Les Mauritaniens, avec bien sûr les précautions d'usage qu'il faut prendre en de pareilles circonstances-car beaucoup n'ont pas été en mesure d'accomplir leur devoir civique alors qu'ils le souhaitaient ardemment, les Mauritaniens donc ont choisi le président du pays pour les prochaines années. Malgrè tout, nous sommes fiers de la possibilité qui nous est enfin offerte d'organiser des élections transparentes, libres et démocratiques dans notre pays. Nous félicitons donc l'élu du peuple, en même temps que tous les candidats qui ont pris part à ces élections. Néanmoins, ayant toujours le nez collé au guidon des principes, que l'on nous permette ce bon mot de l'autre : le politicien pense à la prochaine élection, alors que l'homme politique pense à la prochaine génération. Voilà pourquoi, il semble important de rappeler au candidat qui a recueilli le plus de suffrages exprimés qu'il a tenu des promesses, et que celles-ci l'obligent. Il en va de l'avenir de notre pays. Une situation historique exceptionnelle nous offre la possibilité de nous éloigner des particularismes et des corporatismes sous toutes leurs formes, et d'arrimer nos pratiques publiques, politiques, économiques, culturelles à la réalité sociologique de la Mauritanie. Ce grand bon en avant passe par l'enracinement de l'esprit de justice dans notre engagement quotidien, l'implantation définitive d'un Etat de Droit et le respect de certaines régles d'une commune volonté de vivre ensemble. En aucun cas, si nous ne voulons pas nous laisser divertir par les méandres de la politique politicienne, nous ne devons évacuer cet agenda, parce que précisément nous pensons déjà à la prochaine génération de Mauritaniens. Une Mauritanie qui rompt avec les démons du passé ; une Mauritanie qui n'a pas peur de reconnaître sa diversité ; une Mauritanie de paix ; une Mauritanie de justice d'abord : encore une fois n'oublions pas ce qui s'est passé ces vingt dernières années (années de plomb; années de déni de justice ; années d'impunité ; années de blessures ; années de crimes ; années d'exils et d'errance). Monsieur le Président, en vous souhaitant bonne chance, nous vous rappelons qu'il ne faut pas céder à la tentation de la prochaine...élection...mais surtout de penser aux prochaines générations. Que dirons de nous nos enfants et petits-enfants demain ? Que leur laisserons-nous ? Quelle Mauritanie nous voulons leur léguer ? Monsieur le Président, nous avons soif de justice.Nous voulons aller à l'essentiel, c'est à dire poser les fondements d'une Mauritanie durable, mais pas au sacrifice de la justice. Ce mot, vous devrez y penser chaque matin, pour tous vos compatriotes vivant au pays et ailleurs !
Ousmane SARR
président de l' AVOMM
Ousmane SARR
président de l' AVOMM