Si elle ne s’est pas présentée au poste de Premier secrétaire du Parti socialiste ou à la direction des femmes socialistes, ce n’est pas parce que cela ne l’intéresse pas. Aïssata Sall Tall y pense fortement. Mais plusieurs raisons la retiennent encore. Parmi lesquelles, entre autres, le contexte. Elle estime, dans l’entretien qu’elle a accordé aux correspondants de la presse sénégalaise à Paris, que ce n’est pas encore le bon moment et Ousmane Tanor Dieng et Aminata Mbengue Ndiaye font un excellent travail dans le parti. Mais dans le principe, rien n’est exclu. Aïssata Sall Tall a aussi abordé l’actualité nationale sénégalaise.
Wal Fadjri : Vous êtes à Paris depuis quelques jours à la rencontre de vos militants. Quel message leur apportez-vous ?
Aïssata Tall Sall : Le Parti socialiste est en période d’effervescence. Nous allons vers un important congrès, qui devait se tenir au mois de juillet, mais qui a été décalé jusqu’à la fin du mois d’octobre, précisément les 27 et 28. J’ai profité de ma venue à Paris pour rassembler les militants socialistes, pour savoir, d’abord, où ils en sont avec les préparatifs parce que nous attendons non seulement leur présence, mais surtout leur contribution dans la réflexion. Je vais aussi échanger avec eux et leur dire où nous en sommes dans la préparation du congrès au niveau du Sénégal, quel est le thème général, quelles sont les idées qui seront débattues durant ce congrès et ce que nous attendons d’eux. Je vais également échanger avec eux sur la situation nationale. Et cela est inévitable quand on vient voir des camarades qui ont des appréhensions sur comment les choses se passent dans leur pays. Mais tout le monde sait qu’au Sénégal, la situation n’est pas tellement rose. Ce n’est pas que je suis socialiste et que c’est ma couleur, mais c’est quelque chose d’accepté, de convenu. Nous allons discuter et échanger sur tout cela. Et cela sera un moment fort. Certainement qu’ils auront, eux aussi, des questions à me poser en tant que responsable socialiste et j’y répondrai évidemment.
Wal Fadjri : Allez-vous leur garantir qu’ils participeront effectivement au congrès ?
Aïssata Tall Sall : C’est une tradition ! Je dirai même que c’est une obligation. Depuis que le Parti socialiste existe, ses démembrements extérieurs ont pris une part importante dans la préparation du congrès et ont effectivement assisté au Congrès. Parfois même, des rencontres qui ne sont pas statutaires, mais qui sont d’une certaine envergure et d’une certaine importance, ont vu la participation des Sénégalais de l’extérieur. Je cite notamment le cas de nos universités d’été qui sont de grands moments d’ouverture du parti. Les Sénégalais de l’extérieur socialistes venaient assister, apporter leur contribution. A fortiori un congrès. Cela fait onze ans que nous n’avions pas tenu de congrès. Ce sera donc un grand moment d’actions, de réflexion du Parti socialiste. Et bien évidemment, ils y ont toute leur part et y seront représentés.
Wal Fadjri : Où en êtes-vous avec les préparatifs de ce congrès ?
Aïssata Tall Sall : On est assez avancé. Nous n’avons pas pu le tenir au mois de juillet parce que nous n’avions pas fini de renouveler nos instances. Cette fois-ci, c’est un travail qui est quasiment terminé. En tout cas, avant les 27 et 28 octobre, toutes les instances du Parti socialiste seront renouvelées : du comité à l’Union régionale, en passant par les mouvements et affiliés tels que le Mouvement national des femmes, les jeunesses socialistes, les travailleurs socialistes, la structure des cadres, la structure des universitaires. De nouveaux mandats seront confiés aux nouveaux responsables. Ce travail-là, on l’a fait. C’était très difficile parce que les renouvellements ne sont pas un exercice agréable pour des responsables de parti politique. Je dois dire que le Parti socialiste est un des rares, sinon le seul, à l’avoir fait. Le Pds s’y est essayé, mais a vite renoncé parce qu’à la place des débats d’idées, on a sorti des couteaux et des revolvers. C’est un travail de longue haleine où il faut beaucoup de diplomatie, beaucoup de doigté, beaucoup de tact, en même temps faire prévaloir le consensus, la transparence et la démocratie interne. C’est donc un long processus qui a commencé très longtemps. Certains ont commencé à renouveler déjà depuis 2001-2002. Aujourd’hui, nous sommes arrivés au bout de cet exercice à la fois délicat et difficile. En toute modestie, nous pouvons en être fier.
Wal Fadjri : Vous êtes un des caciques du Parti socialiste. Pouvons-nous nous attendre à ce que vous vous présentiez au poste de secrétaire général puisque les candidatures sont encore ouvertes ?
Aïssata Tall Sall : Je l’ai déjà dit à un de vos confrères que je ne suis pas candidat au poste de Premier secrétaire du Parti socialiste. Et j’avais donné mes raisons qui sont, pour moi, majeures et fondamentales. La première raison, c’est que depuis que nous sommes dans l’opposition en 2000, Ousmane Tanor Dieng a fait un travail de rassemblement dans le Parti socialiste qui, pour moi, est un travail extraordinaire. Et nous arrivons à un moment où nous avons besoin de beaucoup plus de cohésion, de beaucoup plus d’unité parce que notre objectif, c’est d’aller au pouvoir. On ne peut pas aller au pouvoir en multipliant les centres de décision, mais surtout en mettant en avant les ambitions personnelles. Jusque-là, il a fait un travail remarquable. Nous devons encore nous mobiliser derrière lui pour continuer ce travail, le faire aboutir et surtout le concrétiser. L’autre raison - vous dites que je suis un des caciques du Parti socialiste, j’en suis flattée, mais il n’y a pas si longtemps que j’ai pris ma carte du Parti socialiste, je m’y investis personnellement à fond - c’est que j’ai, sur le plan politique, quelque chose à prouver, surtout à apprendre, une certaine maturation à acquérir et quand ce sera le moment opportun, je m’y lancerai.
Wal Fadjri : Avec toute la promotion de la femme que l’on fait au Sénégal, n’est-il pas temps qu’une femme dirige un parti politique, notamment le Ps ?
Aïssata Tall Sall : Je suis d’accord avec vous et une femme arrivera à la tête des partis politiques sénégalais. Mais il faut qu’elle le fasse non pas parce qu’elle est femme, mais parce qu’elle aura démontré qu’elle a la capacité de le faire et d’être là. Manager un parti est quelque chose de très sérieux. Je ne voudrais pas, et je pèse mes mots, qu’une femme dirige un parti parce qu’elle est une femme. Je pense qu’elle desservira les femmes en ce moment-là. Elle doit diriger un parti d’abord parce qu’elle a la capacité de le faire. Il ne faut que les femmes croient que c’est un travail insurmontable qui ne leur est pas accessible. C’est un travail qui leur est accessible, mais qu’elles le fassent avec beaucoup d’engagement, de persévérance, de courage, d’intelligence, comme elles savent le faire lorsqu’elles veulent y arriver. Partout dans le monde, on a des exemples où les femmes non seulement sont à la tête de partis, mais à la tête de pays. Je disais hier à des camarades que je trouve la situation extraordinaire : comment cela se fait qu’aux Etats-Unis, quand on pense à un des plus grands présidentiables, c’est le nom de Mme Hillary Clinton qui vient à l’esprit de tout le monde ? Comment se fait-il, aujourd’hui, qu’en Birmanie, celle qui fait face à la dictature, à tous ces généraux, à tous ces chars, c’est une frêle femme, Mme Haouchine Chiky, qui a fait preuve d’endurance et de persévérance ? Comment cela se fait-il qu’en Ukraine, quand la démocratie est bloquée, c’est une femme, Mme Youlia Timonchenko, qui sert d’arbitre ? Pourquoi aujourd’hui au Pakistan, quand le président Musharaf a besoin de consolider son pouvoir, il fait rappeler Mme Benazir Bhutto que le pouvoir avait condamnée ? Ces femmes-là ont montré une grande capacité de résistance et de persévérance. Et croyez-moi, en politique, ce n’est pas une moindre qualité, au contraire, c’est un gros avantage.
