Pour choisir un chef, il faut toujours suivre son regard, car c’est dans son regard que se trouvent logées toutes ses capacités à diriger, le processus et la durée de sa maturation, enfin sa vraie nature tout au bout du chemin parcouru avec lui. Même si l’accompagnement n’a duré qu’une petite heure. Elle renseigne toujours. Car des traces subsistent et on se les remémore toujours. Elles sont insidieuses.
Un chef est surprenable aussi bien dans sa gestuelle que dans son grognement perpétuel. Et tous les mouvements qu’il exécute en public déterminent sa carrure, mais aussi peut renseigner sur ses possibles déviances. Le débit de son discours trahit le ton avec lequel il commande, et donne des ordres sans se rendre compte que ses gestes sont exagérés, son chuchotement dangereux, car il peut finir toujours par une prise de parole alors qu’il est normalement en posture d’écoute. Donc nous pouvons y déceler ce terrible manque de sérénité et un penchant pour la précipitation. Alors que la sérénité commande l’intelligence, car c’est elle qui se rend sur les tables où les compromis se décident. Sans cela, le chef risque de prendre des décisions tout seul et là l’autoritarisme advient comme une fécondation in-vitro.
Être chef, est un réel poids qui énerve, use et finalement dévoile toutes les faiblesses de l’homme qui pense être désormais investi d’une mission presque divine. Erreur fatale quand on met en place l’utopie de l’impossible dans le combat pour lequel nous optons. Le messie doit mourir en nous dès que nous nous mettons en posture de diriger les hommes, parce que tout simplement le principe de l’interchangeabilité doit primer pour mieux relativiser la capacité de toujours tenir la flamme. Les vents internes sont plus destructeurs, ce sont des ouragans comme ceux des Caraïbes.
Il n’est pas donné à n’importe qui d’être chef. Ses yeux ne doivent jamais briller ni être gros aux cils et sourcils touffus. Son visage ne doit jamais être toujours fermé comme pour signifier l’intransigeance. Cette attitude rend compte de la figure d’une momie. Son sourire doit toujours illuminer ou le paraître, ses lèvres bien rendues et non gonflées comme pour signifier le dépit. Sobre en tout, le chef doit donc être mesuré dans ce qu’il prononce, car les interprétations sont libres et logiques. Parce que la rumeur est destructrice de l’aura acquise dans le temps de l’infini parcours vers la prise de conscience. Humilité et détachement doivent servir de tapis qui, toujours, se déroulent pour limiter les dégâts provoqués par une chute éventuelle.
De toutes les façons personne n’est si vierge que ça au point de se permettre un seul petit degré d’amnésie, « les eaux de l’oubli » sont toujours troubles. Les réponses évasives et la désinvolture qui les accompagne figurent les contours du mépris. Ce que le chef doit impérativement éviter, car le piège à tendance à se refermer sur sa seule personne.
Dans sa démarche, le chef ne doit pas ramener, par sa main gauche ou droite, ceux qui l’accompagnent et qui le dépassent d’un pas. Ce n’est pas son rôle de remettre l’ordre dans la marche de la foule par des actes, mais par une pédagogie d’ensemble partagée et réfléchie. Il doit accepter d’être entouré jusqu’à se sentir dans un étau bien serré, car là nous comprendrons que celui qui dirige ne doit pas étouffer quand il y a affluence. Pour ce faire, il doit être agile et souple même s’il traîne une bedaine. Sinon l’embourgeoisement attirera l’attention de la foule en présence, et elle se dira que trop de graisse tue le chef. La vanité est donc un ennemi redoutable, car elle entame la personnalité et détruit le socle de modestie sur lequel doit prospérer son aura.
Un chef doit maîtriser son souffle quand il parle pour, que même dans la colère, qu’il puisse être saisi quand il déroule son discours. Dans ce cas, il doit éviter les réflexes et cultiver l’intuition pour mieux diffuser et maintenir la flamme de son pouvoir de guide respectueux et respecté à la mesure de la mission qui lui est confiée. Un chef doit être très déférent, puisque c’est cela qui rassure les militants intelligents, les sympathisants nationaux comme internationaux et les futurs partenaires pour la gouvernance de la cité. Parce que tout simplement le pouvoir sera, obligatoirement, partagé car la démocratie n’a jamais atteint le record des 100% même aux temps des dictatures les plus loufoques. Elles acceptaient l’existence de 2% d’insoumis dans le corps électoral qui leur a permis de réajuster leur siège. Donc un chef averti doit avoir ce regard calculateur, certes, mais qui lui permettra d’appliquer ne serait-ce qu’une partie de son programme. Il doit donc cultiver la générosité mais être intransigeant quand le contexte le demande. Tout avoir ne peut être qu’une éventualité, car s’accaparer de tout conduit à la dictature et aux restrictions des libertés individuelles.
