La pandémie du VIH-Sida, qui sème la mort et la désolation partout à travers le monde, reste rebelle aux injonctions des plus grandes sommités médicales mondiales. Les chiffres sont alarmants. Chaque jour, des milliers de personnes sont infectées par le terrible virus. Des pays ont vu la quasi-totalité de leur main d’œuvre active décimée par cette maladie. Les hôpitaux, les centres de santé, les sites d’accueil de personnes séropositives et autres structures de prise en charge des patients regorgent de loques humaines potentiellement mortes. Paradoxalement, la prostitution, principal vecteur de propagation de la maladie, prospère impunément dans tous les pays du monde. Même chez nous, le plus vieux métier du monde devient aujourd’hui une occupation tolérée à laquelle vaquent des femmes dont certaines ont pignon sur rue.
Connue depuis des lustres, la prostitution a pris depuis quelques temps une ampleur considérable. A la fin des années 60 et au début des années 70, dans les grands centres urbains, certaines dévergondées avaient commencé à l’entreprendre timidement.
C’est pourquoi souvent le métier ne prospérait que le soir quand les ténèbres jettent leur linceul sur les ruelles tordues des quartiers populaires, où de préférence les péripatéticiennes élisent domicile. Au tout début, dans des villes comme Nouakchott, Nouadhibou ou Rosso, c’était surtout des étrangères qui vendaient leurs charmes.
Certains quartiers de ces villes étaient alors la destination privilégiée des noctambules et des candidats à la débauche. Souvent sans vergogne, de grosses files se forment devant des habitations de fortune où des dizaines de femmes, généralement sous la supervision d’un protecteur, se livrent à leur indécente occupation. Peu à peu, le métier s’étend à travers tout le pays. Au milieu des années 70, la sécheresse charrie des populations démunies vers les centres urbains. Très pauvres, celles-ci s’adonnent à toute sorte d’activités y compris à la prostitution. Aucune couche sociale n’est épargnée, tous les segments y prennent part. Autrefois pratiquée avec discrétion, la prostitution constitue aujourd’hui une occupation comme toutes les autres. Elle permet même de bien nourrir sa femme autour de laquelle gravite souvent une marmaille laissée à son compte par d’autres dysfonctionnements et vicissitudes résiduels de la société. Banalisée, la prostitution se pratique désormais sans gêne. Pour l’organiser, d’anciennes prostituées ‘amorties’ redeviennent des entremetteuses talentueuses qui tiennent des maisons «ouvertes» où toutes celles qui désirent se vendre passent moyennant un montant d’habitude proportionnel aux recettes qui, elles, dépendent de la tête du client. Ces proxénètes, hommes et femmes, sont d’ailleurs devenus si riches et influents qu’ils sont intouchables car comptant parmi leur clientèle des personnalités assez puissantes.
Toi trotteuse, moi vagabonde
Souvent aux environs de 20 heures, des femmes de tout âge s’exposent sur les trottoirs des principales avenues de la capitale. Sans vergogne, elles proposent leur charme aux usagers de ces axes. Généralement après leur pêche, elles s’acheminent vers des gazras, au bord de la mer ou vont dans des hôtels et auberges pour l’accomplissement de leur sale besogne. Jusqu’aux heures les plus tardives de la nuit, ces dévergondées s’adonnent sans gêne à leurs pratiques répandant au passage les IST (infections sexuellement transmissibles) sous les regards complices des postes de police à côté desquels certaines d’entre elles opèrent. Le jour, ces prostituées traînent leurs brides à travers les rues de la ville. Très souvent, elles envahissent les lieux publics toutes maquillées. Provocatrices, elles déambulent de bureau en bureau en se déhanchant jusqu’aux dernières heures de la journée dans les couloirs des principales institutions. Régulièrement, ces femmes fréquentent les banques, les sociétés, les ministères, le palais de justices ou tout autre lieu où elles pourraient engranger de nouveaux clients à l’immoralité. Souriant à tout vent, elles usent de tous les moyens (clin d’œil, sourire, salutations…) pour provoquer et attirer tous ceux qui leur trouvent un charme.
