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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

De la Guerra à Inal. Extrait du livre "l'enfer d'Inal" de SY Mahamadou

Les deux officiers s’en vont ; on recommence à me taper dessus. J’ai l’impression qu’un ouragan me passe dessus. Les coups s’abattent avec une telle violence qu’il ne m’est même pas nécessaire de feindre des cris de douleur. Quand ils s’arrêtent, tout mon corps n’est qu’une plaie. Le sang colle mes vêtements à ma peau…


De la Guerra à Inal. Extrait du livre "l'enfer d'Inal" de SY Mahamadou
« …Ce matin du 10 novembre 90, après avoir effectué le contrôle de mes effectifs, dans tous les pelotons, j'ai eu un entretien avec les pêcheurs. L'ordre du jour portait sur l'horaire du retour de la pêche en mer. Je leur avais fixé les heures de départ et de retour, cinq heures du matin pour le départ et vingt heures pour le retour. Ils doivent tous être de retour à vingt heures de manière à ranger leurs moteurs de pirogues dans un local du port de La Guerra. Ce dernier abritant des militaires avec leur matériel, je dois en limiter l'accès pour des raisons de sécurité. Mais il y a toujours quelques pêcheurs qui, sous un prétexte ou un autre, trouvent le moyen de rentrer beaucoup plus tard. Cela nous oblige à être en état d'alerte jusqu'au retour des retardataires. Je dois informer mes supérieurs de tout incident grave concernant la population civile de la localité. Et il y a souvent des chavirements de pirogues qui entraînent parfois mort d'hommes par noyade. Les langoustes ont la fâcheuse habitude de s'installer dans des endroits difficilement accessibles et les pêcheurs n'hésitent pas à prendre de très gros risques pour quelques kilos…

Arrestation

A 18 heures, mon chauffeur n'est toujours pas de retour, il devait être là depuis deux heures déjà. Je charge alors le sous-lieutenant Bodde, mon adjoint, de lui dire de me rejoindre à la maison et je prends un taxi. Nous empruntons l'unique route bitumée qui traverse La Guerra. Une sentinelle nous arrête à la sortie de la ville, mais elle me reconnaît, et fait signe au taxi de continuer. Nous dépassons l'ancien poste de contrôle des douanes espagnol et celui de la Mauritanie. Ces constructions n'abritent plus que des chiens errants aujourd'hui. Nous traversons la voie ferrée et empruntons le tronçon Cansado - Nouadhibou. Sur la droite, se trouve le petit camp de militaires mariés, la Tour bleue. Cet ancien camp doit son nom à la couleur bleue de ses deux tours. C'est ici qu'était basé le commandement régional avant d'emménager à l'actuelle base Wajeha. Les anciens bureaux sont complètement en ruines mais quelques bâtiments en décrépitude, longeant une baie jonchée d'épaves de bateaux, abritent une dizaine de familles militaires.

Nous sommes à l'entrée de Nouadhibou quand un véhicule militaire, une Land-Rover, nous dépasse. Le chef de bord, que je reconnais, nous demande, à grand renfort de gestes, de nous arrêter. Je dis au chauffeur du taxi de ranger sa voiture. Le capitaine Mohmed Moctar Ould Soueid'Ahmed me fait signe de venir. Je me dis que mon véhicule est certainement tombé en panne et que le Capitaine Ould Soueid'Ahmed qui est mon chef hiérarchique est peut-être venu lui-même me ramener comme cela lui est, parfois, arrivé. Le capitaine Ould Soueïd'Ahmed est issu de la première promotion d'officiers formés dans le pays… Ould Soueïd'Ahmed a été à chaque fois major de sa promotion, c'est aussi un homme juste et pieux. Il me rend mon salut et m'annonce que le commandant de région militaire, le colonel Sid'Ahmed Ould Boïlil, demande à me voir. Je prends place entre lui et le chauffeur, le soldat de première classe Ndiaye Samba Oumar (3ème en partant du bas, colone de gauche rubrique galerie des martyrs site OCVIDH. Dans la voiture, je manifeste le désire d'en savoir un peu plus sur les raisons de cette convocation. Il me répond qu'il ne sait pas, qu'il lui a simplement été demandé de venir avec moi et que le colonel nous attend dans son bureau. Il n'y a rien d'anormal à cela, compte tenu de ma fonction. Ould Soueïd'Ahmed ne me pose même pas de questions pour savoir comment s'est passé le service du week-end. C'est plutôt cela que je trouve anormal. L'ambiance est tendue. Je saisis l'ambiguïté de la situation. Depuis quelques jours une rumeur court, faisant état de l'arrestation de militaires négro-mauritaniens. Deux officiers, le lieutenant Sall Abdoulmaye Moussa et le lieutenant Sall Amadou Elhadj, ont été arrêtés pour des raisons qui m'échappent, il est aussi question de sous-officiers et hommes de troupes. Le sergent chef Diallo Abdoulaye Demba, mon chef du peloton du port de La Guerra, a été convoqué à la base régionale pour une "mission". Il n'est toujours pas revenu et je ne sais plus que dire à son épouse qui vient presque tous les jours me demander quand Diallo sera de retour. Le véhicule tourne à droite pour emprunter la route qui passe entre la base marine et l'infirmerie de garnison. On aurait pu continuer sans emprunter cette route, mais on serait obligé de passer devant chez moi. Je comprends avec le recul que cette déviation n'était pas innocente.

