Le Centre Arabo-africain pour l’Information et le Développement a organisé un débat sur la crise politique en Mauritanie marqué par l’absence criante d’intellectuels négro-africains. A. L. ôuld Gourmo Abdoul qui s’en inquiétait, Ahmed Salem Ould Dah, directeur du Centre, aurait justifié cette absence par l’indifférence des négro-africains aux grandes questions nationales.
Ce prétendu manque d’intérêt des négro-africains pour les questions nationales est d’ailleurs aujourd’hui devenu une rengaine pour bon nombre de politiciens aussi bien ceux de la COD qui jugent que ces derniers ne se mobilisent pas suffisamment, pour ne pas dire pas du tout, autour de leur fameux « Aziz dégage » , que ceux de la majorité présidentielle qui ne les trouvent pas audibles dans la défense de leur champion de président.
Mais un minimum de sérieux et de déontologie aurait permis au directeur du Centre de ne pas tomber dans les clichés. Il aurait en effet suffi d’engager une enquête pour voir pourquoi les négro-mauritaniens ne s’impliquent pas dans ce que le centre et les leaders des partis politiques considèrent aujourd’hui comme les grandes questions nationales.
Si les négro-africains rechignent à battre le macadam pour l’une ou l’autre partie qui se déchirent pour le pouvoir aujourd’hui, c’est que leurs priorités sont ailleurs. Les Noirs de Mauritanie se seraient volontiers intéressés aux querelles de pouvoir s’ils ne se préoccupaient pas d’abord et avant tout d’être reconnus comme des citoyens à part entière de ce pays. Il faut le dire, ce pays est fondé sur un système inique dans lequel prime l’appartenance ethnique et raciale et qui confine le Noir au statut de citoyen de seconde zone quand il ne lui dénie pas purement et simplement son statut d’humain.
Comment se peut-il que tous les mauritaniens perçoivent de la même façon la crise politique alors même qu’ils ne sont pas traités sur le même pied d’égalité dans tous les secteurs de la vie nationale. Pour le négro-africain, la crise politique c’est d’abord la non résolution du problème de la cohabitation entre les différentes composantes de notre peuple. Il faudrait que chacun soit reconnu dans ses droits, que les chances soient égales pour tous, que les richesses du pays soit équitablement réparties entre tous, que plus personne ne soit humilié, avili ou tué simplement à cause de sa race ou de son ethnie.
Aujourd’hui, nous sommes encore très loin de cette Mauritanie de l’idéal, seule capable de fédérer l’ensemble de ses fils qui auront alors le sentiment véritable d’une communauté de destin et donc des préoccupations communes. Aujourd’hui, nous avons droit à une Mauritanie régie par un système raciste et esclavagiste qui en est à son apogée.
Nous sommes dans une Mauritanie qui, au lieu d’avoir honte, s’enorgueillit de la plus hideuse des pages de sa jeune histoire : les présumés auteurs du génocide programmé contre la communauté négro-mauritanienne sont promus aux plus hautes responsabilités de l’Etat. Nous sommes dans une Mauritanie où la vie du nègre n’a aucune valeur. Les gendarmes de Maghama tirent sur des manifestants pacifiques assassinant froidement un jeune adolescent de seize ans dont le seul tort est de réclamer d’être traité dignement, ils reçoivent l’onction du président de la république en personne sans que personne n’y trouve rien à redire.
C’est donc tout naturellement que les gendarmes de Ould Yengé se livrent aux traitements les plus dégradants sur de jeunes peuls arrêtés sur dénonciation simple dénonciation d’un commerçant sans que personne ne lève le petit doigt. Comment dans ces conditions Ahmed Salem Ould Dah peut-il avoir l’outrecuidance de parler d’indifférence des négro-africains aux grandes questions nationales. Si l’on doit parler d’indifférence à l’intérêt national, ce serait plutôt à propos de ces intellectuels, de ces partis et de ces masses prompts à dénoncer les souffrances des peuples palestinien, libyen ou syrien pendant que leurs compatriotes souffrent le martyr dans leur propre pays parce qu’ils ont le tort d’être nés noirs. L-indifférence c’est le silence coupable que l’on a observé quand on massacrait et déportait du noir à tours de bras.
Ces événements et tout ce qui s’en est suivi ont mis à rude épreuve l’existence même de notre pays et la préoccupation prière des Noirs de Mauritanie est d’accéder à leur dignité de citoyens, condition sine qua none pour un avenir pérenne et pour un développement harmonieux du pays. Y a-t-il question de plus grande importance nationale ?
