Le Sénégal est un pays de Téranga et les Sénégalais aiment les étrangers, a-t-on l’habitude de dire. Mais souvent d’étranges étrangers jouent de sales tours à nos compatriotes. C’est ce qu’a fait un Béninois du nom Minirou Salifou qui a roulé dans la farine des centaines de Sénégalais adhérents d’une mystérieuse caisse d’épargne, en faisant la main basse sur 65 millions de francs. L’escroc introuvable depuis une semaine, les adhérents ont porté plainte devant la Dic et le commissariat central.
Ils étaient des dizaines et des dizaines de personnes hier matin au commissariat central. Ils sont venus des quartiers populaires comme Yoff, Médina et de la lointaine banlieue comme Pikine et les Parcelles assainies.
Ces besogneux sont, pour la plupart, des commerçants ambulants, des gargotières, vendeuses de poisson, mécaniciens … Avec leurs mines renfrognées, leurs yeux rouges, leur habillement décontracté et le silence dans lequel ils se sont emmurés, on comprend aisément leur colère. Ils, ce sont les adhérents de la mystérieuse ‘ Caisse coopérative d’Epargne et de financement (Cacef) ’ installée dans le populeux quartier de la Médina et qui a été lancée au courant de ce mois de juin 2007 par une association inconnue au bataillon et pompeusement dénommée ‘Terre promise’. Dans la surprise de l’annonce de la disparition du coordonnateur de la ‘Caisse coopérative d’Epargne et de financement’ , Mounirou Salifou, avec près de 65 millions de francs CFA d’épargne des adhérents, ils ont battu le rappel des troupes, le 13 septembre dernier. Puis le 14 septembre, ils déposent une plainte sur la main courante du commissariat central contre Mounirou Salifou, avant d’en faire de même au niveau de la Division des investigations criminelles (Dic), le lendemain.
Voilà donc que, depuis une semaine, ces adhérents font le siège du commissariat central tous les matins pour venir aux nouvelles et suivent les auditions des collaborateurs directs de Salifou Minourou qui a abusé de l’hospitalité de ses hôtes. Pour l’instant, le mystérieux Béninois est recherché par les limiers. Où pourrait-il être avec un butin de 65 millions, fruits du labeur de centaine de Sénégalais ? La police nous aidera à voir plus clair dans cette histoire. En attendant, un des jeunes employés de la ‘Caisse coopérative d’Epargne et de financement’ qui a préféré taire son nom nous a retracé l’historique de cette histoire rocambolesque qui semble sortie d’une fiction télévisuelle. ‘On a vu l’annonce dans le journal Tam-tam en décembre 2006 et nous avons répondu automatiquement. Vers le 25 décembre, on nous a appelé pour nous dire qu’on est retenu pour le projet Cacef. Puis on nous a appelés pour des entretiens à l’école Alassane Ndiaye Alou de la Médina. Nous étions une trentaine de personnes. Le coordonnateur du projet Salifou Minourou de nationalité béninoise, âgé entre 35 et 40 ans était là-bas. Il y avait aussi les membres du bureau de l’association ‘Terre promise’, le président Alioune Diagne, Abdoulaye Diène, secrétaire général et Diarra Pouye, trésorière générale’, raconte notre interlocuteur. Et de poursuivre : ‘après, on nous a fait faire une formation en micro-finance, Salifou Minourou est le chargé de la formation. Après la fin de la formation de 15 jours, on nous a rappelés pour nous dire le montant du salaire après la signature du contrat qui devait intervenir après trois mois de mise à l’essai. Durant le stage pratique, nous avons reçu 15 000 francs, puis 20 000 francs de frais de transport par mois’. Et de préciser : ‘mais nous avons en retour payé 15 000 francs pour les fascicules’. A la suite de la formation, ajoute cet agent qui était chargé de démarcher les adhérents dans le cercle des connaissances et du voisinage ’ils nous ont laissés partir en nous disant qu’ils vont nous rappeler. Nous étions en décembre 2006. Mais, ils nous ont rappelé le 8 juin 2007 pour faire, selon leurs dires, une séance de recyclage le 11 juin.