Wal Fadjri : Il y a aussi, en Allemagne, Angela Merkel qui est à la tête du premier pays européen économiquement parlant. Aussi, il y en a des Angela Merkel, des Hillary Clinton en Afrique. Pourquoi cela tarde-t-il ?
Aïssata Tall Sall : Les problèmes de pouvoir, très souvent les gens l’oublient, ce n’est pas que de la mathématique. C’est un moment, une circonstance et un temps. C’est tout cela qui fait que vous arrivez au bon moment et que vous êtes l’homme qu’il faut - et quand je dis l’homme qu’il faut, je pense à la femme qu’il faut. C’est tout cela ensemble qui crée l’occurrence en politique. Mais croyez-moi, cela arrivera. Cependant, je ne voudrais pas que non plus que parce que toutes ces femmes exercent le pouvoir ailleurs, on se dise aussi que c’est l’heure des femmes au Sénégal. L’heure des femmes au Sénégal viendra et elle n’est pas si lointaine que cela. Quand une femme aura la compétence, la capacité, le courage et le message qu’il faut pour ce Sénégal, en ce moment-là, cela se décidera.
Wal Fadjri : Peut-on dire que si vous n’être pas candidate, c’est parce que vous ne voulez pas passer pour une rebelle ?
Aïssata Tall Sall : Pas pour une rebelle ! Je vous ai dit que sur le principe, je ne l’exclue pas. Pour moi, c’est une question d’analyse personnelle. J’analyse la situation, je vois ce qui est opportun à faire, ce qui est utile pour mon parti, pour mon pays, et si cela est aussi utile pour moi ? Voilà les trois questions que je me pose dans l’ordre des privilèges parce que quelque chose peut être utile pour moi sans l’être pour mon pays. Cela aurait servi à quoi ? A ma promotion personnelle ? Non, quand la chose sera à la fois utile pour le pays, pour le parti et pour Aïssata Tall Sall, ce sera le bon moment. Et croyez-moi, je le ferai.
Wal Fadjri : N’est-ce pas le bon moment ?
Aïssata Tall Sall : Objectivement, je ne crois pas encore. Mais cela viendra.
Wal Fadjri : Vous n’êtes pas candidate au poste de Premier secrétaire. Mais ne pouvez-vous pas vous présentez à la direction du Mouvement des femmes socialistes ?
Aïssata Tall Sall : Pour la direction des femmes, c’est doublement tard parce que, déjà il y a une femme qui occupe la place, qui fait un travail remarquable et qui a toute la confiance de toutes les femmes socialistes : c’est ma sœur Aminata Mbengue Ndiaye. Elle est la seule candidate à ce poste. On la reconduira, inch Allah. Voilà une raison qui explique que c’est tard. La deuxième raison, c’est que j’ai décidé de militer à Podor et je m’y suis investie à fond. Je considère qu’il y a un travail local important à faire dans toute cette partie du Sénégal. Comme en politique, je ne veux pas faire deux choses à la fois, je préfère m’investir à travailler à la base et on aura tous ces résultats ensemble au bénéfice du Parti socialiste : ce que fait Aminata Mbengue Ndiaye chez les femmes, ce que je ferai modestement dans mon département et ce que chacun fera chez lui permettront de créer une synergie pour le Parti socialiste.
Wal Fadjri : Mais vous n’allez pas vous contenter seulement des rôles de seconds couteaux…
Aïssata Tall Sall : C’est vous qui appelez cela rôle de seconds couteaux. Je suis très fière d’avoir la confiance des Podorois. C’est quelque chose d’extraordinaire pour moi. J’approfondis mon travail dans le Parti socialiste et le reste viendra. Il ne faut pas être pressé en politique.
Wal Fadjri : Donc vous n’êtes candidate à rien ?
Aïssata Tall Sall : Je suis candidate à quelque chose. Je suis candidate à travailler en équipe pour le bien du Parti socialiste. Et cette équipe est une équipe de management. C’est une nouvelle équipe que vous verrez et qui sera une équipe de rupture, qui travaillera pour le parti, avec la ferme volonté de le mettre au pouvoir.
Wal Fadjri : Dans cette équipe stratégique, auriez-vous un poste spécifique ?
Aïssata Tall Sall : Je l’espère ! Mais on ne peut pas le dire parce que ce sont les militants qui en décideront. Quelle est place que j’occuperai dans cette équipe ? C’est au sortir du congrès, lorsque les militants auront voté, que je saurai le poste que les militants m’auront réservé. Et comme il n’y a pas de poste déshonorant en politique où tous les postes se valent, celui de militant simple jusqu’à celui de Premier secrétaire, l’essentiel est que chacun se donne à fond là où les militants pensent qu’il peut exceller.
Wal Fadjri : Quand on parle de congrès au Parti socialiste, on pense généralement au congrès sans débat de 1996. Aujourd’hui, on voit que c’est Ousmane Tanor Dieng qui est le seul candidat pour diriger le parti. C’est Aminata Mbengue Ndiaye qui est la seule candidate à la direction du Mouvement des femmes socialistes. Deux postes essentiels du parti. Ne revient-on pas à ce congrès de 1996, c’est-à-dire sans débat ?
Aïssata Tall Sall : Je suis désolé ! D’abord ce congrès de 1996, faussement qualifié de sans débat, c’est une mauvaise querelle qu’on a faite au Parti socialiste. Parce que non seulement ce congrès s’est passé normalement, mais il y a eu des débats avec ceux qui l’ont qualifié de sans débat. C’est un congrès tout à fait démocratique qui s’est fait dans les règles de l’art. Mais en politique, il est très facile de galvauder comme cela des concepts, de jeter l’anathème sur les autres, surtout quand on pense qu’on lui a pris son poste. Cela est resté comme cela dans l’imaginaire populaire. Mais ce congrès n’a jamais été un congrès sans débat. C’est un rappel historique. Ensuite, pour ce congrès-là et pour tous les autres congrès à venir et même les congrès passés, qu’allons-nous faire ? C’est de légitimer encore nos responsables et de leur confier de nouveaux mandats. Mais est-ce que changement veut dire seulement changer d’hommes et de têtes ? Peut-être oui de façon physique, mais de façon intellectuelle, politique, ce n’est pas cela. Si Aminata Mbengue Ndiaye fait un travail remarquable et c’est ce qu’elle est en train de faire de 2000 à 2007, je ne vois pas les raisons pour lesquelles je devrais demander qu’on la change parce que tout simplement, je voudrais qu’une certaine Aïda Diop prenne sa place. En politique, on ne peut pas raisonner comme cela. Ce qui compte en politique, c’est le sens de l’engagement, c’est la combativité, l’intelligence, la persévérance, la fidélité à ses idées. Alors, tous ces socialistes qui, depuis 2000, sont restés dans des conditions difficiles, ont tous pour moi le même mérite et j’ai, pour eux, le même respect. Mais on ne change pas de responsables parce qu’il faut changer de têtes et donner l’impression de changement. Dans ce cas, ce n’est pas un changement, mais de la cosmétique. Je ne pense pas que la politique se réduise à de la cosmétique.
