Béoué, un ancien enfant soldat, est en train de construire un poulailler dans le cadre du programme de réinsertion, qui bénéficie de l'aide du Service d'aide humanitaire de la Commission européenne.
Béoué, 18 ans, est mince et semble plutôt petit pour son âge. Mais lorsqu'il porte de la boue pour les murs du poulailler que lui et ses camarades sont en train de construire, on voit bien à quel point il est musclé, en fait. À l'évidence, il est habitué à organiser des activités et à déléguer des responsabilités, si bien que le poulailler se construit rapidement.
Il s'agit de son second poulailler, explique fièrement Béoué. Il est heureux d'acquérir des compétences, par exemple dans le domaine de la construction et de l'élevage de poulets, ce qui l'aide à oublier le passé, dit-il.
En 2002, la vie de Béoué a changé radicalement lorsque la guerre a éclaté en Côte d'Ivoire et qu'une rébellion armée a coupé le pays en deux, attirant des seigneurs de la guerre et des combattants venus des pays voisins, le Libéria et la Sierra Leone. Le village de Béoué a été attaqué et brulé.
Ceux qui l'ont pu se sont échappés et cachés dans la brousse. Béoué, qui avait 13 ans à l'époque, a décidé de rallier les forces combattantes. Il a estimé qu'il n'avait rien à perdre, dans la mesure où la majeure partie de sa famille avait succombé lors de l'attaque.
Des milliers d'enfants recrutés
En deux semaines Béoué a été formé. « J'ai beau ne pas être un soldat, je sais tout ce que savent les soldats sur les armes. Je sais comment armer et tirer avec une Kalashnikov », dit-il.
Depuis 2002, des milliers d'enfants Ivoiriens ont été recrutés par les forces gouvernementales, les milices et les groupes armés. Dans l'ouest notamment, où vit Béoué, de violents affrontements qui se sont prolongés ont entraîné des déplacements, des destructions, des pillages et des violences. Ces crimes ont été perpétrés contre la population civile, avec des enfants pour témoins et parfois comme acteurs.
Béoué (au centre) à l'école, recevant une formation dans le cadre du programme de prévention, démobilisation et réinsertion destiné aux enfants liés à des groupes armés en Côte d'Ivoire.
« Des choses terribles arrivent sur cette terre »
Béoué a finalement décidé de rentrer chez lui. Même s'il avait peur, il sentait que son village avait besoin de lui.
« En avril 2004, j'ai décidé de rentrer chez moi et j'ai emmené deux Kalashnikovs, des munitions, des bottes et un uniforme pour défendre mon village », dit Béoué. « Si je devais mourir, mieux valait mourir pour mon village. J'ai vu et j'ai commis bien des mauvaises actions. Il se passe des choses terribles sur cette terre ».
Dans son village, une ONG locale, ASA, a élaboré un programme de démobilisation et de désarmement des anciens enfants soldats - et qui vise à empêcher qu'ils ne soient à nouveau recrutés pour se battre. Des travailleurs sociaux de cette ONG sont entrés en contact avec Béoué pour lui proposer d'acquérir une qualification ou de retourner à l'école ».
« Au début, je n'étais pas intéressé du tout », raconte-t-il. « J'étais encore sous l'influence des drogues ».
Aide à la démobilisation
Au bout d'un an, toutefois, Béoué a accepté de participer à ce programme. Il a pensé qu'il était trop âgé pour retourner en classe, aussi a-t-il opté pour acquérir une qualification - l'élevage de poulets- et il en a été reconnaissant.
À présent, Béoué apprend comment gérer une affaire de volaille, notamment l'élevage, la construction de poulaillers, et il acquiert des connaissances de base en matière de lecture, d'écriture et de calcul. En outre, il bénéficie d'un soutien psychosocial et de soins de santé.
L'UNICEF et ses partenaires chargés de la réalisation tels qu'ASA ont élaboré en Côte d'Ivoire un Programme de prévention, démobilisation et réinsertion pour des jeunes comme Béoué. L'objectif essentiel est de les réinsérer dans leur famille et leur communauté, et de leur offrir une seconde chance dans la vie.
Par le biais de ce programme, le Service d'aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO) a apporté son soutien à plus de 4 000 enfants liés à des groupes armés et à des milliers d'autres qui courent le risque d'être recrutés.
Regarder vers l'avenir
« En fait, je ne veux pas rester au village », explique Béoué. « Ici, il y a trop de mauvais souvenirs. La nuit, je préfère rester avec mes poulets. En les entendant piailler, j'éprouve une sensation de réconfort ».
Le rêve de Béoué est de gagner assez d'argent pour s'installer dans une ville plus importante et y créer une petite affaire.
