Fatimata Bal est la première mauritanienne à dévoiler publiquement sa séropositivité. Elle milite sans relâche depuis de nombreuses années pour l’accès des personnes vivant avec le VIH/SIDA au dépistage, à un traitement et à une prévention.
Née en 1966 à Bababé, dans le Gorgol, Fatimata Bal, mère d’un garçon et la grand-mère d’une petite fille de trois ans, consacre désormais son temps libreà son «petit ange».
Elle a longtemps été expatriée avec son mari, dans l’exercice de ses fonctions au sein des Nations-Unies, notamment au Rwanda dans les années 90. Une aise qui sera brutalement brisée par l’annonce de la séropositivité de son époux.
Ce dernier développe en 2000 une maladie opportuniste classée VIH/ SIDA.
Fatimata Bal a eu à ce moment le sentiment «que rien ne serait plus comme avant, et que les jours sombres s'enchaîneraient aux jours sombres». «Ce fut le début d'une longue période d'hibernation» continue-t-elle dans un murmure.
Avec un mari très malade, déprimée nerveusement, Fatimata Bal abandonne son travail, vend ses objets de valeurs, pour prendre en charge les frais de traitement et de suivi de son époux, évacué à l’époque sur Dakar; à une époque où les Antirétroviraux (ARV) étaient excessivement chers, et pas encore disponibles en Mauritanie.
Recoller les morceaux
Entre-temps, elle se découvre aussi séropositive. Tétanisée par ce diagnostic, qui annonce une césure dans sa vie, Fatimata craint par-dessus tout de «finir sa vie en légume». Toujours voilée, plutôt «masquée» comme elle le confie, la culpabilité la ronge, et l'entraîne doucement dans une spirale abyssale où elle se «complaira un long moment».
C'est son fils qui l'en sortira. Un soir, celui-ci touché par la passivité de sa mère, surtout dans un contexte où la situation matérielle de la famille permettait à peine de subvenir aux trois repas quotidiens de ses membres, reproche à sa mère d'être devenus des «galériens». «Un mot qui m'a sorti de longs mois de léthargie» reconnaît-elle aujourd'hui avec un sourire. «Je n'en ai pas dormi de la nuit, où mon fils m'a dit ce mot. Je me suis levée le lendemain avec une vigueur nouvelle!» dit-elle. Ainsi commença la remontée de l'abîme dans lequel elle se laissait couler.
En janvier 2005, elle rencontre le patron de l’époque du secrétariat exécutif national de lutte contre le Sida (SENLS), en quête d'emploi. Elle entame ensuite une visite pour une prise en charge réelle des personnes vivant avec le VIH/SIDA à la Banque Mondiale. Une étape décisive qui a ému les hauts cadres de l'institution, touchés par son cri de détresse. En Juin 2005, elle obtient un contrat au SENLS comme point focal chargé de l’animation et du suivi des activités mises en œuvre au profit des personnes vivant avec le VIH/SIDA (PPVIH).
La lutte contre le SIDA
Malgré la disponibilité et la gratuité des ARV, la création en 2004 du CTA (Centre de traitement ambulatoire), le soutien des bailleurs, une politique multi-sectorielle, l’implication des représentants des PVVIH au niveau décisionnel, la forte implication des leaders religieux, l’existence d’une loi relative à la prévention, la prise en charge et le contrôle VIH/SIDA, Mme Ball estime que les efforts à fournir sont encore nombreux.
Elle a témoigné en 2009 sur RFI de son combat en faveur de la promotion des personnes vivant avec le VIH/SIDA en Mauritanie, convaincue que «seul Dieu a un droit de jugement sur les gens», minimisant ainsi les préjugés sociaux, conséquents, à l'égard des personnes vivant avec le VIH. Elle assure «dédier le reste de ses jours» au «militantisme». Un combat de longue haleine qu'elle a entamé et compte mener dans le cadre de ses prérogatives au sein du SENLS.
Awa Seydou Traoré
Source: Noor Info
Née en 1966 à Bababé, dans le Gorgol, Fatimata Bal, mère d’un garçon et la grand-mère d’une petite fille de trois ans, consacre désormais son temps libreà son «petit ange».
Elle a longtemps été expatriée avec son mari, dans l’exercice de ses fonctions au sein des Nations-Unies, notamment au Rwanda dans les années 90. Une aise qui sera brutalement brisée par l’annonce de la séropositivité de son époux.
Ce dernier développe en 2000 une maladie opportuniste classée VIH/ SIDA.
Fatimata Bal a eu à ce moment le sentiment «que rien ne serait plus comme avant, et que les jours sombres s'enchaîneraient aux jours sombres». «Ce fut le début d'une longue période d'hibernation» continue-t-elle dans un murmure.
Avec un mari très malade, déprimée nerveusement, Fatimata Bal abandonne son travail, vend ses objets de valeurs, pour prendre en charge les frais de traitement et de suivi de son époux, évacué à l’époque sur Dakar; à une époque où les Antirétroviraux (ARV) étaient excessivement chers, et pas encore disponibles en Mauritanie.
Recoller les morceaux
Entre-temps, elle se découvre aussi séropositive. Tétanisée par ce diagnostic, qui annonce une césure dans sa vie, Fatimata craint par-dessus tout de «finir sa vie en légume». Toujours voilée, plutôt «masquée» comme elle le confie, la culpabilité la ronge, et l'entraîne doucement dans une spirale abyssale où elle se «complaira un long moment».
C'est son fils qui l'en sortira. Un soir, celui-ci touché par la passivité de sa mère, surtout dans un contexte où la situation matérielle de la famille permettait à peine de subvenir aux trois repas quotidiens de ses membres, reproche à sa mère d'être devenus des «galériens». «Un mot qui m'a sorti de longs mois de léthargie» reconnaît-elle aujourd'hui avec un sourire. «Je n'en ai pas dormi de la nuit, où mon fils m'a dit ce mot. Je me suis levée le lendemain avec une vigueur nouvelle!» dit-elle. Ainsi commença la remontée de l'abîme dans lequel elle se laissait couler.
En janvier 2005, elle rencontre le patron de l’époque du secrétariat exécutif national de lutte contre le Sida (SENLS), en quête d'emploi. Elle entame ensuite une visite pour une prise en charge réelle des personnes vivant avec le VIH/SIDA à la Banque Mondiale. Une étape décisive qui a ému les hauts cadres de l'institution, touchés par son cri de détresse. En Juin 2005, elle obtient un contrat au SENLS comme point focal chargé de l’animation et du suivi des activités mises en œuvre au profit des personnes vivant avec le VIH/SIDA (PPVIH).
La lutte contre le SIDA
Malgré la disponibilité et la gratuité des ARV, la création en 2004 du CTA (Centre de traitement ambulatoire), le soutien des bailleurs, une politique multi-sectorielle, l’implication des représentants des PVVIH au niveau décisionnel, la forte implication des leaders religieux, l’existence d’une loi relative à la prévention, la prise en charge et le contrôle VIH/SIDA, Mme Ball estime que les efforts à fournir sont encore nombreux.
Elle a témoigné en 2009 sur RFI de son combat en faveur de la promotion des personnes vivant avec le VIH/SIDA en Mauritanie, convaincue que «seul Dieu a un droit de jugement sur les gens», minimisant ainsi les préjugés sociaux, conséquents, à l'égard des personnes vivant avec le VIH. Elle assure «dédier le reste de ses jours» au «militantisme». Un combat de longue haleine qu'elle a entamé et compte mener dans le cadre de ses prérogatives au sein du SENLS.
Awa Seydou Traoré
Source: Noor Info