Nous arrivons à la base Wajeha, le lieu de commandement régional. Il n'y a plus que le service de permanence et de sécurité en place. Le colonel Ould Boïlil n'est pas dans son bureau, il serait parti en visite d'inspection au PK 12, une position militaire située à douze kilomètres de la ville. Le capitaine Ould Soueid'Ahmed me dit de rester avec le lieutenant Naji Ould Manaba, en attendant le retour du colonel. Je remets au chauffeur du capitaine, le soldat de première classe Ndiaye Oumar Samba une somme d'argent que j'avais en poche, à remettre à mon épouse, le comptable est passé le mercredi à La Guerra pour la paye. J'ai sur moi mon salaire et celui de mon ordonnance. J'explique à Ndiaye la répartition de la somme. Je sais qu'en remettant cet argent à ma famille, Ndiaye sera amené à leur expliquer que je suis retenu à la région militaire. J'ai déjà compris que ce soir je ne rentrerai pas à la maison. Le colonel Ould Boïlil n'effectue jamais de visite d'inspection la nuit. Voilà six ans que je travaille avec lui et, aussi loin que je m'en souvienne, je n'ai jamais vu ou entendu un de mes collègues parler d'une visite nocturne du colonel Ould Boïlil. De son travail, il se contente de faire le strict minimum. Le lieutenant Naji, responsable de l'escadron de commandement régional, et moi, nous nous rendons au mess des officiers. Je reste là, seul, à attendre dans l'une des pièces qui servent de chambres pour officiers de passage ou de salle d'arrêts de rigueur. Le lieutenant Naji Ould Manaba ne sait pas pourquoi je suis là, et il n'a pas non plus la moindre idée de l'endroit où peut être le colonel. Il m'a semblé tout à l'heure que l'information selon laquelle le colonel était en visite au PK12 venait de lui. Et voilà qu'il ne s'en souvient plus.

