Décidément, la vie des domestiques n’est pas un long fleuve tranquille en Mauritanie musulmane. Pour cause, les ONG de droits humains ne cessent de voler au secours de ces bonnes exposées à mille et une tracasseries de la part de leurs patrons. Pourtant, le gouvernement de Nouakchott a émis un arrêté ministériel censé les protéger des nombreux abus auxquelles ces expatriées, pour leur majorité de l’Afrique subsaharienne sont quotidiennement confrontées.
Issue d’une famille démunie à Mbour, Ndèye Fatou Ndiaye, qui ne voudrait plus continuer à tendre la main à sa pauvre maman pour lui payer ses effets de toilette, a décidé de quitter les siens. Elle est venue chercher un travail rémunéré à Nouakchott en 2006. Dans la capitale mauritanienne, la ressortissante du pays de la Téranga, qui était sans aucune qualification professionnelle, n’a pas trouvé de gêne d’être employée comme domestique chez une famille installée au Ksar.
En effet, elle a travaillé dans cette résidence pendant des mois sans le moindre heurt avec les membres de la famille de son patron Mohamed. Par ailleurs, elle est restée ponctuelle, toujours présente aux heures de travail, sauf pendant la journée de la célébration de la fête «Korité». De retour de cette fête de l’Aid El Fitr à son lieu de service, Ndèye Fatou Ndiaye s’est vue accuser d’un vol de portable par ses patrons.
Nonobstant sa protestation pour clamer son innocence, la pauvre domestique a été conduite dans les locaux du commissariat de Ksar1 et mise en garde-à-vue. Son oncle a évidemment volé à son assistance après avoir été mis au parfum de la mauvaise nouvelle. Et il a fallu un parcours de combattant pour qu’il obtienne sa mise en liberté provisoire jusqu’à ce que l’enquête de la police prouve sa culpabilité effective.
Finalement son employeur, qui se voyait perdre la bataille judiciaire, a demandé en vain l’expulsion de la ressortissante sénégalaise vers son pays d’origine. Contrairement à la domestique Ndèye Fatou Ndiaye qui a eu beaucoup de chance pour se tirer de ce mauvais pas, sa compatriote Awa Guèye, à peine âgée de 14 ans, n’avait fait que quatre jours de travail pour aller passer deux mois derrière les barreaux en détention provisoire sans aucun jugement après avoir été accusée par sa patronne du vol de 289.000 UM (soit 578.000F.CFA), trois boubous et un téléphone portable.
En fait, cette mineure a pu quitter la prison des femmes pour retrouver sa liberté, grâce aux interventions persévérantes d’Aminetou Mint El Moctar, présidente de l’Association des femmes chefs de famille (AFCF). Tout comme ces deux domestiques, nombreuses sont les femmes de ménage dans les maisons noukchottoises qui se voient accuser de vol dans leurs lieux de service. Et malheureusement, la majorité de ces filles finissent toujours par atterrir dans la maison d’arrêt des femmes de la commune de Sebkha.
Les ONG à la rescousse des domestiques
Les domestiques étrangères n’ont généralement aucune éducation scolaire et ne savent pas donc lire entre les lignes de la législation mauritanienne. Pis, elles ne savent pas non plus se défendre une fois qu’elles sont traduites devant les tribunaux du pays d’accueil suite à des accusations de vol, parfois, fallacieuses et fantaisistes de leurs employeurs. Pour cause, les militants de droits humains en Mauritanie volent au secours de ces servantes vulnérables qui sont très loin de leur cocon familial et prennent évidemment fait et cause pour elles.
En témoigne le propos de la Coordinatrice du projet des filles domestiques de l’AFCF : «Les ONG – AFCF et Terre des hommes- ont mis en place le projet ‘’Protection et Réinsertion des domestiques mineures’’ pour venir en aide à ces dernières qui sont victimes de violence et de maltraitance». Et Ly d’ajouter : «La protection de ces mineures incriminées commencent par une assistance juridique. Et nous avons un avocat qui suit le dossier des domestiques mises en cause par leurs employeurs».
