Winnie Mandela dodelinait de la tête, et la ministre de la santé, Manto Tshabalala Msimang, avait du mal à rester éveillée. Des plus connus jusqu'aux anonymes, nombreux étaient les délégués du Congrès national africain (ANC) réunis à Polokwane, qui, bercés par la litanie de chiffres, se sont assoupis pendant le discours de Thabo Mbeki, dimanche 16 décembre. Le chef de l'Etat sud-africain n'est pas un tribun.
M. Mbeki a enfin réussi à réveiller la salle au bout de deux heures, quand il a commencé à régler ses comptes avec son adversaire, "son" ex-vice-président Jacob Zuma. Tous deux sont candidats à la direction du parti. Après avoir vanté les résultats économiques du gouvernement, le président sud-africain a lancé une charge contre "la corruption, le népotisme et la soif de pouvoir". Il a comparé ces maux à "un virus", une "maladie" s'insinuant dans le parti.
Sans jamais le nommer, Thabo Mbeki a attaqué vivement son ancien bras droit qu'il a démis de ses fonctions en 2005 après que M. Zuma eut été mêlé à une affaire de corruption, avant d'être accusé de viol. Même s'il a été épargné par la justice, cette affaire a terni largement son image. L'ANC "a besoin aujourd'hui de dirigeants épris de ferveur éthique", a insisté M. Mbeki.
Assis à la tribune, impassible, Jacob Zuma, dit "JZ", n'a laissé transparaître aucune émotion. Même attitude chez ses partisans, qui n'ont pas bronché pendant cette attaque en règle. "Qu'est ce qui nous divise ?", s'est interrogé le chef de l'Etat. "C'est toi ! C'est toi !", ont répliqué quelques militants. A la fin de l'intervention, les applaudissements policés des partisans du président Mbeki ont été noyés dans une explosion de chants guerriers, hérités du temps de la lutte armée, cris de ralliement des supporters de "JZ".
"CHANGER DE LEADER"
"Ici, on ne discute pas de grands concepts, de liberté ou de fraternité, de changer la politique ou de choix économiques. Non, non, ici on ne parle que d'une chose : changer de leader. Et c'est ça que Thabo ne veut pas comprendre", lâche un homme d'affaires influent, vétéran de l'ANC et proche de Jacob Zuma.
Celui-ci ne s'exprimera pas, le règlement prévoyant uniquement un discours du président sortant. Il n'y a pas eu de campagne publique, seulement du lobbying dans les provinces. La tradition, à l'ANC, veut qu'il n'y ait pas de candidats déclarés au poste de président du parti, mais que des personnalités soient présélectionnées par les sections locales.
L'enjeu est important. Si M. Zuma est élu, il pourra être le candidat de l'ANC à la présidentielle de 2009. Thabo Mbeki, lui, ne pourrait pas se représenter. La Constitution n'autorise que deux les mandats présidentiels. En attendant, si "JZ" s'empare de l'ANC, l'Afrique du Sud connaîtra jusqu'en 2009 la première "cohabitation" de son histoire. A moins que la justice ne le rattrape avant.
Fabienne Pompey
Source: lemonde
(M)
M. Mbeki a enfin réussi à réveiller la salle au bout de deux heures, quand il a commencé à régler ses comptes avec son adversaire, "son" ex-vice-président Jacob Zuma. Tous deux sont candidats à la direction du parti. Après avoir vanté les résultats économiques du gouvernement, le président sud-africain a lancé une charge contre "la corruption, le népotisme et la soif de pouvoir". Il a comparé ces maux à "un virus", une "maladie" s'insinuant dans le parti.
Sans jamais le nommer, Thabo Mbeki a attaqué vivement son ancien bras droit qu'il a démis de ses fonctions en 2005 après que M. Zuma eut été mêlé à une affaire de corruption, avant d'être accusé de viol. Même s'il a été épargné par la justice, cette affaire a terni largement son image. L'ANC "a besoin aujourd'hui de dirigeants épris de ferveur éthique", a insisté M. Mbeki.
Assis à la tribune, impassible, Jacob Zuma, dit "JZ", n'a laissé transparaître aucune émotion. Même attitude chez ses partisans, qui n'ont pas bronché pendant cette attaque en règle. "Qu'est ce qui nous divise ?", s'est interrogé le chef de l'Etat. "C'est toi ! C'est toi !", ont répliqué quelques militants. A la fin de l'intervention, les applaudissements policés des partisans du président Mbeki ont été noyés dans une explosion de chants guerriers, hérités du temps de la lutte armée, cris de ralliement des supporters de "JZ".
"CHANGER DE LEADER"
"Ici, on ne discute pas de grands concepts, de liberté ou de fraternité, de changer la politique ou de choix économiques. Non, non, ici on ne parle que d'une chose : changer de leader. Et c'est ça que Thabo ne veut pas comprendre", lâche un homme d'affaires influent, vétéran de l'ANC et proche de Jacob Zuma.
Celui-ci ne s'exprimera pas, le règlement prévoyant uniquement un discours du président sortant. Il n'y a pas eu de campagne publique, seulement du lobbying dans les provinces. La tradition, à l'ANC, veut qu'il n'y ait pas de candidats déclarés au poste de président du parti, mais que des personnalités soient présélectionnées par les sections locales.
L'enjeu est important. Si M. Zuma est élu, il pourra être le candidat de l'ANC à la présidentielle de 2009. Thabo Mbeki, lui, ne pourrait pas se représenter. La Constitution n'autorise que deux les mandats présidentiels. En attendant, si "JZ" s'empare de l'ANC, l'Afrique du Sud connaîtra jusqu'en 2009 la première "cohabitation" de son histoire. A moins que la justice ne le rattrape avant.
Fabienne Pompey
Source: lemonde
(M)