Tard dans la nuit, le lieutenant Ould Manaba entre dans la chambre, accompagné de quatre soldats en armes et me somme d’enlever mon ceinturon, mes épaulettes et mes rangers. Je lui en demande les raisons. Il me répond qu’il ne fait qu’exécuter les instructions de ses supérieurs. Je cherche à comprendre ce qui se passe sur son visage mais impossible de croiser le regard du lieutenant Ould Manaba. Nous avons lui et moi souvent joué ensemble aux échecs ou au jeu de dame. Il s'était tissé de bonnes relations entre nous. Je comprends sa gêne à exécuter un ordre pareil. Donc, soit le colonel est de retour de "sa visite", soit, après avoir été informé de ma présence, il a donné des instructions précises-me concernant. Dès qu’Ould Manaba sort, les soldats se ruent sur moi pour me ligoter et me bander les yeux. Ils appartiennent à la formation de l'artillerie lourde, la batterie des 105 mm, basée dans l'enceinte de la garnison régionale et placée sous le commandement du lieutenant Lobatt Ould Mohamed. Ces militaires s'étaient montrés les plus cupides et les plus répressifs lors des événements ayant opposé la Mauritanie au Sénégal en 89. D'ailleurs, ma montre est retirée tout de suite et quelqu'un me fait les poches, j'ai été bien inspiré de remettre à Ndiaye Samba Oumar l'argent que j'avais sur moi. Les yeux bandés, je suis littéralement soulevé de terre et jeté dans un camion où j’atterris sur d’autres militaires ficelés comme moi. Parmi eux, je ne reconnais que l’adjudant chef Konaté Kalidou, le chef de garage régional. Je le reconnais à sa voix. Nous avions eu, lui, l'adjudant Diop Bocar Bayal (3ème en partant du bas colone dumilieu), et moi, par le passé, à faire plusieurs parties de pêche ensemble ; nous prenions une barque pour nous approcher des épaves des bateaux de la Tour bleue où il y avait en général beaucoup plus de poissons qu'ailleurs, surtout les dorades dont nous raffolions. Dans le camion, nous avons tous les yeux bandés. Le temps d’embarquer deux autres "colis" et le camion se met en route. Nous sommes entassés les uns sur les autres et serrés comme des sardines et n'avons aucune idée de notre destination. Les gardiens nous tabassent tout le long du parcours. Je commence à me faire une idée précise de ce qui nous attend.

Deux ou trois fois, le camion s’arrête pour embarquer d'autres prisonniers ou pour permettre aux gardiens de se débarrasser de cadavres de prisonniers morts, asphyxiés sous le poids de leurs camarades. Nous ne voyons rien et par conséquent ne pouvons savoir avec exactitude de qui il s’agit. Une fois je sens contre mon pied, le contact froid d'un corps qu'on tire. "Il est mort, dit une voix, l'autre aussi, sors-le !" L'un de nos gardiens répond : "Je crois qu'il vit lui". Le premier reprend : "descends-moi celui-là". Ce doit être un gradé qui parle. La voix m'est vaguement familière. Elle me parvient déformée comme s'il parlait à travers un voile, la personne doit parler à travers son turban. Suit aussitôt le bruit sourd d'un corps que l'on jette par terre. A peine le prisonnier désigné touche-t-il le sol que ses cris déchirent la nuit, la bastonnade est brève mais d'une rare violence. C’est au cours d’un de ses arrêts, que quelqu’un décide de me débarrasser de mon blouson et de mes chaussettes : "Tu n’en auras pas besoin là où tu vas aller", me dit-il. Le blouson m'avait été offert par mon frère qui réside en France, Abou Sy, lors de son passage à Nouadhibou en 1986. Une autre voix reprend, celle du gradé : "Fouillez les autres aussi, mais je ne crois pas que ces salauds du P.C. (poste de commandement régional) nous ont laissé quelque chose". Nous sommes dans une base militaire. Il y a beaucoup de bruits de véhicules de type Land Rover et de Sovamag. J'entends aussi le bruit d'un train qui s'arrête. Pas de doute, on est à Boulanouar..

... De temps à autre, un faisceau de lumière est fixé sur mon visage. Je ne distingue pas ce que se disent les soldats qui braquent sur mon visage le faisceau de leur lampe mais j'entends à plusieurs reprises mon nom cité dans leurs propos. Après nous avoir délestés de nos montres, bracelets, bagues et tous ce qui pouvait avoir une valeur si minime soit-elle, nos convoyeurs jettent d’autres prisonniers sur nous et le camion se remet en route. Je suis déplacé vers le fond du camion pour faire de la place aux nouveaux compagnons. La piste est en très mauvais état, le trajet, chaotique et une pluie de coups s'abat sur nous à chaque plainte. Quelqu'un me tire par les bras pour me traîner vers le fond du camion, j'ai dû glisser de ma position certainement à cause des secousses.

