Première partie
Les déportations et le passif humanitaire constituent deux tragédies sans précédent ayant secoué l’histoire de la Mauritanie ces deux dernières décennies. Le nouveau pouvoir doit bientôt se pencher sur ce linge sale qui attend des années durant d’être passé à la lessive.
Ce linge tombera t-il entre des mains bienveillantes qui en assureront la lessive pour que la Mauritanie se réconcilie enfin avec elle-même. Déjà, le Président nouvellement investi dans ses fonctions et jouissant de tous les pouvoirs constitutionnels avait promis dans sa campagne de régler cette question dans les 6 mois à venir.
Chose promise, chose due. En nommant un administrateur chevronné à la tête du ministère de l’Intérieur, et de surcroît, un ressortissant negro-africain de la Vallée, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi adresse un premier signal fort en direction de tous ceux qui souhaitent voir ce problème se résoudre dans un délai raisonnable.
Le deuxième signal qui doit être donné est celui de mettre en place tous les instruments juridiques, politiques et financièrs efficaces en mesure de faire avancer ce dossier hideux ; une épine plantée sous les pieds de la Mauritanie. Deux facteurs majeurs pourront, s’ils sont exploités militer en faveur du règlement de ces deux questions.
Le premier est l’appartenance commune des mauritaniens à l’Islam ; le second celui de la culture du dialogue qui caractérise toutes les sociétés mauritaniennes. L’autre atout important est que ce problème commence de plus en plus à être detaboutisé et surtout à être reconnu par tous comme une priorité sans laquelle le pays ne sortira pas des crises ethniques qui compromettent sa cohésion et son progrès.
A tous ces facteurs favorisants, s’ajoute aussi la volonté des acteurs politiques, des organisations des droits de l’homme, de l’opposition exilée et bien sûr les victimes de ces tragédies elles-mêmes. Aucun obstacle n’est permis pour retarder ces dossiers qui en réalité avaient été tout simplement sabotés et classés définitivement. Or, les initiateurs d’une telle politique ont appris à leurs dépens que le passé est le pire ennemi des dictateurs.
En refusant de résoudre des problèmes aussi graves on ne fait qu’aggraver la situation. En voulant aussi appliquer à ces dossiers des recettes politiques inappropriées on irrite la plaie sans la soigner. Il ne sert également rien de crever l’abcès sans la traiter. En clair, cela signifie que la solution définitive à la question des déportations et du passif humanitaire exige un courage, une sincérité, une justice, conditions sans lesquelles on ne sortira pas du cercle vicieux.
Les premiers jalons
Dans les jours à venir, le nouveau pouvoir doit ouvrir largement les portes de la concertation avec des représentants réels des déportés et ceux des victimes des exactions afin de mettre sur pied des commissions chargées d’une part de dresser les listes des personnes déportées et d’identifier tous les villages forcés à l’exil durant les événements de 1989 au Sénégal et au Mali.
D’autre part en collaboration avec les membres des collectifs des victimes et rescapés des années sombres, il sera procédé à un listing de tous les militaires et civils tués entre 1987 et 1991 à la suite de coups d’Etat imaginaires. Une fois tout ce travail effectué, la question du retour organisé pourra être envisagée pour les réfugiés et leur indemnisation fera l’objet de décisions justes et équitables. Les familles des victimes (veuves et orphelins) auront droit à des réparations morales et financières.
D’une part les conditions dans lesquelles les leurs ont été tuées doivent être élucidées et d’autre part, l’Etat doit indemniser les familles des disparus ainsi que les rescapés de telles tragédies.
Ces premiers jalons doivent ouvrir la voie à des discussions franches et dépassionnées où l’esprit de tolérance, du respect des droits humains et du devoir de mémoire sont les valeurs qui doivent régir les rapports entre les autorités et les ayant droit.