Alassane Dia,
Professeur à l’Université de Nouakchott,
Coordinateur de Touche pas à ma nationalité.
Source: cridem.org
Ce prétendu manque d’intérêt des négro-africains pour les questions nationales est d’ailleurs aujourd’hui devenu une rengaine pour bon nombre de politiciens aussi bien ceux de la COD qui jugent que ces derniers ne se mobilisent pas suffisamment, pour ne pas dire pas du tout, autour de leur fameux « Aziz dégage » , que ceux de la majorité présidentielle qui ne les trouvent pas audibles dans la défense de leur champion de président.
Mais un minimum de sérieux et de déontologie aurait permis au directeur du Centre de ne pas tomber dans les clichés. Il aurait en effet suffi d’engager une enquête pour voir pourquoi les négro-mauritaniens ne s’impliquent pas dans ce que le centre et les leaders des partis politiques considèrent aujourd’hui comme les grandes questions nationales.
Si les négro-africains rechignent à battre le macadam pour l’une ou l’autre partie qui se déchirent pour le pouvoir aujourd’hui, c’est que leurs priorités sont ailleurs. Les Noirs de Mauritanie se seraient volontiers intéressés aux querelles de pouvoir s’ils ne se préoccupaient pas d’abord et avant tout d’être reconnus comme des citoyens à part entière de ce pays. Il faut le dire, ce pays est fondé sur un système inique dans lequel prime l’appartenance ethnique et raciale et qui confine le Noir au statut de citoyen de seconde zone quand il ne lui dénie pas purement et simplement son statut d’humain.
Comment se peut-il que tous les mauritaniens perçoivent de la même façon la crise politique alors même qu’ils ne sont pas traités sur le même pied d’égalité dans tous les secteurs de la vie nationale. Pour le négro-africain, la crise politique c’est d’abord la non résolution du problème de la cohabitation entre les différentes composantes de notre peuple. Il faudrait que chacun soit reconnu dans ses droits, que les chances soient égales pour tous, que les richesses du pays soit équitablement réparties entre tous, que plus personne ne soit humilié, avili ou tué simplement à cause de sa race ou de son ethnie.
Aujourd’hui, nous sommes encore très loin de cette Mauritanie de l’idéal, seule capable de fédérer l’ensemble de ses fils qui auront alors le sentiment véritable d’une communauté de destin et donc des préoccupations communes. Aujourd’hui, nous avons droit à une Mauritanie régie par un système raciste et esclavagiste qui en est à son apogée.
Nous sommes dans une Mauritanie qui, au lieu d’avoir honte, s’enorgueillit de la plus hideuse des pages de sa jeune histoire : les présumés auteurs du génocide programmé contre la communauté négro-mauritanienne sont promus aux plus hautes responsabilités de l’Etat. Nous sommes dans une Mauritanie où la vie du nègre n’a aucune valeur. Les gendarmes de Maghama tirent sur des manifestants pacifiques assassinant froidement un jeune adolescent de seize ans dont le seul tort est de réclamer d’être traité dignement, ils reçoivent l’onction du président de la république en personne sans que personne n’y trouve rien à redire.
C’est donc tout naturellement que les gendarmes de Ould Yengé se livrent aux traitements les plus dégradants sur de jeunes peuls arrêtés sur dénonciation simple dénonciation d’un commerçant sans que personne ne lève le petit doigt. Comment dans ces conditions Ahmed Salem Ould Dah peut-il avoir l’outrecuidance de parler d’indifférence des négro-africains aux grandes questions nationales. Si l’on doit parler d’indifférence à l’intérêt national, ce serait plutôt à propos de ces intellectuels, de ces partis et de ces masses prompts à dénoncer les souffrances des peuples palestinien, libyen ou syrien pendant que leurs compatriotes souffrent le martyr dans leur propre pays parce qu’ils ont le tort d’être nés noirs. L-indifférence c’est le silence coupable que l’on a observé quand on massacrait et déportait du noir à tours de bras.
Ces événements et tout ce qui s’en est suivi ont mis à rude épreuve l’existence même de notre pays et la préoccupation prière des Noirs de Mauritanie est d’accéder à leur dignité de citoyens, condition sine qua none pour un avenir pérenne et pour un développement harmonieux du pays. Y a-t-il question de plus grande importance nationale ?
Alassane Dia,
Professeur à l’Université de Nouakchott,
Coordinateur de Touche pas à ma nationalité.
Source: cridem.org