Wal Fadjri : A l’issue du congrès, on ne parlera que de président ou de Premier secrétaire. On ne sait pas encore l’expression que vous allez utiliser. Mais on sait que le président Abdou Diouf était président du Parti avant de démissionner. Est-ce qu’aujourd’hui, vous avez au moins sa caution morale pour ce congrès ?
Aïssata Tall Sall : Je ne peux pas répondre à la place du président Abdou Diouf. Mais que je sache, le président Diouf ne nous a jamais dit qu’il a quitté le Parti socialiste jusqu’au moment où je vous parle. Il s’est déchargé de sa fonction de président. Et quand est-ce qu’il l’a fait ? Il faut vous souvenir qu’il l’a fait au moment où il avait le mandat de la Francophonie. Donc il était dans une incompatibilité morale et éthique : il ne pouvait pas diriger la Francophonie et se recommander d’être le président d’un parti. Il a envoyé une lettre en bonne et due forme en tant que président du Parti socialiste. S’il devait démissionner en tant militant socialiste, connaissant Diouf, sa délicatesse, sa grande diplomatie, il aurait écrit à ses camarades pour leur dire qu’il quitte le Parti socialiste. Maintenant, qu’est-ce qu’on va changer dans la structuration du Parti socialiste ? Nous nous sommes demandé si nous allons continuer notre train-train quotidien comme nous avons marché et fonctionné jusqu’à maintenant, ce qui nous a valu, d’ailleurs peut-être, de perdre le pouvoir. Nous nous sommes dit qu’il faut, peut-être, changer. Nous avons dans le Parti socialiste une commission qui est chargée de réfléchir sur les structures du Ps. Cette commission est présidée par le Dr Daouda Sow. Elle fait un travail formidable. Elle a associé tout le monde à la réflexion sur quel type de parti, de façon structurelle, voulons-nous avoir. Vous aurez des surprises. Effectivement, l’exécutif du parti doit être confié à un seul homme pour éviter ce bicéphalisme de responsabilités partagées entre un président, un Premier secrétaire ou un secrétaire général. Nous avons pensé qu’il faut formaliser, intégrer et mettre dans un cadre homogène et efficient les nombreuses nouvelles structures qui nous ont rejoints après la défaite de 2000. Nous avons pensé, dans cette réflexion sur la structuration du Parti, le type de militant que nous voulons. Vous serez étonné de voir que nous avons mis en place une charte du militant socialiste en tirant les leçons de la transhumance. Tout cela, ce sont des innovations qui partent de notre expérience, de notre vécu depuis 2000. L’essentiel pour nous, c’est de mettre en place une structuration efficace qui pourra fonctionner sans anicroche.
Wal Fadjri : Parlons des assises nationales. La Cap 21 a lancé une contre-offensive. Cela ne vous inquiète-t-il pas ?
Aïssata Tall Sall : La contre-offensive de la Cap 21 est ridicule. Je pense que cela n’a pas pris quarante-huit heures. Pour autant que je me souvienne, en quittant Dakar, ils en étaient à solliciter un rendez-vous auprès l’archevêché qui a refusé de les recevoir. Nous n’avons pas imaginé ces Assises nationales parce que c’est de mode. Ce n’est pas venu du néant. On a réfléchi au sortir d’élections législatives calamiteuses où, jamais dans l’histoire politique électorale sénégalaise, une Assemblée nationale n’a autant été illégitime que celle que nous connaissons aujourd’hui. Nous nous sommes demandé ce qu’il faut faire. Le peuple a quand même envoyé un message retentissant à tous les politiques du Sénégal, pas seulement au président Wade. Si l’on ne se souciait pas des intérêts du pays, on aurait dit que ce message est destiné à Wade parce que c’est lui qui a organisé les élections. Nous avons pensé que le boycott que nous avons imaginé pour des raisons purement politiques s’est transformé en boycott social. Les Sénégalais ont sanctionné Abdoulaye Wade parce qu’ils sont fatigués, vaincus par la vie chère. Nous nous sommes dit qu’il faut retourner auprès des Sénégalais. Lorsque nous l’avons pensé, nous avons demandé à Wade d’ouvrir un dialogue politique sur des question politiques, électorales, mais aussi des questions sociales, institutionnelles. Mais il nous a fermé la porte. Alors que nous avons appris que le dialogue politique est l’une des mamelles de la démocratie. On ne peut pas dialoguer tout seul. Alors, nous avons pensé qu’il y a un acteur qui est dessus de Wade, c’est le peuple sénégalais parce que lui-même tire sa légitimité de ce peuple. Cette idée d’assises nationales prend non seulement forme, mais a pénétré la conscience des Sénégalais parce que des pans entiers de la vie économique, politique et sociale du pays ont répondu à cette idée d’assises nationales. Jamais, un interlocuteur n’a dit au Front Siggil Sénégal qu’il n’est pas intéressé par les Assises nationales. Ils nous ont tous écoutés. Certains ont donné des réponses claires, nettes et définitives. D’autres ont donné des réponses d’attente. Mais jamais, personne n’a dit que ces Assises nationale, c’est du bidon, du pipo. Aujourd’hui, on est dans une phase un peu plus poussée dans l’organisation parce qu’il est question de mettre en place les termes de référence pour aller à ses assises nationales et déboucher sur des conclusions qui, je l’espère, seront dans l’intérêt du Sénégal.
Wal Fadjri : Si la Cap 21 mène cette contre-offense c’est parce qu’elle vous soupçonne de vouloir déboulonner le président Wade. Vous n’êtes pas aux affaires, à quoi serviront ces assises nationales ?
Aïssata Tall Sall : Ces conclusions s’imposeront à Abdoulaye Wade. Je ne vois pas, dans un régime démocratique, un président fraîchement élu, dire à 80 % de ce peuple : ‘Ce que vous dites ne m’intéresse pas. Je ne le ferai pas’. Ce sera politique suicidaire pour le régime en place. La Cap 21 qui nous soupçonne d’activisme subversif, c’est des enfantillages. Un chroniqueur politique disait l’autre jour : ‘Vous imaginez Tanor Dieng se peindre en révolutionnaire qui va monter sur des barricades pour prendre d’assaut le palais de la République’. Il y a même des images qui sonnent ‘faux’ dans l’esprit et l’imaginaire des Sénégalais. En fait, c’est une Lapalissade parce que la Cap 21 a dos au mur. Elle se rend compte que ces assises nationales sont finalement une idée et une volonté partagées par les Sénégalais. Quand vous les écoutez au fond, certains vous disent : ‘On n’est pas tout à fait opposé à l’idée des assises nationales, mais on se rend compte que l’opposition ne nous a pas associés’. Mais nous les avons associés parce qu’on s’est adressé au chef de la Cap 21 qui est Abdoulaye Wade qui nous a fermé la porte. Il suffit qu’il l’ouvre pour que le dialogue s’instaure.
Wal Fadjri : Vous en êtes au niveau des termes de référence. Avez-vous un deadline pour ficeler cela et tenir les assises nationales ?
