Liste de liens

Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Gaye Silly SOUMARE (1930 – 2012) Un acteur majeur de la construction nationale s’est éteint


Le Congrès d’Aleg qui lui a confié une mission de consolidation de l’unité nationale révèle un homme de dialogue et de consensus.


Gaye Silly SOUMARE (1930 – 2012) Un acteur majeur de la construction nationale s’est éteint
Gaye Silly SOUMARE s’est éteint mercredi 18 juillet 2012 à Nouakchott dans l’indifférence presque totale. Pourtant, l’homme fut un des acteurs majeurs de la construction de la Mauritanie. Si les propositions relatives à la cohabitation nationale du comité paritaire qu’il a présidé en 1958, après le congrès d’Aleg, avaient été explorées et prises en compte par les politiques, notre pays aurait peut être fait l’économie des tragédies connues.

Homme d’Etat au parcours exceptionnel, un des premiers administrateurs civils mauritaniens, militant anticolonial dans sa jeunesse, Gaye Silly Soumaré mérite un hommage national.


Le contexte politique de son engagement

Né en 1930 à Wompou, au Guidimakha, il a effectué sa scolarité au collège de Rosso avant d’intégrer l’école Normale William Ponty au Sénégal où il a obtenu le baccalauréat en 1951, puis un Certificat d’Aptitudes Pédagogiques (CAP) en 1953. Il exercera le métier d’instituteur jusqu’en 1957. Il fit ses premiers pas politiques, la même année, comme membre du bureau politique de l’Association de la Jeunesse Mauritanienne (AJM) fondée le 24 novembre 1955 à Rosso.

L’AJM était animée par des jeunes comme Mohamed Ould Cheikh, Ahmed Baba Ould Ahmed Miské, Tiécoura Dembelé, Yacoub Ould Boumédiana…, en rupture de banc avec les adultes de la maison mère, l’Union Progressiste Mauritanienne. Sensibles aux luttes de libération dans les colonies, les jeunes militants de l’AJM s’étaient fixés comme programme : « réaliser l’unité de tous les jeunes mauritaniens sans discrimination…. en vue de contribuer à l’éducation culturelle et civique des populations , de réaliser les objectifs et les aspirations légitimes du peuple à la dignité, au savoir, à la liberté et à l’égalité sociale, de combattre le népotisme, l’ignorance, le régionalisme, les séquelles de l’impérialisme et les visées du néocolonialisme ». L’AJM ne survivra pas aux coups de l’UPM et donnera naissance à la Nahda.

Cette expérience forgera la future carrière de Gaye Silly Soumaré lorsque souffle le vent des reformes politiques instituées par la Loi – Cadre en 1957 (loi dite Defferre, adoptée le 23 juin 1956) accordant l’autonomie interne aux territoires d’Outre–mer. Il répondra en 1958 à l’appel de regroupement de Mokhtar Ould Daddah élu Vice – Président du Conseil de Gouvernement (premier gouvernement de Mauritanie) en Mai 1957. L’existence de la Mauritanie, dans ses frontières actuelles, était menacée surtout par des visées territoriales du royaume chérifien qui avait trouvé un allié en la personne de Horma Ould Babana. Le président de l’Entente Mauritanienne, après sa défaite à la législative de 1956, trouva refuge au Maroc d’où il mena des attaques armées contre la Mauritanie jusqu’à la veille de l’indépendance.

Le Congrès d’Aleg qui lui a confié une mission de consolidation de l’unité nationale révèle un homme de dialogue et de consensus

C’est dans ce contexte que fut convoqué et organisé le congrès d’Aleg du 2 au 5 mai 1958 pour préparer l’indépendance de la Mauritanie dans sa forme actuelle. Pour cela, Mokhtar Ould Daddah, chef du parti de l’Union Progressiste Mauritanie (UPM), pris soin d’inviter toute l’opposition intérieure – y compris ce qu’il reste de l’Entente Mauritanienne – à créer un rassemblement à travers sa formule restée célèbre « Faisons ensemble la patrie mauritanienne ».

Ce congrès verra donc la participation de tous les poids lourds de la politique de l’époque qui optent pour :

. participer à la communauté française avec option pour l’indépendance

. créer un nouveau parti, le Parti du Regroupement Mauritanien (PRM), qui remplace l’UPM, et deviendra le Parti du Peuple Mauritanien (PPM)

. désigner un comité paritaire (quatre noirs et quatre maures) chargé de faire des propositions sur la cohabitation nationale, présidé par Gaye Silly Soumaré et Mohamed Ould Cheikh. Les conclusions de ce comité sont restées lettres mortes, enfouies dans les tiroirs du PPM.

