La société civile a la phobie des militaires à la tête du pouvoir. Elle l’a manifestée ouvertement lors de l’atelier régional sur la gouvernance et la prévention des conflits qui s’est tenu du 16 au 19 octobre à Dakar et à Saly. Les membres de la société civile de la sous-région - avec une bonne représentation des femmes - ont tiré l’expérience de la prise et de la gestion du pouvoir par les juntes militaires dans les différents pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
C’est à la lumière de ces constats et analyses qu’ils ont, presque tous, à part quelques nuances, demandé aux hommes de l’armée de rester dans les casernes tout en respectant la « subordination du militaire au pouvoir civil légal ».
Le cas le plus patent servi a été celui de la Mauritanie avec Mouhamed Ould Vall. La représentante de ce pays dans cette rencontre a fait un témoignage qui a accentué la peur des membres de la société du régime militaire. « Le règne des militaires au pouvoir est un couteau à double tranchant en Mauritanie. Les militaires ont changé un régime qu’ils étaient les seuls à pouvoir changer. Ce qui a été salué un peu partout à travers la sous-région. Mais en 18 mois, ils ont pillé plus de 30 milliards de Ouguiya et ont beaucoup influé sur les élections parce que c’est leur dauphin qui a gagné. Ils ont mis leur homme pour continuer à gérer le pouvoir. Ils ne sont toujours pas partis parce qu’ils ont des bureaux à la présidence et reçoivent plus que le chef de l’Etat en personne », a témoigné Fatma Khoubah.
Nouridine Aïdara qui est de la société civile Sénégalaise est plus radicale. « En aucun cas, il ne faut avoir recours aux militaires. Il ne faut pas accepter des exceptions. Cela conduit à des dérives », a-t-il déclaré. Pour ce qui concerne les élections qu’ils organisent le plus souvent, il a souligné qu’ils respectent le plus souvent la forme, mais on se demande si les résultats reflètent la réalité.
De nombreux intervenants ont abondé dans le même sens. Ils estiment presque tous que « les militaires doivent rester à l’écart, très loin de la vie politique ».
Quant à Mme Ecoma Alaga de la société civile Ghanaénne, elle tente de prendre la défense des militaires et relativise les affirmations de ses collègues. « Les hommes et les femmes qui sont dans l’armée sont des êtres humains. Il faut juste que tout soit davantage clair. Les militaires participent au processus qui permet une participation des civils aux élections et à la bonne gouvernance », a-t-elle indiqué
Le seul militaire de l’atelier ne pouvait rester insensible aux piques des militants de la société civile. Le colonel Yoro Koné, par ailleurs directeur du centre d’observation et de suivi en charge du système d’alerte précoce de la Cedeao de signaler : « le protocole ne jette pas la pierre aux militaires mais les met plutôt dos à dos avec les civils ». Selon l’officier supérieur, « l’armée est en avance sur les civils ».
Il y a, a-t-il révélé, des problèmes de survivance coloniale qui font que la démocratie est intériorisée au niveau des armées. « En notre sein, nous avons ce qu’on appelle le règlement de discipline général qui stipule clairement que l’armée est apolitique. Même le dernier des soldats le sait et elle n’a pas de problème vis-à-vis de cela », a-t-il indiqué.
Ces propos ont suscité une volée de bois vert au niveau des participants qui ont estimé que c’est simplement dans le principe et que ce n’est pas respecté, les militaires n’agissent comme le veulent et le prescrivent ces règles.
« En ce qui nous concerne nous les militaires, nous sommes pour la légalité et non pour la légitimité. Légalité oui, légitimité non. Ce qui signifie que nous suivons à la lettre les textes réglementaires qui sont légaux. Maintenant à partir du moment où quelqu’un arrive à se hisser au pouvoir c’est un problème de légitimité qui se pose. C’est à vous de régler ce problème », a martelé le colonel Yoro Koné.
Le maître d’œuvre de l’atelier et chef d’unité gouvernance, paix sécurité au Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest vole à la rescousse des militaires en faisant savoir que « l’armée fournit des cadres à la société. Toutefois, le régime est d’abord civil ». Massaër Diallo a estimé que « le régime militaire est une sorte d’épouvantail et d’indicateur d’aspiration au changement. Mais le militaire reste militaire ». Il a, ainsi demandé aux participants de ne pas fétichiser le régime militaire en donnant l’exemple de la France avec le Général De Gaulle. « Un militaire, ce n’est pas un bon Dieu, ce n’est pas non plus un sorcier », a-t-il conclu.
