« Selon les informations reçues des commissions administratives, chez les personnels des forces armées et de sécurité, il y’a encore des cas d’indemnisation non élucidés qui sont à l’étude. Concernant les fonctionnaires et agents victimes des évènements de 1989 recensés en janvier 2010 et les victimes civiles de 1986, les cas étudiés sont encore suspendus au niveau de la fonction publique attendant des consignes pour la liquidation »
M.K.: Au lieu de Collectif, l’organisation s’appelle Coordination des Victimes de la Répression depuis le 17 mars dernier. Cette coordination est présidée par Kane Mamadou El Housseïnou en qui les victimes ont placé leur confiance à l’issue de l’élection d’un nouveau bureau le 18 février passé. A la veille de la célébration de la journée de réconciliation le 25 mars, l’ambiance reste électrique au sein des victimes membres de la coordination. Raison pour laquelle nous l’avons rencontré pour évoquer cette tourmente ainsi que d’autres questions sur le sujet. Sans détour, M. Kane qui maîtrise bien le dossier, a répondu à toutes nos questions pour éclairer l’opinion sur la situation du passif humanitaire.
L’élection d’un nouveau bureau du Collectif des Victimes de la Répression a installé un malaise en son sein. Franchement quel est le problème de fonds ?
M.K. : Le bureau sortant est élu le 30 Mai 2007. Il a fait deux mandats successifs sans renouvellement. Depuis que certains membres du bureau ont demandé l’inscription du point de renouvellement du bureau en Mai 2011, le Président sortant appuyé par les dissidents qui l’entourent aujourd’hui, en ont fait un blocage. Les prétextes avancés par ces derniers, étaient la finalisation du rapport d’activités, dont la rédaction a duré huit mois (Mai 2011-Janvier 2012). A la présentation de ce rapport, des questions essentielles sur le processus de règlement du passif humanitaire n’ont pas pu trouver des réponses convaincantes et satisfaisantes. Parmi ces questions nous pouvons souligner :
La portée ou l’existence de cet accord cadre signé le 24 Mars 2009 à la Présidence entre le COVIRE/la commission du passif humanitaire de l’Etat/ et les oulémas. Il n’a été porté à la connaissance des membres du bureau sortant et de la commission qui était chargée de l’élaboration du rapport d’activités, qu’un document intitulé « rapport de synthèse des oulémas », soit disant, que, c’est ce document qui constitue l’accord cadre ?
M.K. : La responsabilité du protocole signé par les veuves et ayant droits à la perception de leurs allocations financières, indiquant le retrait de toutes les plaintes devant les juridictions nationales et internationales et de tout mandat des plaignants aux ONG des droits humains. Cette allocation est de deux millions ouguiya pour les martyrs officiers, un million huit cent mille ouguiya pour les martyrs sous officiers, d’un million six cent mille ouguiya pour les martyrs hommes de troupe. Cette allocation que les membres de la commission de COVIRE du passif humanitaire, disaient être une aide sociale, mais que les autorités en charge des droits de l’homme affirmaient à chaque occasion des séminaires ou fora, être, le règlement juste, équitable et définitif du passif humanitaire. L’inexistence d’un rapport financier pour toutes les activités menées. Le niveau d’implication de la commission du passif humanitaire de COVIRE dans ce processus de règlement. Ces questions, parmi d’autres allégations de gestion non transparente du passif humanitaire, constituent la trame de fond des malaises qui ont secoué ce renouvellement du bureau.
Vous venez récemment de publier une déclaration demandant le remplacement du chef d’Etat Major particulier du chef de l’Etat chargé du dossier du passif humanitaire. Que lui reprochez-vous ?
M.K.: Nous lui reprochons sa partialité par rapport au changement du bureau de COVIRE. Colonel Dia a reçu chez lui, le Président du bureau sortant, Sy Abou Bocar, voulant l’imposer comme interlocuteur incontournable pour le traitement de ce dossier. En plus la recherche des solutions traine en durée, manque de concertation et de participation avec les victimes. Les engagements que Colonel Dia avait pris lors de ses voyages de sensibilisation dans la vallée avec le COVIRE, notamment disant de ne se référer qu’aux propositions des victimes, n’ont jamais été respectés.
Finalement on est amené à penser que la résolution du passif humanitaire n’est pas la vraie raison d’être de Covire. Au point que les observateurs s’interrogent sur la motivation des uns et des autres qui s’étripent sur la question. Qu’en pensez-vous ?
