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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

DÉCEMBRE 1982/ DÉCEMBRE 2007 : Retour sur 25 ans de ni guerre ni paix en Casamance


DÉCEMBRE 1982/ DÉCEMBRE 2007 : Retour sur 25 ans de ni guerre ni paix en Casamance
26 décembre 1982-25 décembre 2007, voilà 25 ans jour pour jour depuis que le conflit casamançais est né. Ce jour-là, en 1982, un groupe de femmes et d’hommes, portant des enfants et agitant des drapelets blancs envahissent les rues de Ziguinchor, réclamant l’indépendance de la Casamance. Les marcheurs vont jusqu’à la gouvernance de la ville et descendent le drapeau du Sénégal pour monter à la place un autre de couleur blanche. Cette manifestation sera violemment réprimée par les forces de l’ordre.

Cette situation a créé un grand trouble dans la ville mais au finish, les manifestants se retirent. Le calme revient à Ziguinchor quelques heures seulement après la manifestation. Les jours qui ont suivi ont été marqués par de nombreuses arrestations, y compris des innocents. Parmi les arrêtés, figurait l’abbé Diamacoune Senghor, considéré comme étant le cerveau du soulèvement. Il sera transféré à Dakar et inculpé pour le motif d’atteinte à la sûreté de l’État et incarcéré à la prison de Reubeuss, avec d’autres personnes qui ont pris part à la manifestation ou soupçonnées de complicité. Pendant un an, on n’a plus reparlé de cette affaire, certains avaient même cru que cette parenthèse était définitivement fermée. Erreur !

Le 6 décembre 1983, c'est-à-dire la veille du procès de l’abbé Diamacoune et de tous ses autres co-inculpés dans cette affaire, trois gendarmes qui étaient partis enquêter par rapport à une réunion qui se tenait à Diabir, à moins de deux kilomètres, au sud de Ziguinchor, par des responsables et sympathisants du prélat, seront froidement exécutés. Cette information remettra sur la surface la revendication indépendantiste, créant une forte psychose au sein de la population qui commence à prendre au sérieux cette affaire qui n’avait pas ébranlé outre mesure un an auparavant. Cet incident était annonciateur d’importants événements qui allaient mettre le Sénégal sous les rampes de l’actualité internationale. Des hommes armés de flèches, de fusils de chasse et de quelques fusils automatiques, envahissent très tôt la ville de Ziguinchor, le dimanche 18 décembre 1983 et tentent de prendre la gouvernance.

La réaction des forces de l’ordre est musclée, toutes les rues et ruelles du centre ville sont des théâtres d’affrontements qui durent jusqu’aux environs de 14 heures avant que le calme ne revienne. Le bilan officiel f ait état de 20 morts, 15 du côté des indépendantistes et 5 dans les rangs des forces de sécurité. Toutefois, les observateurs estiment ce bilan à plus d’une centaine de morts dont la majorité est composée de civils qui ont reçu des balles perdues. Parmi les morts du côté des rebelles, figurait Aliou Badji, un retraité de l’armée nationale qui dirigeait les troupes. À l’issue des affrontements, un autre membre du commandement des insurgés, Sidy Badji, un ancien de l’armée française qui a pris part à la guerre d’Algérie, prendra le reste des troupes pour se retirer dans le maquis.

Tandis qu’à Dakar le procès de l’abbé Diamacoune et compagnie se poursuivait. Le prélat sera condamné à cinq ans de prison ferme et la même peine sera prononcée pour la plupart de ses compagnons. C’est en 1987 que l’ancien élève de Ngasobil recouvre la liberté et revient aussitôt en Casamance. Une localité qui est restée calme dans ses quatre coins durant toute cette période. Mais ce calme, contrairement à ce que pensaient les gens, n’était pas annonciateur d’une paix définitive. Elle fut marquée par un recrutement massif de jeunes par la rébellion composée au départ de vieux qui avaient souvent la soixantaine environ. C’est durant cette période que des jeunes qui étaient au lycée comme Kamoughé Diatta (ancien chef du front nord), Salif Sadio (l’actuel chef du maquis), ou Maurice Diatta Adiokane (tué récemment par ses frères rebelles), ont rejoint le maquis concentré exclusivement à l’époque à la frontière bissau-guinéenne.


