La catastrophe de Tintane et les terribles images que j’ai vues à la télévision m’ont convaincue qu’il fallait que j’aille moi-même me rendre compte de la réalité, sur le terrain des opérations humanitaires. Je voulais avoir les témoignages des victimes, vivre l’ambiance des camps des sinistrés, rencontrer les autorités….bref, je me suis rendue à Tintane et pendant quatre jours, j’ai été plongée dans un autre monde, un enfer.
Avec mon amie et consoeur Fatma Abdoullah, de l’ONG El Karamat et grâce à l’appui du Secours Populaire français, nous avons pu mobiliser vingt tonnes d’équipements d’urgence et notre convoi de 4 véhicules a mis cap sur le Hodh le 25 Août à l’aube.
A quinze kilomètres de la ville de Tintane, mon attention a été attirée par un long cordon de minuscules tentes dressées sur la route, ce sont les premiers sinistrés qui s’agglutinent à la vue de notre convoi ; une femme nous déclare : « ici, les populations de Nezahe et El Bouchra ont été dévastées par les torrents ravageurs de la Montagne El Aguer, et pourtant les autorités administratives de Tintane refusent de nous assister car nous dépendons de la Commune de Devaa, qui elle n’a pas subi de dégat, alors que faire ? »
Un notable de Nezahe, Mohamed Mahmoud Ould Saleh nous affirme « je suis attristé que tous les sinistrés n’ont pas les mêmes traitement, alors que plusieurs villages de l’Afollé ont été détruits comme les Adwabas de Bargattani, Mreymide, Attila, Ehel Eleyatte, Amzeya, Guerj , bref la catastrophe due aux passages des torrents de El Aguer a pris naissance à Tintane et a tout ravagé sur son passage ; il n’existe donc aucune raison que nous soyons exclus de l’assistance humanitaire pour la seule raison que nous votons dans la Commune de Devaa et non à Tintane ! » .
Plus loin, à huit kilomètres de la ville de Tintane au niveau de Oum Nour, nous apercevons un campement de malades avec un camion hôpital de l’ONG Association mauritanienne des malades indigents AMAMI. Le responsable nous explique qu’il accueille plus de cinquante malades par jour, mais qu’il n’existe pas encore de cas épidémique.
L’UNICEF a fourni des citernes d’eau potable tout le long de la route et construit des centaines de latrines.
A l’entrée de la vile de Tintane, nous apercevons un paysage surréaliste : sur le coté sud situé sur les hauteurs le quartier Seif est resté intact alors qu’au nord de la ville, sur le contre bas de la vallée, situé en plein talweg, le quartier de Tweimirette a été rasé et remplacé par une immense marre, d’où se dégagent des odeurs nauséabondes .
Les flots qui viennent des hauteurs de la montagne El Aguer ont dévasté Tintane nord au niveau de Tweymirette et se sont donc propagé sur plus de vingt kilomètres, rasant tout sur leur passage.
Dés notre entrée dans la ville, plusieurs personnes se sont agglutinées pour recevoir des dons, mais des policiers nous guident rapidement vers le camp de la coordination du programme d’urgence.
Notre premier contact avec les autorités a été fait avec le coordinateur du Commissariat à la Protection sociale et à la sécurité alimentaire, Monsieur Deyah Ould Day, qui nous explique rapidement la démarche à suivre pour procéder aux dons des équipements aux sinistrés, sans heurts et sans dangers pour nous ;
Le Wali adjoint et le maire de Tintane nous reçoivent rapidement et nous présentent la situation des dégâts et le nombre exact des sinistrés : « La médiatisation de la catastrophe aurait fait doubler la population de Tintane et seul la partie Nord de la ville qui a été détruite compte 3500 familles toutes recensées et connues des autorités.
A ce jour, les donateurs ont été le gouvernement mauritanien, la Fondation Khattou Mint El Boukhari, Oxfam Gb, UNICEF, PAM, la Commune de Nouadhibou, la BNM, les parlementaires, la Fédération de FootBall, le Croissant rouge mauritanien, la société Tiviski, le Cyber Forum de la Société civile, la Libye, le Maroc, le Koweït, l’Arabie Saoudite et l’Egypte, l'Algérie, le Qatar, le Koweit... ».