Un chef aux yeux hagards, les gestes vigoureux, la voix caverneuse, le discours menaçant est prédestiné à occuper ce siège où le simple doigt indique la direction. Cela s’appelle agir comme un dresseur de cirque. Alors que les militants ne sont pas une simple foule d’incrédules venus suivre un rêveur solitaire qui continue de faire le désert autour de lui. La solitude dans l’exercice du pouvoir utilise les ressources de la tactique alimentée à une banalisation outrancière des autres. Erreur de programme, de discours et de comportement qui détruit la noblesse d’une lutte.
Les gloires et les médailles recensées ne doivent pas toujours être exposées à l’air libre ; sinon elles s’usent d’elles-mêmes et perdent leur part dans la construction du mythe fondateur des adhésions. D’ailleurs elles sont faites pour tuer en soi ce surmoi égoïste. Un guide se fabrique dans l’humilité et les reconnaissances constituent des charges et non des sinécures pour imposer sa stature présente au monde avec mépris. Brûler les étapes de l’initiation débouche sur la médiocrité intellectuelle et la pauvreté du caractère. Donc le chef doit s’en méfier comme si c’était une peste.
L’impatience n’est pas une vertu qu’un chef doit toujours arborée. Elle le conduit directement dans un précipice dangereux, et son corps risque - dans ce cas -de faire l’objet de tous ces regards qui afflueront pour constater les dégâts induits par ce qui ressemble à une véritable immaturité et un manque de vision stratégique. Voilà ce que je vois dans les yeux d’un chef qui emprunte le chemin qui mène au sable mouvant de la démultiplication des fronts contraires. Un chef doit éviter de se métamorphoser en cible. Il doit respecter les règles de la bienséance sinon son bouclier s’effiloche et les balles l’atteignent et donc, comme je viens de le dire, la foule se presse pour enterrer ses restes.
À tous nos chefs, je dis changer la direction de vos regards et regardez ce que nous regardons, car vous êtes sur le point d’être dépassés.
Excellent ramadan.
Abdarahmane NGAIDE (Bassel), Dakar, le 12/07/2013
Source: Abdarahmane Ngaide
Un chef est surprenable aussi bien dans sa gestuelle que dans son grognement perpétuel. Et tous les mouvements qu’il exécute en public déterminent sa carrure, mais aussi peut renseigner sur ses possibles déviances. Le débit de son discours trahit le ton avec lequel il commande, et donne des ordres sans se rendre compte que ses gestes sont exagérés, son chuchotement dangereux, car il peut finir toujours par une prise de parole alors qu’il est normalement en posture d’écoute. Donc nous pouvons y déceler ce terrible manque de sérénité et un penchant pour la précipitation. Alors que la sérénité commande l’intelligence, car c’est elle qui se rend sur les tables où les compromis se décident. Sans cela, le chef risque de prendre des décisions tout seul et là l’autoritarisme advient comme une fécondation in-vitro.
Être chef, est un réel poids qui énerve, use et finalement dévoile toutes les faiblesses de l’homme qui pense être désormais investi d’une mission presque divine. Erreur fatale quand on met en place l’utopie de l’impossible dans le combat pour lequel nous optons. Le messie doit mourir en nous dès que nous nous mettons en posture de diriger les hommes, parce que tout simplement le principe de l’interchangeabilité doit primer pour mieux relativiser la capacité de toujours tenir la flamme. Les vents internes sont plus destructeurs, ce sont des ouragans comme ceux des Caraïbes.
Il n’est pas donné à n’importe qui d’être chef. Ses yeux ne doivent jamais briller ni être gros aux cils et sourcils touffus. Son visage ne doit jamais être toujours fermé comme pour signifier l’intransigeance. Cette attitude rend compte de la figure d’une momie. Son sourire doit toujours illuminer ou le paraître, ses lèvres bien rendues et non gonflées comme pour signifier le dépit. Sobre en tout, le chef doit donc être mesuré dans ce qu’il prononce, car les interprétations sont libres et logiques. Parce que la rumeur est destructrice de l’aura acquise dans le temps de l’infini parcours vers la prise de conscience. Humilité et détachement doivent servir de tapis qui, toujours, se déroulent pour limiter les dégâts provoqués par une chute éventuelle.
