Il semble que l’on s’achemine vers des “journées de concertation “. Cela peut être justifié, depuis un certain temps par cette tendance notée à orienter la solution des réfugiés et du passif humanitaire vers une et une seule solution … l’indemnisation.
Certains sont à l’oeuvre pour y préparer l’opinion, subrepticement, à la manière Kissinger, à petits pas.Toujours les mêmes. Avec chaque pouvoir, avec tous les pouvoirs dans leur compromis-compromissions.
Mais si l’indemnisation peut être une solution applicable à bien des aspects du dossier, il y’en pour lesquels elle demeure parfaitement inappropriée, voire inadaptée. Si du moins nous voulons arriver au pardon. Ce pardon sans retour, exempt de toute frustration et ressentiments .
En effet l’indemnisation ne saurait couvrir la question ultra-sensible des villages ou des terres. Ce sont là des choses eminemment chargées, affectivement, émotivement, dont on ne saurait se consoler de la perte, et qu’on ne pourrait solder par de l’argent, quel qu’en soit le montant. L’attachement à la terre n’est pas monayable. Il faut donc nécessairement rétroceder le village et la terre à ces deportés qui en ont été injustement et arbitrairement dépossédés par Ould Taya.
Cela suppose, pour les villages occupés, un recasement de ceux qui les occupent encore. Il est bon de rappeler ici que ces «Moussafarines» qui occuppent actuellement ces villages vidés de leur population négro –africaine ont été fixés là , d’autorité, par Ould Taya ; alors que tous venaient de quelque part , avaient des attaches localisables dans le fin fond du pays. Beaucoup pouvaient, voulaient et avaient cherché à regagner leur terroir d’origine. l”Autorité administrative les en empêcha . Fermement. Bien sur que ces “Muçafrs” victimes d’un faux conflit monté avec le Senegal, ne sont pas responsables de la situation créée qui en fait aujourd’hui des occupants. Ils n’ont pas demandé à être là. . L’Etat doit s’atteler à leur compensation en concertation avec le Sénégal ; comme il doit également leur trouver des sites de résidence moins sensibles, surtout moins conflictuels .
Ces «Moussafarines» ; avaient été retenus, pour la plupart, par la force dans ces villages des déportés tout le long de la vallée pour des raisons ( politiques et idéologiques ), clairement définies dans cette note confidentielle du ministre de l’intérieur(Gabriel Cymper ?), à l’attention du corps de commandement, libellée ainsi qu’il suit :
“Les Halpular’ens tentent de destabiliser la Mauritanie. La base sociale sur laquelle se développe ce particularisme tributaire de l’hégémonisme sénégalais , c’est la composition ethnique du peuplement local naturel, majoritairement halpular’en . En modifiant radicalement la composition de ce peuplement , on prive ce particularisme de toute possibilité de développement à moyen terme”. Fin de citation… (* extrait : La vallée du fleuve Sénégal – Karthala ; B. Crousse / Sidy. M .Saleck,1991, p. 265 ) .
Vous avez deviné certainement l’idéologie derrière cette note du Ministre. Une idéologie inspirée du Baass, et des Nasseriens, aujourd’hui publiquement opposés au retour des déportés !
Pour également les terres, facteur éminemment chargé , leur distribution et occupation répondait à la même politique, motivée par la même idéologie. En effet, nous révèlent encore les auteurs de l’ouvrage , “on passait ( à coups de circulaires ) d’autorisations précaires et révocables en concessions provisoires puis définitives “… de manière si abusive et avec un tel laxisme qu’au bout du compte , “21356 ha –jusqu’aux forêts classées-dans le Waalo ( région du Trarza) passeront aux mains d’hommes d’affaire véreux ”. “ Le Gouvernement a préferé verser les terres de la vallée dans son domaine, pour les attribuer à des compatriotes de la même origine ethnique ( entendez bidhaans), et ceux –ci les faisaient cultiver par leurs haratines ’’ poursuit, plus loin , Crousse .
Plaider, dans ces conditions, pour l’indemnisation des populations négro-africaines injustement dépossédées de leurs terres, serait ni plus ni moins que légitimer et perenniser une politique du fait accompli de l’occupation et de la dépossession, manifestement et visiblement, à caractère raciste .
Non, ces terres doivent être rétrocédées d’abord et avant tout .Ce qui n’exclut, nullement une possibilité ultérieure de compromis basé sur un nouveau partenariat entre les occupants actuels et les propriétaires légitimes; mais après seulement que le droit fût dit ; après seulement que le droit de proprieté – reconnu par la constitution- ait été clairement réaffirmé et rétabli.
J’entends déjà des voix s’élever, indignées ! Je les entends- ces mêmes et leurs alliés prêts à tous les compromis (processuels)-crier que ce serait là “régler des problèmes pour en créer de nouveaux ”…Du tout !
