Le Calame : Vous vous présentez pour la 3e fois à l’élection présidentielle. Peut-on connaître le sens de votre déclaration de candidature, intervenue le 25 avril dernier, alors même que vous êtes sûr d’aller à un scrutin dépourvu de « réelles garanties de transparence», selon certains partis politiques et personnalités indépendantes ayant décidé de le boycotter ?
Ibrahima Moctar Sarr: Mon parti a décidé de participer à toutes les compétions électorales quelles que soient les conditions de transparence qui d’ailleurs, ne peuvent pas réellement exister dans un système esclavagiste, raciste et féodal. Notre objectif est de conquérir une parcelle, minime soit-elle, de terrain politique pour continuer à conscientiser nos communautés nationales sur la nécessité de combattre ensemble le système.
Nous avons tiré également les leçons de notre participation à tous les regroupements oppositionnels qui se proposaient de lutter contre les régimes en place et nous avons constaté que très souvent, loin de prendre en charge nos préoccupations, nous avons toujours été utilisés pour assouvir des intérêts personnels d’une certaine opposition qui cherche à remplacer le chef au pouvoir, prendre sa place et perpétuer le système que nous combattons.
Dans ces conditions, nous avons décidé d’assumer dorénavant nos décisions et prises de position. Nous respectons celles des autres et qu’on nous reconnaisse notre liberté de conscience et d’action.
-Ne craignez-vous pas, en vous déclarant candidat, d’être accusé, comme en 2009, de «crédibiliser» l’élection du président Aziz?
-En 2009, j’ai été l’objet d’une diffamation de la part d’un site électronique, j’ai dû malgré moi, porter plainte pour défendre ma dignité et l’auteur de la diffamation a écopé d’une condamnation. Nous n’avons pas peur d’être accusés de quoi que ce soit dès l’instant où notre parti a pris solennellement sa décision de participer et à l’unanimité. Pour le reste, ceux avec qui nous ne nous concertons pas, qui ne sont pas membres de notre parti, qui ne sont même pas nos sympathisants et électeurs, ne peuvent, en aucun cas, nous dicter la conduite à tenir.
En 2009, c’est plutôt le FNDD qui avait refusé d’aller aux élections et auquel le président Aziz avait donné toutes les garanties qu’il demandait, pour se voir par la suite rouler dans la farine, qui donc a donné plus crédit à l’élection ? Non, pas nous, qui n’étions ni à Dakar, ni dans le gouvernement de coalition, ni dans la CENI.
-Certains de vos détracteurs voient comme une espèce de coup de main du pouvoir, le parrainage des conseillers de l’UPR et de ses satellites. Que leur répondez-vous, et comment s’est passée cette pêche aux signatures ?
-Nous avons recueilli sept signatures de conseillers qui se réclament de l’UPR sans que leur parti ait été sollicité.
C’est très peu par rapport aux cent signatures demandées. Par contre, nous avons saisi directement certains leaders de partis de l’opposition et de la majorité avec lesquels nous avons des affinités personnelles, certains ont accepté de nous parrainer, d’autres ont refusé.
-Que pensez-vous du retrait de la candidature d’Ahmed Salem Ould Bouhoubeini ?
-Je n’en pense rien du tout. Il est libre de participer, de se retirer ou de boycotter. Vous voyez, nous ne commentons pas les décisions libres des autres !!!
-Quels sont les thèmes qu’AJD va proposer aux mauritaniens, en juin prochain et de quels moyens vous disposez pour battre campagne ?
-L’AJD/MR et non pas l’AJD, aura le même discours. Il n’y aura pas de changement dans les positions que nous aurons à défendre. Notre engagement n’est pas un engagement de circonstance et il dure en ce qui me concerne plus de quarante ans avec les sacrifices et les victoires que vous connaissez ; nous n’avons pas encore atteint notre objectif : la destruction du système esclavagiste, raciste et féodal.
Pour la campagne, nous serons mieux lotis cette fois-ci en disposant de notre subvention gagnée après les dernières élections municipales.
-Des rumeurs rapportant vos propos, laissent croire que l’AJD pourrait appeler, en cas de second à voter pour le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, un soutien qui serait assorti, selon les mêmes sources d’une condition, celle d’être nommé premier ministre. Info ou intox ?
-En politique, rien n’est à exclure sauf ce qui est contraire aux principes fondamentaux et aux objectifs visés. Jusque-là, nous avons été conséquents avec nous-mêmes.