Dans le rapport de l’AFCF publié au mois d’octobre 2012, il est noté que 7,7% des domestiques mineures sont d‘origines étrangères dont la majorité constitue les Sénégalaises. Tout comme les militantes de l’AFCF, la présidente de l’AMDH (Association mauritanienne des droits de l’homme), Me Fatimata Mbaye, et ses compagnons défenseurs des droits des émigrés interviennent activement dans la défense juridique des émigrés. Comme en attestent les dires de Amadou Mbow : «Nous avons un avocat, un animateur et une assistante sociale.Et nous prenons en charge des dossiers des émigrés».
La preuve, l’AMDH avait récemment aidé deux jeunes filles domestiques philippines à retrouver leurs passeports et à regagner leur pays. Il y a également la Confédération Générale des travailleurs de Mauritanie (CGTM) qui vole au secours des travailleurs émigrés. En témoigne le propos de Niang Amadou de la CGTM : «Nous assistons juridiquement les travailleurs émigrés en Mauritanie dans leur bras de fer judiciaire avec les employeurs mauritaniens. Cette assistance, qui commence par une tentative de conciliation, se poursuit jusqu’à la fin d’un éventuel procès».Il n’a pas manqué de signaler que les dossiers des émigrés ne sont pas rapidement traités par les tribunaux.
Un arrêté qui ne protège pas assez
A en croire Cissé Sidy, Chef de service des Etudes et de Relations extérieures à la Direction du Travail et de la Prévoyance sociale : « les domestiques étrangères en tant que travailleurs émigrés sont protégées par les dispositions suivantes : loi n°017/2004 portant code du travail ; loi n°67039 instituant un régime de sécurité sociale en RIM (République islamique de Mauritanie, ndrl) ; la convention collective générale du travail du 13/2/74».
Mieux, il faut signaler qu’un arrêté ministériel a été pris pour protéger les domestiques, mais hélas, les employeurs continuent toujours à se frayer un véritable chemin entre les mailles de cet arrêté dont les principales dispositions sont : -tout salarié embauché au service au foyer plus de 20 heures par semaine ; -des autorisations de travail sont délivrés, sous condition, aux jeunes travailleurs à partir de 14 ans.
Rémunération : pas de salaire inférieur au SMIG ; logement et nourriture sont considérés comme des avantages et peuvent être déduits du salaire. Durée de travail : 260 heures par mois. Le repos hebdomadaire est de 24 heures par semaine. Et la couverture sociale est obligatoire à la sécurité sociale…
Camara Mamady
Source: Cridem
Issue d’une famille démunie à Mbour, Ndèye Fatou Ndiaye, qui ne voudrait plus continuer à tendre la main à sa pauvre maman pour lui payer ses effets de toilette, a décidé de quitter les siens. Elle est venue chercher un travail rémunéré à Nouakchott en 2006. Dans la capitale mauritanienne, la ressortissante du pays de la Téranga, qui était sans aucune qualification professionnelle, n’a pas trouvé de gêne d’être employée comme domestique chez une famille installée au Ksar.
En effet, elle a travaillé dans cette résidence pendant des mois sans le moindre heurt avec les membres de la famille de son patron Mohamed. Par ailleurs, elle est restée ponctuelle, toujours présente aux heures de travail, sauf pendant la journée de la célébration de la fête «Korité». De retour de cette fête de l’Aid El Fitr à son lieu de service, Ndèye Fatou Ndiaye s’est vue accuser d’un vol de portable par ses patrons.
Nonobstant sa protestation pour clamer son innocence, la pauvre domestique a été conduite dans les locaux du commissariat de Ksar1 et mise en garde-à-vue. Son oncle a évidemment volé à son assistance après avoir été mis au parfum de la mauvaise nouvelle. Et il a fallu un parcours de combattant pour qu’il obtienne sa mise en liberté provisoire jusqu’à ce que l’enquête de la police prouve sa culpabilité effective.
Finalement son employeur, qui se voyait perdre la bataille judiciaire, a demandé en vain l’expulsion de la ressortissante sénégalaise vers son pays d’origine. Contrairement à la domestique Ndèye Fatou Ndiaye qui a eu beaucoup de chance pour se tirer de ce mauvais pas, sa compatriote Awa Guèye, à peine âgée de 14 ans, n’avait fait que quatre jours de travail pour aller passer deux mois derrière les barreaux en détention provisoire sans aucun jugement après avoir été accusée par sa patronne du vol de 289.000 UM (soit 578.000F.CFA), trois boubous et un téléphone portable.
