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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

L’ex-commandant Sidi Ould Lekhdeyim, membre de la commission d’enquête sur le coup d’Etat avorté des officiers négro-mauritaniens de 1987 :


L’ex-commandant Sidi Ould Lekhdeyim, membre de la commission d’enquête sur le coup d’Etat avorté des officiers négro-mauritaniens de 1987 :
Le Calame : La tentative de putsch dit « des officiers négro-mauritaniens » de 1987 continue à alimenter la polémique. Un voile opaque l’entoure encore. Pour tirer les choses « au clair », le pouvoir de l’époque avait mis en place une commission d’enquête. Qui composait cette commission d’enquête ? Comment menait-elle ses investigations ?

Sidi Ould Lekhdeyim : Cette commission d’enquête était composée essentiellement de l’actuel général N’Diaga Dieng, entouré d’un certain nombre d’officiers, notamment le lieutenant-colonel Mohamed M’Bareck qui assurait, sur le terrain, le contact avec la commission de renfort de l’armée, dirigée par le colonel Lekhal.

Du fait que les éléments venaient de tous les corps et de toutes les régions, il y avait comme deux commissions ; celle dirigée par le commandant N’Diaga s’occupait, essentiellement, des aspects techniques et professionnels.

Il m’a pris comme adjoint et j’ai donc eu le privilège de travailler avec lui. J’assistais à certaines auditions et menais des enquêtes à ses côtés. Les enquêtes que nous menions à l’état-major de la gendarmerie se déroulaient selon les règles de l’art et respectaient toutes les règles édictées par les lois et règlements en la matière.

L’officier qui la dirigeait était, au plan professionnel, très apte. Il maîtrisait son sujet, connaissait la psychologie des officiers. Pour lui, l’enquête était un travail intellectuel qu’il fallait mener avec tact et à-propos. Il procédait à des vérifications et des recoupements, conformément à la méthodologie enseignée dans les écoles de la gendarmerie.

- Vous commandiez, comme le lieutenant N’Gaïdé, l’un des instigateurs de ce putsch avorté, un des deux bataillons de sécurité présidentielle. Aviez- vous senti « quelque chose », chez cet officier que vous côtoyiez ?

- Effectivement, N’Gaïdé et moi commandions les deux escadrons de sécurité présidentielle. Il avait été choisi par le président Ould Taya qui l’avait promu directement capitaine, moi, par l’état-major de la gendarmerie, alors que je revenais d’une formation en France.

Je n’ai jamais rien décelé chez lui, quant à la tentative avortée de coup d’Etat de 1987. Les seuls faits marquants que j’ai gardés de lui, c’est son zèle excessif et une trop grande autorité, que je m’expliquais par sa proximité et la confiance qu’il avait du président Taya. Il est toujours vivant, il peut vous le confirmer.

- On a accusé la commission d’avoir eu recours à la torture pour extorquer des aveux ?

- Il n’y a jamais eu de torture. Sur ce point, je suis formel, il n’y en a jamais eu et je puis vous affirmer que le général N’Diaga n’a jamais porté la main sur qui que ce soit, n’a jamais autorisé quelqu’un à torturer les hommes arrêtés.

Je mets au défi les officiers impliqués dans le coup, qui sont encore là et que je rencontre tous les jours, de me donner le nom d’une seule personne qui aurait été torturé par ou sur ordre de N’Diaga. La torture, ce n’était pas son genre, il la haïssait. En tout cas et comme je l’ai dit, je suis catégorique : il n’y a jamais eu de torture à l’état-major de la gendarmerie.

- Pouvez-vous nous dire le nombre d’officiers, de sous-officiers et d’hommes de troupe qui furent arrêtés, auditionnés et traduits à la justice, à l’époque ?

- Non, je n’ai pas les chiffres en tête.

- Que pouvez-vous dire, vous qui avez travaillé comme adjoint du commandant N’Diaga, à ceux qui continuent à penser, dans le milieu négro-mauritanien, que N’Diaga fut promu directeur général des douanes, à cause des « services » qu’il aurait rendus au pouvoir d’Ould Taya, en produisant un « rapport accablant » sur les présumés conspirateurs ?

- Dans sa démarche, je peux vous l’affirmer, le commandant N’Diaga procédait à un tri, systématique, entre les gens sur lesquels pesaient de réels soupçons, étayés, par exemple, par des correspondances où figuraient des noms, des gens dénoncés par d’autres, etc. Il ne gérait directement que l’affaire des officiers. J’ai eu à remarquer qu’il ne s’intéressait pas aux gens de la périphérie.

Il ne ciblait que les instigateurs et auteurs réels de la tentative de putsch. Il n’a jamais arrêté un garde, un militaire ou un soldat lambda. Tous ceux sur lesquels il n’avait pas suffisamment de preuves ont été élargis. Je vais vous raconter une anecdote.

Je me suis permis, une fois au cours de notre enquête, de lui faire remarquer qu’il relaxait beaucoup de personnes, sans procéder à des perquisitions chez eux. Il me répondit, sèchement : « occupe-toi de ce qui te concerne ». J’ai obtempéré, comprenant qu’il ne s’intéressait qu’aux principaux instigateurs.

Pour en revenir à votre question proprement dite, je peux vous confirmer qu’il a été promu directeur des douanes en 1991. De 90 à cette date, il est venu me voir, à Kiffa où j’étais commandant de compagnie, avec la commission d’enquête sur les évènements dans l’armée. Cette commission était dirigée par le colonel Sidiya Ould Yahya, secondé par le colonel Baby, et comprenait également le colonel Hafedh Ould Mamy.

