Le commissaire principal Abdatt Ould Senny a démissionné de la
police. Seconde du genre en l'espace de trois ans, cette démission
qui est intervenue suite à la décision de justice tombée la semaine
dernière, qui lui ôte le titre de commissionnaire divisionnaire,
serait, pour nombre d'observateurs, liée à l'affaire de trafic de
drogue qui continue encore à défrayer la chronique au niveau de la
capitale économique.
Le commissaire principal de police, M. Abdatt Ould Senny a rendu son
tablier, quittant de son gré son douillet poste de directeur de la
police judiciaire et de l'ordre public. La décision est tombée en
fin de semaine dernière, suite à un arrêté de la Cour Suprême
confirmant le droit du commissaire divisionnaire Diop Ibrahima, au
grade litigieux qui opposait les deux hommes.
L'affaire qui éclate aujourd'hui et qui éclabousse de nouveau les
services du ministère de l'Intérieur, a vu jour en 2004 : suite au
départ à la retraite du commissaire principal Ould El Baar, la
Direction de la police se devait d'attribuer le plus haut grade de
la hiérarchie au fonctionnaire de la police qui remplissait les
conditions prédéfinies de cooptation : être l'officier le plus
ancien, le plus gradé, et le mieux noté du corps. Le colonel Ely
Ould Mohamed Vall, alors DGSN, écrira au chef du personnel de la
police, en l'occurrence Abdatt Ould Senny, lui demandant de
désigner, en fonction des fiches de fonction du personnel,
l'officier devant être promu au grade visé. A sa grande surprise, le
colonel Ely Ould Mohamed Vall, patron du corps de la police, recevra
une correspondance en retour signée par le commissaire Abdatt Ould
Senny qui se proposait lui-même pour la promotion en question. Le
colonel Ely Ould Mohamed Vall fera objection arguant que le
commissaire Diop Ibrahima, alors directeur du matériel, est
l'officier le mieux indiqué pour le grade, vues son ancienneté, son
grade et ses qualités reflétées dans les documents figurant dans son
dossier personnel. Des appréciations qui ne corroboreront pas avec
les vues du commissaire Ould Senny.
Un bras de fer s'engage alors entre le colonel Ely Ould Mohamed Vall
et le Commissaire Abdatt Ould Senny Ould Tolba. Ce dernier, fort de
son appartenance tribale et de ses liens familiaux avec l'ex-
première dame du pays, Aïcha Mint Ahmed Tolba, son cousin germain,
portera l'affaire à la Présidence de la République. Celle-ci donne
ordre au ministre de l'Intérieur, Lemrabott Sidi Mahmoud de trancher
la question. Pris entre le marteau de la Présidence et l'enclume de
la DGSN, le ministre se décharge sur son secrétaire général Mohamed
El Hady Macina. Une commission est alors constituée ; cette
dernière, consciente des enjeux, rend un rapport flou et alambiqué
qui ne désavoue ni la Présidence, ni la DGSN. Le commissaire Abdatt
Ould Senny démissionne. Il décide de se consacrer au règlement du
litige, persuadé de sa cause. Il porte l'affaire devant le tribunal
administratif et engage un bras de fer acharné contre le DGSN. La
première dame du pays pesa de tout son poids dans l'affaire,
entamant au passage le discrédit de Ely Ould Mohamed Vall auprès de
son patron de l'époque Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya. De fortes
rumeurs circuleront sur sa mise à la retraite anticipée, le cas
échéant, sur son affectation toute prochaine au titre d'ambassadeur
de la Mauritanie au Canada.
Le tribunal désigné pour juger le litige, se prononce en première
instance et rend un verdict en faveur de Abdatt. Le commissaire Diop
interjette appel. La décision ne sera pas entérinée et l'affaire est
trimballée entre différentes chambres. Les juges confus et sous
pression, s'offrent du temps pour réfléchir. Ils n'expriment même
aucune urgence dans le traitement du dossier. Survint alors le coup
d'Etat du 3 août 2005. D'aucuns penseront que l'affaire serait
définitivement traitée et en urgence. Contrairement à ce que tout le
monde croyait, il n'y sera rien. Mieux, Ely Ould Mohamed Vall ne
profitera même pas de son nouveau statut pour inquiéter le
commissaire Abdatt. Celui-ci gardera le poste de Directeur de la
police judiciaire et de la sécurité publique pendant toute la
période de la transition. Le commissaire Diop lui, est promu
Directeur général adjoint de la sûreté nationale. Deux ans durant,
tous deux devaient étaient comme sommés de se taire et les juges
avec eux.