Touche pas à ma prostituée
Les lupanars sont légion dans tous les quartiers de la capitale. Certains sont pluridisciplinaires car c’est le lieu de rencontre organisée de toute la débauche: le bingo côtoie le poker, la prostitution s’accomode bien avec des cours de proxénétisme que professe l’homosexuel, maître des céans qui gère les lieux. A Teyarett comme à Elmina, à Sebkha ou à Arafat et autres départements, les maisons de plaisir poussent tels des champignons à des emplacements provocateurs. Elles sont soit devant des commissariats de police ou faisant face à une grande mosquée de la place. Parfois de temps à autre, des descentes inopinées sont entreprises par les flics du quartier. A l’issue de celles-ci, des prostituées sont conduites à la police. Mais aussitôt après, elles sont relâchées. Une manière pour les policiers de leur soutirer un peu d’argent. D’ailleurs chaque responsable a ses protégées qui, en contrepartie d’un forfait régulier, les protège. D’après Bintou S, une prostituée recyclée en entremetteuse : «Régulièrement des policiers et parfois des employés de la mairie viennent nous demander de l’argent qu’on leur donne souvent. C’est pourquoi, leur descente ne nous font pas peur car c’est juste une occasion pour eux d’avoir de l’argent». Il arrive même que des éléments des forces de l’ordre fassent partie du dispositif sécuritaire de «l’entreprise» pour obliger les clients réticents à payer leur mise. Et pour les besoins du ‘’service’’, ceux-ci sont parfois obligés- au lieu de traquer les délinquants- de monter la garde devant la maison des prostituées jusqu’au petit matin.
Un Etat complice
Bien qu’elles opèrent au grand jour, les prostituées jouissent d’un silence coupable et incompréhensible de l’Etat. Cette tolérance proviendrait des relations douteuses qu’entretiendraient certains proxénètes de «renom» avec de hauts responsables du pays. De tout temps, certaines des grandes dames de la République deviennent les grandes amies des gérants de ces lieux de perdition. Alors, tous se liguent pour entretenir l’impunité des zélateurs. Aucune campagne sérieuse n’a jamais été entreprise pour mettre fin à des pratiques qui collent très mal avec l’image de république islamique dont nous nous réclamons. Tout dernièrement, il a fallu un sermon audacieux de l’Imam de la grande mosquée de Nouakchott pour que les nouvelles autorités s’empressent de donner consigne de combattre le mal. Au bout de deux soirées de descentes policières dans certaines maisons closes montrées avec fracas à la TVM, l’opération s’arrêta net sans autre forme d’explication.Et le plus ancien métier au monde reprend son petit bout de chemin vers un «avenir meilleur». En attendant, le sida avance sûrement, le taux de prévalence augmente de jour en jour dans un environnement rendu propice par un ensemble de facteurs dont la prostitution n’est pas des moindres.
Sneiba El Kory
Source: LeCalame
(M)
Connue depuis des lustres, la prostitution a pris depuis quelques temps une ampleur considérable. A la fin des années 60 et au début des années 70, dans les grands centres urbains, certaines dévergondées avaient commencé à l’entreprendre timidement.
C’est pourquoi souvent le métier ne prospérait que le soir quand les ténèbres jettent leur linceul sur les ruelles tordues des quartiers populaires, où de préférence les péripatéticiennes élisent domicile. Au tout début, dans des villes comme Nouakchott, Nouadhibou ou Rosso, c’était surtout des étrangères qui vendaient leurs charmes.
Certains quartiers de ces villes étaient alors la destination privilégiée des noctambules et des candidats à la débauche. Souvent sans vergogne, de grosses files se forment devant des habitations de fortune où des dizaines de femmes, généralement sous la supervision d’un protecteur, se livrent à leur indécente occupation. Peu à peu, le métier s’étend à travers tout le pays. Au milieu des années 70, la sécheresse charrie des populations démunies vers les centres urbains. Très pauvres, celles-ci s’adonnent à toute sorte d’activités y compris à la prostitution. Aucune couche sociale n’est épargnée, tous les segments y prennent part. Autrefois pratiquée avec discrétion, la prostitution constitue aujourd’hui une occupation comme toutes les autres. Elle permet même de bien nourrir sa femme autour de laquelle gravite souvent une marmaille laissée à son compte par d’autres dysfonctionnements et vicissitudes résiduels de la société. Banalisée, la prostitution se pratique désormais sans gêne. Pour l’organiser, d’anciennes prostituées ‘amorties’ redeviennent des entremetteuses talentueuses qui tiennent des maisons «ouvertes» où toutes celles qui désirent se vendre passent moyennant un montant d’habitude proportionnel aux recettes qui, elles, dépendent de la tête du client. Ces proxénètes, hommes et femmes, sont d’ailleurs devenus si riches et influents qu’ils sont intouchables car comptant parmi leur clientèle des personnalités assez puissantes.
