La protégée du Président Sarkozy en fait-elle trop ? Sa visite jeudi à des squatteurs africains en banlieue parisienne a, en tous cas, déclenché l’ire de la classe politique française à son encontre. François Fillon l’a recadré, la ministre du logement qui a tonné qu’elle n’avait pas de «de leçon de sensibilisation et de sensibilité à prendre» de Rama Yade.
Elle y était allée avec un cœur affectif. Mais, elle aura payé cash son «humanité» Depuis jeudi dernier, c’est une pluie de critiques qui est en train de tomber sur Rama Yade. Pour avoir rendu une visite à des squatteurs africains, la secrétaire d’Etat aux affaires étrangères et aux droits de l’Homme a suscité la polémique de la semaine en France. En allant à la rencontre des 150 africains qui campaient, depuis deux mois devant une école d’Aubervilliers, près de Paris, Rama Yade n’imaginait pas que son geste se retournerait contre elle. L’expulsion des squatteurs venait d’être décidée par le tribunal de Bobigny, sur demande de la mairie communiste d’Aubervilliers. Sous ce rapport, la descente improvisée de Mme Yade a été perçue comme un soutien clair à ses «frères» et «sœurs» africains, mais aussi comme une contestation d’une décision de justice. Les critiques ne se sont pas ainsi fait attendre. Le Premier ministre a été le premier à sortir de ses gongs pour recadrer la protégée de Sarkozy. François Fillon l’a convoqué illico pour lui demander des explications. «Fillon a surtout expliqué qu’en matière de cohérence gouvernementale, il est normal qu’on en parle avant», a rapporté Rama Yade interrogée sur Europe 1, vendredi matin. «Les membres du gouvernement de la République doivent prendre des décisions coordonnées, et en particulier ne pas interférer dans le fonctionnement de la justice de notre pays», a déclaré le Premier ministre à l’issue du conseil des ministres décentralisé à Strasbourg. Un conseil auquel Rama Yade n’a pas pris part. Pour justifier son geste, la native de Dakar a expliqué avoir voulu faire passer le message qu’«en matière de logement, le camp du bien n’est pas à gauche, le camp du mal n’est pas à droite. J’ai voulu montrer qu’en matière de logement, l’extrême gauche n’a pas de leçons à nous donner». Yade s’est dit étonnée qu’une demande d’expulsion vienne d’une «mairie communiste».
La classe politique, de gauche comme de droite, s’est montré très sévère à l’endroit de celle qui est considérée comme une icône de la diversité. Et paradoxalement, c’est son camp qui a été le plus dur avec elle. «Yade s’est pris les pieds dans le tapis. Un secrétaire d’Etat, ce n’est ni un curé ni un rabbin ; il ne doit pas apporter une caution morale à des personnes qui sont en situation illégale», s’insurge le député Ump Jacques Myard, dans le journal Le Parisien du samedi. Interrogée sur France Info, le même jour, la ministre du Logement et de la Ville, Christine Boutin, a estimé que la visite de Rama Yade au squat d’Aubervilliers «ne pouvait qu’exacerber les tensions». Ayant mal digéré que Rama Yade ait intervenu dans son domaine de compétence, Mme Boutin a ajouté la charge en déclarant qu’elle n’avait pas «de leçon de sensibilisation et de sensibilité à prendre» de la benjamine du gouvernement Fillon.
A gauche, on dénonce un coup politique. Claude Bartolone (Ps) s’est dit «choqué qu’un ministre puisse davantage se soucier de son image à la télévision qu’à trouver une solution pour ces squatteurs». Le Parti communiste, qui dirige la ville d’Aubervilliers, a appelé le gouvernement à «prendre ce dossier avec le sérieux et la responsabilité que la gravité de la situation impose plutôt que d’utiliser ce drame de façon politicienne». Avec cet incident, Rama Yade réalise, malgré sa bonne côte auprès du Président Sarkozy, qu’on ne lui fera aucun cadeau. Et qu’à cause de ses origines étrangères, tout le moindre détail dans son action pourrait être mal interpellé. L’on se rappelle qu’avant les vacances gouvernementales, l’autre ministre issue de la diversité, Rachida Dati (Justice), avait été aussi très critiquée suite à la démission en cascade intervenue dans son cabinet.