En 2007, nous avons voté Ahmed Ould Daddah au deuxième tour. Tout le monde était content. Ceux qui n’ont pas agi comme nous ne sont pas vus pour autant comme des diables à abattre. Récemment pour la Communauté Urbaine(CUN), tout le monde sait quelle a été notre position et pourtant elle est passée inaperçue aux yeux de nos détracteurs. C’est ça la force de l’AJD/MR : Agir et laisser les aboyeurs aboyer.
-Une délégation des parlementaires de l’AJD s’est rendue auprès des populations de Donnaye (Brakna), victimes d’une expropriation de leurs terres cultivables. Peut-on connaître le résultat de cette visite et où en est ce dossier ?
-Une mission de constatation des parlementaires de l’AJD/MR s’est rendue récemment à Donaye, Cinthiane Diama et Bogué pour s’enquérir de la situation des terres dans cette région. Nous avons discuté avec les propriétaires terriens et constater la situation critique qui prévaut. Le Ministre du développement rural a été interpelé lors d’une séance du parlement. Nous avons demandé une commission d’enquête parlementaire pour aller vérifier sur place ce que nous avons dit et nous continuerons le combat. En tout cas, le gouvernement est averti, la colère couve dans cette région où les paysans ne demandent que la concertation pour toute décision qui concerne l’exploitation de leur terre.
-La police a réprimé violemment la marche des réfugiés venus pour « exposer leurs doléances au président de la République». Pour justifier son geste, la police avance « l’infiltration de cette marche». Qui, à votre avis, aurait intérêt à saborder l’initiative des rapatriés, soutenue massivement et presque exclusivement par la composante négro-africaine ?
-A l’AJD/MR, nous n’avons pas l’habitude de spéculer. Nous n’avons aucune preuve pour dire que cette marche a été infiltrée. Comme j’ai eu à le dire aux marcheurs eux-mêmes, ce problème ne les concerne pas eux seuls, c’est un problème national qui a mobilisé toutes les forces qui luttent pour la justice, l’égalité et la paix dans ce pays. Depuis les déportations, lorsque les refugiés étaient encore au Sénégal jusqu'à leur retour et leur réinstallation bâclée dans le pays jusqu’à cette marche qu’ils ont initiée, ces forces politiques et la société civile ont toujours été à leur côté. Donc leur implication ne date pas de l’arrivée de cette marche.
Le problème qui se pose est que l’Etat pouvait contenir toute dérive ou action de sabotage s’il y a lieu, en faisant preuve de sang froid, ce qui n’a pas été le cas. De toute façon, le message des marcheurs est passé et à leur place, après la répression, je ne chercherai même pas à rencontrer le Président qui va encore faire des promesses et encore des promesses…
-Certains pensent qu’IMS devrait retirer sa candidature pour marquer sa désapprobation de la répression de la police du pouvoir d'une marche « légitime et pacifique » que vous avez soutenue et accompagnée. Qu’en pensez-vous ?
-J’ai été arrêté et incarcéré avec d’autres mauritaniens dans des conditions difficiles, certains sont morts en prison : Tene Youssouf Gueye, DjigoTaphsirou, Ba Abdoul Khoudouss, Ba Alassane Oumar. Durant ses quatre années de détention, nos familles sont restées sans soutien et depuis notre sortie de prison, nous n’avons pas encore recouvré nos droits. Cela n’a pas empêché le monde de tourner pour certains qui nous font cette suggestion aujourd’hui, certains mêmes étaient dans le camp du tyran. En plus, les refugiés sont restés à l’étranger pendant 20 ans, avons-nous pour autant, arrêté toute action politique pour attendre leur retour ? Et après leur retour ils n’ont pas été rétablis dans leurs droits. A-t-on décidé pour cela de ne pas aller aux élections de 2009 et aux dernières élections législatives et municipales ? Nous n’allons pas aux élections pour le plaisir des tenants du pouvoir mais pour trouver les moyens de mieux les combattre. Pourquoi voudrait-on qu’on y renonce simplement parce qu’une marche a été réprimée comme il en passe chaque jour ?
-Selon nos sources, l’AJD/MR n’aurait pas accepté l’invitation d’autres partis d’obédience négro-mauritanienne pour la recherche d’un front uni. Peut-on en connaître les raisons ?
-L’AJD/MR a décidé souverainement de ne faire partie d’aucune coalition politique structurée avec des principes et des objectifs précis auxquels nous serions assujettis. Notre parti n’est pas un parti de négro-mauritaniens mais un parti national qui regroupe toutes les composantes ethniques du pays. Mon premier vice-président est un arabe blanc. Comment voulez-vous qu’il se sente dans un regroupement qui ne concerne que des négro-mauritaniens ? Néanmoins nous avons dit que toute initiative d’où qu’elle vienne, si elle nous agrée, nous somme prêts à l’étudier et même à y participer. C’est dans cet esprit que nous avons bien accueilli et agi dans l’initiative du président Messaoud.