La non application de ces recommandations, conjuguée à une volonté politique de non prise en compte de la lancinante question de la cohabitation, eurent pour conséquences à court, moyen et long termes :

La création en juillet 1959 et en 1960 de deux partis à assises régionalistes. D’un côté l’Union Nationale Mauritanienne (UNM) qui entendait « préserver les liens historiques avec la Fédération du Mali » et de l’autre l’Union Socialiste des Musulmans Mauritaniens (USMM), une formation politique plutôt implantée à Atar.

. En 1963, plusieurs cadres noirs, déçus de la suite réservée aux résolutions du congrès fondateur d’Aleg, regroupés au sein de l’Union Générale des Originaires de la Mauritanie du Sud (UGOMS) écrivent en substance ceci au Président de la République « Nous ressortissants de la Mauritanie noire, adjurons le Congrès, le Parlement et le Chef de l’Etat de réviser immédiatement les structures de l’Etat, dans un sens Fédéral pour répondre à la volonté du pays ».

. En février 1966 c’est au tour de 19 cadres noirs de rédiger le manifeste dit des 19, un manifeste qui inspire un autre vingt ans plus tard ….. Puis 1986, 1989……..

Conscient de la situation, Gaye Silly Soumaré sera un des rares Maires à protester officiellement en 1989, en écrivant au Président de la République de l’époque pour dénoncer et demander l’arrêt des exactions commises contre ces administrés du village de Wompou.


Un homme d’Etat, à la carrière bien remplie, paradoxalement peu connu

Ayant répondu à l’appel au rassemblement, Gaye Silly SOUMARE fut nommé en mai 1958 chef de cabinet du Ministre de l’Urbanisme. Il a occupé depuis de hautes fonctions de l’Etat en rapport avec son diplôme de droit et d’administration publique (cadre des administrateurs civils) obtenu au tout début des années 60 à la prestigieuse Ecole Nationale de la France d’Outre–mer qui devient l’Institut des Hautes Etudes d’Outre–mer.

A son retour en Mauritanie, il exerce tour à tour dans l’administration territoriale les fonctions de :

. Chef de Subdivision (Préfet) de Boutilimit

. Commandant de Cercle (Gouverneur) du Trarza, du Brakna et du Tagant d’où il est rappelé pour avoir refusé d’exécuter certains ordres contre les 19 signataires du Manifeste cité plus haut. La sanction ne se fait pas attendre, il est affecté à l’administration judiciaire

Dans l’administration centrale, entre 1962 et 1969, il est nommé :

Directeur de l’administration judiciaire

Directeur de cabinet du Ministre de l’Intérieur et Directeur de l’Administration Territoriale

Inspecteur Général de l’administration

Inspecteur Général des Finances auprès de la Préisdence de la République, un poste qui est devenu le Contrôle Général de l'Etat

Secrétaire Général du Ministère de la Défense puis du Ministère des Finances.


Il quitte l’administration centrale en 1971 pour entrer dans la diplomatie :

Conseiller à Bonn, Allemagne, à ce titre, il représente la Mauritanie aux Assemblées Générales des Nations Unies.

Ambassadeur en Tunisie (1973–1976) accrédité en Turquie, Grèce et Yougoslavie

Ambassadeur en URSS (1975–1980) accrédité dans chacun des pays européens membres du Pacte de Varsovie.

Il mettra ses qualités de dialogue et de négociateur à nouveau au service de son pays en 1975-1976 comme membre de la délégation mauritanienne à la Cour Internationale de la Haye qui devait se prononcer sur le litige qui a opposé la Mauritanie au Maroc sur le Sahara Occidental.

Admis à faire valoir ses droits la retraite en 1984, il se consacra aux siens, à son village, Wompou qui l’élit Maire en 1989 et en 1991. En 1994 puis en 1998, il est élu Sénateur, représentant les Mauritaniens de l’étranger (zone Europe).

Gaye Silly SOUMARE est parti comme il a vécu, discrètement. La patrie doit lui être reconnaissante. A l’image de ses compagnons historiques, la Mauritanie doit se souvenir d’eux et inscrire dans la mémoire collective de nos concitoyens des hommes et des femmes qui ont construit notre pays, parti de rien. A ce titre, la Mairie de Nouakchott en association avec les autorités centrales qui ont hérité de son savoir faire, devrait consacrer une artère de la capitale à son nom.