Inal

Le 11 novembre au matin, le camion ralentit et s’immobilise dans la base militaire d’Inal, un coin perdu dans le Nord de la Mauritanie, à 255 km de Nouadhibou, le long de la voie ferrée. La ville d’Inal ou plus exactement le hameau, se situe à quelques huit cents mètres à l’est de la base militaire. Une piste poussiéreuse traverse le terrain vague qui les sépare. C’est sur ce terrain que se déroulent les compétitions sportives entre la population civile de la localité et les militaires. Je connais aussi ce camp pour y avoir travaillé quatre mois en 1988 après le putsch manqué de 1987. J'étais muté ici en qualité d’adjoint au commandant de base. Un grand mur empêche de voir ce qui se passe dans la caserne à partir de la ville, l’accès, constamment surveillé par un poste de garde, se trouve au milieu de ce mur. Les autres façades sont délimitées par une digue de sable. Deux chaînes rocheuses bordent la base au nord et au sud, la rendant pratiquement invisible aux voyageurs à bord du train qui passe à peu près à six cents mètres seulement de là. La base d'Inal est construite dans une batha, une sorte de vallée. A l’ouest se trouve un terrain que j’avais aménagé en terrain de foot lors de mon précédent séjour. C’est sur ce terrain-là que se déroulaient les entraînements et les compétitions entre les pelotons, toutes les activités qui ne nécessitaient pas la présence de la population civile. La place d’armes est au centre du camp, en face, trône la maison du commandant de base avec les bureaux et, juste à côté, un appartement qui fut jadis le mien et plus loin, les baraquements abritant les sous-officiers puis ceux des hommes de troupes. Ensuite viennent les hangars de voitures. Ils font face au terrain de foot. Les murs, de construction très rudimentaire, sont faits de briques en terre. Pour soutenir la toiture, la charpente est dressée à l’aide de rails coupés et de traverses de rails, en fer, serrées les unes contre les autres. Pour recouvrir le toit, comme pour les briques destinées à bâtir les murs, il faut creuser afin de trouver un sol de consistance argileuse. Quant aux portes, c’est tout simplement le système "D", tôle de fûts défectueux, des planches récupérées à partir de caisses de munitions, mais la plupart du temps, on se contente d’un rideau de fortune : toiles de tente, vieilles couvertures ou simplement des sacs de riz en toile de jute.

Le camion s’arrête quelques minutes, je suppose que c’est pour donner le temps au chef de poste de prévenir le capitaine Sidina Ould Taleb Bouya, le commandant de base. Nous avions lui et moi travaillé ensemble quelques années auparavant, sous des cieux plus cléments. En attendant, des soldats tournent autour du camion en se donnant des informations les uns les autres. Quelqu’un appelle un caporal répondant au nom de Ould Demba pour lui dire qu’il y a parmi les prisonniers un officier et quelques sous-officiers supérieurs. Des insultes fusent de partout. Le jour commence à se lever, je peux distinguer sous mon bandeau le corps d’un soldat couché tout près de moi. Je ne me hasarde cependant pas à essayer de voir ce qui se passe au-delà du camion. J’ai vite appris qu’il est plus sage de ne pas chercher à identifier nos tortionnaires. Il y en a qui ont payé cher pour moins que ça. La moindre question entraîne toujours une sévère répression de la part de nos gardiens. Tout est prétexte à rouer de coups, une parole, une plainte, un chuchotement, tout. Le silence se fait tout d’un coup. "Allez-y", dit une voix. La portière arrière du camion s’ouvre et des mains nous saisissent par les bras, par les pieds. Nous sommes jetés sans ménagement au sol. J’entends qu’on s’acharne sur les prisonniers : dès qu’ils touchent le sol, les soldats se ruent sur eux en les arrosant de coups. Je suis séparé de mes compagnons d’infortune, on me retire la corde qui m'entrave les pieds pour me conduire dans un local et on me ligote de nouveau. Il fait froid tout à coup. "Bienvenue lieutenant", la phrase me parvient en même temps qu’une gifle. Je reconnais cependant la voix du capitaine Sidina à qui je dois cette claque magistrale. "Amlouh", occupez-vous de lui, dit-il, l'expression signifie en maure, préparez-le. Des mains m’agrippent, m’allongent sur le sol. Quelqu’un me détache les mains pour m'enlever ma veste. Je reçois à nouveau un coup de pied dans les côtes, cette fois. Puis c’est l’enfer, les coups s’abattent sur moi de plus en plus violents. Au début, j’essaie de résister à la douleur mais elle se fait très vite insoutenable. Je sombre dans l’inconscience. Quand je reviens à moi, je suis attaché à un poteau servant à soutenir la toiture de la pièce. C’est fait de sorte que je ne puisse adopter que la position assise : le poteau est placé entre mes mains et mon dos. Ma corde aux pieds est remplacée par une chaîne avec un cadenas au milieu.