Les autorités administratives nous sont apparues surchargées, stressées à l’image du préfet Limam Ould Lehene et du Wali qui ont été tous les deux évacués à Nouakchott ;
On dénote d’un manque évident de coordination, et le Maire, Sadna Ould Jidou nous déclare : « nos bureaux ont été détruits et nous ne sommes pas du tout préparés à cette épreuve, chaque jour nous amène son lot de détresse avec plusieurs morts et aujourd’hui même les eaux maudites de El Aguer nous ont rendus les corps de deux habitants : Mbark le boucher qui s’était attaché les pieds sous un arbre et notre artiste Khadija qui avait disparu dans la nuit du 9 août » .
Le Wali adjoint et le maire nous conseillent de nous protéger par des policiers ou de faire recourir à l’armée, depuis que la mission de Qatar s’est soldée par des blessés et que les soldats du Qatar ont failli être écrasés par les sinistrés qui ont pillé les convois humanitaires de ce pays ami.
Tweymirtte qui a disparu sous les eaux de El Aguer a été divisée en 16 quartiers avec 3500 familles qui ont été réparties dans plusieurs camps, et chaque groupe est dirigé par un coordinateur qui procède à la distribution équitable des vivres et équipements.
Notre convoi a donc bénéficié au quartier de la PMI et ce, au profil de 240 familles dont la majorité sont des femmes et des enfants. Mais, à chaque distribution, un autre groupe se révolte et les pillages sont fréquents ; La catastrophe de Tintane a transformé les paysages, englouti les infrastructures, mais aussi a enterré l’esprit de solidarité et d’hospitalité.
De ce périple humanitaire, je suis revenue bien triste d’avoir été témoin de tant de désordre, de mendicité, d’égoïsme, malgré que les autorités administratives ont entrepris un travail titanesque qui mérite d’être salué et encouragé .
Mais mon esprit est encore tourmenté par la situation d’extrême détresse vécue par les Adwabas de l’Afollé ainsi que les localité de Nezaha et El Bouchra.
Des exclus du programme d’urgence de Tintane. Des victimes que personne ne veut reconnaître.
Irabiha Mint Abdel Wedoud
Presidente du forum national pour les droits de la femme et de l'enfant
soure : cridem
Avec mon amie et consoeur Fatma Abdoullah, de l’ONG El Karamat et grâce à l’appui du Secours Populaire français, nous avons pu mobiliser vingt tonnes d’équipements d’urgence et notre convoi de 4 véhicules a mis cap sur le Hodh le 25 Août à l’aube.
A quinze kilomètres de la ville de Tintane, mon attention a été attirée par un long cordon de minuscules tentes dressées sur la route, ce sont les premiers sinistrés qui s’agglutinent à la vue de notre convoi ; une femme nous déclare : « ici, les populations de Nezahe et El Bouchra ont été dévastées par les torrents ravageurs de la Montagne El Aguer, et pourtant les autorités administratives de Tintane refusent de nous assister car nous dépendons de la Commune de Devaa, qui elle n’a pas subi de dégat, alors que faire ? »
Un notable de Nezahe, Mohamed Mahmoud Ould Saleh nous affirme « je suis attristé que tous les sinistrés n’ont pas les mêmes traitement, alors que plusieurs villages de l’Afollé ont été détruits comme les Adwabas de Bargattani, Mreymide, Attila, Ehel Eleyatte, Amzeya, Guerj , bref la catastrophe due aux passages des torrents de El Aguer a pris naissance à Tintane et a tout ravagé sur son passage ; il n’existe donc aucune raison que nous soyons exclus de l’assistance humanitaire pour la seule raison que nous votons dans la Commune de Devaa et non à Tintane ! » .
Plus loin, à huit kilomètres de la ville de Tintane au niveau de Oum Nour, nous apercevons un campement de malades avec un camion hôpital de l’ONG Association mauritanienne des malades indigents AMAMI. Le responsable nous explique qu’il accueille plus de cinquante malades par jour, mais qu’il n’existe pas encore de cas épidémique.
L’UNICEF a fourni des citernes d’eau potable tout le long de la route et construit des centaines de latrines.
