Face à la crise, Ould Abdallahi joue la carte du réalisme

Pour son premier face-à-face avec le peuple mauritanien, le président de la République Sidi Ould Cheikh Abdallah a opté pour la sincérité dans sa description de la situation du pays, pour le réalisme dans les mesures que son gouvernement entend prendre pour faire face aux défis multiples. Mais les populations mauritaniennes soutiennent que le président a été alarmiste et qu’il n’a fait qu’en rajouter aux inquiétudes des populations, en montrant l’incapacité de son gouvernement à leur venir en aide.

Trois mois après la mise en place d’un nouveau régime démocratique en Mauritanie, c’est pour la première fois dans les annales de ce pays, qu’un président de la République, seulement cent jours après sa prise de fonction, s’adresse ouvertement à son peuple. L’actuel locataire du palais ocre de Nouakchott, Sidi Ould Cheikh Abdallah, a ainsi opté pour la sincérité dans sa description de la situation du pays et pour le réalisme dans les mesures que son pouvoir entend prendre pour faire face aux multiples défis. Ainsi en s’adressant aux Mauritaniens, le tout nouveau président a reconnu que les denrées de première nécessité sont chères et que son gouvernement n’a pas encore la possibilité de les faire baisser, comme l’exigent les populations. Dans les marchés, les prix des produits alimentaires sont onéreux, ils grimpent du jour au lendemain, et aucune solution n’a été préconisée par les nouvelles autorités pour arriver à bout de cette inflation galopante. Pire encore, en ce qui concerne le problème d’alimentation en eau qui sévit dans la capitale, les populations continuent d’avoir soif et la solution définitive n’est pas envisagée avant au moins 2010. Aujourd’hui pour que le ciel daigne pleuvoir, les autorités ont demandé aux Imams de prier dans les mosquées et d’organiser des séances d’offrandes pour conjurer le mauvais sort.
Devant l’ampleur de la crise qui sévit dans le pays, surtout dans le monde rural, le président de la République ne fera prévaloir que l’unique carte à sa disposition. A savoir la sagesse dans l’approche et le réalisme dans les solutions. Aujourd’hui en lieu et place de l’initiative et de l’action afin de prendre à bras-le-corps les nombreux défis auxquels est confrontée la Mauritanie, le pouvoir issu des élections de mars 2007 se cherche encore. Et c’est en tout cas le sentiment le plus partagé à Nouakchott où les 100 jours de l’équipe du Premier Ministre Zeine Ould Zeidane restent marqués par l’immobilisme et l’hésitation. Ceci, au grand dam des populations locales qui avaient placé moult espoirs sur le président Sidi Ould Cheikh Abdallah.

Aujourd’hui, excepté le dossier relatif au retour des déportés dont le processus a été enclenché il y a quelques jours, rien ne semble bouger en Mauritanie où les attentes nées des engagements électoraux des nouveaux dirigeants font de plus en plus place à la déception et à la désillusion.

C’est du moins l’avis quasi unanime des Nouakchottois qui sont loin d’être satisfaits du bilan des 100 premiers jours du gouvernement. Aujourd’hui, trois mois se sont écoulés mais force et de reconnaître que le passage d’une économie artificielle irriguée par les mamelles d’une économie rapine de contrebande et de mauvaise gestion à une économie réelle nécessite encore un long chemin pour les nouvelles autorités qui n’arrivent toujours pas à redonner espoir au peuple mauritanien.

Abou KANE



Source: walfadjiri
(M)