On leur a fait la remarque que depuis janvier, c’est seulement en juin qu’ils nous rappellent. Entre tant lorsque nous les appelions, ils disaient qu’ils sont sur les dossiers administratifs. Ils disaient qu’une mutuelle, on ne peut pas l’ouvrir sans des papiers légaux, or ils veulent travailler dans la légalité’. Selon toujours notre interlocuteur, le bureau de l’association ‘Terre Promise’, pour donner du crédit à ce qu’il avance a montré le récépissé de déclaration d’association délivrée le 16 mai 2007 par la Direction des affaires générales et de l’administration territoriale (Dagat) du ministère de l’Intérieur et des collectivités locales. Cependant, dans ce document signé de l’ancien gouverneur Saliou Sambou, étrangement le nom de Salifou n’y est pas. Par contre, les trois Sénégalais Alioune Diagne, Abdoulaye Diene et Diarra Pouye sont déclarés responsables de la direction de l’association, respectivement comme président, secrétaire général et trésorière. Selon une autre confidence de notre interlocuteur, des agents du ministère de l’économie et des finances sont venus au siège de la caisse à la rue 27x20 Médina pour leurs poser des questions. ‘Ils ont même appelé le coordonnateur Salifou. Ils ont reçu les responsables de l’association au ministère qui à leur retour étaient manifestement contents’, se souvient sous couvert de l’anonymat cet agent qui voyait là une occasion de sortir des affres du chômage. ‘Les agents du ministère de l’Economie et des finances étaient contents du travail accompli en moins de deux mois par le Cacef et ont promis de nous accorder un agrément et un prêt’, observe-t-il.
Et d’ajouter ‘en ce moment presque la majorité avait donné son apport personnel en fonction du crédit qu’il souhaitait. Ils avaient dit aux adhérents qui souhaitaient un crédit qu’ils devaient donner leur apport personnel avant le 25 juillet. Après le 25 juillet, d’autres clients sont venus’. Mais c’est à partir du 13 septembre, jour où les agents devaient recevoir leurs salaires que les choses ont commencés à se gâter. ‘Ce jour-là on s’est retrouvé à l’agence. Mais on n’a tenté de joindre Salifou, Mounirou, le coordonnateur, mais en vain. On s’est plaint auprès du secrétaire général Abdoulaye Guèye, il nous a répondu que Salifou lui a dit qu’il était à la banque pour régler le financement des adhérents qui devait se faire le 15 septembre 20007. On a attendu jusqu’à 18 heures sans voir l’ombre de Salifou. Sur ces entrefaites une caissière de Yoff nous appris que c’est vrai que Salifou est à la banque, il a décaissé les fonds de caisse pour aller donner la garantie nécessaire pour les prêts à la banque. Après avoir interrogé tous les caissiers, ils nous ont appris que tout l’argent qu’ils détenaient par dévers eux, Salifou l’a pris.Les nombreuses tentatives de le joindre sur son portable étant vaines on a décidé vers 20h de porter plainte’, explique-t-il.
Mamadou SARR
Source: Walffadjiri
(M)
Ils étaient des dizaines et des dizaines de personnes hier matin au commissariat central. Ils sont venus des quartiers populaires comme Yoff, Médina et de la lointaine banlieue comme Pikine et les Parcelles assainies.
Ces besogneux sont, pour la plupart, des commerçants ambulants, des gargotières, vendeuses de poisson, mécaniciens … Avec leurs mines renfrognées, leurs yeux rouges, leur habillement décontracté et le silence dans lequel ils se sont emmurés, on comprend aisément leur colère. Ils, ce sont les adhérents de la mystérieuse ‘ Caisse coopérative d’Epargne et de financement (Cacef) ’ installée dans le populeux quartier de la Médina et qui a été lancée au courant de ce mois de juin 2007 par une association inconnue au bataillon et pompeusement dénommée ‘Terre promise’. Dans la surprise de l’annonce de la disparition du coordonnateur de la ‘Caisse coopérative d’Epargne et de financement’ , Mounirou Salifou, avec près de 65 millions de francs CFA d’épargne des adhérents, ils ont battu le rappel des troupes, le 13 septembre dernier. Puis le 14 septembre, ils déposent une plainte sur la main courante du commissariat central contre Mounirou Salifou, avant d’en faire de même au niveau de la Division des investigations criminelles (Dic), le lendemain.