A l’entrée de la vile de Tintane, nous apercevons un paysage surréaliste : sur le coté sud situé sur les hauteurs le quartier Seif est resté intact alors qu’au nord de la ville, sur le contre bas de la vallée, situé en plein talweg, le quartier de Tweimirette a été rasé et remplacé par une immense marre, d’où se dégagent des odeurs nauséabondes .
Les flots qui viennent des hauteurs de la montagne El Aguer ont dévasté Tintane nord au niveau de Tweymirette et se sont donc propagé sur plus de vingt kilomètres, rasant tout sur leur passage.
Dés notre entrée dans la ville, plusieurs personnes se sont agglutinées pour recevoir des dons, mais des policiers nous guident rapidement vers le camp de la coordination du programme d’urgence.
Notre premier contact avec les autorités a été fait avec le coordinateur du Commissariat à la Protection sociale et à la sécurité alimentaire, Monsieur Deyah Ould Day, qui nous explique rapidement la démarche à suivre pour procéder aux dons des équipements aux sinistrés, sans heurts et sans dangers pour nous ;
Le Wali adjoint et le maire de Tintane nous reçoivent rapidement et nous présentent la situation des dégâts et le nombre exact des sinistrés : « La médiatisation de la catastrophe aurait fait doubler la population de Tintane et seul la partie Nord de la ville qui a été détruite compte 3500 familles toutes recensées et connues des autorités.
A ce jour, les donateurs ont été le gouvernement mauritanien, la Fondation Khattou Mint El Boukhari, Oxfam Gb, UNICEF, PAM, la Commune de Nouadhibou, la BNM, les parlementaires, la Fédération de FootBall, le Croissant rouge mauritanien, la société Tiviski, le Cyber Forum de la Société civile, la Libye, le Maroc, le Koweït, l’Arabie Saoudite et l’Egypte, l'Algérie, le Qatar, le Koweit... ».
Les autorités administratives nous sont apparues surchargées, stressées à l’image du préfet Limam Ould Lehene et du Wali qui ont été tous les deux évacués à Nouakchott ;
On dénote d’un manque évident de coordination, et le Maire, Sadna Ould Jidou nous déclare : « nos bureaux ont été détruits et nous ne sommes pas du tout préparés à cette épreuve, chaque jour nous amène son lot de détresse avec plusieurs morts et aujourd’hui même les eaux maudites de El Aguer nous ont rendus les corps de deux habitants : Mbark le boucher qui s’était attaché les pieds sous un arbre et notre artiste Khadija qui avait disparu dans la nuit du 9 août » .
Le Wali adjoint et le maire nous conseillent de nous protéger par des policiers ou de faire recourir à l’armée, depuis que la mission de Qatar s’est soldée par des blessés et que les soldats du Qatar ont failli être écrasés par les sinistrés qui ont pillé les convois humanitaires de ce pays ami.
Tweymirtte qui a disparu sous les eaux de El Aguer a été divisée en 16 quartiers avec 3500 familles qui ont été réparties dans plusieurs camps, et chaque groupe est dirigé par un coordinateur qui procède à la distribution équitable des vivres et équipements.
Notre convoi a donc bénéficié au quartier de la PMI et ce, au profil de 240 familles dont la majorité sont des femmes et des enfants. Mais, à chaque distribution, un autre groupe se révolte et les pillages sont fréquents ; La catastrophe de Tintane a transformé les paysages, englouti les infrastructures, mais aussi a enterré l’esprit de solidarité et d’hospitalité.
De ce périple humanitaire, je suis revenue bien triste d’avoir été témoin de tant de désordre, de mendicité, d’égoïsme, malgré que les autorités administratives ont entrepris un travail titanesque qui mérite d’être salué et encouragé .
Mais mon esprit est encore tourmenté par la situation d’extrême détresse vécue par les Adwabas de l’Afollé ainsi que les localité de Nezaha et El Bouchra.
Des exclus du programme d’urgence de Tintane. Des victimes que personne ne veut reconnaître.
Irabiha Mint Abdel Wedoud
Presidente du forum national pour les droits de la femme et de l'enfant
soure : cridem