On peut dire que le Québec a adopté Tiken Jah Fakoly, reggaeman ivoirien qui s’est donné pour mission d’éveiller les consciences grâce à sa musique. Celui qui se cache derrière le très engagé African Revolution et à qui l’on doit des classiques comme Africain à Paris, Ouvrez les frontières et Plus rien ne m’étonne sera de passage à Montréal le 22 juillet, dans le cadre du festival Nuits d’Afrique. Afin de souligner son retour chez nous, le Journal a joint l’artiste qui a généreusement accepté de discuter de sa relation avec le Québec, de la création de son nouvel album et de son combat pour l’Afrique.
Votre concert sera présenté en extérieur, sur le Parterre du Quartier des spectacles. Avez-vous préparé quelque chose de spécial pour l’occasion ?
Nous avons préparé un répertoire différent de celui que nous avons déjà joué en extérieur, lors de notre dernier passage aux FrancoFolies de Montréal, en 2009. Il faut dire qu’à ce moment-là, le dernier album n’était pas encore sorti. En tout cas, nous allons tout faire pour que le public qui viendra nous voir reparte à la maison satisfait.
Votre passage à Nuits d’Afrique marquera votre troisième visite au Québec en moins de deux ans. Comment expliquez-vous la relation particulière que vous entretenez avec le public québécois ?
Parmi tous les pays occidentaux, je crois que le Québec est l’endroit où l’on comprend le mieux notre histoire. L’Afrique a été colonisée et plusieurs Africains ont été déportés. Lorsque l’on s’adresse à un Québécois, il sait à peu près ce que ça veut dire par rapport à sa propre histoire. Ça me fait plaisir de voir que des gens dansent sur ma musique, mais qu’ils écoutent aussi mon message. Pour moi, le reggae est une musique qui doit être écoutée.
Votre plus récent album African Revolution est paru en 2010. Travaillez-vous sur votre prochain disque ?
Je suis en création en ce moment. Nous avons l’habitude de la tradition orale, d’où je viens, alors je ne suis pas toujours obligé d’écrire des choses puisque je les ai en tête. En ce moment, si je suis seul, je chante les chansons pour ne pas les oublier. Quoi qu’il en soit, j’ai promis à ma maison de disques un album pour 2013 et j’ai l’habitude de respecter mes engagements.
Vos albums sont toujours près de l’actualité. Est-ce que votre prochain disque sera teinté par les récentes crises qui ont frappé la Côte d’Ivoire et le Mali ?
Il va y avoir des choses par rapport à ce qui se passe en ce moment au Mali et en Côte d’Ivoire, c’est obligé. Mon rôle, c’est d’éveiller les consciences, de parler pour la majorité qui n’arrive pas à s’exprimer. Ce qui se passe au Mali me rend particulièrement triste. J’y suis allé en 2002. J’ai vu le Mali décoller et s’organiser des élections. J’avais l’habitude de citer le Mali en exemple, lorsqu’on me disait que la démocratie n’était pas possible en Afrique. Le fait que la démocratie y ait été étranglée me rend triste, mais ne me désespère pas.
Êtes-vous retourné en Côte d’Ivoire dernièrement ?
J’avais annoncé mon retour en Côte d’Ivoire pour le mois de juin, mais malheureusement, il y a eu le coup d’État au Mali et j’ai décidé de partager ces moments difficiles avec le peuple malien. Ce peuple m’a reçu en 2002, alors que je ne savais pas où aller. Mon éthique personnelle m’empêche, aujourd’hui, de retourner en Côte d’Ivoire et de laisser le Mali dans la merde. J’ai donc décidé de rester là-bas, pour le moment.
En tant que porteur de messages, êtes-vous parfois découragé par la nature humaine ?
Jamais je ne perds espoir. J’ai parfois les bleus, comme tout combattant qui a connu la trahison et l’inquiétude, mais je me dis que si mes ancêtres avaient baissé les bras, l’esclavage n’aurait jamais été aboli. Je me dis que si mes parents avaient baissé les bras, la colonisation aurait continué aujourd’hui. Je ne baisse pas les bras parce que nous avons le devoir de mener ce combat et de donner à nos petits-enfants et à nos enfants une Afrique différente de celle que l’on connaît. Je n’ai jamais voulu lâcher. Je ne lâcherai jamais. Nous sommes dans le processus d’écriture de l’histoire du peuple africain. Dans ce processus, il y a des hauts et des bas. Dans l’écriture de l’histoire du Canada, il y a aussi eu des hauts et des bas. Aujourd’hui, je me dis que ça fait 52 ans que nous avons été libérés et qu’il faut simplement continuer le combat. Cependant, il ne faut pas attendre que Dieu nous vienne en aide. Je dis toujours que Dieu est très occupé, car il doit prendre soin de plusieurs peuples. Nous devons nous aider nous-mêmes.
