Naturellement ce positionnement nous vaudra des critiques des deux côtés, chacun nous accusant de ne pas être assez proche de sa position. Nous l’assumons : notre vocation n’est pas de soutenir un camp contre un autre. Sans nous ériger en donneurs de leçons, ce n’est pas la conception que nous avons du journalisme. Nous reconnaissons à ceux qui ont fait un autre choix le droit d’agir selon leur conception. Il va falloir se faire à l’idée que les animateurs de ce site sont des libres-penseurs qui ne se connaissent ni tuteur ni maitre.
Ce choix nous vaut tous les jours la confiance de milliers de visiteurs qui nous l’ont témoigné quand nous nous faisions explicitement accuser par le président Mohamed Ould Abdel de connivence avec « des délinquants » (sic), des mains occultes « qui sèment des embuches » sur son chemin et qui passent par moi (re sic). Non ! KASSATAYA n’accompagne pas les forces qui agissent contre M. Ould Abdel Aziz pas plus que KASSATAYA n’accompagne M. Ould Abdel Aziz et son pouvoir (et ce n’est pas un jugement.) Le jour où quelqu’un de KASSATAYA décidera de changer de position, il changera la casquette. Si cela ne convient pas aux deux camps, qu’ils nous en voient désolés. Mais c’est parfaitement en phase avec nos propres idées et ça nous va comme ça. Et il en sera ainsi tant que vous continuerez à nous accorder votre confiance et tout le temps que nous serons dans cette position.
Les nombreux messages de remerciement, de félicitation et même parfois de reconnaissance, que nous avons reçus suite à la sortie présidentielle à Nema nous confortent dans cette position. Pourtant, je n’ai fait que ce je pensais devoir faire, avec toutes les limites que cela comporte. Les commentaires dans la presse locale ont surtout relevé les passages sur « l’affaire Aziz-Mamère » et sur « les enregistrements du ghanagate » (Quelques organes et commentateurs ont nommément cité la source des questions).
J’ai interpellé le Président sur ces questions compte tenu de leur caractère actuel et brulant. Mon intention n’a jamais été de le déstabiliser (même s’il le fut, comme l’a souligné de bonne guerre le communiqué de la COD) mais de lever un coin du voile. J’ai également abordé les questions relatives aux Mauritaniens de l’étranger (enrôlement pour les uns recensement pour les autres, double nationalité, rôle des expatriés…) parce qu’elles continuent de mobiliser notamment les Mauritaniens de France malgré les promesses présidentielles. Le tout en seulement deux malheureuses minutes (les enregistrements seront diffusés sur www.kassataya.com dès que nous en aurons copie.)
Notre frustration fut donc grande : beaucoup de questions que nous eussions aimé aborder durent passer à la trappe. Parce qu’il fallait faire un choix. Deux minutes là où même deux heures n’auraient pas suffi.
Nous comprenons dès lors et acceptons les critiques qui, comme nous, se font l’écho de cette frustration. Tant qu’elles restent saines et objectives. Elles nous rassurent sur la nécessité de continuer à sonner l’alerte quand il le faut. Elles nous renvoient aussi à notre condition d’humains toujours à la quête de la perfection. Je reste convaincu que si j’avais choisi d’autres questions en occultant celles sur le « ghanagate », « l’affaire Aziz-Mamère », les chiffres sur la pauvreté et le chômage, les préoccupations des Mauritaniens de l’étranger… on me l’aurait aussi reproché. Mais si cela peut rassurer, il y aura d’autres occasions de revenir sur tous ces sujets. Parce qu’ici, il n’y a ni tabou ni censure.
Abdoulaye DIAGANA
Source: kassataya