« Tout en ayant une boutique, je voudrais continuer l'élevage de volaille », dit-il avec un sourire confiant. « J'aime vraiment mes poulets. Je les considère comme ma famille - c'est toute la famille qui me reste ».
Par Sacha Westerbeek
Source: unicef . org
(M)
Il s'agit de son second poulailler, explique fièrement Béoué. Il est heureux d'acquérir des compétences, par exemple dans le domaine de la construction et de l'élevage de poulets, ce qui l'aide à oublier le passé, dit-il.
En 2002, la vie de Béoué a changé radicalement lorsque la guerre a éclaté en Côte d'Ivoire et qu'une rébellion armée a coupé le pays en deux, attirant des seigneurs de la guerre et des combattants venus des pays voisins, le Libéria et la Sierra Leone. Le village de Béoué a été attaqué et brulé.
Ceux qui l'ont pu se sont échappés et cachés dans la brousse. Béoué, qui avait 13 ans à l'époque, a décidé de rallier les forces combattantes. Il a estimé qu'il n'avait rien à perdre, dans la mesure où la majeure partie de sa famille avait succombé lors de l'attaque.
Des milliers d'enfants recrutés
En deux semaines Béoué a été formé. « J'ai beau ne pas être un soldat, je sais tout ce que savent les soldats sur les armes. Je sais comment armer et tirer avec une Kalashnikov », dit-il.
Depuis 2002, des milliers d'enfants Ivoiriens ont été recrutés par les forces gouvernementales, les milices et les groupes armés. Dans l'ouest notamment, où vit Béoué, de violents affrontements qui se sont prolongés ont entraîné des déplacements, des destructions, des pillages et des violences. Ces crimes ont été perpétrés contre la population civile, avec des enfants pour témoins et parfois comme acteurs.
Béoué (au centre) à l'école, recevant une formation dans le cadre du programme de prévention, démobilisation et réinsertion destiné aux enfants liés à des groupes armés en Côte d'Ivoire.
« Des choses terribles arrivent sur cette terre »
Béoué a finalement décidé de rentrer chez lui. Même s'il avait peur, il sentait que son village avait besoin de lui.
« En avril 2004, j'ai décidé de rentrer chez moi et j'ai emmené deux Kalashnikovs, des munitions, des bottes et un uniforme pour défendre mon village », dit Béoué. « Si je devais mourir, mieux valait mourir pour mon village. J'ai vu et j'ai commis bien des mauvaises actions. Il se passe des choses terribles sur cette terre ».
Dans son village, une ONG locale, ASA, a élaboré un programme de démobilisation et de désarmement des anciens enfants soldats - et qui vise à empêcher qu'ils ne soient à nouveau recrutés pour se battre. Des travailleurs sociaux de cette ONG sont entrés en contact avec Béoué pour lui proposer d'acquérir une qualification ou de retourner à l'école ».
« Au début, je n'étais pas intéressé du tout », raconte-t-il. « J'étais encore sous l'influence des drogues ».
Aide à la démobilisation
Au bout d'un an, toutefois, Béoué a accepté de participer à ce programme. Il a pensé qu'il était trop âgé pour retourner en classe, aussi a-t-il opté pour acquérir une qualification - l'élevage de poulets- et il en a été reconnaissant.
À présent, Béoué apprend comment gérer une affaire de volaille, notamment l'élevage, la construction de poulaillers, et il acquiert des connaissances de base en matière de lecture, d'écriture et de calcul. En outre, il bénéficie d'un soutien psychosocial et de soins de santé.
L'UNICEF et ses partenaires chargés de la réalisation tels qu'ASA ont élaboré en Côte d'Ivoire un Programme de prévention, démobilisation et réinsertion pour des jeunes comme Béoué. L'objectif essentiel est de les réinsérer dans leur famille et leur communauté, et de leur offrir une seconde chance dans la vie.
Par le biais de ce programme, le Service d'aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO) a apporté son soutien à plus de 4 000 enfants liés à des groupes armés et à des milliers d'autres qui courent le risque d'être recrutés.
Regarder vers l'avenir
« En fait, je ne veux pas rester au village », explique Béoué. « Ici, il y a trop de mauvais souvenirs. La nuit, je préfère rester avec mes poulets. En les entendant piailler, j'éprouve une sensation de réconfort ».
Le rêve de Béoué est de gagner assez d'argent pour s'installer dans une ville plus importante et y créer une petite affaire.
« Tout en ayant une boutique, je voudrais continuer l'élevage de volaille », dit-il avec un sourire confiant. « J'aime vraiment mes poulets. Je les considère comme ma famille - c'est toute la famille qui me reste ».
Par Sacha Westerbeek
Source: unicef . org
(M)