Source: JournalMontréal
Votre concert sera présenté en extérieur, sur le Parterre du Quartier des spectacles. Avez-vous préparé quelque chose de spécial pour l’occasion ?
Nous avons préparé un répertoire différent de celui que nous avons déjà joué en extérieur, lors de notre dernier passage aux FrancoFolies de Montréal, en 2009. Il faut dire qu’à ce moment-là, le dernier album n’était pas encore sorti. En tout cas, nous allons tout faire pour que le public qui viendra nous voir reparte à la maison satisfait.
Votre passage à Nuits d’Afrique marquera votre troisième visite au Québec en moins de deux ans. Comment expliquez-vous la relation particulière que vous entretenez avec le public québécois ?
Parmi tous les pays occidentaux, je crois que le Québec est l’endroit où l’on comprend le mieux notre histoire. L’Afrique a été colonisée et plusieurs Africains ont été déportés. Lorsque l’on s’adresse à un Québécois, il sait à peu près ce que ça veut dire par rapport à sa propre histoire. Ça me fait plaisir de voir que des gens dansent sur ma musique, mais qu’ils écoutent aussi mon message. Pour moi, le reggae est une musique qui doit être écoutée.
Votre plus récent album African Revolution est paru en 2010. Travaillez-vous sur votre prochain disque ?
Je suis en création en ce moment. Nous avons l’habitude de la tradition orale, d’où je viens, alors je ne suis pas toujours obligé d’écrire des choses puisque je les ai en tête. En ce moment, si je suis seul, je chante les chansons pour ne pas les oublier. Quoi qu’il en soit, j’ai promis à ma maison de disques un album pour 2013 et j’ai l’habitude de respecter mes engagements.
Vos albums sont toujours près de l’actualité. Est-ce que votre prochain disque sera teinté par les récentes crises qui ont frappé la Côte d’Ivoire et le Mali ?
Il va y avoir des choses par rapport à ce qui se passe en ce moment au Mali et en Côte d’Ivoire, c’est obligé. Mon rôle, c’est d’éveiller les consciences, de parler pour la majorité qui n’arrive pas à s’exprimer. Ce qui se passe au Mali me rend particulièrement triste. J’y suis allé en 2002. J’ai vu le Mali décoller et s’organiser des élections. J’avais l’habitude de citer le Mali en exemple, lorsqu’on me disait que la démocratie n’était pas possible en Afrique. Le fait que la démocratie y ait été étranglée me rend triste, mais ne me désespère pas.
Êtes-vous retourné en Côte d’Ivoire dernièrement ?
J’avais annoncé mon retour en Côte d’Ivoire pour le mois de juin, mais malheureusement, il y a eu le coup d’État au Mali et j’ai décidé de partager ces moments difficiles avec le peuple malien. Ce peuple m’a reçu en 2002, alors que je ne savais pas où aller. Mon éthique personnelle m’empêche, aujourd’hui, de retourner en Côte d’Ivoire et de laisser le Mali dans la merde. J’ai donc décidé de rester là-bas, pour le moment.
En tant que porteur de messages, êtes-vous parfois découragé par la nature humaine ?
Jamais je ne perds espoir. J’ai parfois les bleus, comme tout combattant qui a connu la trahison et l’inquiétude, mais je me dis que si mes ancêtres avaient baissé les bras, l’esclavage n’aurait jamais été aboli. Je me dis que si mes parents avaient baissé les bras, la colonisation aurait continué aujourd’hui. Je ne baisse pas les bras parce que nous avons le devoir de mener ce combat et de donner à nos petits-enfants et à nos enfants une Afrique différente de celle que l’on connaît. Je n’ai jamais voulu lâcher. Je ne lâcherai jamais. Nous sommes dans le processus d’écriture de l’histoire du peuple africain. Dans ce processus, il y a des hauts et des bas. Dans l’écriture de l’histoire du Canada, il y a aussi eu des hauts et des bas. Aujourd’hui, je me dis que ça fait 52 ans que nous avons été libérés et qu’il faut simplement continuer le combat. Cependant, il ne faut pas attendre que Dieu nous vienne en aide. Je dis toujours que Dieu est très occupé, car il doit prendre soin de plusieurs peuples. Nous devons nous aider nous-mêmes.
Source: JournalMontréal