Propos recueillis par Dalay Lam
Source: Le Calame
Ibrahima Moctar Sarr: Mon parti a décidé de participer à toutes les compétions électorales quelles que soient les conditions de transparence qui d’ailleurs, ne peuvent pas réellement exister dans un système esclavagiste, raciste et féodal. Notre objectif est de conquérir une parcelle, minime soit-elle, de terrain politique pour continuer à conscientiser nos communautés nationales sur la nécessité de combattre ensemble le système.
Nous avons tiré également les leçons de notre participation à tous les regroupements oppositionnels qui se proposaient de lutter contre les régimes en place et nous avons constaté que très souvent, loin de prendre en charge nos préoccupations, nous avons toujours été utilisés pour assouvir des intérêts personnels d’une certaine opposition qui cherche à remplacer le chef au pouvoir, prendre sa place et perpétuer le système que nous combattons.
Dans ces conditions, nous avons décidé d’assumer dorénavant nos décisions et prises de position. Nous respectons celles des autres et qu’on nous reconnaisse notre liberté de conscience et d’action.
-Ne craignez-vous pas, en vous déclarant candidat, d’être accusé, comme en 2009, de «crédibiliser» l’élection du président Aziz?
-En 2009, j’ai été l’objet d’une diffamation de la part d’un site électronique, j’ai dû malgré moi, porter plainte pour défendre ma dignité et l’auteur de la diffamation a écopé d’une condamnation. Nous n’avons pas peur d’être accusés de quoi que ce soit dès l’instant où notre parti a pris solennellement sa décision de participer et à l’unanimité. Pour le reste, ceux avec qui nous ne nous concertons pas, qui ne sont pas membres de notre parti, qui ne sont même pas nos sympathisants et électeurs, ne peuvent, en aucun cas, nous dicter la conduite à tenir.
En 2009, c’est plutôt le FNDD qui avait refusé d’aller aux élections et auquel le président Aziz avait donné toutes les garanties qu’il demandait, pour se voir par la suite rouler dans la farine, qui donc a donné plus crédit à l’élection ? Non, pas nous, qui n’étions ni à Dakar, ni dans le gouvernement de coalition, ni dans la CENI.
-Certains de vos détracteurs voient comme une espèce de coup de main du pouvoir, le parrainage des conseillers de l’UPR et de ses satellites. Que leur répondez-vous, et comment s’est passée cette pêche aux signatures ?
-Nous avons recueilli sept signatures de conseillers qui se réclament de l’UPR sans que leur parti ait été sollicité.
C’est très peu par rapport aux cent signatures demandées. Par contre, nous avons saisi directement certains leaders de partis de l’opposition et de la majorité avec lesquels nous avons des affinités personnelles, certains ont accepté de nous parrainer, d’autres ont refusé.
-Que pensez-vous du retrait de la candidature d’Ahmed Salem Ould Bouhoubeini ?
-Je n’en pense rien du tout. Il est libre de participer, de se retirer ou de boycotter. Vous voyez, nous ne commentons pas les décisions libres des autres !!!
-Quels sont les thèmes qu’AJD va proposer aux mauritaniens, en juin prochain et de quels moyens vous disposez pour battre campagne ?
-L’AJD/MR et non pas l’AJD, aura le même discours. Il n’y aura pas de changement dans les positions que nous aurons à défendre. Notre engagement n’est pas un engagement de circonstance et il dure en ce qui me concerne plus de quarante ans avec les sacrifices et les victoires que vous connaissez ; nous n’avons pas encore atteint notre objectif : la destruction du système esclavagiste, raciste et féodal.
Pour la campagne, nous serons mieux lotis cette fois-ci en disposant de notre subvention gagnée après les dernières élections municipales.
-Des rumeurs rapportant vos propos, laissent croire que l’AJD pourrait appeler, en cas de second à voter pour le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, un soutien qui serait assorti, selon les mêmes sources d’une condition, celle d’être nommé premier ministre. Info ou intox ?
-En politique, rien n’est à exclure sauf ce qui est contraire aux principes fondamentaux et aux objectifs visés. Jusque-là, nous avons été conséquents avec nous-mêmes.
En 2007, nous avons voté Ahmed Ould Daddah au deuxième tour. Tout le monde était content. Ceux qui n’ont pas agi comme nous ne sont pas vus pour autant comme des diables à abattre. Récemment pour la Communauté Urbaine(CUN), tout le monde sait quelle a été notre position et pourtant elle est passée inaperçue aux yeux de nos détracteurs. C’est ça la force de l’AJD/MR : Agir et laisser les aboyeurs aboyer.