Aïssata Tall Sall : Bien sûr qu’on a un deadline. J’ai entendu le président Wade dire, l’autre jour, que nous n’avons pas de termes de référence. On nous a appris l’organisation et la méthode. On ne peut imaginer comme cela des termes références. C’est manquer de respect au peuple sénégalais. C’est ainsi que nous avons fait une sorte de brain-storming. Nous sommes allés voir tous les acteurs que les assises nationales intéressent pour parler avec eux. C’est après cela que nous allons élaborer les termes de référence. Ce travail n’est encore fini. Les leaders vont rencontrer les chefs de religieux. Ils ont été reçus à Touba. Ils le seront bientôt à Tivaouane. Nous sommes dans cette phase pré-opérationnelle. Une fois qu’on aura recueilli les sentiments, les idées, les objections de tout le monde, les termes de référence pourront, en ce moment, être définitivement arrêtés. Il y a une ébauche de termes de référence en discussion. Mais nous prendrons en compte ce que nos interlocuteurs nous diront pour enrichir ces termes de référence et donner la version définitive. Une fois que cela est fait, un calendrier sera arrêté.
Wal Fadjri : Il y a quatre jours, les bailleurs de fonds ont promis au Sénégal plus de 1 800 milliards de francs Cfa en prêt. Est-ce que ce n’est pas une marque de confiance à l’égard du pays malgré tout ce que l’opposition dit sur le régime de Wade ?
Aïssata Tall Sall : Quand les bailleurs de fonds donnent de l’argent, il y a deux significations possibles. Je ne dis pas que c’est l’une ou l’autre parce que je n’étais pas à ces discussions. La première signification, c’est qu’ils ont confiance ; la deuxième, c’est qu’ils sont en alerte. Quand le pays va mal et qu’ils sont en alerte, ils donnent aussi. Quand j’entends des membres de la délégation dire qu’on ne demandait que 1 600 milliards, on en a plus de 1 800, j’ai, plutôt, tendance à penser que c’est une situation d’alerte dans laquelle le Sénégal se trouve et c’est, peut-être, pour cela que les bailleurs sont allés au-delà des espérances de la délégation gouvernementale. Cela dit, les bailleurs de fonds de donnent pas de l’argent pour rien. Cet argent n’est pas un don, mais un prêt qui est une hypothèque sur nos têtes et sur celles de nos enfants. Ce qu’il faut souhaiter, c’est que cet argent soit utilisé pour les raisons de l’emprunt. Malheureusement, nous avons une expérience qui ne nous permet d’être rassurés par le gouvernement d’Abdoulaye Wade. La Banque mondiale doit veiller au respect des raisons et des causes des crédits. Et il faut aussi que les programmes soient exécutés à temps. Il ne sert à rien que des crédits votés en 2007 pour un programme qui s’exécute en 2008 et que pour encore des raisons électoralistes, que Wade veuille les exécuter seulement en 2012 pour avoir une bonne position de réélection pour lui ou pour quelqu’un d’autre.
Wal Fadjri : N’est-ce pas une bonne nouvelle cette masse financière ?
Aïssata Tall Sall : A priori, c’est une bonne nouvelle. Mais voyons ce qu’il y a derrière. On le saura bientôt.
Wal Fadjri : Vous parlez de 2012, mais avant, il y a 2008 avec les élections locales. Au niveau du front Siggil Sénégal, aucune décision n’a encore été prise. Le Parti socialiste pourrait-il participer à ces élections ?
Aïssata Tall Sall : La décision n’est pas définitivement tranchée. Elle reste ouverte. Mais si voulez, je ne vous donnerai pas la position du Parti socialiste parce que la question n’est encore tranchée, mais je vous donnerai la position de Me Aïssata Sall Tall. Je pense que les élections locales constituent un enjeu de pouvoir local. Chacun, dans sa localité, veut participer à la gestion, qui de sa cité quand c’est une commune, qui de sa communauté rurale, qui de son conseil régional. De mon point, on devrait laisser l’appréciation souveraine à nos militants de pouvoir compétir. Je donne l’exemple de Podor : on serait malheureux à Podor quand on nous dira qu’on laisse encore la mairie entre les mains des libéraux alors qu’on pense qu’elle pourrait être socialiste ou de l’opposition. C’est la vie quotidienne de tous les jours de tous les militants. Je crois donc que le dernier mot devra leur revenir. Sur ces questions-là, je pense qu’il n’appartient pas au pouvoir central des partis de décider pour les gens. Beaucoup plus que les autres questions, il revient à nos militants, dans chaque localité, de s’organiser et de dire en définitive voilà ce que nous pensons. Et là, on aura la bonne approche des choses.
Wal Fadjri : Quelle est la position de vos militants à Podor ?
Aïssata Tall Sall : On n’en a pas encore discuté, mais si j’en crois ce que j’entends, les gens veulent vraiment aller aux élections parce qu’il peuvent gagner.
Wal Fadjri : Mais le problème, c’est que vous avez critiqué le fichier électoral que vous avez décrié lors des élections présidentielles. Ce qui vous a empêché de participer aux élections législatives. Irez-vous aux élections avec le même fichier ?
Aïssata Tall Sall : Le fichier électoral local se maîtrise beaucoup plus qu’un fichier national. Si vous, Moustapha Barry, vous voulez venir voter à Podor alors que je sais que vous n’êtes pas de la ville, pensez-vous que je vais vous laisser venir voter ? C’est cela la différence. Pour les élections locales, on sera dans une échelle de contrôle du fichier électoral beaucoup plus facile, beaucoup plus vérifiable. Pour être électeur et éligible à Podor, il faut être de Podor et y résider. Sinon, vous êtes ni électeur ni éligible, même si vous êtes sur le fichier.
Wal Fadjri : En tant que responsable socialiste, quelle modalité de participation vous agrée. Chaque parti politique devrait-il aller individuellement aux élections ou bien faut-il y aller dans le cadre du Front Siggil Sénégal ?
Aïssata Tall Sall : Le Front Siggil Sénégal n’est pas un cadre électoral unitaire et même politique. C’est un cadre d’actions dans un but bien précis. Est-ce après, on le transformera en coalition électorale ou politique ? On appréciera, mais pour l’instant, ce n’est pas cela le Front Siggil Sénégal. Les élections, c’est en mai 2008. On verra comment les choses pourraient se passer, quelles vont être les circonstances du moment ? En ce moment, on appréciera, on décidera.
Wal Fadjri : Certains pensent qu’il faut transformer le Front en coalition électorale. Quelle est votre position ?
Aïssata Tall Sall : Pourquoi pas. De toutes les façons, ce qu’il y a dans le Font Siggil Sénégal, c’est un peu le Cpc de 2002 avec quelques variantes près, la Cpa de 2006-2007 à quelques variantes près. C’étaient aussi des coalitions politiques. La question ne rebute pas donc. Mais il faut y réfléchir, voir ce qui serait le mieux à faire. Nous avons une expérience de coalition électorale pour des élections locales : c’est le Cpc de 2002 qui a fait des ravages particulièrement chez Abdoulaye Wade. Alors mutatis mutandis, pourquoi en 2008 avec la même coalition.
Wal Fadjri : Vous n’êtes pas candidate au poste de Premier secrétaire, vous ne l’êtes pas non plus pour la direction du mouvement des femmes, le seriez-vous à la tête de la mairie de Podor ?