M.K.: Pas du tout ! La raison d’être de COVIRE est bien la recherche de solution pour le passif humanitaire. Maintenant, il faut dire que COVIRE a été monopolisée, utilisée par un groupe cupide, sans vision prospective qui l’a dévoyé de sa mission fondamentale. La recherche de marchés publics, de financement d’activités singulières, étaient les seules motivations du groupe choc du bureau sortant.
D’aucuns pensent que la question du passif humanitaire est devenue un fonds de commerce politique que chaque camp utilise au nom de ses intérêts au sein de l’organisation. Qu’en dites-vous ?
M.K.: Ce n’est pas totalement faux, comme je l’ai indiqué dans la réponse précédente. Nous avons assisté à des scènes inacceptables pour une organisation des droits de l’homme, où le siège de COVIRE était transformé en siège de campagne Présidentielle, puis en centre d’inscription pour le montage des comités d’UPR. Certaines victimes ne pouvant pas distinguer les activités politiques, sous le sceau de COVIRE, menées par les dirigeants pour leurs intérêts propres, ont suscité des dissensions jusqu’à l’éclatement des collectifs constitutifs. Ces situations de dualité entre les actions politiques et celles de défense des droits humains, devenaient tellement confuses, que toutes les divergences de vision et de stratégies, s’interprétaient en termes de clans politiques.
J’ai toujours défendu, l’indépendance de l’action de défense des intérêts des victimes, en dehors de toute obédience politique, et le refus de l’inféodation des collectifs à une option politique quelle qu’elle soit, surtout durant les campagnes présidentielles marquées par les communiqués de soutien à des candidats.
La division de Covire ne profite t-elle pas au pouvoir, en ce sens qu’il aura les coudées franches pour manœuvrer habilement en vue de solder les réparations et préjudices subits par les victimes ?
M.K. : Il est bien possible que l’Etat puisse profiter de nos divergences et jouer sur les sensibilités. Mais je pense dans tous les cas, les lignes seront clarifiées. Nous saurons qui pense quoi, et fait quoi ?
Où en êtes-vous avec ce dossier des indemnisations ?
M.K. : Selon les informations reçues des commissions administratives, chez les personnels des forces armées et de sécurité il y’a encore des cas non élucidés qui sont à l’étude. Concernant les fonctionnaires et agents victimes des évènements de 1989 recensés en janvier 2010 et les victimes civiles de 1986, les cas étudiés sont encore suspendus au niveau de la fonction publique attendant des consignes pour la liquidation. Je n’ai pas reçu de date pour la liquidation de ces indemnisations.
Bientôt la journée de la réconciliation le 25 mars à venir. Il ne fait pas de doute qu’elle intervient à un moment où Covire est dans la tourmente. Comment comptez-vous célébrer cette journée ?
M.K. : Je dis que le nouveau bureau de COVIRE ne sera pas absent à cette journée. Nous sommes en concertation avec le bureau national des déportés rapatriés dans le cadre du retour organisé de l’accord tripartite Mauritanie-HCR- Sénégal. Nous prendrons la décision la mieux conforme à nos intérêts le jour j.
Plusieurs organisations de défense des droits humains dont Covire n’ont pas été à la marche de l’opposition le 13 mars passé, pourquoi ?
M.K. : La COVIRE (pour information depuis le Samedi 17 Mars nous avons transformé le collectif en Coordination des Organisations des Victimes de la Répression) a publié une déclaration à l’occasion de cette marche de la COD pour dénoncer le statut que cette opposition est en train de donner à l’ex Président –directeur de sureté du régime de Taya , Ely Ould Mohamed Vall.
Nous nous posons des questions de savoir est ce que cette opposition ne peut trouver de challenger au Président Mohamed Ould Abdel Aziz que Ely, qui a présidé le CMJD dix neuf mois, refusant formellement d’aborder les questions essentielles de violation des droits humains , de surcroit cité dans la liste des tortionnaires de 90/91, qui se retrouve être aujourd’hui l’officier le plus fortuné de ce pays, ayant bénéficié largement de cette mauvaise gouvernance du régime exceptionnel de Maouya Ould Sid’Ahmed Taya.