Bignona entre dans la danse

C’est en 1990 que le département de Bignona a, pour la première fois, connu la rébellion avec la création du front nord et comme chef le jeune Souwaïbou Diatta alias Kamoughé. C’est aussi l’année durant laquelle la lutte armée a repris avec l’attentat de la place de Gao perpétré à l’occasion d’un gamou par des gens jusque-là non identifiés. Ensuite, ce fut l’attaque systématique des symboles de l’État comme la sous-préfecture de Nyassia, la brigade de la douane de Séléti ou de Tanaff avec son cortège de morts. Même des responsables politiques locaux, comme le député Mamadou Cissé, tué dans la zone de Nyassia en 1990 feront les frais du nouveau cycle de violence.

Des braquages sont perpétrés aussi sur des véhicules de transport en commun, principalement sur l’axe Bignona-Diouloulou. Les rebelles demandent essentiellement aux passagers de participer à l’effort de guerre. À ces événements, se succèdent des affrontements entre l’armée et les indépendantistes qui opèrent désormais avec des kalachnikovs et en même temps posent des mines. Cette situation s’étend sur toute l’année 1990 et l’abbé Diamacoune est de nouveau arrêté et transféré à Dakar, avec d’autres membres de la rébellion comme Mamadou Nkrumah Sané ou soupçonnés de l’être. La confusion règne partout en Casamance où le feu et le sang sont devenus le quotidien des populations.

Le président de la République, M. Abdou Diouf qui avait jusque-là refusé de reconnaître ce mouvement, semblait dépassé par les événements. C’est à cette période précise qu’un groupe de députés libéraux de la Casamance, composé de Marcel Bassène, Laye Diop Diatta, Oumar Lamine Badji et Moussa Diédhiou, décide d’agir pour freiner ce conflit. Ce groupe, conduit par Marcel Bassène, mettant sa vie à prix, descend dans le maquis avec comme objectif de prendre langue avec les rebelles. Après plusieurs mois de démarches secrètes, il réussit à obtenir de Sidy Badji, le chef du maquis la rencontre du 20 mars 1991 de Toubacouta (situé à 10 kilomètres au sud de Ziguinchor). Cette rencontre qui coïncide avec la libération de l’abbé Diamacoune sur une décision présidentielle, pose les jalons des accords du cessez-le-feu du 31 mars 1991 de Bissau entre le gouvernement et le Mfdc. Cela permit à la Casamance de retrouver le calme. Marcel Bassène est nommé coordonnateur de la paix en Casamance.

Événement de Kaguith

Mais dès septembre 1992, les accords sont rompus par les événements de Kaguith nés des suites de violents affrontements opposant l’armée nationale aux rebelles. Le bilan officiel fait état d’une cinquantaine de tués, tous dans le camp des indépendantistes. Mais il sera contesté par les populations qui indiquent que la majorité des morts étaient des villageois innocents ayant reçu des éclats d’obus tirés par l’armée qui avait pilonné le village. Sidy Badji qui a cédé son poste de chef du maquis à Léopold Sagna est arrêté et torturé pendant plusieurs mois par ce dernier avant d’être libéré sur injonction des autorités de Bissau garantes des accords signés dans leur pays sur ce conflit. Il est transféré à Bissau avant d’être ramené à Ziguinchor par les autorités étatiques qui lui attribuent une maison. L’abbé Diamacoune, de son côté, émigre vers le maquis à partir d’août 1992 et y réside jusqu’en mars 1993 avant de revenir à Ziguinchor. En ce moment, la situation était très tendue.

La Casamance était à nouveau à feu et à sang et cela jusqu’au 13 juillet 1993, date à laquelle le Mfdc et le gouvernement signent un nouvel accord. Entre temps, il a été mis fin aux fonctions de Marcel Bassène comme coordonnateur de la gestion de la paix pour des raisons politiques, certains responsables socialistes ayant conseillé à Abdou Diouf de le dessaisir du dossier au risque de perdre les élections en Casamance. L’accalmie née des accords du 13 juillet 1993 est rompue au début de 1995 avec la reprise des hostilités entre l’armée et les rebelles qui a, entre temps, un nouveau chef, un certain Salif Sadio propulsé à la tête du maquis à la place de Léopold Sagna par certains responsables du bureau national du Mfdc et certains chefs de guerre du mouvement qui ont mal pris l’acceptation de M. Sagna d’être reçu par le président Abdou Diouf à la Présidence.