A suivre
Cheikh Tidjane Dia
Source : Le Rénovateur Quotidien via cridem
Les déportations et le passif humanitaire constituent deux tragédies sans précédent ayant secoué l’histoire de la Mauritanie ces deux dernières décennies. Le nouveau pouvoir doit bientôt se pencher sur ce linge sale qui attend des années durant d’être passé à la lessive.
Ce linge tombera t-il entre des mains bienveillantes qui en assureront la lessive pour que la Mauritanie se réconcilie enfin avec elle-même. Déjà, le Président nouvellement investi dans ses fonctions et jouissant de tous les pouvoirs constitutionnels avait promis dans sa campagne de régler cette question dans les 6 mois à venir.
Chose promise, chose due. En nommant un administrateur chevronné à la tête du ministère de l’Intérieur, et de surcroît, un ressortissant negro-africain de la Vallée, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi adresse un premier signal fort en direction de tous ceux qui souhaitent voir ce problème se résoudre dans un délai raisonnable.
Le deuxième signal qui doit être donné est celui de mettre en place tous les instruments juridiques, politiques et financièrs efficaces en mesure de faire avancer ce dossier hideux ; une épine plantée sous les pieds de la Mauritanie. Deux facteurs majeurs pourront, s’ils sont exploités militer en faveur du règlement de ces deux questions.
Le premier est l’appartenance commune des mauritaniens à l’Islam ; le second celui de la culture du dialogue qui caractérise toutes les sociétés mauritaniennes. L’autre atout important est que ce problème commence de plus en plus à être detaboutisé et surtout à être reconnu par tous comme une priorité sans laquelle le pays ne sortira pas des crises ethniques qui compromettent sa cohésion et son progrès.
A tous ces facteurs favorisants, s’ajoute aussi la volonté des acteurs politiques, des organisations des droits de l’homme, de l’opposition exilée et bien sûr les victimes de ces tragédies elles-mêmes. Aucun obstacle n’est permis pour retarder ces dossiers qui en réalité avaient été tout simplement sabotés et classés définitivement. Or, les initiateurs d’une telle politique ont appris à leurs dépens que le passé est le pire ennemi des dictateurs.
En refusant de résoudre des problèmes aussi graves on ne fait qu’aggraver la situation. En voulant aussi appliquer à ces dossiers des recettes politiques inappropriées on irrite la plaie sans la soigner. Il ne sert également rien de crever l’abcès sans la traiter. En clair, cela signifie que la solution définitive à la question des déportations et du passif humanitaire exige un courage, une sincérité, une justice, conditions sans lesquelles on ne sortira pas du cercle vicieux.
Les premiers jalons
Dans les jours à venir, le nouveau pouvoir doit ouvrir largement les portes de la concertation avec des représentants réels des déportés et ceux des victimes des exactions afin de mettre sur pied des commissions chargées d’une part de dresser les listes des personnes déportées et d’identifier tous les villages forcés à l’exil durant les événements de 1989 au Sénégal et au Mali.
D’autre part en collaboration avec les membres des collectifs des victimes et rescapés des années sombres, il sera procédé à un listing de tous les militaires et civils tués entre 1987 et 1991 à la suite de coups d’Etat imaginaires. Une fois tout ce travail effectué, la question du retour organisé pourra être envisagée pour les réfugiés et leur indemnisation fera l’objet de décisions justes et équitables. Les familles des victimes (veuves et orphelins) auront droit à des réparations morales et financières.
D’une part les conditions dans lesquelles les leurs ont été tuées doivent être élucidées et d’autre part, l’Etat doit indemniser les familles des disparus ainsi que les rescapés de telles tragédies.
Ces premiers jalons doivent ouvrir la voie à des discussions franches et dépassionnées où l’esprit de tolérance, du respect des droits humains et du devoir de mémoire sont les valeurs qui doivent régir les rapports entre les autorités et les ayant droit.
A suivre
Cheikh Tidjane Dia
Source : Le Rénovateur Quotidien via cridem