Donc pour cette raison, en plus de la vocation de la société civile de veille et du contrôle de l’action publique, et de l’indépendance vis-à-vis de la politique électoraliste, la COVIRE ne pouvait participer à cette marche.
Propos recueillis par Moussa Diop
Source: Quotidien Nouakchott
M.K.: Au lieu de Collectif, l’organisation s’appelle Coordination des Victimes de la Répression depuis le 17 mars dernier. Cette coordination est présidée par Kane Mamadou El Housseïnou en qui les victimes ont placé leur confiance à l’issue de l’élection d’un nouveau bureau le 18 février passé. A la veille de la célébration de la journée de réconciliation le 25 mars, l’ambiance reste électrique au sein des victimes membres de la coordination. Raison pour laquelle nous l’avons rencontré pour évoquer cette tourmente ainsi que d’autres questions sur le sujet. Sans détour, M. Kane qui maîtrise bien le dossier, a répondu à toutes nos questions pour éclairer l’opinion sur la situation du passif humanitaire.
L’élection d’un nouveau bureau du Collectif des Victimes de la Répression a installé un malaise en son sein. Franchement quel est le problème de fonds ?
M.K. : Le bureau sortant est élu le 30 Mai 2007. Il a fait deux mandats successifs sans renouvellement. Depuis que certains membres du bureau ont demandé l’inscription du point de renouvellement du bureau en Mai 2011, le Président sortant appuyé par les dissidents qui l’entourent aujourd’hui, en ont fait un blocage. Les prétextes avancés par ces derniers, étaient la finalisation du rapport d’activités, dont la rédaction a duré huit mois (Mai 2011-Janvier 2012). A la présentation de ce rapport, des questions essentielles sur le processus de règlement du passif humanitaire n’ont pas pu trouver des réponses convaincantes et satisfaisantes. Parmi ces questions nous pouvons souligner :
La portée ou l’existence de cet accord cadre signé le 24 Mars 2009 à la Présidence entre le COVIRE/la commission du passif humanitaire de l’Etat/ et les oulémas. Il n’a été porté à la connaissance des membres du bureau sortant et de la commission qui était chargée de l’élaboration du rapport d’activités, qu’un document intitulé « rapport de synthèse des oulémas », soit disant, que, c’est ce document qui constitue l’accord cadre ?
M.K. : La responsabilité du protocole signé par les veuves et ayant droits à la perception de leurs allocations financières, indiquant le retrait de toutes les plaintes devant les juridictions nationales et internationales et de tout mandat des plaignants aux ONG des droits humains. Cette allocation est de deux millions ouguiya pour les martyrs officiers, un million huit cent mille ouguiya pour les martyrs sous officiers, d’un million six cent mille ouguiya pour les martyrs hommes de troupe. Cette allocation que les membres de la commission de COVIRE du passif humanitaire, disaient être une aide sociale, mais que les autorités en charge des droits de l’homme affirmaient à chaque occasion des séminaires ou fora, être, le règlement juste, équitable et définitif du passif humanitaire. L’inexistence d’un rapport financier pour toutes les activités menées. Le niveau d’implication de la commission du passif humanitaire de COVIRE dans ce processus de règlement. Ces questions, parmi d’autres allégations de gestion non transparente du passif humanitaire, constituent la trame de fond des malaises qui ont secoué ce renouvellement du bureau.
Vous venez récemment de publier une déclaration demandant le remplacement du chef d’Etat Major particulier du chef de l’Etat chargé du dossier du passif humanitaire. Que lui reprochez-vous ?
M.K.: Nous lui reprochons sa partialité par rapport au changement du bureau de COVIRE. Colonel Dia a reçu chez lui, le Président du bureau sortant, Sy Abou Bocar, voulant l’imposer comme interlocuteur incontournable pour le traitement de ce dossier. En plus la recherche des solutions traine en durée, manque de concertation et de participation avec les victimes. Les engagements que Colonel Dia avait pris lors de ses voyages de sensibilisation dans la vallée avec le COVIRE, notamment disant de ne se référer qu’aux propositions des victimes, n’ont jamais été respectés.
Finalement on est amené à penser que la résolution du passif humanitaire n’est pas la vraie raison d’être de Covire. Au point que les observateurs s’interrogent sur la motivation des uns et des autres qui s’étripent sur la question. Qu’en pensez-vous ?