J’attire votre attention sur le fait que le commandant N’Diaga était le moins gradé de la commission et que sa présence, en son sein, se justifiait par le fait qu’il était à même de s’occuper, en tant que gendarme et, donc, officier de police judiciaire, des aspects techniques de l’enquête.

J’ajoute qu’il y menait son travail, tandis que ses trois autres collègues disposaient de plus de responsabilités que lui. A mon sens, si cette enquête avait été complaisante, comme le pensent certains, l’Etat n’aurait pas recouru à la loi d’amnistie de 1993.

- Vous êtes donc catégorique : le général N’Diaga n’a pas produit de rapport « complaisant », comme le suspectent nombre de Mauritaniens, en particulier dans le milieu négro-mauritanien, et sa promotion ultérieure n’a rien avoir avec ce rapport ?

- Oui,je suis formel et catégorique en ces points, parce que je connais l’homme, pour avoir servi treize ans sous ses ordres directs. N’Diaga n’a jamais maquillé une enquête, il a toujours fait preuve de professionnalisme, d’indépendance d’esprit et, donc, d’impartialité. Je l’affirme sans détour : N’Diaga est un professionnel consciencieux, un homme honnête et généreux…

C’est ce qui lui a valu le mérite de commander, en tant qu’adjoint du chef d’état-major, toutes les unités opérationnelles sur le terrain. Tous les chefs d’état-major qui ont eu cet officier comme adjoint n’ont jamais commandé l’aspect professionnel et opérationnel de ce corps. Leur gestion se limitait tout juste à l’aspect administratif.

A propos de sa promotion à la tête des douanes, je signale qu’il fut le 4ème officier de la gendarmerie à être nommé à ce poste. D’aucuns ont même cru que la direction des Douanes était réservée, depuis les années 80, à la gendarmerie. On ne peut pas empêcher les gens de spéculer, au lieu de se poser de bonnes questions. Pourquoi les trois autres officiers ont-ils été promus à cette direction ? Qu’ont-ils fait pour y atterrir ?

- Ne craignez-vous pas qu’on vous accuse de vouloir prendre la défense de votre ancien patron ?

- Loin de là ! Il est suffisamment outillé pour se défendre lui-même, si tant est qu’il eût quelque chose à se reprocher dans cette enquête. La plupart des acteurs du putsch sont encore vivants, ils peuvent confirmer qu’il n’en est rien. Mais, en ce qui me concerne, si des gens voyaient les choses sous cet angle, je leur répondrais en disant qu’il s’agit là d’une accusation gratuite, comme celle, du reste, qu’on a portée contre N’Diaga.

- Vous avez côtoyé l’homme pendant longtemps. Quelles qualités lui reconnaissez-vous ?

- Par pudeur et respect à moi-même, je préfère ne pas répondre à cette question. Par contre, je lui reconnais un défaut majeur.

- Lequel ?

- (Rires) Il est trop bon.

- Quelles preuves avez-vous pu réunir, pour la Cour spéciale de justice qui condamna à mort les trois « principaux auteurs » de la tentative avortée de putsch ?

- Nous avons pu mettre la main sur le projet écrit de putsch où figurait le changement du drapeau national et de la monnaie actuelle. Je précise, ici, que durant tout le procès, aucun des principaux accusés n’a dit avoir fait l’objet de torture de la part des enquêteurs.

- A votre avis et avec le recul, qu’est-ce qui peut justifier les exactions commises contre les militaires négro mauritaniens, en 1990, dans les casernes ?

- Je n’ai pas d’explications et je ne ferais que spéculer. Ce que je sais, par contre, c’est qu’à un certain moment, l’armée comptait beaucoup d’officiers très politisés, recrutés qu’ils étaient, sans respect de certaines normes. Au sein de ce corps, cohabitaient des Nasséristes, des Baathistes et des Flamistes.

Ce sont ces trois courants idéologiques qui ont conduit, par à-coups et vengeances, à ce qui s’est produit dans l’armée. Je tiens à préciser, en outre, qu’aucun militaire, aucun garde, aucun policier n’est mort, je suis catégorique là-dessus, dans un camp ou une brigade de gendarmerie. Le corps de la gendarmerie n’a pas été touché par les événements de 1990.

Aucun gendarme n’a été muté d’une brigade à une autre. On aurait dit que ce corps vivait sur une autre planète. La seule fois où nous avons été concernés, c’est par la présence du colonel N’Diaga dans la commission d’enquête de 1990 et je vous ai déjà dit le rôle qu’il y a joué.

Pour ma part, étant commandant de compagnie à Kaédi, au moment où les arrestations ont commencé, on m’a demandé de détenir les militaires arrêtés. Je me suis aussitôt référé à ma hiérarchie. Or, c’était, justement, le colonel N’Diaga qui commandait, comme je l’ai dit tantôt, les unités opérationnelles. Il m’a dit de ne pas me mêler de ces affaires sans saisine officielle.

C’est ce que j’ai fait. Il y a trois formes de saisines : une réquisition du parquet de la Cour spéciale de justice ; une dénonciation ou une plainte devant moi-même ; enfin, une plainte transmise par un juge d’instruction, sur commission rogatoire pour opérer à sa place. Comme vous le remarquez, le cas de ces militaires ne relevait d’aucune de ces trois.

Ben abdalla

Jeudi 4 Juillet 2013 - 16:20
Jeudi 4 Juillet 2013 - 16:24
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