La mort est farouche et le mort téméraire
C’est notre mort [nom et adjectif confondus]
« Tu me dis qu’ils te détestent ? Mais qu’est-ce que cela veut dire « ils » ? Chacun te déteste d’une façon différente et sois sûr qu’il y en a parmi eux qui t’aiment ». Milan Kundera, Le rideau, p. 192.
Plusieurs événements dans le monde rassemblent les Hommes, les soudent et les rapprochent. La mort fait partie intégrante de cet instant. C’est un instant lourd, de méditation, de creux, de vides. C’est un instant fastidieux. Devant la mort nous tentons de nous échapper surpris et foudroyés par sa permanence parmi nous. Nous découvrons chaque jour la mort, mais son identité réelle ne se révèle à nous que quand elle frappe un proche, un intime, un pilier. Won maydo do et mi maay-raama sont totalement différents. De l’indifférence de la première sentence nous passons au sunaare qui peuple la seconde. Yolnde. Creux irremplaçable. La valeur et l’œuvre d’un homme surgissent après sa mort. C’est cela la quintessence de la notion de vide que crée en nous la mort. C’est l’irremplaçable. Wooy. Cri de douleur qui se diffuse dans le corps, l’électrise, le tétanise et qui le rend par moment inertiel. Wooyam yoo. Pleure du prochain qui décline sa mort en l’autre mort. Wooy heegam. Cette faim de l’autre qui annonce une fin advenue. Lourde fin. Il y a dans cette sentence comme un refus d’accepter, d’entériner cette mort foudroyante. C’est comme ce yaa woyli des Maures. Comme si on disait que je serais le prochain. C’est cela qui traduit l’affliction qui nous habite. C’est cela qui traduit ces larmes qui coulent.
Notre corps s’arrache les cheveux. Boomaare mawnde. L’apocalypse !!! Wooy neenam. On retourne vers cette mère procréatrice, protectrice ; comme si nous regrettons notre existence. Hakkilaaji owii. Les esprits se sont égarés devant la réalité pesante de la mort. Nous sommes comme désemparés car ayant perdu un pilier. C’est le tragique qui embaume notre atmosphère. Saïdou Kane maayi, tweffeu. Cela peut sonner mal à l’oreille. On fait la sourde oreille. On devient sourd comme par hasard. La mort d’un proche est presque inacceptable !!! La mort est farouche et le mort téméraire. Saïdou était téméraire. Il a marqué l’histoire de la Mauritanie et mérite son hommage. Il a marqué des générations et mérite d’être accompagné jusqu’à sa dernière demeure avec l’hymne de la bravoure et non du remords. Il mérite un hommage solennel et une reconnaissance éternelle.
A sa famille éplorée, à ses proches et à tous ceux avec lesquels il partagea des moments de bonheur comme des moments de malheur, je présente mes condoléances les plus attristées.
Il ne nous reste plus que cette sentence qui détermine notre impuissance, mais qui nous suggère aussi la tolérance et la nécessité de bâtir une vie commune malgré nos divergences.
Que la terre qu’il était pressé de fouler au nom de l’espérance, lui soit légère et que le Tout Puissant l’intègre parmi ses Élus. Amen.
Dakar, le 28/09/2006
Source: Abderrahmane Ngaide
C’est notre mort [nom et adjectif confondus]
« Tu me dis qu’ils te détestent ? Mais qu’est-ce que cela veut dire « ils » ? Chacun te déteste d’une façon différente et sois sûr qu’il y en a parmi eux qui t’aiment ». Milan Kundera, Le rideau, p. 192.
Plusieurs événements dans le monde rassemblent les Hommes, les soudent et les rapprochent. La mort fait partie intégrante de cet instant. C’est un instant lourd, de méditation, de creux, de vides. C’est un instant fastidieux. Devant la mort nous tentons de nous échapper surpris et foudroyés par sa permanence parmi nous. Nous découvrons chaque jour la mort, mais son identité réelle ne se révèle à nous que quand elle frappe un proche, un intime, un pilier. Won maydo do et mi maay-raama sont totalement différents. De l’indifférence de la première sentence nous passons au sunaare qui peuple la seconde. Yolnde. Creux irremplaçable. La valeur et l’œuvre d’un homme surgissent après sa mort. C’est cela la quintessence de la notion de vide que crée en nous la mort. C’est l’irremplaçable. Wooy. Cri de douleur qui se diffuse dans le corps, l’électrise, le tétanise et qui le rend par moment inertiel. Wooyam yoo. Pleure du prochain qui décline sa mort en l’autre mort. Wooy heegam. Cette faim de l’autre qui annonce une fin advenue. Lourde fin. Il y a dans cette sentence comme un refus d’accepter, d’entériner cette mort foudroyante. C’est comme ce yaa woyli des Maures. Comme si on disait que je serais le prochain. C’est cela qui traduit l’affliction qui nous habite. C’est cela qui traduit ces larmes qui coulent.
Notre corps s’arrache les cheveux. Boomaare mawnde. L’apocalypse !!! Wooy neenam. On retourne vers cette mère procréatrice, protectrice ; comme si nous regrettons notre existence. Hakkilaaji owii. Les esprits se sont égarés devant la réalité pesante de la mort. Nous sommes comme désemparés car ayant perdu un pilier. C’est le tragique qui embaume notre atmosphère. Saïdou Kane maayi, tweffeu. Cela peut sonner mal à l’oreille. On fait la sourde oreille. On devient sourd comme par hasard. La mort d’un proche est presque inacceptable !!! La mort est farouche et le mort téméraire. Saïdou était téméraire. Il a marqué l’histoire de la Mauritanie et mérite son hommage. Il a marqué des générations et mérite d’être accompagné jusqu’à sa dernière demeure avec l’hymne de la bravoure et non du remords. Il mérite un hommage solennel et une reconnaissance éternelle.
A sa famille éplorée, à ses proches et à tous ceux avec lesquels il partagea des moments de bonheur comme des moments de malheur, je présente mes condoléances les plus attristées.
Il ne nous reste plus que cette sentence qui détermine notre impuissance, mais qui nous suggère aussi la tolérance et la nécessité de bâtir une vie commune malgré nos divergences.
Que la terre qu’il était pressé de fouler au nom de l’espérance, lui soit légère et que le Tout Puissant l’intègre parmi ses Élus. Amen.
Dakar, le 28/09/2006
Source: Abderrahmane Ngaide