M.K.: Pas du tout ! La raison d’être de COVIRE est bien la recherche de solution pour le passif humanitaire. Maintenant, il faut dire que COVIRE a été monopolisée, utilisée par un groupe cupide, sans vision prospective qui l’a dévoyé de sa mission fondamentale. La recherche de marchés publics, de financement d’activités singulières, étaient les seules motivations du groupe choc du bureau sortant.
D’aucuns pensent que la question du passif humanitaire est devenue un fonds de commerce politique que chaque camp utilise au nom de ses intérêts au sein de l’organisation. Qu’en dites-vous ?
M.K.: Ce n’est pas totalement faux, comme je l’ai indiqué dans la réponse précédente. Nous avons assisté à des scènes inacceptables pour une organisation des droits de l’homme, où le siège de COVIRE était transformé en siège de campagne Présidentielle, puis en centre d’inscription pour le montage des comités d’UPR. Certaines victimes ne pouvant pas distinguer les activités politiques, sous le sceau de COVIRE, menées par les dirigeants pour leurs intérêts propres, ont suscité des dissensions jusqu’à l’éclatement des collectifs constitutifs. Ces situations de dualité entre les actions politiques et celles de défense des droits humains, devenaient tellement confuses, que toutes les divergences de vision et de stratégies, s’interprétaient en termes de clans politiques.
J’ai toujours défendu, l’indépendance de l’action de défense des intérêts des victimes, en dehors de toute obédience politique, et le refus de l’inféodation des collectifs à une option politique quelle qu’elle soit, surtout durant les campagnes présidentielles marquées par les communiqués de soutien à des candidats.
La division de Covire ne profite t-elle pas au pouvoir, en ce sens qu’il aura les coudées franches pour manœuvrer habilement en vue de solder les réparations et préjudices subits par les victimes ?
M.K. : Il est bien possible que l’Etat puisse profiter de nos divergences et jouer sur les sensibilités. Mais je pense dans tous les cas, les lignes seront clarifiées. Nous saurons qui pense quoi, et fait quoi ?
Où en êtes-vous avec ce dossier des indemnisations ?
M.K. : Selon les informations reçues des commissions administratives, chez les personnels des forces armées et de sécurité il y’a encore des cas non élucidés qui sont à l’étude. Concernant les fonctionnaires et agents victimes des évènements de 1989 recensés en janvier 2010 et les victimes civiles de 1986, les cas étudiés sont encore suspendus au niveau de la fonction publique attendant des consignes pour la liquidation. Je n’ai pas reçu de date pour la liquidation de ces indemnisations.
Bientôt la journée de la réconciliation le 25 mars à venir. Il ne fait pas de doute qu’elle intervient à un moment où Covire est dans la tourmente. Comment comptez-vous célébrer cette journée ?
M.K. : Je dis que le nouveau bureau de COVIRE ne sera pas absent à cette journée. Nous sommes en concertation avec le bureau national des déportés rapatriés dans le cadre du retour organisé de l’accord tripartite Mauritanie-HCR- Sénégal. Nous prendrons la décision la mieux conforme à nos intérêts le jour j.
Plusieurs organisations de défense des droits humains dont Covire n’ont pas été à la marche de l’opposition le 13 mars passé, pourquoi ?
M.K. : La COVIRE (pour information depuis le Samedi 17 Mars nous avons transformé le collectif en Coordination des Organisations des Victimes de la Répression) a publié une déclaration à l’occasion de cette marche de la COD pour dénoncer le statut que cette opposition est en train de donner à l’ex Président –directeur de sureté du régime de Taya , Ely Ould Mohamed Vall.
Nous nous posons des questions de savoir est ce que cette opposition ne peut trouver de challenger au Président Mohamed Ould Abdel Aziz que Ely, qui a présidé le CMJD dix neuf mois, refusant formellement d’aborder les questions essentielles de violation des droits humains , de surcroit cité dans la liste des tortionnaires de 90/91, qui se retrouve être aujourd’hui l’officier le plus fortuné de ce pays, ayant bénéficié largement de cette mauvaise gouvernance du régime exceptionnel de Maouya Ould Sid’Ahmed Taya.
Donc pour cette raison, en plus de la vocation de la société civile de veille et du contrôle de l’action publique, et de l’indépendance vis-à-vis de la politique électoraliste, la COVIRE ne pouvait participer à cette marche.
Propos recueillis par Moussa Diop
Source: Quotidien Nouakchott