LES FLAM ET L´UNITÉ EN QUESTION
Chrono bilbalistique- Par Elimane Bilbassi
A propos de "L´UNITÉ EN QUESTION" article de Hindou Mint Aïnina paru dans MAURITANIE-DEMAIN numéro 29 du 13 au 19 novembre 1991, page 11 et republié tout récemment dans FLAMNET- AGORA du 30 juillet 2007.
En Mauritanie, LES FLAM, ont été le premier mouvement politique structuré à monter au créneau pour dénoncer le racisme dont les Négro-mauritaniens sont victimes. Les FLAM relativement seules sur ce terrain, n´ont pas manqué d´apprécier à sa juste valeur la dénonciation par les jeunes étudiants mauritaniens appelés "Mouvement des démocrates indépendants" des excés du régime ainsi que l´appréciation de la question nationale comme problème à résoudre nécessairement. En d´autres circonstances, nous avions loué le courage de ces compatriotes qui, émergeant du troupeau ont eu l´audace de reconnaitre et les posant, les graves problèmes de cohabitation que connait notre pays et nous avions exprimé notre disponibilité à collaborer avec eux pour le triomphe de nos justes positions.
Cette preuve palpable de disponibilité à travailler avec ces compatriotes Arabo-bérbéres ne nous a pourtant pas dispensé des critiques malveillantes des vieux chevaux du MND-FRUIDEM. Mais heureusement que chaque jour qui se léve apporte son lot d´éclairage au drame mauritanien, permettant ainsi le recentrage des débats autour des vrais problèmes que les mentors du MND et Bassistes ont essayé de brouiller tant bien que mal. La vérité par delà les passions, les errements et aveuglements qui peuvent la brouiller momentanément, finit toujours par s´imposer en se frayant son chemin.
C´est dans ce contexte du recentrage du débat politique mauritanien autour des vrais problèmes mauritaniens que notre compatriote Hindou Mint Aïnina a écrit son article : "L´UNITÉ EN QUESTION". Au début de cet article, elle prend admirablement le soin de se prémunir d´un ensemble de protocoles méthodologiques de maniére à récuser toutes les mauvaises manières de parler de l´unité nationale, ce qui lui donne justement la possibilité d´en parler de la bonne manière. Ce faisant, elle se place sur un terrain qui se veut scientifique. Elle fait remarquer au passage que si on parle autant de l´unité nationale en Mauritanie c´est que nous sommes d´emblée face à un symptôme d´une maladie grave à savoir "l´inexistence de cette unité dont on parle ou au moins la nécessité de la parfaire". Elle redouble cette ingénieuse idée d´une démarche analytique pour mettre en évidence que "pour unir des choses", il faut nécessairement "qu´elles soient séparées".
Donc l´acceptation préalable du principe de leur différence est la condition sine quanon de leur union. Le refus de cette différence entraine l´impossibilité de toute union dans la logique et dans les faits. Cette union dont elle parle ne concerne pas des choses, mais des êtres humains et dans le contexte mauritanien, les Négro-africains et Arabo-bérberes. Pour unir ces deux communautés, il faut dit-elle "que l´on sente qu´on n´est pas menacé, non seulement dans son appartenance, mais aussi dans sa survie. Et pour avoir cette assurance, il faut que l´on se sente accepté tel qu´on est, avec tout ce qu´on a de différents".
C´est bien cela que certains mauritaniens bornés ne peuvent comprendre et à leur tête l´ ex- chef d´Etat le colonel Ould Taya qui bien que s´étant toujours "réfusé à diviser son peuple en Arabes et Négro-africains" (Jeune Afrique), ne cessait de proclamer l´arabité exclusive de la Mauritanie et de nous tympaniser avec son verbiage sur l´unité nationale. Et Hindou Mint Aïnine fait remarquer à juste titre "qu´il ne suffit pas de crier à l´unité nationale pour qu´elle soit ".
Pour que l´unité nationale mauritanienne soit, il faut l´acceptation prélable du principe de la différence de fait des différentes communautés mauritaniennes. Tant que cette différence n´est pas reconnue, l´on fera peut-être de l´unitarisme, mais jamais l´unité du peuple mauritanien. Ce qui est reconnaissable par ailleurs dans son article, c´est la manière dont cette compatriote, visiblement au dessus de la mêlée et de l´esprit partisan qui est la régle, prend en charge le discours des FLAM en s´y inscrivant intégralement: "Mais soyons conséquents avec nous-mêmes et n´imposons pas notre langue (arabe) aux autres (Négro-africains) . Car ces gens que nous voulons assimiler font partie de ce pays et n´en disparaitront que s´il n´existe plus. Laissons les choisir eux-mêmes d´être avec nous. Précisons leur que pour rester ensemble dans ce pays et pour que ce pays continue à exister, il faut qu´ils nous acceptent (précisons que les FLAM ont toujours accepté leurs compatriotes Arabo-bérbéres) .
Cette acceptation réciproque souhaitée par l´auteur est tout le sens du combat. Sur la base de cette rencontre, nous ne pouvons que rendre un grand hommage à cette courageuse femme pour avoir osé parlé où le gros de l´intelligentsia hypocritement se voile les yeux et se tait.
La lutte continue!
P.S : Article publié dans LE FLAMBEAU, journal des FLAM, numéro 05 du mars 1992
Source: Flamnet