Que peut-on donc ressentir quand des projectiles vous transpercent la peau ? Il y a peu de risques de se tromper en affirmant que personne ne souhaite vivre une telle mésaventure. C’est valable pour M. Lamine Mangane (tué à Maghama), pour Mlle Raja Mint Weiss Ould Esyadi (accidentellement atteinte d’une balle) et pour M. Mohamed Ould Abdel Aziz.
Le premier cité ne pourra pas en dire davantage : il a emporté le secret dans la tombe. Les deux autres oui. Et après ça ? La vie peut-elle redevenir comme avant quand on a entendu des balles siffler autour de soi et qu’on a cru arrivée l’heure d’aller rendre des comptes ? Les conjectures vont bon train. Il est plus prudent de laisser l’avenir (dont nous ne savons rien) nous édifier.
Ce répit ne dissipe cependant pas les mystères qui entourent l’incident. A supposer que le puissant somnifère servi par le ministre de la communication (un modèle à enseigner dans les écoles de communication) ait un début de trace de probabilité, il s’agirait au mieux d’une imprudence ; au pire d’une irresponsabilité inqualifiable de la part d’un président qui gouverne un pays dans un contexte aussi trouble.
D’abord parce qu’ayant lui-même pris le pouvoir par la force, il est bien placé pour savoir que sans la supériorité que lui confère la puissance des armes de sa protection rapprochée, il n’aurait pas dominé la scène politique nationale comme il le fait depuis la chute du dictateur Ould Taya en 2005. Changement en dépit duquel d’ailleurs, la Mauritanie est restée un Etat militaro-policier dont l’appareil sécuritaire héberge des tortionnaires et des criminels pour qui ôter une vie humaine ne pose pas de problème de conscience.
Légèreté ensuite parce que ce serait la preuve que le chef de l’Etat ne fait pas confiance à ses propres services de sécurité.
Légèreté et irresponsabilité enfin en ce sens que le pays est impliqué dans la lutte contre le terrorisme islamiste en cette veille d’intervention militaire au Mali, c’est-à-dire dans la case voisine.
Mais il reste peu de personnes encore sous hypnose pour accorder du crédit à la version officielle. Et quelles que soient les circonstances dans lesquelles cet incident est survenu, les conséquences en seront désastreuses. Il sera désormais difficile de prétendre que le pays est sécurisé au moment même où le corps présidentiel est exposé aux balles, nous dit-on, d’une patrouille militaire.
De même, l’apparition à la télévision d’un président couché, atteint, affaibli, en pyjama aura un impact désastreux sur l’image d’un Mohamed Ould Abdel Aziz qui aimait passer pour un homme fort, puissant, physiquement courageux et solide, sportif, adepte des bras de fer… Les citoyens ordinaires et les adversaires politiques retiendront désormais qu’il est vulnérable. Il est « banalisé », comme les Américains l’avaient fait de l’empereur Japonais Hirohito, au sortir de la deuxième guerre mondiale : « le fils du Soleil », le « fils des dieux » apparaissait en pyjama, jardinant comme n’importe quel Japonais ordinaire. Le mythe s’est effondré. Il ne nous reste plus qu’à souhaiter un prompt rétablissement à M. Mohamed Ould Abdel Aziz comme on le ferait avec n’importe quelle personne victime de ce genre de mésaventure. Lui souhaiter aussi de disposer de suffisamment de lucidité et de clairvoyance pour gérer "l'après" loin des pièges de la gestion et de la cavalcade solitaires. Parce qu'un Etat ne se gère pas comme une boutique ou une propriété privée.
Quant à la patrouille, le moins que nous puissions en dire c’est qu’elle a montré ses limites en matière de sécurité : la voiture « suspecte » a réussi à lui échapper et à rouler jusqu’à l’hôpital militaire. S’il s’était agi d’un commando terroriste kamikaze, l’hôpital militaire serait aujourd’hui dans un autre état.
Abdoulaye DIAGANA
Source: Kassataya
Le premier cité ne pourra pas en dire davantage : il a emporté le secret dans la tombe. Les deux autres oui. Et après ça ? La vie peut-elle redevenir comme avant quand on a entendu des balles siffler autour de soi et qu’on a cru arrivée l’heure d’aller rendre des comptes ? Les conjectures vont bon train. Il est plus prudent de laisser l’avenir (dont nous ne savons rien) nous édifier.
Ce répit ne dissipe cependant pas les mystères qui entourent l’incident. A supposer que le puissant somnifère servi par le ministre de la communication (un modèle à enseigner dans les écoles de communication) ait un début de trace de probabilité, il s’agirait au mieux d’une imprudence ; au pire d’une irresponsabilité inqualifiable de la part d’un président qui gouverne un pays dans un contexte aussi trouble.
D’abord parce qu’ayant lui-même pris le pouvoir par la force, il est bien placé pour savoir que sans la supériorité que lui confère la puissance des armes de sa protection rapprochée, il n’aurait pas dominé la scène politique nationale comme il le fait depuis la chute du dictateur Ould Taya en 2005. Changement en dépit duquel d’ailleurs, la Mauritanie est restée un Etat militaro-policier dont l’appareil sécuritaire héberge des tortionnaires et des criminels pour qui ôter une vie humaine ne pose pas de problème de conscience.
Légèreté ensuite parce que ce serait la preuve que le chef de l’Etat ne fait pas confiance à ses propres services de sécurité.
Légèreté et irresponsabilité enfin en ce sens que le pays est impliqué dans la lutte contre le terrorisme islamiste en cette veille d’intervention militaire au Mali, c’est-à-dire dans la case voisine.
Mais il reste peu de personnes encore sous hypnose pour accorder du crédit à la version officielle. Et quelles que soient les circonstances dans lesquelles cet incident est survenu, les conséquences en seront désastreuses. Il sera désormais difficile de prétendre que le pays est sécurisé au moment même où le corps présidentiel est exposé aux balles, nous dit-on, d’une patrouille militaire.
De même, l’apparition à la télévision d’un président couché, atteint, affaibli, en pyjama aura un impact désastreux sur l’image d’un Mohamed Ould Abdel Aziz qui aimait passer pour un homme fort, puissant, physiquement courageux et solide, sportif, adepte des bras de fer… Les citoyens ordinaires et les adversaires politiques retiendront désormais qu’il est vulnérable. Il est « banalisé », comme les Américains l’avaient fait de l’empereur Japonais Hirohito, au sortir de la deuxième guerre mondiale : « le fils du Soleil », le « fils des dieux » apparaissait en pyjama, jardinant comme n’importe quel Japonais ordinaire. Le mythe s’est effondré. Il ne nous reste plus qu’à souhaiter un prompt rétablissement à M. Mohamed Ould Abdel Aziz comme on le ferait avec n’importe quelle personne victime de ce genre de mésaventure. Lui souhaiter aussi de disposer de suffisamment de lucidité et de clairvoyance pour gérer "l'après" loin des pièges de la gestion et de la cavalcade solitaires. Parce qu'un Etat ne se gère pas comme une boutique ou une propriété privée.
Quant à la patrouille, le moins que nous puissions en dire c’est qu’elle a montré ses limites en matière de sécurité : la voiture « suspecte » a réussi à lui échapper et à rouler jusqu’à l’hôpital militaire. S’il s’était agi d’un commando terroriste kamikaze, l’hôpital militaire serait aujourd’hui dans un autre état.
Abdoulaye DIAGANA
Source: Kassataya