Le Général Mohamed Ould Meguett.
Le Général Ould Meguett nie les tueries au sein de l’armée et accuse les « maladies diarrhéiques ». Le patron du Bureau d’Etudes et de la Documentation, BED (renseignement), dit que les civils et militaires victimes de la barbarie, voire de la bestialité de leurs compatriotes ou compagnons d’armes sont morts à cause de la diarrhée.
Plus de 500 tués, victimes de la diarrhée. Où sont leurs tombes et pourquoi ils ont été enterrés sans sépulture, une obligation musulmane, pourtant ?
Mon Général, que vous affirmez devant les rescapés et les orphelins que vous êtes accusé à tort, passe encore ; que vous clamez que votre nom, cité dans la liste des présumés assassins et tortionnaires, est anormal car vous ne pouvez faire mal à une mouche, c’est votre droit le plus absolu. On peut le comprendre.
Mais de là à banaliser la mort de tant de compatriotes qui, plus est, étaient vos compagnons d’armes, cela ne peut relever que d’une cruauté rare ; en tout cas un manque criant d’esprit du corps. Une telle attitude nous fixe sur votre personne, tout comme elle renseigne sur votre vision.
Mon Général, le monde entier sait maintenant combien les purges au sein de notre armée furent sanglantes ; combien l’assassinat gratuit était courant. Il ne sert donc plus à rien de le nier, encore moins de vouloir l’occulter. Ce serait au mieux prendre les citoyens de ce pays et du monde comme des idiots ; et au pire, insulter la mémoire des disparus, alors même que les Mauritaniens (dans leur grande majorité), maintenant bien au fait des atrocités dont se sont rendus coupables certains membres des forces armées, cherchent à panser les plaies et tourner la page.
Mon Général, votre façon de raisonner va même à l’encontre des actes déjà posés par le Président Ould Abdel Aziz qui a reconnu les faits, demandé pardon et prié à Kaédi pour le repos des assassinés d’Inal, de Jreida, d’Azlat et d’ailleurs. Ou bien, voulez-vous insinuer qu’Ould Abdel Aziz n’avait pas à demander pardon à des soldats morts après une crise de diarrhée ?
Non, mon général, retirez cette insulte qui n’honore point un officier de votre rang, car nulle part au monde on a vu, d’un coup, plus de 500 soldats, presque tous de la même ethnie, mourir, comme ça, de leur belle mort, après une attaque de diarrhée. En tout cas, ce serait la première fois qu’une diarrhée aussi sélective s’attaque à nos soldats !
La Mauritanie n’a pas besoin d’affront ; elle veut avancer en assumant son histoire, même la plus cruelle. Au moment des faits incriminés, vous étiez capitaine. Vous et d’autres membres des forces armées ont été accusés d’avoir commis des atrocités. Ce n’est donc pas toute l’armée mauritanienne qui est accusée et vous êtes présumé innocent jusqu’à ce que votre culpabilité soit établie par une juridiction compétente.
Mon Général, la Mauritanie, notre pays a trop souffert du négationnisme. Cette page doit être tournée pour le bien de cette Mauritanie qui nous a tout et tant donné mais que certains continuent à triturer et vouloir plonger dans la mouise. Tous, ensemble, nous devons prier pour l’âme de nos morts ; nous leur devons vérité pour qu’ils reposent en paix.
Reconnaître la vérité c’est d’abord reconnaître les mouroirs d’Azlat, de Tiguint, de Nbeika, d’Atar, de Nouadhibou, d’Aleg, de F’derik, d’Inal ou de Jreida. Le devoir de vérité. Le devoir de mémoire. Le devoir de justice. Avant les réparations et le pardon. Avec sérieux et loin de cette « commission du passif humanitaire » qui donne l’aumône à certains et omet le grand nombre.
Mon Général, il est temps pour nous tous de prendre de la hauteur. Il est temps de cesser de recouvrir du voile de la honte les sépultures sans prière de tous ces morts qui continuent d’interpeller les vivants. Il est temps d’arrêter d’accuser les mouches ou les moustiques ; le béribéri ou le choléra. Les enterrés de Sori Malé, les entassés de Wothie, à ce que l’on sache, ne souffraient ni de palu ni de courbatures.