Voilà donc que, depuis une semaine, ces adhérents font le siège du commissariat central tous les matins pour venir aux nouvelles et suivent les auditions des collaborateurs directs de Salifou Minourou qui a abusé de l’hospitalité de ses hôtes. Pour l’instant, le mystérieux Béninois est recherché par les limiers. Où pourrait-il être avec un butin de 65 millions, fruits du labeur de centaine de Sénégalais ? La police nous aidera à voir plus clair dans cette histoire. En attendant, un des jeunes employés de la ‘Caisse coopérative d’Epargne et de financement’ qui a préféré taire son nom nous a retracé l’historique de cette histoire rocambolesque qui semble sortie d’une fiction télévisuelle. ‘On a vu l’annonce dans le journal Tam-tam en décembre 2006 et nous avons répondu automatiquement. Vers le 25 décembre, on nous a appelé pour nous dire qu’on est retenu pour le projet Cacef. Puis on nous a appelés pour des entretiens à l’école Alassane Ndiaye Alou de la Médina. Nous étions une trentaine de personnes. Le coordonnateur du projet Salifou Minourou de nationalité béninoise, âgé entre 35 et 40 ans était là-bas. Il y avait aussi les membres du bureau de l’association ‘Terre promise’, le président Alioune Diagne, Abdoulaye Diène, secrétaire général et Diarra Pouye, trésorière générale’, raconte notre interlocuteur. Et de poursuivre : ‘après, on nous a fait faire une formation en micro-finance, Salifou Minourou est le chargé de la formation. Après la fin de la formation de 15 jours, on nous a rappelés pour nous dire le montant du salaire après la signature du contrat qui devait intervenir après trois mois de mise à l’essai. Durant le stage pratique, nous avons reçu 15 000 francs, puis 20 000 francs de frais de transport par mois’. Et de préciser : ‘mais nous avons en retour payé 15 000 francs pour les fascicules’. A la suite de la formation, ajoute cet agent qui était chargé de démarcher les adhérents dans le cercle des connaissances et du voisinage ’ils nous ont laissés partir en nous disant qu’ils vont nous rappeler. Nous étions en décembre 2006. Mais, ils nous ont rappelé le 8 juin 2007 pour faire, selon leurs dires, une séance de recyclage le 11 juin.
On leur a fait la remarque que depuis janvier, c’est seulement en juin qu’ils nous rappellent. Entre tant lorsque nous les appelions, ils disaient qu’ils sont sur les dossiers administratifs. Ils disaient qu’une mutuelle, on ne peut pas l’ouvrir sans des papiers légaux, or ils veulent travailler dans la légalité’. Selon toujours notre interlocuteur, le bureau de l’association ‘Terre Promise’, pour donner du crédit à ce qu’il avance a montré le récépissé de déclaration d’association délivrée le 16 mai 2007 par la Direction des affaires générales et de l’administration territoriale (Dagat) du ministère de l’Intérieur et des collectivités locales. Cependant, dans ce document signé de l’ancien gouverneur Saliou Sambou, étrangement le nom de Salifou n’y est pas. Par contre, les trois Sénégalais Alioune Diagne, Abdoulaye Diene et Diarra Pouye sont déclarés responsables de la direction de l’association, respectivement comme président, secrétaire général et trésorière. Selon une autre confidence de notre interlocuteur, des agents du ministère de l’économie et des finances sont venus au siège de la caisse à la rue 27x20 Médina pour leurs poser des questions. ‘Ils ont même appelé le coordonnateur Salifou. Ils ont reçu les responsables de l’association au ministère qui à leur retour étaient manifestement contents’, se souvient sous couvert de l’anonymat cet agent qui voyait là une occasion de sortir des affres du chômage. ‘Les agents du ministère de l’Economie et des finances étaient contents du travail accompli en moins de deux mois par le Cacef et ont promis de nous accorder un agrément et un prêt’, observe-t-il.
Et d’ajouter ‘en ce moment presque la majorité avait donné son apport personnel en fonction du crédit qu’il souhaitait. Ils avaient dit aux adhérents qui souhaitaient un crédit qu’ils devaient donner leur apport personnel avant le 25 juillet. Après le 25 juillet, d’autres clients sont venus’. Mais c’est à partir du 13 septembre, jour où les agents devaient recevoir leurs salaires que les choses ont commencés à se gâter. ‘Ce jour-là on s’est retrouvé à l’agence. Mais on n’a tenté de joindre Salifou, Mounirou, le coordonnateur, mais en vain. On s’est plaint auprès du secrétaire général Abdoulaye Guèye, il nous a répondu que Salifou lui a dit qu’il était à la banque pour régler le financement des adhérents qui devait se faire le 15 septembre 20007. On a attendu jusqu’à 18 heures sans voir l’ombre de Salifou. Sur ces entrefaites une caissière de Yoff nous appris que c’est vrai que Salifou est à la banque, il a décaissé les fonds de caisse pour aller donner la garantie nécessaire pour les prêts à la banque. Après avoir interrogé tous les caissiers, ils nous ont appris que tout l’argent qu’ils détenaient par dévers eux, Salifou l’a pris.Les nombreuses tentatives de le joindre sur son portable étant vaines on a décidé vers 20h de porter plainte’, explique-t-il.
Mamadou SARR
Source: Walffadjiri
(M)