Mais en fait, que veut –on ? Souhaite-t-on aller vers une réconciliation propre ou bâclée? Cherche-t-on réellement à éliminer définitivement tout risque de foyer futur , ou voudrait -on, au contraire, laisser ce feu couver encore sous les cendres ?
Il faut choisir, et choisir nettement .
Une réconciliation propre suppose de gommer toute trace de frustration, toute source de ressentiment, tendre vers ce que disait Sidioca dans son message à la nation, à savoir “faire de sorte que la République les traite( ces mauritaniens ) sur un même pied d’égalité “,… que “l’Etat répare équitablement les injustices subies” (par ces victimes des années de braise).
Rendre les terres et les villages est la seule voie juste qui gomme les ressentiments, la seule qui conduise vers la paix des coeurs et des esprits, voire à la stabilité souhaitée .
S’il y’a à indemniser ça devrait être les hommes d’affaire et non pas les paysans! A charge pour eux de trouver un modus vivendi avec le Gouvernement.
Peu importe les sommes colossales investies sur ces terres, par ces hommes d’affaire ! Elles l’avaient été dans la négation du droit. Ces millions d’ouguiya investis ne donnaient, de toute façon , aucune légitimité à l’occupation!
Ils savaient, ces hommes d’affaire, qu’ils s’associaient là , à une entreprise secrète de spoliation planifiée, injuste. Ils auraient dû prévoir que cette injustice commise pourrait un jour être rattrapée, réparée. Ils auraient dû mesurer ce qu’ils risquaient . Alors qu’ils assument et s’assument !
Enfin l’expérience récemment vécue en terre de Palestine milite en faveur de cette approche de rendre ces terres. Du moins pour ceux, pour lesquels l’expérience des autres est porteur d’enseignement.
Nous avons encore tous en mémoire ces images vives et bouleversantes de l’Armée israélienne évacuant ces colons Israliens en pleurs , à Gaza et W . Bank, qui dansent encore devant nos yeux.
Rappelons que des gouvernements Israéliens avaient établi, à travers les sionnistes , des colonies de peuplement sur la terre palestinienne . Une terre qui n’était pas la leur . Pour les mêmes raisons, à savoir modifier l’équilibre démographique en faveur des juifs; à cette différence toutefois qu’en Mauritanie on procéda d’abord à la dénégrification .
Ce sont ces mêmes gouvernants juifs qui ont démantèlé ces mêmes colonies . Ils avaient logé des juifs dans ces territoires, il les en ont délogés aujourd’hui , par la force des choses.
En Mauritanie aussi il y’eut Ould Taya qui fit repeupler les villages négro-africains, octroyer injustement les terres de la vallée; eh bien, il appartiendra à Sidy de corriger cet arbitraire du Système. Si tant est qu’il reste, comme il se réclame , attaché à l’établissement d’un Etat de droit .
Il faut dire que par la solution du seul aspect du dossier des réfugiés, aussi positive qu’elle fùt, on aura réussi, tout juste, à cicatriser la face externe de la plaie. Il faudra , en plus, que la face interne de la plaie, c’est à dire le passif, fût également pansée, pour réussir l’apaisement ou créer les conditions de réconciliation des coeurs.
Ce réglement du passif, à mon sens, devrait s’appuyer sur cette triple dimension évoquée, si j’ai bonne mémoire, dans le mémorandum des Flam; le refus de l’impunité -comme moyen dissuasif devant nous préserver d’une éventuelle répétition dans le futur-, la nécessité du pardon des victimes - afin de retrouver la confiance (perdue) dans la volonté du vivre ensemble -, et enfin, réparations et exigences de verité,- comme compassion morale et materielle obligée à l’endroit des victimes, reconnues comme telles.
Il ne faudrait pas vouloir solder ce passif en le passant par perte et profit. Surtout pas faire de sorte, comme dirait A. Mbembe**, que l’indulgence pour les criminels l’emporte sur la pitié de crucifiés.
Il serait déplacé, voire indécent, de vouloir demander à une victime de pardonner un auteur de crime qui n’épprouverait ni regret ni répentance .
Telle me semble être la meilleure manière de traiter cette plaie, sans séquelles.
Enfin, dernière étape, capitale à mon sens pour ne pas s’arrêter à mi-chemin sur la voie de la réconciliation véritable, de la consolidation réelle de l’unité nationale et de la stabilité définitive, il nous faudra alors nous attaquer, enfin, à la cause profonde de cette plaie infectée. Cause éminemment politique, à la base de tous les maux, de tous nos maux : la question de Cohabitation, à repenser ensemble . Pour la préservation du pays .
Il nous faut oser avancer si nous voulons construire ce devenir en commun. Telle est la voie de la sagesse et du bon sens , me semble t-il .
La lutte continue !