De deux diarrhées, Mon général, il faut se méfier : la diarrhée « ventrale » et la diarrhée verbale…
Seydi Moussa Camara
Source : La Nouvelle Expression
Plus de 500 tués, victimes de la diarrhée. Où sont leurs tombes et pourquoi ils ont été enterrés sans sépulture, une obligation musulmane, pourtant ?
Mon Général, que vous affirmez devant les rescapés et les orphelins que vous êtes accusé à tort, passe encore ; que vous clamez que votre nom, cité dans la liste des présumés assassins et tortionnaires, est anormal car vous ne pouvez faire mal à une mouche, c’est votre droit le plus absolu. On peut le comprendre.
Mais de là à banaliser la mort de tant de compatriotes qui, plus est, étaient vos compagnons d’armes, cela ne peut relever que d’une cruauté rare ; en tout cas un manque criant d’esprit du corps. Une telle attitude nous fixe sur votre personne, tout comme elle renseigne sur votre vision.
Mon Général, le monde entier sait maintenant combien les purges au sein de notre armée furent sanglantes ; combien l’assassinat gratuit était courant. Il ne sert donc plus à rien de le nier, encore moins de vouloir l’occulter. Ce serait au mieux prendre les citoyens de ce pays et du monde comme des idiots ; et au pire, insulter la mémoire des disparus, alors même que les Mauritaniens (dans leur grande majorité), maintenant bien au fait des atrocités dont se sont rendus coupables certains membres des forces armées, cherchent à panser les plaies et tourner la page.
Mon Général, votre façon de raisonner va même à l’encontre des actes déjà posés par le Président Ould Abdel Aziz qui a reconnu les faits, demandé pardon et prié à Kaédi pour le repos des assassinés d’Inal, de Jreida, d’Azlat et d’ailleurs. Ou bien, voulez-vous insinuer qu’Ould Abdel Aziz n’avait pas à demander pardon à des soldats morts après une crise de diarrhée ?
Non, mon général, retirez cette insulte qui n’honore point un officier de votre rang, car nulle part au monde on a vu, d’un coup, plus de 500 soldats, presque tous de la même ethnie, mourir, comme ça, de leur belle mort, après une attaque de diarrhée. En tout cas, ce serait la première fois qu’une diarrhée aussi sélective s’attaque à nos soldats !
La Mauritanie n’a pas besoin d’affront ; elle veut avancer en assumant son histoire, même la plus cruelle. Au moment des faits incriminés, vous étiez capitaine. Vous et d’autres membres des forces armées ont été accusés d’avoir commis des atrocités. Ce n’est donc pas toute l’armée mauritanienne qui est accusée et vous êtes présumé innocent jusqu’à ce que votre culpabilité soit établie par une juridiction compétente.
Mon Général, la Mauritanie, notre pays a trop souffert du négationnisme. Cette page doit être tournée pour le bien de cette Mauritanie qui nous a tout et tant donné mais que certains continuent à triturer et vouloir plonger dans la mouise. Tous, ensemble, nous devons prier pour l’âme de nos morts ; nous leur devons vérité pour qu’ils reposent en paix.
Reconnaître la vérité c’est d’abord reconnaître les mouroirs d’Azlat, de Tiguint, de Nbeika, d’Atar, de Nouadhibou, d’Aleg, de F’derik, d’Inal ou de Jreida. Le devoir de vérité. Le devoir de mémoire. Le devoir de justice. Avant les réparations et le pardon. Avec sérieux et loin de cette « commission du passif humanitaire » qui donne l’aumône à certains et omet le grand nombre.
Mon Général, il est temps pour nous tous de prendre de la hauteur. Il est temps de cesser de recouvrir du voile de la honte les sépultures sans prière de tous ces morts qui continuent d’interpeller les vivants. Il est temps d’arrêter d’accuser les mouches ou les moustiques ; le béribéri ou le choléra. Les enterrés de Sori Malé, les entassés de Wothie, à ce que l’on sache, ne souffraient ni de palu ni de courbatures.
De deux diarrhées, Mon général, il faut se méfier : la diarrhée « ventrale » et la diarrhée verbale…
Seydi Moussa Camara
Source : La Nouvelle Expression