Aïssata Tall Sall : Les candidatures ne sont pas encore ouvertes et puis, les Podorois décideront. Vous savez, moi, je suis une grande démocrate. Cela ne sert à rien de dire que je suis candidate si les gens ne m’ont pas proposée à la candidature. En tout cas, à la mairie de Podor, on est discussion. On verra quel est le meilleur profil pour gagner. Si c’est moi, je l’assumerai ; si c’est quelqu’un d’autre, nous serons tous derrière lui. L’essentiel, c’est que la mairie soit, demeure et reste socialiste.
Propos recueillis par Moustapha BARRY
Source: walffadjri
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Wal Fadjri : Vous êtes à Paris depuis quelques jours à la rencontre de vos militants. Quel message leur apportez-vous ?
Aïssata Tall Sall : Le Parti socialiste est en période d’effervescence. Nous allons vers un important congrès, qui devait se tenir au mois de juillet, mais qui a été décalé jusqu’à la fin du mois d’octobre, précisément les 27 et 28. J’ai profité de ma venue à Paris pour rassembler les militants socialistes, pour savoir, d’abord, où ils en sont avec les préparatifs parce que nous attendons non seulement leur présence, mais surtout leur contribution dans la réflexion. Je vais aussi échanger avec eux et leur dire où nous en sommes dans la préparation du congrès au niveau du Sénégal, quel est le thème général, quelles sont les idées qui seront débattues durant ce congrès et ce que nous attendons d’eux. Je vais également échanger avec eux sur la situation nationale. Et cela est inévitable quand on vient voir des camarades qui ont des appréhensions sur comment les choses se passent dans leur pays. Mais tout le monde sait qu’au Sénégal, la situation n’est pas tellement rose. Ce n’est pas que je suis socialiste et que c’est ma couleur, mais c’est quelque chose d’accepté, de convenu. Nous allons discuter et échanger sur tout cela. Et cela sera un moment fort. Certainement qu’ils auront, eux aussi, des questions à me poser en tant que responsable socialiste et j’y répondrai évidemment.
Wal Fadjri : Allez-vous leur garantir qu’ils participeront effectivement au congrès ?
Aïssata Tall Sall : C’est une tradition ! Je dirai même que c’est une obligation. Depuis que le Parti socialiste existe, ses démembrements extérieurs ont pris une part importante dans la préparation du congrès et ont effectivement assisté au Congrès. Parfois même, des rencontres qui ne sont pas statutaires, mais qui sont d’une certaine envergure et d’une certaine importance, ont vu la participation des Sénégalais de l’extérieur. Je cite notamment le cas de nos universités d’été qui sont de grands moments d’ouverture du parti. Les Sénégalais de l’extérieur socialistes venaient assister, apporter leur contribution. A fortiori un congrès. Cela fait onze ans que nous n’avions pas tenu de congrès. Ce sera donc un grand moment d’actions, de réflexion du Parti socialiste. Et bien évidemment, ils y ont toute leur part et y seront représentés.
Wal Fadjri : Où en êtes-vous avec les préparatifs de ce congrès ?
Aïssata Tall Sall : On est assez avancé. Nous n’avons pas pu le tenir au mois de juillet parce que nous n’avions pas fini de renouveler nos instances. Cette fois-ci, c’est un travail qui est quasiment terminé. En tout cas, avant les 27 et 28 octobre, toutes les instances du Parti socialiste seront renouvelées : du comité à l’Union régionale, en passant par les mouvements et affiliés tels que le Mouvement national des femmes, les jeunesses socialistes, les travailleurs socialistes, la structure des cadres, la structure des universitaires. De nouveaux mandats seront confiés aux nouveaux responsables. Ce travail-là, on l’a fait. C’était très difficile parce que les renouvellements ne sont pas un exercice agréable pour des responsables de parti politique. Je dois dire que le Parti socialiste est un des rares, sinon le seul, à l’avoir fait. Le Pds s’y est essayé, mais a vite renoncé parce qu’à la place des débats d’idées, on a sorti des couteaux et des revolvers. C’est un travail de longue haleine où il faut beaucoup de diplomatie, beaucoup de doigté, beaucoup de tact, en même temps faire prévaloir le consensus, la transparence et la démocratie interne. C’est donc un long processus qui a commencé très longtemps. Certains ont commencé à renouveler déjà depuis 2001-2002. Aujourd’hui, nous sommes arrivés au bout de cet exercice à la fois délicat et difficile. En toute modestie, nous pouvons en être fier.
Wal Fadjri : Vous êtes un des caciques du Parti socialiste. Pouvons-nous nous attendre à ce que vous vous présentiez au poste de secrétaire général puisque les candidatures sont encore ouvertes ?
Aïssata Tall Sall : Je l’ai déjà dit à un de vos confrères que je ne suis pas candidat au poste de Premier secrétaire du Parti socialiste. Et j’avais donné mes raisons qui sont, pour moi, majeures et fondamentales. La première raison, c’est que depuis que nous sommes dans l’opposition en 2000, Ousmane Tanor Dieng a fait un travail de rassemblement dans le Parti socialiste qui, pour moi, est un travail extraordinaire. Et nous arrivons à un moment où nous avons besoin de beaucoup plus de cohésion, de beaucoup plus d’unité parce que notre objectif, c’est d’aller au pouvoir. On ne peut pas aller au pouvoir en multipliant les centres de décision, mais surtout en mettant en avant les ambitions personnelles. Jusque-là, il a fait un travail remarquable. Nous devons encore nous mobiliser derrière lui pour continuer ce travail, le faire aboutir et surtout le concrétiser. L’autre raison - vous dites que je suis un des caciques du Parti socialiste, j’en suis flattée, mais il n’y a pas si longtemps que j’ai pris ma carte du Parti socialiste, je m’y investis personnellement à fond - c’est que j’ai, sur le plan politique, quelque chose à prouver, surtout à apprendre, une certaine maturation à acquérir et quand ce sera le moment opportun, je m’y lancerai.
Wal Fadjri : Avec toute la promotion de la femme que l’on fait au Sénégal, n’est-il pas temps qu’une femme dirige un parti politique, notamment le Ps ?
Aïssata Tall Sall : Je suis d’accord avec vous et une femme arrivera à la tête des partis politiques sénégalais. Mais il faut qu’elle le fasse non pas parce qu’elle est femme, mais parce qu’elle aura démontré qu’elle a la capacité de le faire et d’être là. Manager un parti est quelque chose de très sérieux. Je ne voudrais pas, et je pèse mes mots, qu’une femme dirige un parti parce qu’elle est une femme. Je pense qu’elle desservira les femmes en ce moment-là. Elle doit diriger un parti d’abord parce qu’elle a la capacité de le faire. Il ne faut que les femmes croient que c’est un travail insurmontable qui ne leur est pas accessible. C’est un travail qui leur est accessible, mais qu’elles le fassent avec beaucoup d’engagement, de persévérance, de courage, d’intelligence, comme elles savent le faire lorsqu’elles veulent y arriver. Partout dans le monde, on a des exemples où les femmes non seulement sont à la tête de partis, mais à la tête de pays. Je disais hier à des camarades que je trouve la situation extraordinaire : comment cela se fait qu’aux Etats-Unis, quand on pense à un des plus grands présidentiables, c’est le nom de Mme Hillary Clinton qui vient à l’esprit de tout le monde ? Comment se fait-il, aujourd’hui, qu’en Birmanie, celle qui fait face à la dictature, à tous ces généraux, à tous ces chars, c’est une frêle femme, Mme Haouchine Chiky, qui a fait preuve d’endurance et de persévérance ? Comment cela se fait-il qu’en Ukraine, quand la démocratie est bloquée, c’est une femme, Mme Youlia Timonchenko, qui sert d’arbitre ? Pourquoi aujourd’hui au Pakistan, quand le président Musharaf a besoin de consolider son pouvoir, il fait rappeler Mme Benazir Bhutto que le pouvoir avait condamnée ? Ces femmes-là ont montré une grande capacité de résistance et de persévérance. Et croyez-moi, en politique, ce n’est pas une moindre qualité, au contraire, c’est un gros avantage.
