DECLARATION
Le Bureau politique, dans sa réunion hebdomadaire du 11 février 2012, a décidé du retrait de l’AJD/MR de la coalition des partis de la majorité (CPM). Cette décision fait suite au gel des activités du parti au sein de la majorité depuis le 27 septembre dernier en réaction à l’assassinat du jeune Lamine Mangane par un gendarme, lors des manifestations organisées à Maghama contre l’enrôlement.
L’AJD/MR, qui avait au préalable appelé le gouvernement à suspendre l’opération d’enrôlement pour la reprendre dans de meilleures conditions acceptables par tous, avait notamment demandé la recomposition de la commission de supervision de l’Agence National du Registre des Populations et des Titres Sécurisés (ANRPTS). Le gel des activités du parti avait été assorti de la demande de la traduction en justice des auteurs du meurtre de Lamine Mangane en plus des exigence sus- mentionnées.
Ces événements intervenus quelques jours avant la clôture du dialogue politique national entre la majorité et une partie de l’opposition (APP, El Wiam, Hamam, et Sawab), n’ont pas empêché l’AJD/MR de poursuivre en toute indépendance sa participation à ce dialogue afin de préserver des acquis importants pour l’unité nationale et la démocratie dont certains ont été obtenus grâce à l’implication active de son président et des membres du parti, présents à ces assises. La suspension de la collaboration du parti avec la CPM apparaît dès lors comme une seconde chance donnée au gouvernement pour rétablir la confiance qui avait présidé à notre entrée à la CPM, sur la base des sept points d’accord conclus. L’AJD/MR qui ne prenait pas ces accords pour de l’argent comptant, savait bien, après l’analyse qu’elle avait faite de la situation politique du pays, qu’une bataille ardue l’attendait au sein de cette majorité, pour la prise en compte effective de ces points et leur application concrète. Elle était donc bien partie malgré toutes les difficultés rencontrées pour faire preuve de patience et de tact politique afin d’arracher le maximum de concessions n’eût été ces événement survenus à la suite des manifestations contre l’enrôlement.
L’AJD/MR retrouve donc ainsi son indépendance organisationnelle dans un environnement politique marqué par une majorité présidentielle en mal d’homogénéité et deux pôles de l’opposition qui n’arrivent pas à s’entendre sur la meilleure manière de dialoguer ou de s’opposer au pouvoir.
Loin de regretter son passage dans la majorité présidentielle, le parti apprécie à leur juste valeur les résultats obtenus tout en constatant que l’essentiel est resté lettre morte, entend poursuivre sa lutte de manière indépendante pour la réalisation des objectifs qu’il s’était fixés. Il s’agit de :
- l’application effective des conclusions des Etats Généraux de la Démocratie tenus du 25 décembre 2008 au 5 janvier 2009,
- la poursuite de l’opération du retour des déportés et réfugiés et leur réinsertion effective avec la prise en charge de tous leurs droits,
- le règlement définitif du passif humanitaire par une commission indépendante prenant en compte les devoirs de réparation, de vérité, de mémoire et de justice,
- l’officialisation des langues nationales et leur prise en charge dans toute la vie nationale,
- le règlement équitable de la question foncière,
- le rééquilibrage de notre diplomatie…, tous ces points qui constituaient l’essentiel des accords avec la majorité.
L’AJD/MR se félicite de certaines avancées obtenues dans le cadre du dialogue national notamment la redéfinition de l’identité de la Mauritanie consacrée dans la constitution qui était une de ses principales revendications, l’inscription de manière explicite dans la constitution de l’interdiction de l’esclavage, ainsi que la diversité culturelle et le droit à la différence qui participent de la consolidation de l’unité nationale. Sur le plan politique, le redécoupage électoral et la création d’une CENI indépendante sont des avancées considérables avec une meilleure représentativité des femmes.
Durant cette réunion, le Bureau Politique de l’AJD/MR a évoqué également les graves menaces qui pèsent sur le pays par la conjugaison de plusieurs facteurs de déstabilisation. Il y a d’abord au plan national, la profonde crise politique qui divise les mauritaniens, la situation sociale délétère, le chômage, le renchérissement de la vie, la situation des étudiants, les problèmes de cohabitation exacerbés par la question de l’enrôlement. L’AJD/MR en appelle au Président de la république pour qu’il apprécie les enjeux de l’heure et prennent les seules décisions qui s’imposent pour sauver l’essentiel à savoir : la vraie réconciliation nationale sur la base d’un dialogue ouvert à tous, sur tous les sujets tout en prenant en compte les résultats déjà obtenus entre la majorité et une partie de l’opposition.
Ensuite au plan sous-régional, la situation politique du Sénégal où nous exhortons les acteurs politiques au dialogue pour la paix dans le respect de la lettre et de l’esprit de la constitution.
Enfin au Mali, avec la résurgence de la rébellion touarègue et la poursuite des actions terroristes, l’AJD/MR appelle les gouvernements de la sous région à travailler la main dans la main pour aider les frères maliens à restaurer un climat de paix et de sécurité garantissant le respect de l’intégrité des territoires de tous les pays de la sous région.
Nouakchott, le 13 février 2012
Le Bureau Politique
Source: Communication AJD/MR