Désiré Munyaneza
Dans une ordonnance rendue hier, le juge André Denis a interdit à quiconque de publier ou diffuser les noms et les photos des sept Rwandais qui commenceront à témoigner lundi contre Désiré Munyaneza, la première personne accusée au Canada en vertu de la Loi sur les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre.
Les sept hommes et femmes, venus au Canada pour ce procès, seront hébergés à Montréal dans des lieux secrets. Ils entreront dans la salle d'audience du palais de justice par une porte arrière, avant l'arrivée des journalistes et des membres du public. Un paravent a déjà été dressé pour qu'ils ne soient vus par personne, sauf les membres de la cour et l'accusé.
M. Munyaneza, un Hutu âgé de 40 ans, était le fils d'un prospère commerçant en alcool de Butare, dans le sud du Rwanda, lorsque le génocide des Tutsis a commencé, en avril 1994. Selon l'acte d'accusation, il a lui-même participé au génocide; il a perpétré des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, notamment des viols.
Environ 75 % du million de Tutsis habitant le Rwanda ont été exterminés en 100 jours par des milices hutues extrémistes formées par l'ancien président Juvénal Habyarimana. Des milliers de Hutus ont aussi été tués. Quelques mois après la défaite des milices génocidaires, M. Munyaneza s'est réfugié au Cameroun. Il est arrivé au Canada en 1997.
La Commission de l'immigration et du statut de réfugié a refusé sa demande d'asile, en raison de son rôle présumé dans le génocide. Selon une décision de la Commission, des témoins l'ont vu commettre «des viols et des pillages pendant le génocide». «Il a été vu au volant de voitures volées... transportant des Tutsis qui n'ont jamais été vus par la suite et qui ont été exterminés», ajoute la décision.
Des agents de la GRC ont arrêté M. Munyaneza en octobre 2005 à son appartement en banlieue de Toronto, où il vivait avec sa femme et ses deux enfants. Depuis, il est détenu dans une prison de Montréal.
Le juge André Denis, les avocats de la poursuite et de la défense, du personnel de la cour et des policiers - 17 personnes en tout - se sont déplacés au Rwanda du 15 janvier au 14 février en commission rogatoire.
Quatorze témoins ont été interrogés à Kigali, la capitale. Ils ont été filmés et enregistrés; les DVD ont été remis à M. Munyaneza, qui a commencé à les visionner dans sa cellule. Ces témoignages seront vraisemblablement déposés pendant le procès, qui durera plusieurs mois. La poursuite entend faire témoigner 13 autres civils rwandais à Montréal ce printemps, ainsi que des membres de la GRC qui ont participé à l'enquête, des experts et des observateurs, dont le général à la retraite canadien Roméo Dallaire, qui dirigeait le contingent des Casques bleus pendant le génocide.
Le juge Denis a expliqué qu'il devait protéger l'identité des sept premiers témoins civils rwandais pour des raisons de sécurité, puis peut-être celle des six autres qui suivront. Plusieurs témoins au Tribunal pénal international sur le Rwanda et aux tribunaux populaires rwandais ont été victimes de représailles; certains ont été assassinés, souligne le juge dans son ordonnance. La poursuite demandait aussi que certaines parties des témoignages soient rendues à huis clos; M. Denis a dit que cette requête est prématurée.
André Noël
La Presse
Source: (Cyberpresse 23/03/2007)
Les sept hommes et femmes, venus au Canada pour ce procès, seront hébergés à Montréal dans des lieux secrets. Ils entreront dans la salle d'audience du palais de justice par une porte arrière, avant l'arrivée des journalistes et des membres du public. Un paravent a déjà été dressé pour qu'ils ne soient vus par personne, sauf les membres de la cour et l'accusé.
M. Munyaneza, un Hutu âgé de 40 ans, était le fils d'un prospère commerçant en alcool de Butare, dans le sud du Rwanda, lorsque le génocide des Tutsis a commencé, en avril 1994. Selon l'acte d'accusation, il a lui-même participé au génocide; il a perpétré des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, notamment des viols.
Environ 75 % du million de Tutsis habitant le Rwanda ont été exterminés en 100 jours par des milices hutues extrémistes formées par l'ancien président Juvénal Habyarimana. Des milliers de Hutus ont aussi été tués. Quelques mois après la défaite des milices génocidaires, M. Munyaneza s'est réfugié au Cameroun. Il est arrivé au Canada en 1997.
La Commission de l'immigration et du statut de réfugié a refusé sa demande d'asile, en raison de son rôle présumé dans le génocide. Selon une décision de la Commission, des témoins l'ont vu commettre «des viols et des pillages pendant le génocide». «Il a été vu au volant de voitures volées... transportant des Tutsis qui n'ont jamais été vus par la suite et qui ont été exterminés», ajoute la décision.
Des agents de la GRC ont arrêté M. Munyaneza en octobre 2005 à son appartement en banlieue de Toronto, où il vivait avec sa femme et ses deux enfants. Depuis, il est détenu dans une prison de Montréal.
Le juge André Denis, les avocats de la poursuite et de la défense, du personnel de la cour et des policiers - 17 personnes en tout - se sont déplacés au Rwanda du 15 janvier au 14 février en commission rogatoire.
Quatorze témoins ont été interrogés à Kigali, la capitale. Ils ont été filmés et enregistrés; les DVD ont été remis à M. Munyaneza, qui a commencé à les visionner dans sa cellule. Ces témoignages seront vraisemblablement déposés pendant le procès, qui durera plusieurs mois. La poursuite entend faire témoigner 13 autres civils rwandais à Montréal ce printemps, ainsi que des membres de la GRC qui ont participé à l'enquête, des experts et des observateurs, dont le général à la retraite canadien Roméo Dallaire, qui dirigeait le contingent des Casques bleus pendant le génocide.
Le juge Denis a expliqué qu'il devait protéger l'identité des sept premiers témoins civils rwandais pour des raisons de sécurité, puis peut-être celle des six autres qui suivront. Plusieurs témoins au Tribunal pénal international sur le Rwanda et aux tribunaux populaires rwandais ont été victimes de représailles; certains ont été assassinés, souligne le juge dans son ordonnance. La poursuite demandait aussi que certaines parties des témoignages soient rendues à huis clos; M. Denis a dit que cette requête est prématurée.
André Noël
La Presse
Source: (Cyberpresse 23/03/2007)