En fait, cette mineure a pu quitter la prison des femmes pour retrouver sa liberté, grâce aux interventions persévérantes d’Aminetou Mint El Moctar, présidente de l’Association des femmes chefs de famille (AFCF). Tout comme ces deux domestiques, nombreuses sont les femmes de ménage dans les maisons noukchottoises qui se voient accuser de vol dans leurs lieux de service. Et malheureusement, la majorité de ces filles finissent toujours par atterrir dans la maison d’arrêt des femmes de la commune de Sebkha.
Les ONG à la rescousse des domestiques
Les domestiques étrangères n’ont généralement aucune éducation scolaire et ne savent pas donc lire entre les lignes de la législation mauritanienne. Pis, elles ne savent pas non plus se défendre une fois qu’elles sont traduites devant les tribunaux du pays d’accueil suite à des accusations de vol, parfois, fallacieuses et fantaisistes de leurs employeurs. Pour cause, les militants de droits humains en Mauritanie volent au secours de ces servantes vulnérables qui sont très loin de leur cocon familial et prennent évidemment fait et cause pour elles.
En témoigne le propos de la Coordinatrice du projet des filles domestiques de l’AFCF : «Les ONG – AFCF et Terre des hommes- ont mis en place le projet ‘’Protection et Réinsertion des domestiques mineures’’ pour venir en aide à ces dernières qui sont victimes de violence et de maltraitance». Et Ly d’ajouter : «La protection de ces mineures incriminées commencent par une assistance juridique. Et nous avons un avocat qui suit le dossier des domestiques mises en cause par leurs employeurs».
Dans le rapport de l’AFCF publié au mois d’octobre 2012, il est noté que 7,7% des domestiques mineures sont d‘origines étrangères dont la majorité constitue les Sénégalaises. Tout comme les militantes de l’AFCF, la présidente de l’AMDH (Association mauritanienne des droits de l’homme), Me Fatimata Mbaye, et ses compagnons défenseurs des droits des émigrés interviennent activement dans la défense juridique des émigrés. Comme en attestent les dires de Amadou Mbow : «Nous avons un avocat, un animateur et une assistante sociale.Et nous prenons en charge des dossiers des émigrés».
La preuve, l’AMDH avait récemment aidé deux jeunes filles domestiques philippines à retrouver leurs passeports et à regagner leur pays. Il y a également la Confédération Générale des travailleurs de Mauritanie (CGTM) qui vole au secours des travailleurs émigrés. En témoigne le propos de Niang Amadou de la CGTM : «Nous assistons juridiquement les travailleurs émigrés en Mauritanie dans leur bras de fer judiciaire avec les employeurs mauritaniens. Cette assistance, qui commence par une tentative de conciliation, se poursuit jusqu’à la fin d’un éventuel procès».Il n’a pas manqué de signaler que les dossiers des émigrés ne sont pas rapidement traités par les tribunaux.
Un arrêté qui ne protège pas assez
A en croire Cissé Sidy, Chef de service des Etudes et de Relations extérieures à la Direction du Travail et de la Prévoyance sociale : « les domestiques étrangères en tant que travailleurs émigrés sont protégées par les dispositions suivantes : loi n°017/2004 portant code du travail ; loi n°67039 instituant un régime de sécurité sociale en RIM (République islamique de Mauritanie, ndrl) ; la convention collective générale du travail du 13/2/74».
Mieux, il faut signaler qu’un arrêté ministériel a été pris pour protéger les domestiques, mais hélas, les employeurs continuent toujours à se frayer un véritable chemin entre les mailles de cet arrêté dont les principales dispositions sont : -tout salarié embauché au service au foyer plus de 20 heures par semaine ; -des autorisations de travail sont délivrés, sous condition, aux jeunes travailleurs à partir de 14 ans.
Rémunération : pas de salaire inférieur au SMIG ; logement et nourriture sont considérés comme des avantages et peuvent être déduits du salaire. Durée de travail : 260 heures par mois. Le repos hebdomadaire est de 24 heures par semaine. Et la couverture sociale est obligatoire à la sécurité sociale…
Camara Mamady
Source: Cridem