De toutes les façons personne n’est si vierge que ça au point de se permettre un seul petit degré d’amnésie, « les eaux de l’oubli » sont toujours troubles. Les réponses évasives et la désinvolture qui les accompagne figurent les contours du mépris. Ce que le chef doit impérativement éviter, car le piège à tendance à se refermer sur sa seule personne.
Dans sa démarche, le chef ne doit pas ramener, par sa main gauche ou droite, ceux qui l’accompagnent et qui le dépassent d’un pas. Ce n’est pas son rôle de remettre l’ordre dans la marche de la foule par des actes, mais par une pédagogie d’ensemble partagée et réfléchie. Il doit accepter d’être entouré jusqu’à se sentir dans un étau bien serré, car là nous comprendrons que celui qui dirige ne doit pas étouffer quand il y a affluence. Pour ce faire, il doit être agile et souple même s’il traîne une bedaine. Sinon l’embourgeoisement attirera l’attention de la foule en présence, et elle se dira que trop de graisse tue le chef. La vanité est donc un ennemi redoutable, car elle entame la personnalité et détruit le socle de modestie sur lequel doit prospérer son aura.
Un chef doit maîtriser son souffle quand il parle pour, que même dans la colère, qu’il puisse être saisi quand il déroule son discours. Dans ce cas, il doit éviter les réflexes et cultiver l’intuition pour mieux diffuser et maintenir la flamme de son pouvoir de guide respectueux et respecté à la mesure de la mission qui lui est confiée. Un chef doit être très déférent, puisque c’est cela qui rassure les militants intelligents, les sympathisants nationaux comme internationaux et les futurs partenaires pour la gouvernance de la cité. Parce que tout simplement le pouvoir sera, obligatoirement, partagé car la démocratie n’a jamais atteint le record des 100% même aux temps des dictatures les plus loufoques. Elles acceptaient l’existence de 2% d’insoumis dans le corps électoral qui leur a permis de réajuster leur siège. Donc un chef averti doit avoir ce regard calculateur, certes, mais qui lui permettra d’appliquer ne serait-ce qu’une partie de son programme. Il doit donc cultiver la générosité mais être intransigeant quand le contexte le demande. Tout avoir ne peut être qu’une éventualité, car s’accaparer de tout conduit à la dictature et aux restrictions des libertés individuelles.
Un chef aux yeux hagards, les gestes vigoureux, la voix caverneuse, le discours menaçant est prédestiné à occuper ce siège où le simple doigt indique la direction. Cela s’appelle agir comme un dresseur de cirque. Alors que les militants ne sont pas une simple foule d’incrédules venus suivre un rêveur solitaire qui continue de faire le désert autour de lui. La solitude dans l’exercice du pouvoir utilise les ressources de la tactique alimentée à une banalisation outrancière des autres. Erreur de programme, de discours et de comportement qui détruit la noblesse d’une lutte.
Les gloires et les médailles recensées ne doivent pas toujours être exposées à l’air libre ; sinon elles s’usent d’elles-mêmes et perdent leur part dans la construction du mythe fondateur des adhésions. D’ailleurs elles sont faites pour tuer en soi ce surmoi égoïste. Un guide se fabrique dans l’humilité et les reconnaissances constituent des charges et non des sinécures pour imposer sa stature présente au monde avec mépris. Brûler les étapes de l’initiation débouche sur la médiocrité intellectuelle et la pauvreté du caractère. Donc le chef doit s’en méfier comme si c’était une peste.
L’impatience n’est pas une vertu qu’un chef doit toujours arborée. Elle le conduit directement dans un précipice dangereux, et son corps risque - dans ce cas -de faire l’objet de tous ces regards qui afflueront pour constater les dégâts induits par ce qui ressemble à une véritable immaturité et un manque de vision stratégique. Voilà ce que je vois dans les yeux d’un chef qui emprunte le chemin qui mène au sable mouvant de la démultiplication des fronts contraires. Un chef doit éviter de se métamorphoser en cible. Il doit respecter les règles de la bienséance sinon son bouclier s’effiloche et les balles l’atteignent et donc, comme je viens de le dire, la foule se presse pour enterrer ses restes.
À tous nos chefs, je dis changer la direction de vos regards et regardez ce que nous regardons, car vous êtes sur le point d’être dépassés.
Excellent ramadan.
Abdarahmane NGAIDE (Bassel), Dakar, le 12/07/2013
Source: Abdarahmane Ngaide