sous-équipés au Darfour, sera absente.
SOURCE / LEMONDE