Par Thierno DIALLO - Correspondant permanent
le quotidien
Elle y était allée avec un cœur affectif. Mais, elle aura payé cash son «humanité» Depuis jeudi dernier, c’est une pluie de critiques qui est en train de tomber sur Rama Yade. Pour avoir rendu une visite à des squatteurs africains, la secrétaire d’Etat aux affaires étrangères et aux droits de l’Homme a suscité la polémique de la semaine en France. En allant à la rencontre des 150 africains qui campaient, depuis deux mois devant une école d’Aubervilliers, près de Paris, Rama Yade n’imaginait pas que son geste se retournerait contre elle. L’expulsion des squatteurs venait d’être décidée par le tribunal de Bobigny, sur demande de la mairie communiste d’Aubervilliers. Sous ce rapport, la descente improvisée de Mme Yade a été perçue comme un soutien clair à ses «frères» et «sœurs» africains, mais aussi comme une contestation d’une décision de justice. Les critiques ne se sont pas ainsi fait attendre. Le Premier ministre a été le premier à sortir de ses gongs pour recadrer la protégée de Sarkozy. François Fillon l’a convoqué illico pour lui demander des explications. «Fillon a surtout expliqué qu’en matière de cohérence gouvernementale, il est normal qu’on en parle avant», a rapporté Rama Yade interrogée sur Europe 1, vendredi matin. «Les membres du gouvernement de la République doivent prendre des décisions coordonnées, et en particulier ne pas interférer dans le fonctionnement de la justice de notre pays», a déclaré le Premier ministre à l’issue du conseil des ministres décentralisé à Strasbourg. Un conseil auquel Rama Yade n’a pas pris part. Pour justifier son geste, la native de Dakar a expliqué avoir voulu faire passer le message qu’«en matière de logement, le camp du bien n’est pas à gauche, le camp du mal n’est pas à droite. J’ai voulu montrer qu’en matière de logement, l’extrême gauche n’a pas de leçons à nous donner». Yade s’est dit étonnée qu’une demande d’expulsion vienne d’une «mairie communiste».
La classe politique, de gauche comme de droite, s’est montré très sévère à l’endroit de celle qui est considérée comme une icône de la diversité. Et paradoxalement, c’est son camp qui a été le plus dur avec elle. «Yade s’est pris les pieds dans le tapis. Un secrétaire d’Etat, ce n’est ni un curé ni un rabbin ; il ne doit pas apporter une caution morale à des personnes qui sont en situation illégale», s’insurge le député Ump Jacques Myard, dans le journal Le Parisien du samedi. Interrogée sur France Info, le même jour, la ministre du Logement et de la Ville, Christine Boutin, a estimé que la visite de Rama Yade au squat d’Aubervilliers «ne pouvait qu’exacerber les tensions». Ayant mal digéré que Rama Yade ait intervenu dans son domaine de compétence, Mme Boutin a ajouté la charge en déclarant qu’elle n’avait pas «de leçon de sensibilisation et de sensibilité à prendre» de la benjamine du gouvernement Fillon.
A gauche, on dénonce un coup politique. Claude Bartolone (Ps) s’est dit «choqué qu’un ministre puisse davantage se soucier de son image à la télévision qu’à trouver une solution pour ces squatteurs». Le Parti communiste, qui dirige la ville d’Aubervilliers, a appelé le gouvernement à «prendre ce dossier avec le sérieux et la responsabilité que la gravité de la situation impose plutôt que d’utiliser ce drame de façon politicienne». Avec cet incident, Rama Yade réalise, malgré sa bonne côte auprès du Président Sarkozy, qu’on ne lui fera aucun cadeau. Et qu’à cause de ses origines étrangères, tout le moindre détail dans son action pourrait être mal interpellé. L’on se rappelle qu’avant les vacances gouvernementales, l’autre ministre issue de la diversité, Rachida Dati (Justice), avait été aussi très critiquée suite à la démission en cascade intervenue dans son cabinet.
Par Thierno DIALLO - Correspondant permanent
le quotidien