Wal Fadjri : Il y a aussi, en Allemagne, Angela Merkel qui est à la tête du premier pays européen économiquement parlant. Aussi, il y en a des Angela Merkel, des Hillary Clinton en Afrique. Pourquoi cela tarde-t-il ?
Aïssata Tall Sall : Les problèmes de pouvoir, très souvent les gens l’oublient, ce n’est pas que de la mathématique. C’est un moment, une circonstance et un temps. C’est tout cela qui fait que vous arrivez au bon moment et que vous êtes l’homme qu’il faut - et quand je dis l’homme qu’il faut, je pense à la femme qu’il faut. C’est tout cela ensemble qui crée l’occurrence en politique. Mais croyez-moi, cela arrivera. Cependant, je ne voudrais pas que non plus que parce que toutes ces femmes exercent le pouvoir ailleurs, on se dise aussi que c’est l’heure des femmes au Sénégal. L’heure des femmes au Sénégal viendra et elle n’est pas si lointaine que cela. Quand une femme aura la compétence, la capacité, le courage et le message qu’il faut pour ce Sénégal, en ce moment-là, cela se décidera.
Wal Fadjri : Peut-on dire que si vous n’être pas candidate, c’est parce que vous ne voulez pas passer pour une rebelle ?
Aïssata Tall Sall : Pas pour une rebelle ! Je vous ai dit que sur le principe, je ne l’exclue pas. Pour moi, c’est une question d’analyse personnelle. J’analyse la situation, je vois ce qui est opportun à faire, ce qui est utile pour mon parti, pour mon pays, et si cela est aussi utile pour moi ? Voilà les trois questions que je me pose dans l’ordre des privilèges parce que quelque chose peut être utile pour moi sans l’être pour mon pays. Cela aurait servi à quoi ? A ma promotion personnelle ? Non, quand la chose sera à la fois utile pour le pays, pour le parti et pour Aïssata Tall Sall, ce sera le bon moment. Et croyez-moi, je le ferai.
Wal Fadjri : N’est-ce pas le bon moment ?
Aïssata Tall Sall : Objectivement, je ne crois pas encore. Mais cela viendra.
Wal Fadjri : Vous n’êtes pas candidate au poste de Premier secrétaire. Mais ne pouvez-vous pas vous présentez à la direction du Mouvement des femmes socialistes ?
Aïssata Tall Sall : Pour la direction des femmes, c’est doublement tard parce que, déjà il y a une femme qui occupe la place, qui fait un travail remarquable et qui a toute la confiance de toutes les femmes socialistes : c’est ma sœur Aminata Mbengue Ndiaye. Elle est la seule candidate à ce poste. On la reconduira, inch Allah. Voilà une raison qui explique que c’est tard. La deuxième raison, c’est que j’ai décidé de militer à Podor et je m’y suis investie à fond. Je considère qu’il y a un travail local important à faire dans toute cette partie du Sénégal. Comme en politique, je ne veux pas faire deux choses à la fois, je préfère m’investir à travailler à la base et on aura tous ces résultats ensemble au bénéfice du Parti socialiste : ce que fait Aminata Mbengue Ndiaye chez les femmes, ce que je ferai modestement dans mon département et ce que chacun fera chez lui permettront de créer une synergie pour le Parti socialiste.
Wal Fadjri : Mais vous n’allez pas vous contenter seulement des rôles de seconds couteaux…
Aïssata Tall Sall : C’est vous qui appelez cela rôle de seconds couteaux. Je suis très fière d’avoir la confiance des Podorois. C’est quelque chose d’extraordinaire pour moi. J’approfondis mon travail dans le Parti socialiste et le reste viendra. Il ne faut pas être pressé en politique.
Wal Fadjri : Donc vous n’êtes candidate à rien ?
Aïssata Tall Sall : Je suis candidate à quelque chose. Je suis candidate à travailler en équipe pour le bien du Parti socialiste. Et cette équipe est une équipe de management. C’est une nouvelle équipe que vous verrez et qui sera une équipe de rupture, qui travaillera pour le parti, avec la ferme volonté de le mettre au pouvoir.
Wal Fadjri : Dans cette équipe stratégique, auriez-vous un poste spécifique ?
Aïssata Tall Sall : Je l’espère ! Mais on ne peut pas le dire parce que ce sont les militants qui en décideront. Quelle est place que j’occuperai dans cette équipe ? C’est au sortir du congrès, lorsque les militants auront voté, que je saurai le poste que les militants m’auront réservé. Et comme il n’y a pas de poste déshonorant en politique où tous les postes se valent, celui de militant simple jusqu’à celui de Premier secrétaire, l’essentiel est que chacun se donne à fond là où les militants pensent qu’il peut exceller.
Wal Fadjri : Quand on parle de congrès au Parti socialiste, on pense généralement au congrès sans débat de 1996. Aujourd’hui, on voit que c’est Ousmane Tanor Dieng qui est le seul candidat pour diriger le parti. C’est Aminata Mbengue Ndiaye qui est la seule candidate à la direction du Mouvement des femmes socialistes. Deux postes essentiels du parti. Ne revient-on pas à ce congrès de 1996, c’est-à-dire sans débat ?
Aïssata Tall Sall : Je suis désolé ! D’abord ce congrès de 1996, faussement qualifié de sans débat, c’est une mauvaise querelle qu’on a faite au Parti socialiste. Parce que non seulement ce congrès s’est passé normalement, mais il y a eu des débats avec ceux qui l’ont qualifié de sans débat. C’est un congrès tout à fait démocratique qui s’est fait dans les règles de l’art. Mais en politique, il est très facile de galvauder comme cela des concepts, de jeter l’anathème sur les autres, surtout quand on pense qu’on lui a pris son poste. Cela est resté comme cela dans l’imaginaire populaire. Mais ce congrès n’a jamais été un congrès sans débat. C’est un rappel historique. Ensuite, pour ce congrès-là et pour tous les autres congrès à venir et même les congrès passés, qu’allons-nous faire ? C’est de légitimer encore nos responsables et de leur confier de nouveaux mandats. Mais est-ce que changement veut dire seulement changer d’hommes et de têtes ? Peut-être oui de façon physique, mais de façon intellectuelle, politique, ce n’est pas cela. Si Aminata Mbengue Ndiaye fait un travail remarquable et c’est ce qu’elle est en train de faire de 2000 à 2007, je ne vois pas les raisons pour lesquelles je devrais demander qu’on la change parce que tout simplement, je voudrais qu’une certaine Aïda Diop prenne sa place. En politique, on ne peut pas raisonner comme cela. Ce qui compte en politique, c’est le sens de l’engagement, c’est la combativité, l’intelligence, la persévérance, la fidélité à ses idées. Alors, tous ces socialistes qui, depuis 2000, sont restés dans des conditions difficiles, ont tous pour moi le même mérite et j’ai, pour eux, le même respect. Mais on ne change pas de responsables parce qu’il faut changer de têtes et donner l’impression de changement. Dans ce cas, ce n’est pas un changement, mais de la cosmétique. Je ne pense pas que la politique se réduise à de la cosmétique.