Dakar Le 06 octobre 2007
BARA BA - DAKAR Sénégal
http://flamnet.fr.fm/
Certains sont à l’oeuvre pour y préparer l’opinion, subrepticement, à la manière Kissinger, à petits pas.Toujours les mêmes. Avec chaque pouvoir, avec tous les pouvoirs dans leur compromis-compromissions.
Mais si l’indemnisation peut être une solution applicable à bien des aspects du dossier, il y’en pour lesquels elle demeure parfaitement inappropriée, voire inadaptée. Si du moins nous voulons arriver au pardon. Ce pardon sans retour, exempt de toute frustration et ressentiments .
En effet l’indemnisation ne saurait couvrir la question ultra-sensible des villages ou des terres. Ce sont là des choses eminemment chargées, affectivement, émotivement, dont on ne saurait se consoler de la perte, et qu’on ne pourrait solder par de l’argent, quel qu’en soit le montant. L’attachement à la terre n’est pas monayable. Il faut donc nécessairement rétroceder le village et la terre à ces deportés qui en ont été injustement et arbitrairement dépossédés par Ould Taya.
Cela suppose, pour les villages occupés, un recasement de ceux qui les occupent encore. Il est bon de rappeler ici que ces «Moussafarines» qui occuppent actuellement ces villages vidés de leur population négro –africaine ont été fixés là , d’autorité, par Ould Taya ; alors que tous venaient de quelque part , avaient des attaches localisables dans le fin fond du pays. Beaucoup pouvaient, voulaient et avaient cherché à regagner leur terroir d’origine. l”Autorité administrative les en empêcha . Fermement. Bien sur que ces “Muçafrs” victimes d’un faux conflit monté avec le Senegal, ne sont pas responsables de la situation créée qui en fait aujourd’hui des occupants. Ils n’ont pas demandé à être là. . L’Etat doit s’atteler à leur compensation en concertation avec le Sénégal ; comme il doit également leur trouver des sites de résidence moins sensibles, surtout moins conflictuels .
Ces «Moussafarines» ; avaient été retenus, pour la plupart, par la force dans ces villages des déportés tout le long de la vallée pour des raisons ( politiques et idéologiques ), clairement définies dans cette note confidentielle du ministre de l’intérieur(Gabriel Cymper ?), à l’attention du corps de commandement, libellée ainsi qu’il suit :
“Les Halpular’ens tentent de destabiliser la Mauritanie. La base sociale sur laquelle se développe ce particularisme tributaire de l’hégémonisme sénégalais , c’est la composition ethnique du peuplement local naturel, majoritairement halpular’en . En modifiant radicalement la composition de ce peuplement , on prive ce particularisme de toute possibilité de développement à moyen terme”. Fin de citation… (* extrait : La vallée du fleuve Sénégal – Karthala ; B. Crousse / Sidy. M .Saleck,1991, p. 265 ) .
Vous avez deviné certainement l’idéologie derrière cette note du Ministre. Une idéologie inspirée du Baass, et des Nasseriens, aujourd’hui publiquement opposés au retour des déportés !
Pour également les terres, facteur éminemment chargé , leur distribution et occupation répondait à la même politique, motivée par la même idéologie. En effet, nous révèlent encore les auteurs de l’ouvrage , “on passait ( à coups de circulaires ) d’autorisations précaires et révocables en concessions provisoires puis définitives “… de manière si abusive et avec un tel laxisme qu’au bout du compte , “21356 ha –jusqu’aux forêts classées-dans le Waalo ( région du Trarza) passeront aux mains d’hommes d’affaire véreux ”. “ Le Gouvernement a préferé verser les terres de la vallée dans son domaine, pour les attribuer à des compatriotes de la même origine ethnique ( entendez bidhaans), et ceux –ci les faisaient cultiver par leurs haratines ’’ poursuit, plus loin , Crousse .
Plaider, dans ces conditions, pour l’indemnisation des populations négro-africaines injustement dépossédées de leurs terres, serait ni plus ni moins que légitimer et perenniser une politique du fait accompli de l’occupation et de la dépossession, manifestement et visiblement, à caractère raciste .
Non, ces terres doivent être rétrocédées d’abord et avant tout .Ce qui n’exclut, nullement une possibilité ultérieure de compromis basé sur un nouveau partenariat entre les occupants actuels et les propriétaires légitimes; mais après seulement que le droit fût dit ; après seulement que le droit de proprieté – reconnu par la constitution- ait été clairement réaffirmé et rétabli.
J’entends déjà des voix s’élever, indignées ! Je les entends- ces mêmes et leurs alliés prêts à tous les compromis (processuels)-crier que ce serait là “régler des problèmes pour en créer de nouveaux ”…Du tout !