Ibrahima Lissa FAYE
Source: sudonline
(M)
C’est à la lumière de ces constats et analyses qu’ils ont, presque tous, à part quelques nuances, demandé aux hommes de l’armée de rester dans les casernes tout en respectant la « subordination du militaire au pouvoir civil légal ».
Le cas le plus patent servi a été celui de la Mauritanie avec Mouhamed Ould Vall. La représentante de ce pays dans cette rencontre a fait un témoignage qui a accentué la peur des membres de la société du régime militaire. « Le règne des militaires au pouvoir est un couteau à double tranchant en Mauritanie. Les militaires ont changé un régime qu’ils étaient les seuls à pouvoir changer. Ce qui a été salué un peu partout à travers la sous-région. Mais en 18 mois, ils ont pillé plus de 30 milliards de Ouguiya et ont beaucoup influé sur les élections parce que c’est leur dauphin qui a gagné. Ils ont mis leur homme pour continuer à gérer le pouvoir. Ils ne sont toujours pas partis parce qu’ils ont des bureaux à la présidence et reçoivent plus que le chef de l’Etat en personne », a témoigné Fatma Khoubah.
Nouridine Aïdara qui est de la société civile Sénégalaise est plus radicale. « En aucun cas, il ne faut avoir recours aux militaires. Il ne faut pas accepter des exceptions. Cela conduit à des dérives », a-t-il déclaré. Pour ce qui concerne les élections qu’ils organisent le plus souvent, il a souligné qu’ils respectent le plus souvent la forme, mais on se demande si les résultats reflètent la réalité.
De nombreux intervenants ont abondé dans le même sens. Ils estiment presque tous que « les militaires doivent rester à l’écart, très loin de la vie politique ».
Quant à Mme Ecoma Alaga de la société civile Ghanaénne, elle tente de prendre la défense des militaires et relativise les affirmations de ses collègues. « Les hommes et les femmes qui sont dans l’armée sont des êtres humains. Il faut juste que tout soit davantage clair. Les militaires participent au processus qui permet une participation des civils aux élections et à la bonne gouvernance », a-t-elle indiqué
Le seul militaire de l’atelier ne pouvait rester insensible aux piques des militants de la société civile. Le colonel Yoro Koné, par ailleurs directeur du centre d’observation et de suivi en charge du système d’alerte précoce de la Cedeao de signaler : « le protocole ne jette pas la pierre aux militaires mais les met plutôt dos à dos avec les civils ». Selon l’officier supérieur, « l’armée est en avance sur les civils ».
Il y a, a-t-il révélé, des problèmes de survivance coloniale qui font que la démocratie est intériorisée au niveau des armées. « En notre sein, nous avons ce qu’on appelle le règlement de discipline général qui stipule clairement que l’armée est apolitique. Même le dernier des soldats le sait et elle n’a pas de problème vis-à-vis de cela », a-t-il indiqué.
Ces propos ont suscité une volée de bois vert au niveau des participants qui ont estimé que c’est simplement dans le principe et que ce n’est pas respecté, les militaires n’agissent comme le veulent et le prescrivent ces règles.
« En ce qui nous concerne nous les militaires, nous sommes pour la légalité et non pour la légitimité. Légalité oui, légitimité non. Ce qui signifie que nous suivons à la lettre les textes réglementaires qui sont légaux. Maintenant à partir du moment où quelqu’un arrive à se hisser au pouvoir c’est un problème de légitimité qui se pose. C’est à vous de régler ce problème », a martelé le colonel Yoro Koné.
Le maître d’œuvre de l’atelier et chef d’unité gouvernance, paix sécurité au Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest vole à la rescousse des militaires en faisant savoir que « l’armée fournit des cadres à la société. Toutefois, le régime est d’abord civil ». Massaër Diallo a estimé que « le régime militaire est une sorte d’épouvantail et d’indicateur d’aspiration au changement. Mais le militaire reste militaire ». Il a, ainsi demandé aux participants de ne pas fétichiser le régime militaire en donnant l’exemple de la France avec le Général De Gaulle. « Un militaire, ce n’est pas un bon Dieu, ce n’est pas non plus un sorcier », a-t-il conclu.
Ibrahima Lissa FAYE
Source: sudonline
(M)