Wal Fadjri : A l’issue du congrès, on ne parlera que de président ou de Premier secrétaire. On ne sait pas encore l’expression que vous allez utiliser. Mais on sait que le président Abdou Diouf était président du Parti avant de démissionner. Est-ce qu’aujourd’hui, vous avez au moins sa caution morale pour ce congrès ?
Aïssata Tall Sall : Je ne peux pas répondre à la place du président Abdou Diouf. Mais que je sache, le président Diouf ne nous a jamais dit qu’il a quitté le Parti socialiste jusqu’au moment où je vous parle. Il s’est déchargé de sa fonction de président. Et quand est-ce qu’il l’a fait ? Il faut vous souvenir qu’il l’a fait au moment où il avait le mandat de la Francophonie. Donc il était dans une incompatibilité morale et éthique : il ne pouvait pas diriger la Francophonie et se recommander d’être le président d’un parti. Il a envoyé une lettre en bonne et due forme en tant que président du Parti socialiste. S’il devait démissionner en tant militant socialiste, connaissant Diouf, sa délicatesse, sa grande diplomatie, il aurait écrit à ses camarades pour leur dire qu’il quitte le Parti socialiste. Maintenant, qu’est-ce qu’on va changer dans la structuration du Parti socialiste ? Nous nous sommes demandé si nous allons continuer notre train-train quotidien comme nous avons marché et fonctionné jusqu’à maintenant, ce qui nous a valu, d’ailleurs peut-être, de perdre le pouvoir. Nous nous sommes dit qu’il faut, peut-être, changer. Nous avons dans le Parti socialiste une commission qui est chargée de réfléchir sur les structures du Ps. Cette commission est présidée par le Dr Daouda Sow. Elle fait un travail formidable. Elle a associé tout le monde à la réflexion sur quel type de parti, de façon structurelle, voulons-nous avoir. Vous aurez des surprises. Effectivement, l’exécutif du parti doit être confié à un seul homme pour éviter ce bicéphalisme de responsabilités partagées entre un président, un Premier secrétaire ou un secrétaire général. Nous avons pensé qu’il faut formaliser, intégrer et mettre dans un cadre homogène et efficient les nombreuses nouvelles structures qui nous ont rejoints après la défaite de 2000. Nous avons pensé, dans cette réflexion sur la structuration du Parti, le type de militant que nous voulons. Vous serez étonné de voir que nous avons mis en place une charte du militant socialiste en tirant les leçons de la transhumance. Tout cela, ce sont des innovations qui partent de notre expérience, de notre vécu depuis 2000. L’essentiel pour nous, c’est de mettre en place une structuration efficace qui pourra fonctionner sans anicroche.
Wal Fadjri : Parlons des assises nationales. La Cap 21 a lancé une contre-offensive. Cela ne vous inquiète-t-il pas ?
Aïssata Tall Sall : La contre-offensive de la Cap 21 est ridicule. Je pense que cela n’a pas pris quarante-huit heures. Pour autant que je me souvienne, en quittant Dakar, ils en étaient à solliciter un rendez-vous auprès l’archevêché qui a refusé de les recevoir. Nous n’avons pas imaginé ces Assises nationales parce que c’est de mode. Ce n’est pas venu du néant. On a réfléchi au sortir d’élections législatives calamiteuses où, jamais dans l’histoire politique électorale sénégalaise, une Assemblée nationale n’a autant été illégitime que celle que nous connaissons aujourd’hui. Nous nous sommes demandé ce qu’il faut faire. Le peuple a quand même envoyé un message retentissant à tous les politiques du Sénégal, pas seulement au président Wade. Si l’on ne se souciait pas des intérêts du pays, on aurait dit que ce message est destiné à Wade parce que c’est lui qui a organisé les élections. Nous avons pensé que le boycott que nous avons imaginé pour des raisons purement politiques s’est transformé en boycott social. Les Sénégalais ont sanctionné Abdoulaye Wade parce qu’ils sont fatigués, vaincus par la vie chère. Nous nous sommes dit qu’il faut retourner auprès des Sénégalais. Lorsque nous l’avons pensé, nous avons demandé à Wade d’ouvrir un dialogue politique sur des question politiques, électorales, mais aussi des questions sociales, institutionnelles. Mais il nous a fermé la porte. Alors que nous avons appris que le dialogue politique est l’une des mamelles de la démocratie. On ne peut pas dialoguer tout seul. Alors, nous avons pensé qu’il y a un acteur qui est dessus de Wade, c’est le peuple sénégalais parce que lui-même tire sa légitimité de ce peuple. Cette idée d’assises nationales prend non seulement forme, mais a pénétré la conscience des Sénégalais parce que des pans entiers de la vie économique, politique et sociale du pays ont répondu à cette idée d’assises nationales. Jamais, un interlocuteur n’a dit au Front Siggil Sénégal qu’il n’est pas intéressé par les Assises nationales. Ils nous ont tous écoutés. Certains ont donné des réponses claires, nettes et définitives. D’autres ont donné des réponses d’attente. Mais jamais, personne n’a dit que ces Assises nationale, c’est du bidon, du pipo. Aujourd’hui, on est dans une phase un peu plus poussée dans l’organisation parce qu’il est question de mettre en place les termes de référence pour aller à ses assises nationales et déboucher sur des conclusions qui, je l’espère, seront dans l’intérêt du Sénégal.
Wal Fadjri : Si la Cap 21 mène cette contre-offense c’est parce qu’elle vous soupçonne de vouloir déboulonner le président Wade. Vous n’êtes pas aux affaires, à quoi serviront ces assises nationales ?
Aïssata Tall Sall : Ces conclusions s’imposeront à Abdoulaye Wade. Je ne vois pas, dans un régime démocratique, un président fraîchement élu, dire à 80 % de ce peuple : ‘Ce que vous dites ne m’intéresse pas. Je ne le ferai pas’. Ce sera politique suicidaire pour le régime en place. La Cap 21 qui nous soupçonne d’activisme subversif, c’est des enfantillages. Un chroniqueur politique disait l’autre jour : ‘Vous imaginez Tanor Dieng se peindre en révolutionnaire qui va monter sur des barricades pour prendre d’assaut le palais de la République’. Il y a même des images qui sonnent ‘faux’ dans l’esprit et l’imaginaire des Sénégalais. En fait, c’est une Lapalissade parce que la Cap 21 a dos au mur. Elle se rend compte que ces assises nationales sont finalement une idée et une volonté partagées par les Sénégalais. Quand vous les écoutez au fond, certains vous disent : ‘On n’est pas tout à fait opposé à l’idée des assises nationales, mais on se rend compte que l’opposition ne nous a pas associés’. Mais nous les avons associés parce qu’on s’est adressé au chef de la Cap 21 qui est Abdoulaye Wade qui nous a fermé la porte. Il suffit qu’il l’ouvre pour que le dialogue s’instaure.
Wal Fadjri : Vous en êtes au niveau des termes de référence. Avez-vous un deadline pour ficeler cela et tenir les assises nationales ?