La semaine dernière, le dossier est de nouveau mis sur la table. La
chambre administrative de la Cour suprême devant laquelle celui-ci a
fini par atterrir, juge en dernier ressort en faveur du commissaire
Diop. Le commissaire Abdatt refusant le verdict, rend pour la
seconde fois le tablier. Son entourage accuse le colonel Ely Ould
Mohamed Vall d'avoir manigancé toute l'histoire dans le cadre d'un
soi-disant règlement de compte tribal. D'autres qui défendent
l'attitude du commissaire Abdatt avancent un postulat plus ou moins
raciste contestant à un négro-africain le droit d'accéder à la plus
haute marche de la hiérarchie de la police nationale. Un autre
segment des partisans de Abdatt fait un lien entre la décision de ce
dernier de démissionner et l'affaire de la drogue à Nouadhibou.
Selon eux, le commissaire Abdatt aurait déposé sa démission en signe
de protestation contre l'enlisement apporté dans l'enquête. Selon
lui, la procédure est ralentie exprès par les autorités qui gèrent
le dossier à Nouakchott et à Nouadhibou pour que l'affaire ne
remonte pas plus loin. Ould Senny aurait notamment mal apprécié que
de grosses têtes, dans la hiérarchie policière, soient citées dans
la procédure sans qu'elles ne soient inquiétées. Allusion à certains
officiers de police, proches du colonel Ely Ould Mohamed Vall dont
les noms auraient été cités par des Mauritaniens interpellés dans
cette affaire.
En attendant, l'intérim de la direction de la police judiciaire et
de l'ordre public est assuré par le commissaire Ould Lada, Directeur
Général de la Sûreté d'Etat (DGSE).
L'Authentique
police. Seconde du genre en l'espace de trois ans, cette démission
qui est intervenue suite à la décision de justice tombée la semaine
dernière, qui lui ôte le titre de commissionnaire divisionnaire,
serait, pour nombre d'observateurs, liée à l'affaire de trafic de
drogue qui continue encore à défrayer la chronique au niveau de la
capitale économique.
Le commissaire principal de police, M. Abdatt Ould Senny a rendu son
tablier, quittant de son gré son douillet poste de directeur de la
police judiciaire et de l'ordre public. La décision est tombée en
fin de semaine dernière, suite à un arrêté de la Cour Suprême
confirmant le droit du commissaire divisionnaire Diop Ibrahima, au
grade litigieux qui opposait les deux hommes.
L'affaire qui éclate aujourd'hui et qui éclabousse de nouveau les
services du ministère de l'Intérieur, a vu jour en 2004 : suite au
départ à la retraite du commissaire principal Ould El Baar, la
Direction de la police se devait d'attribuer le plus haut grade de
la hiérarchie au fonctionnaire de la police qui remplissait les
conditions prédéfinies de cooptation : être l'officier le plus
ancien, le plus gradé, et le mieux noté du corps. Le colonel Ely
Ould Mohamed Vall, alors DGSN, écrira au chef du personnel de la
police, en l'occurrence Abdatt Ould Senny, lui demandant de
désigner, en fonction des fiches de fonction du personnel,
l'officier devant être promu au grade visé. A sa grande surprise, le
colonel Ely Ould Mohamed Vall, patron du corps de la police, recevra
une correspondance en retour signée par le commissaire Abdatt Ould
Senny qui se proposait lui-même pour la promotion en question. Le
colonel Ely Ould Mohamed Vall fera objection arguant que le
commissaire Diop Ibrahima, alors directeur du matériel, est
l'officier le mieux indiqué pour le grade, vues son ancienneté, son
grade et ses qualités reflétées dans les documents figurant dans son
dossier personnel. Des appréciations qui ne corroboreront pas avec
les vues du commissaire Ould Senny.