…Sur ce, il s’éloigne et j’entends entrer un groupe. Mon bandeau est violemment arraché, cette rupture brutale avec l’obscurité me fait mal aux yeux. Je reconnais dans le groupe devant moi deux personnes, le lieutenant Rava Ould Seyid et le sous-lieutenant Ely Ould Ahamed. Tous les deux ont servi successivement sous mes ordres comme adjoints à La Guerra. Ils ont partagé régulièrement mes repas. Etant tous les deux célibataires, je leur avais ouvert les portes de ma maison pour leur éviter de manger à la cuisine collective. Aussi me dis-je que je vais pouvoir obtenir enfin une explication. Mais sur leurs visages, je ne lis que mépris et une haine inexplicable à mes yeux. Ely me donne un coup de rangers dans la cuisse gauche et me crache au visage tandis que Rava, lui, me traite de tous les noms. Ely arrache le ceinturon d’un soldat qu’il passe autour de mon cou, prend un bout et tend l’autre à Rava. Ils se mettent à tirer chacun de son côté jusqu'à ce que je perde connaissance. On me ranime avec un seau d’eau. "Alors connard, raconte", dit Ely. Il s'est exprimé en maure. Je lui réponds que je ne comprends pas, que je n’ai rien à raconter et que par-dessus tout je souhaiterais que quelqu’un m’explique ce qui se passe. Nouvelle séance d’étranglement par mes deux anciens pensionnaires. Elle est douloureuse, la reconnaissance du ventre. J'aurais dû les laisser crever de faim, peut-être qu'ils auraient eu moins d'énergie pour serrer aussi fort. Le même ordre revient, "roud", "raconte". Même réponse. Alors pris d'une fureur que je ne comprends toujours pas, ils se jettent sur moi, criant, injuriant, me frappant n’importe où, me jurant que je leur dirai la vérité. Je me souviens des conseils du mystérieux soldat mais je ne sais vraiment pas quoi dire pour qu’on me laisse enfin en paix. Ils ordonnent aux soldats qui les accompagnent de s’occuper de moi. Je suis détaché et mis à plat ventre pour que chacun puisse profiter d’une parcelle de ma peau où frapper. Les soldats sont armés de gourdins, de fils de fer, de ceinturons, de cordes et de lanières. Les deux officiers s’en vont ; on recommence à me taper dessus. J’ai l’impression qu’un ouragan me passe dessus. Les coups s’abattent avec une telle violence qu’il ne m’est même pas nécessaire de feindre des cris de douleur. Quand ils s’arrêtent, tout mon corps n’est qu’une plaie. Le sang colle mes vêtements à ma peau… »…..

Extrait de « l’enfer d’Inal »
SY Mahamadou
source: ODH Mauritanie
Dimanche 22 Juillet 2012 - 12:33
Dimanche 22 Juillet 2012 - 12:33
INFOS AVOMM
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1.Posté par Djiné Lô le 11/11/2009 17:32
Merci mon grand! Ce sont des hommes de ce calibre que notre pays à besoin. Une force tranquille douée de l'humilité, c'est de cela qu'il s'agit quand on parle de Sy Mohamed.

2.Posté par wane le 18/11/2009 17:00
vous etes de brave avec ta soifrance vous continuer a vous batre pour les autres mille merci

3.Posté par ELY OULD KROMBELE le 20/07/2012 16:56
Après avoir subi tout ce calvaire,Sy Mahamadou est resté zen avec tout le monde .Une grandeur humaine qui n'a d'égale que la foi messianique.
Personnellement je serais incapable d'avoir le meme sens d'humilité,de pardon que SY.C'est pour cela qu'il doit etre classé au panthéon des non-violents tels M L KING,GANDHI,MANDELA.Tout en souhaitant à SY et Mandela qui vient juste de feter ses 94 ans longue vie.

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