Le groupe Boko Haram a exigé dans une nouvelle vidéo diffusée lundi la libération de ses membres détenus par les autorités locales en échange de celle des 200 adolescentes enlevées mi-avril, une demande fermement rejetée par le pouvoir nigérian.
Dans cette vidéo d'une durée de 27 minutes, on aperçoit 130 jeunes femmes vêtues de tchadors noirs et gris en train de prier dans un lieu inconnu.
Le chef de la secte, Abubakar Shekau, affirme dans la vidéo avoir converti à l'islam les jeunes filles que son groupe a enlevées le 14 avril dernier, à Chibok, dans l'État de Borno, dans le nord-est du Nigeria.Dans cette nouvelle vidéo, on peut entendre les témoignages de trois jeunes filles, dont deux chrétiennes, qui affirment s'être converties à l'islam. La troisième déclare pour sa part qu'elle était déjà musulmane.
Une des adolescentes affirme par ailleurs que les captives ne sont pas maltraitées par leurs ravisseurs
« Ces filles dont vous vous préoccupez tant, nous les avons en fait libérées [...] et vous savez comment on les a libérées? Ces filles sont devenues musulmanes. » Abubakar Shekau
« Nous ne les libérerons qu'après que vous ayez libéré nos frères », ajoute Abubakar Shekau.
L'homme ajoute que cet échange ne concernerait que « celles qui ne se sont pas converties à l'islam », étant donné que celles qui ont accepté de devenir musulmanes sont devenues « des sœurs ».
Le gouvernement a aussitôt opposé une fin de non-recevoir à cette exigence. Le ministre de l'Intérieur du Nigeria, Abba Moro, a affirmé que « ce n'est pas à Boko Haram et aux insurgés de poser leurs conditions ». « Il n'est pas question d'échanger une personne contre une autre », a-t-il ajouté.
Des Canadiens déployés au Nigeria
Après avoir offert de l'aide canadienne au gouvernement nigérian, la semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a confirmé lundi matin que des Canadiens sont actuellement sur le terrain au Nigeria.
« Des Canadiens sont arrivés sur le terrain et vont collaborer avec les États-Unis et la Grande-Bretagne pour libérer les jeunes filles. C'est notre priorité », a affirmé le ministre.
Quant à la demande d'échange de prisonniers du chef de Boko Haram, M. Baird a précisé que le Canada ne négociait pas avec ce genre de groupe. « Vous connaissez notre opinion quant au groupe Boko Haram et à la négociation avec des terroristes », a-t-il dit.
Outre les Canadiens, d'autres pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont envoyé ces derniers jours des experts au Nigeria. Israël a, de son côté, proposé son aide dimanche, comme l'avait fait la Chine vendredi.
Les États-Unis, quant à eux, ont envoyé des avions de surveillance au Nigeria et transmis des images satellitaires aux autorités locales pour tenter de localiser les adolescentes enlevées, a annoncé lundi un responsable de l'administration Obama.
Front diplomatique
Par ailleurs, sur le front diplomatique, le président français, François Hollande, a annoncé lundi avoir demandé aux Américains et aux Britanniques de participer au sommet sur la sécurité au Nigeria qui se tiendra samedi, à Paris.
Ce sommet réunira des dirigeants du Nigeria et de pays voisins avec le président nigérian, Goodluck Jonathan. Les dirigeants d'au moins cinq pays africains, le Nigeria, le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Bénin, devraient y participer.Au total, 276 étudiantes avaient été enlevées à Chibok, ville du Nigeria où habite une communauté chrétienne importante, à la mi-avril. Selon la police, 223 d'entre elles sont toujours portées disparues.
Cet enlèvement collectif avait provoqué l'indignation de la communauté internationale après que le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, eut annoncé dans une première vidéo, le 5 mai, qu'il allait vendre ces jeunes femmes comme esclaves ou les marier de force.
Pays le plus populeux d'Afrique, le Nigeria compte 170 millions d'habitants qui sont presque également divisés entre l'islam et le christianisme.
Boko Haram signifie « l'éducation occidentale est un sacrilège » en langue haoussa. Il revendique la création d'un État islamique dans le nord du Nigeria.
Le groupe est accusé d'avoir tué plusieurs centaines de personnes depuis le début de l'année. Il exige la libération de ses militants et veut imposer la loi coranique, la charia, dans son interprétation la plus sévère, dans tout le Nigeria, divisé entre le sud, à majorité chrétienne, et le nord, à majorité musulmane.
Les violences ont déjà fait plusieurs milliers de morts dans le nord et le centre du Nigeria depuis 2009.
Source: Radio Canada