-Une délégation des parlementaires de l’AJD s’est rendue auprès des populations de Donnaye (Brakna), victimes d’une expropriation de leurs terres cultivables. Peut-on connaître le résultat de cette visite et où en est ce dossier ?
-Une mission de constatation des parlementaires de l’AJD/MR s’est rendue récemment à Donaye, Cinthiane Diama et Bogué pour s’enquérir de la situation des terres dans cette région. Nous avons discuté avec les propriétaires terriens et constater la situation critique qui prévaut. Le Ministre du développement rural a été interpelé lors d’une séance du parlement. Nous avons demandé une commission d’enquête parlementaire pour aller vérifier sur place ce que nous avons dit et nous continuerons le combat. En tout cas, le gouvernement est averti, la colère couve dans cette région où les paysans ne demandent que la concertation pour toute décision qui concerne l’exploitation de leur terre.
-La police a réprimé violemment la marche des réfugiés venus pour « exposer leurs doléances au président de la République». Pour justifier son geste, la police avance « l’infiltration de cette marche». Qui, à votre avis, aurait intérêt à saborder l’initiative des rapatriés, soutenue massivement et presque exclusivement par la composante négro-africaine ?
-A l’AJD/MR, nous n’avons pas l’habitude de spéculer. Nous n’avons aucune preuve pour dire que cette marche a été infiltrée. Comme j’ai eu à le dire aux marcheurs eux-mêmes, ce problème ne les concerne pas eux seuls, c’est un problème national qui a mobilisé toutes les forces qui luttent pour la justice, l’égalité et la paix dans ce pays. Depuis les déportations, lorsque les refugiés étaient encore au Sénégal jusqu'à leur retour et leur réinstallation bâclée dans le pays jusqu’à cette marche qu’ils ont initiée, ces forces politiques et la société civile ont toujours été à leur côté. Donc leur implication ne date pas de l’arrivée de cette marche.
Le problème qui se pose est que l’Etat pouvait contenir toute dérive ou action de sabotage s’il y a lieu, en faisant preuve de sang froid, ce qui n’a pas été le cas. De toute façon, le message des marcheurs est passé et à leur place, après la répression, je ne chercherai même pas à rencontrer le Président qui va encore faire des promesses et encore des promesses…
-Certains pensent qu’IMS devrait retirer sa candidature pour marquer sa désapprobation de la répression de la police du pouvoir d'une marche « légitime et pacifique » que vous avez soutenue et accompagnée. Qu’en pensez-vous ?
-J’ai été arrêté et incarcéré avec d’autres mauritaniens dans des conditions difficiles, certains sont morts en prison : Tene Youssouf Gueye, DjigoTaphsirou, Ba Abdoul Khoudouss, Ba Alassane Oumar. Durant ses quatre années de détention, nos familles sont restées sans soutien et depuis notre sortie de prison, nous n’avons pas encore recouvré nos droits. Cela n’a pas empêché le monde de tourner pour certains qui nous font cette suggestion aujourd’hui, certains mêmes étaient dans le camp du tyran. En plus, les refugiés sont restés à l’étranger pendant 20 ans, avons-nous pour autant, arrêté toute action politique pour attendre leur retour ? Et après leur retour ils n’ont pas été rétablis dans leurs droits. A-t-on décidé pour cela de ne pas aller aux élections de 2009 et aux dernières élections législatives et municipales ? Nous n’allons pas aux élections pour le plaisir des tenants du pouvoir mais pour trouver les moyens de mieux les combattre. Pourquoi voudrait-on qu’on y renonce simplement parce qu’une marche a été réprimée comme il en passe chaque jour ?
-Selon nos sources, l’AJD/MR n’aurait pas accepté l’invitation d’autres partis d’obédience négro-mauritanienne pour la recherche d’un front uni. Peut-on en connaître les raisons ?
-L’AJD/MR a décidé souverainement de ne faire partie d’aucune coalition politique structurée avec des principes et des objectifs précis auxquels nous serions assujettis. Notre parti n’est pas un parti de négro-mauritaniens mais un parti national qui regroupe toutes les composantes ethniques du pays. Mon premier vice-président est un arabe blanc. Comment voulez-vous qu’il se sente dans un regroupement qui ne concerne que des négro-mauritaniens ? Néanmoins nous avons dit que toute initiative d’où qu’elle vienne, si elle nous agrée, nous somme prêts à l’étudier et même à y participer. C’est dans cet esprit que nous avons bien accueilli et agi dans l’initiative du président Messaoud.
Propos recueillis par Dalay Lam
Source: Le Calame