Un bras de fer s'engage alors entre le colonel Ely Ould Mohamed Vall
et le Commissaire Abdatt Ould Senny Ould Tolba. Ce dernier, fort de
son appartenance tribale et de ses liens familiaux avec l'ex-
première dame du pays, Aïcha Mint Ahmed Tolba, son cousin germain,
portera l'affaire à la Présidence de la République. Celle-ci donne
ordre au ministre de l'Intérieur, Lemrabott Sidi Mahmoud de trancher
la question. Pris entre le marteau de la Présidence et l'enclume de
la DGSN, le ministre se décharge sur son secrétaire général Mohamed
El Hady Macina. Une commission est alors constituée ; cette
dernière, consciente des enjeux, rend un rapport flou et alambiqué
qui ne désavoue ni la Présidence, ni la DGSN. Le commissaire Abdatt
Ould Senny démissionne. Il décide de se consacrer au règlement du
litige, persuadé de sa cause. Il porte l'affaire devant le tribunal
administratif et engage un bras de fer acharné contre le DGSN. La
première dame du pays pesa de tout son poids dans l'affaire,
entamant au passage le discrédit de Ely Ould Mohamed Vall auprès de
son patron de l'époque Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya. De fortes
rumeurs circuleront sur sa mise à la retraite anticipée, le cas
échéant, sur son affectation toute prochaine au titre d'ambassadeur
de la Mauritanie au Canada.
Le tribunal désigné pour juger le litige, se prononce en première
instance et rend un verdict en faveur de Abdatt. Le commissaire Diop
interjette appel. La décision ne sera pas entérinée et l'affaire est
trimballée entre différentes chambres. Les juges confus et sous
pression, s'offrent du temps pour réfléchir. Ils n'expriment même
aucune urgence dans le traitement du dossier. Survint alors le coup
d'Etat du 3 août 2005. D'aucuns penseront que l'affaire serait
définitivement traitée et en urgence. Contrairement à ce que tout le
monde croyait, il n'y sera rien. Mieux, Ely Ould Mohamed Vall ne
profitera même pas de son nouveau statut pour inquiéter le
commissaire Abdatt. Celui-ci gardera le poste de Directeur de la
police judiciaire et de la sécurité publique pendant toute la
période de la transition. Le commissaire Diop lui, est promu
Directeur général adjoint de la sûreté nationale. Deux ans durant,
tous deux devaient étaient comme sommés de se taire et les juges
avec eux.
La semaine dernière, le dossier est de nouveau mis sur la table. La
chambre administrative de la Cour suprême devant laquelle celui-ci a
fini par atterrir, juge en dernier ressort en faveur du commissaire
Diop. Le commissaire Abdatt refusant le verdict, rend pour la
seconde fois le tablier. Son entourage accuse le colonel Ely Ould
Mohamed Vall d'avoir manigancé toute l'histoire dans le cadre d'un
soi-disant règlement de compte tribal. D'autres qui défendent
l'attitude du commissaire Abdatt avancent un postulat plus ou moins
raciste contestant à un négro-africain le droit d'accéder à la plus
haute marche de la hiérarchie de la police nationale. Un autre
segment des partisans de Abdatt fait un lien entre la décision de ce
dernier de démissionner et l'affaire de la drogue à Nouadhibou.
Selon eux, le commissaire Abdatt aurait déposé sa démission en signe
de protestation contre l'enlisement apporté dans l'enquête. Selon
lui, la procédure est ralentie exprès par les autorités qui gèrent
le dossier à Nouakchott et à Nouadhibou pour que l'affaire ne
remonte pas plus loin. Ould Senny aurait notamment mal apprécié que
de grosses têtes, dans la hiérarchie policière, soient citées dans
la procédure sans qu'elles ne soient inquiétées. Allusion à certains
officiers de police, proches du colonel Ely Ould Mohamed Vall dont
les noms auraient été cités par des Mauritaniens interpellés dans
cette affaire.
En attendant, l'intérim de la direction de la police judiciaire et
de l'ordre public est assuré par le commissaire Ould Lada, Directeur
Général de la Sûreté d'Etat (DGSE).
L'Authentique