Aïssata Tall Sall : Bien sûr qu’on a un deadline. J’ai entendu le président Wade dire, l’autre jour, que nous n’avons pas de termes de référence. On nous a appris l’organisation et la méthode. On ne peut imaginer comme cela des termes références. C’est manquer de respect au peuple sénégalais. C’est ainsi que nous avons fait une sorte de brain-storming. Nous sommes allés voir tous les acteurs que les assises nationales intéressent pour parler avec eux. C’est après cela que nous allons élaborer les termes de référence. Ce travail n’est encore fini. Les leaders vont rencontrer les chefs de religieux. Ils ont été reçus à Touba. Ils le seront bientôt à Tivaouane. Nous sommes dans cette phase pré-opérationnelle. Une fois qu’on aura recueilli les sentiments, les idées, les objections de tout le monde, les termes de référence pourront, en ce moment, être définitivement arrêtés. Il y a une ébauche de termes de référence en discussion. Mais nous prendrons en compte ce que nos interlocuteurs nous diront pour enrichir ces termes de référence et donner la version définitive. Une fois que cela est fait, un calendrier sera arrêté.
Wal Fadjri : Il y a quatre jours, les bailleurs de fonds ont promis au Sénégal plus de 1 800 milliards de francs Cfa en prêt. Est-ce que ce n’est pas une marque de confiance à l’égard du pays malgré tout ce que l’opposition dit sur le régime de Wade ?
Aïssata Tall Sall : Quand les bailleurs de fonds donnent de l’argent, il y a deux significations possibles. Je ne dis pas que c’est l’une ou l’autre parce que je n’étais pas à ces discussions. La première signification, c’est qu’ils ont confiance ; la deuxième, c’est qu’ils sont en alerte. Quand le pays va mal et qu’ils sont en alerte, ils donnent aussi. Quand j’entends des membres de la délégation dire qu’on ne demandait que 1 600 milliards, on en a plus de 1 800, j’ai, plutôt, tendance à penser que c’est une situation d’alerte dans laquelle le Sénégal se trouve et c’est, peut-être, pour cela que les bailleurs sont allés au-delà des espérances de la délégation gouvernementale. Cela dit, les bailleurs de fonds de donnent pas de l’argent pour rien. Cet argent n’est pas un don, mais un prêt qui est une hypothèque sur nos têtes et sur celles de nos enfants. Ce qu’il faut souhaiter, c’est que cet argent soit utilisé pour les raisons de l’emprunt. Malheureusement, nous avons une expérience qui ne nous permet d’être rassurés par le gouvernement d’Abdoulaye Wade. La Banque mondiale doit veiller au respect des raisons et des causes des crédits. Et il faut aussi que les programmes soient exécutés à temps. Il ne sert à rien que des crédits votés en 2007 pour un programme qui s’exécute en 2008 et que pour encore des raisons électoralistes, que Wade veuille les exécuter seulement en 2012 pour avoir une bonne position de réélection pour lui ou pour quelqu’un d’autre.
Wal Fadjri : N’est-ce pas une bonne nouvelle cette masse financière ?
Aïssata Tall Sall : A priori, c’est une bonne nouvelle. Mais voyons ce qu’il y a derrière. On le saura bientôt.
Wal Fadjri : Vous parlez de 2012, mais avant, il y a 2008 avec les élections locales. Au niveau du front Siggil Sénégal, aucune décision n’a encore été prise. Le Parti socialiste pourrait-il participer à ces élections ?
Aïssata Tall Sall : La décision n’est pas définitivement tranchée. Elle reste ouverte. Mais si voulez, je ne vous donnerai pas la position du Parti socialiste parce que la question n’est encore tranchée, mais je vous donnerai la position de Me Aïssata Sall Tall. Je pense que les élections locales constituent un enjeu de pouvoir local. Chacun, dans sa localité, veut participer à la gestion, qui de sa cité quand c’est une commune, qui de sa communauté rurale, qui de son conseil régional. De mon point, on devrait laisser l’appréciation souveraine à nos militants de pouvoir compétir. Je donne l’exemple de Podor : on serait malheureux à Podor quand on nous dira qu’on laisse encore la mairie entre les mains des libéraux alors qu’on pense qu’elle pourrait être socialiste ou de l’opposition. C’est la vie quotidienne de tous les jours de tous les militants. Je crois donc que le dernier mot devra leur revenir. Sur ces questions-là, je pense qu’il n’appartient pas au pouvoir central des partis de décider pour les gens. Beaucoup plus que les autres questions, il revient à nos militants, dans chaque localité, de s’organiser et de dire en définitive voilà ce que nous pensons. Et là, on aura la bonne approche des choses.
Wal Fadjri : Quelle est la position de vos militants à Podor ?
Aïssata Tall Sall : On n’en a pas encore discuté, mais si j’en crois ce que j’entends, les gens veulent vraiment aller aux élections parce qu’il peuvent gagner.
Wal Fadjri : Mais le problème, c’est que vous avez critiqué le fichier électoral que vous avez décrié lors des élections présidentielles. Ce qui vous a empêché de participer aux élections législatives. Irez-vous aux élections avec le même fichier ?
Aïssata Tall Sall : Le fichier électoral local se maîtrise beaucoup plus qu’un fichier national. Si vous, Moustapha Barry, vous voulez venir voter à Podor alors que je sais que vous n’êtes pas de la ville, pensez-vous que je vais vous laisser venir voter ? C’est cela la différence. Pour les élections locales, on sera dans une échelle de contrôle du fichier électoral beaucoup plus facile, beaucoup plus vérifiable. Pour être électeur et éligible à Podor, il faut être de Podor et y résider. Sinon, vous êtes ni électeur ni éligible, même si vous êtes sur le fichier.
Wal Fadjri : En tant que responsable socialiste, quelle modalité de participation vous agrée. Chaque parti politique devrait-il aller individuellement aux élections ou bien faut-il y aller dans le cadre du Front Siggil Sénégal ?
Aïssata Tall Sall : Le Front Siggil Sénégal n’est pas un cadre électoral unitaire et même politique. C’est un cadre d’actions dans un but bien précis. Est-ce après, on le transformera en coalition électorale ou politique ? On appréciera, mais pour l’instant, ce n’est pas cela le Front Siggil Sénégal. Les élections, c’est en mai 2008. On verra comment les choses pourraient se passer, quelles vont être les circonstances du moment ? En ce moment, on appréciera, on décidera.
Wal Fadjri : Certains pensent qu’il faut transformer le Front en coalition électorale. Quelle est votre position ?
Aïssata Tall Sall : Pourquoi pas. De toutes les façons, ce qu’il y a dans le Font Siggil Sénégal, c’est un peu le Cpc de 2002 avec quelques variantes près, la Cpa de 2006-2007 à quelques variantes près. C’étaient aussi des coalitions politiques. La question ne rebute pas donc. Mais il faut y réfléchir, voir ce qui serait le mieux à faire. Nous avons une expérience de coalition électorale pour des élections locales : c’est le Cpc de 2002 qui a fait des ravages particulièrement chez Abdoulaye Wade. Alors mutatis mutandis, pourquoi en 2008 avec la même coalition.
Wal Fadjri : Vous n’êtes pas candidate au poste de Premier secrétaire, vous ne l’êtes pas non plus pour la direction du mouvement des femmes, le seriez-vous à la tête de la mairie de Podor ?
Aïssata Tall Sall : Les candidatures ne sont pas encore ouvertes et puis, les Podorois décideront. Vous savez, moi, je suis une grande démocrate. Cela ne sert à rien de dire que je suis candidate si les gens ne m’ont pas proposée à la candidature. En tout cas, à la mairie de Podor, on est discussion. On verra quel est le meilleur profil pour gagner. Si c’est moi, je l’assumerai ; si c’est quelqu’un d’autre, nous serons tous derrière lui. L’essentiel, c’est que la mairie soit, demeure et reste socialiste.
Propos recueillis par Moustapha BARRY
Source: walffadjri
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