Que son âme repose en paix dans la terre de Mauritanie pour laquelle il s’est investi. Amine.


Ciré BA et Boubacar DIAGANA
Paris



Source: ODH Mauritanie
Lundi 6 Août 2012 - 18:02
Lundi 6 Août 2012 - 18:18
INFOS AVOMM
Accueil | Envoyer à un ami | Version imprimable | Augmenter la taille du texte | Diminuer la taille du texte



1.Posté par sow amadou le 06/08/2012 19:49
Excellent hommage tres bien écrit d'un homme discret qui a a bien fait pour son pays. Cest une bonne chose de faire connaitre notre passé. Les auteurs ont bien fait de demander la reconnaissance de tous les hommes qui ont fait notre pays. J'espère qu'ont vont continuer a écrire sur ceux qui sont morts dans l'anonymat bien avant. La liste est longue mais, ils en majorité négro mauritaniens. Disons non à l'oubli.

2.Posté par groupe de combattants mauritaniens le 06/08/2012 20:04
Ces deux Ba et Diagana sont entrain de faire sans bruit un grand travail pour la Mauritanie qui ne sait pas honorer ses hommes et son histoire. Nous les encourageons et leur conseillons de publier la mémoire de ses grands hommes dans un livre.Ils ont une très belle plume. Nos condoléances à la famille de l'illustre disparu.

3.Posté par camara moussa le 06/08/2012 21:19
Merci Avomm de sortir des documents de cette valeur que les jeunes ne connaissent pas et même les adultes, on ne peut pas construire un pays en refusant de reconnaitre les apports d'une partie de son peuple. D'autres valeureux hommes sont partis sans aucune reconnaissance du pays. Condoléances à la famille du disparu et vive la Mauritanie dans sa diversité. l'hommage est bien fait on apprend notre histoire vraie. Il est temps de trouver une solution au problème racial sans quoi on va à notre perte. J'appuie le commentaire 2 pour la réecrire notre passé. Je suis interessé par avoir la liste des signataires de l'UGOMS et le programme de la Nahda el Wataniya.

4.Posté par Sakho le 07/08/2012 15:14
Merci pour ce brillant hommage fort instructil qui nous change des délires d'Aziz à Atar. yo juude moje njabbomo.

5.Posté par Mariamekane le 07/08/2012 22:40
Bravo à nos deux vaillants écrivains, puisque vous l'êtes. Nous avons besoin des écrits pour l'histoire qui est entrain d'être falsifié en mauritanie. Gaye Silly était un grand Monsieur n'en déplaise à notre système raciste , il faisait parti de ceux qui ont construit ce pays. je l'ai connu en 85 par l'intermédiaire de son épouse Dominique Soumaré qui fut mon collègue à Air Afrique et j'ai eu l'occasion de les fréquenter . Un Monsieur très discret et respectueux. Je suis très choquée de l'attitude de cet Etat qui n'a aucun respect pour leurs semblables ni aux fondateurs de notre pays. Que le tout puissant lui ouvre les portes du Paradis.

6.Posté par Diop le 08/08/2012 15:13
On ne se rend pas compte mais Ciré et Diagana sont entrain de rendre un grand service à la communauté en faisant revrivre nos hommes et nos femmes que le système raiste et esclavagiste ne veut pas grandir. Merci et condoléances au disparu.

7.Posté par yeri maayo le 09/08/2012 18:51
Excellent hommage, faites un hommage à Murtudo s'il vous plait.

8.Posté par BA le 13/08/2012 00:15
A ma connaissance, l'état mauritanien n'a jamais honoré un homme politique noir.
Mais pourquoi nous négro-africains ne faisons-nous pas? A quand une place centrale SOUMARE GAYE SILLY a Sélibaby? A quand une place centrale YOUSSOUF KOITA à Kaédi?
Idem pour BA MAMOUDOU SAMBA BOLY? SALL ABDOUL AZIZ? Et j'en oublie
A NPOUS D'HONORER NOS ANCIENS? POURQUOI VOULEZ VOUS QUE LES AUTRES LE FASSENT SI NOUS MEMES MLES IGNORONS???????

Nouveau commentaire :


Dans la même rubrique :
1 2 3 4 5 » ... 595