Mais en fait, que veut –on ? Souhaite-t-on aller vers une réconciliation propre ou bâclée? Cherche-t-on réellement à éliminer définitivement tout risque de foyer futur , ou voudrait -on, au contraire, laisser ce feu couver encore sous les cendres ?
Il faut choisir, et choisir nettement .
Une réconciliation propre suppose de gommer toute trace de frustration, toute source de ressentiment, tendre vers ce que disait Sidioca dans son message à la nation, à savoir “faire de sorte que la République les traite( ces mauritaniens ) sur un même pied d’égalité “,… que “l’Etat répare équitablement les injustices subies” (par ces victimes des années de braise).
Rendre les terres et les villages est la seule voie juste qui gomme les ressentiments, la seule qui conduise vers la paix des coeurs et des esprits, voire à la stabilité souhaitée .
S’il y’a à indemniser ça devrait être les hommes d’affaire et non pas les paysans! A charge pour eux de trouver un modus vivendi avec le Gouvernement.
Peu importe les sommes colossales investies sur ces terres, par ces hommes d’affaire ! Elles l’avaient été dans la négation du droit. Ces millions d’ouguiya investis ne donnaient, de toute façon , aucune légitimité à l’occupation!
Ils savaient, ces hommes d’affaire, qu’ils s’associaient là , à une entreprise secrète de spoliation planifiée, injuste. Ils auraient dû prévoir que cette injustice commise pourrait un jour être rattrapée, réparée. Ils auraient dû mesurer ce qu’ils risquaient . Alors qu’ils assument et s’assument !
Enfin l’expérience récemment vécue en terre de Palestine milite en faveur de cette approche de rendre ces terres. Du moins pour ceux, pour lesquels l’expérience des autres est porteur d’enseignement.
Nous avons encore tous en mémoire ces images vives et bouleversantes de l’Armée israélienne évacuant ces colons Israliens en pleurs , à Gaza et W . Bank, qui dansent encore devant nos yeux.
Rappelons que des gouvernements Israéliens avaient établi, à travers les sionnistes , des colonies de peuplement sur la terre palestinienne . Une terre qui n’était pas la leur . Pour les mêmes raisons, à savoir modifier l’équilibre démographique en faveur des juifs; à cette différence toutefois qu’en Mauritanie on procéda d’abord à la dénégrification .
Ce sont ces mêmes gouvernants juifs qui ont démantèlé ces mêmes colonies . Ils avaient logé des juifs dans ces territoires, il les en ont délogés aujourd’hui , par la force des choses.
En Mauritanie aussi il y’eut Ould Taya qui fit repeupler les villages négro-africains, octroyer injustement les terres de la vallée; eh bien, il appartiendra à Sidy de corriger cet arbitraire du Système. Si tant est qu’il reste, comme il se réclame , attaché à l’établissement d’un Etat de droit .
Il faut dire que par la solution du seul aspect du dossier des réfugiés, aussi positive qu’elle fùt, on aura réussi, tout juste, à cicatriser la face externe de la plaie. Il faudra , en plus, que la face interne de la plaie, c’est à dire le passif, fût également pansée, pour réussir l’apaisement ou créer les conditions de réconciliation des coeurs.
Ce réglement du passif, à mon sens, devrait s’appuyer sur cette triple dimension évoquée, si j’ai bonne mémoire, dans le mémorandum des Flam; le refus de l’impunité -comme moyen dissuasif devant nous préserver d’une éventuelle répétition dans le futur-, la nécessité du pardon des victimes - afin de retrouver la confiance (perdue) dans la volonté du vivre ensemble -, et enfin, réparations et exigences de verité,- comme compassion morale et materielle obligée à l’endroit des victimes, reconnues comme telles.
Il ne faudrait pas vouloir solder ce passif en le passant par perte et profit. Surtout pas faire de sorte, comme dirait A. Mbembe**, que l’indulgence pour les criminels l’emporte sur la pitié de crucifiés.
Il serait déplacé, voire indécent, de vouloir demander à une victime de pardonner un auteur de crime qui n’épprouverait ni regret ni répentance .
Telle me semble être la meilleure manière de traiter cette plaie, sans séquelles.
Enfin, dernière étape, capitale à mon sens pour ne pas s’arrêter à mi-chemin sur la voie de la réconciliation véritable, de la consolidation réelle de l’unité nationale et de la stabilité définitive, il nous faudra alors nous attaquer, enfin, à la cause profonde de cette plaie infectée. Cause éminemment politique, à la base de tous les maux, de tous nos maux : la question de Cohabitation, à repenser ensemble . Pour la préservation du pays .
Il nous faut oser avancer si nous voulons construire ce devenir en commun. Telle est la voie de la sagesse et du bon sens , me semble t-il .
La lutte continue !
Dakar Le 06 octobre 2007
BARA BA - DAKAR Sénégal
http://flamnet.fr.fm/