Toi trotteuse, moi vagabonde
Souvent aux environs de 20 heures, des femmes de tout âge s’exposent sur les trottoirs des principales avenues de la capitale. Sans vergogne, elles proposent leur charme aux usagers de ces axes. Généralement après leur pêche, elles s’acheminent vers des gazras, au bord de la mer ou vont dans des hôtels et auberges pour l’accomplissement de leur sale besogne. Jusqu’aux heures les plus tardives de la nuit, ces dévergondées s’adonnent sans gêne à leurs pratiques répandant au passage les IST (infections sexuellement transmissibles) sous les regards complices des postes de police à côté desquels certaines d’entre elles opèrent. Le jour, ces prostituées traînent leurs brides à travers les rues de la ville. Très souvent, elles envahissent les lieux publics toutes maquillées. Provocatrices, elles déambulent de bureau en bureau en se déhanchant jusqu’aux dernières heures de la journée dans les couloirs des principales institutions. Régulièrement, ces femmes fréquentent les banques, les sociétés, les ministères, le palais de justices ou tout autre lieu où elles pourraient engranger de nouveaux clients à l’immoralité. Souriant à tout vent, elles usent de tous les moyens (clin d’œil, sourire, salutations…) pour provoquer et attirer tous ceux qui leur trouvent un charme.
Touche pas à ma prostituée
Les lupanars sont légion dans tous les quartiers de la capitale. Certains sont pluridisciplinaires car c’est le lieu de rencontre organisée de toute la débauche: le bingo côtoie le poker, la prostitution s’accomode bien avec des cours de proxénétisme que professe l’homosexuel, maître des céans qui gère les lieux. A Teyarett comme à Elmina, à Sebkha ou à Arafat et autres départements, les maisons de plaisir poussent tels des champignons à des emplacements provocateurs. Elles sont soit devant des commissariats de police ou faisant face à une grande mosquée de la place. Parfois de temps à autre, des descentes inopinées sont entreprises par les flics du quartier. A l’issue de celles-ci, des prostituées sont conduites à la police. Mais aussitôt après, elles sont relâchées. Une manière pour les policiers de leur soutirer un peu d’argent. D’ailleurs chaque responsable a ses protégées qui, en contrepartie d’un forfait régulier, les protège. D’après Bintou S, une prostituée recyclée en entremetteuse : «Régulièrement des policiers et parfois des employés de la mairie viennent nous demander de l’argent qu’on leur donne souvent. C’est pourquoi, leur descente ne nous font pas peur car c’est juste une occasion pour eux d’avoir de l’argent». Il arrive même que des éléments des forces de l’ordre fassent partie du dispositif sécuritaire de «l’entreprise» pour obliger les clients réticents à payer leur mise. Et pour les besoins du ‘’service’’, ceux-ci sont parfois obligés- au lieu de traquer les délinquants- de monter la garde devant la maison des prostituées jusqu’au petit matin.
Un Etat complice
Bien qu’elles opèrent au grand jour, les prostituées jouissent d’un silence coupable et incompréhensible de l’Etat. Cette tolérance proviendrait des relations douteuses qu’entretiendraient certains proxénètes de «renom» avec de hauts responsables du pays. De tout temps, certaines des grandes dames de la République deviennent les grandes amies des gérants de ces lieux de perdition. Alors, tous se liguent pour entretenir l’impunité des zélateurs. Aucune campagne sérieuse n’a jamais été entreprise pour mettre fin à des pratiques qui collent très mal avec l’image de république islamique dont nous nous réclamons. Tout dernièrement, il a fallu un sermon audacieux de l’Imam de la grande mosquée de Nouakchott pour que les nouvelles autorités s’empressent de donner consigne de combattre le mal. Au bout de deux soirées de descentes policières dans certaines maisons closes montrées avec fracas à la TVM, l’opération s’arrêta net sans autre forme d’explication.Et le plus ancien métier au monde reprend son petit bout de chemin vers un «avenir meilleur». En attendant, le sida avance sûrement, le taux de prévalence augmente de jour en jour dans un environnement rendu propice par un ensemble de facteurs dont la prostitution n’est pas des moindres.
Sneiba El Kory
Source: LeCalame
(M)