Cette reprise de la violence va être marquée par l’exécution du sous-préfet de Sindian de l’époque, Ameth Faye parti recouvrir les impôts, ce qui était quasiment interdit par les rebelles. Ce nouveau cycle de violence atteint son paroxysme avec la mort de 25 soldats tués suite à de violents affrontements à Mandina Mankagne. Les sérères regroupés au sein du comité d’initiative sérère pour la paix en Casamance (Cispac) qui avaient réussi à réconcilier l’abbé Diamacoune et Sidy Badji à couteaux tirés depuis le courant de l’année 1992 reprennent, à nouveau leur bâton de pèlerin. Cette démarche aboutit à un appel de l’abbé Diamacoune demandant à ce que tous ceux qui se réclament de lui déposent les armes car conscient d’un combat pour une indépendance qu’ils n’obtiendront jamais.

C’est suite à cela que le calme est à nouveau revenu dans la région. Il est renforcé par la deuxième édition du festival des origines (Aguène-Diambogne), regroupant les cousins sérères et diolas, initié par l’ancien gouverneur de Fatick, Saliou Sambou. Ce festival fut marqué par la présence d’Abdou Diouf qui a présidé son ouverture au stade Aline Sitoé Diatta de Ziguinchor. Et jusqu’au mois de juillet 1997, Salif Sadio et ses hommes ne s’étaient pas signalés avant que la violence ne refasse surface. Mandina Mankagne, situé à un kilomètre au sud-est de Ziguinchor sera le point de mire de ce nouveau cycle de violence avec 19 soldats tués presque dans les mêmes conditions que ceux de Babonda. Après ces événements, le conflit prendra une nouvelle tournure à cette période avec la décision du maquis de porter une aide au général Ansoumana Mané dans le conflit qui opposait celui-ci au président Nino Vieira qui bénéficiait de l’appui de l’armée nationale. La confrontation entre l’armée et le Mfdc se déplace sur un terrain neutre. Et entre temps, le prélat avait demandé à Léopold Sagna de rejoindre le maquis et de reprendre la tête de celui-ci car étant le chef désigné par ses soins. M. Sagna et tous les membres de son commandement parmi lesquels Ousmane Koubalasso, Nfally Bassène alias Dreux et Djikerro Tendeng seront exécutés sur ordre de Salif Sadio.

Les assises de Banjul

Cette situation perdure jusqu’en 1999 avec les assises du Mfdc, tenues en juin à Banjul en Gambie suite à un long travail d’un comité de pilotage, créé par l’abbé Diamacoune Senghor et dirigé par son frère, Bertrand Diamacoune, malgré les tentatives du président Diouf de trouver des solutions. On se rappelle de la poignée de main entre lui et l’abbé Diamacoune Senghor qui avait fait le tour du monde, le 26 janvier 1999, lors d’une visite qu’il avait effectuée à Ziguinchor. Suite à cette visite, il avait confié la gestion du dossier à son ministre d’Etat de l’époque, Robert Sagna. Les initiatives et l’influence de ce dernier ont été déterminantes par rapport aux avancées notées à l’époque. Suite aux assises de Banjul qui avaient été transformées en un congrès extraordinaire, le Mfdc retrouve son unité et confirme l’abbé Diamacoune qui était parfois contesté à sa tête. Cette rencontre révèle de nouvelles têtes membres du mouvement, cachés en Europe qui n’étaient jusque-là pas connues du grand public.

Il s’agit particulièrement de l’actuel secrétaire général du mouvement, Jean-Marie Biagui, Ousmane Tamba, un ancien aviateur de l’armée, d’Alexandre Djiba et d’autres jeunes regroupés au sein d’une structure appelée la Cilic. C’est aussi elle qui permet d’ouvrir les premières négociations entre le Mfdc et le gouvernement de novembre de la même année à Banjul, ponctuées par la réactualisation des accords de cessez-le-feu de juillet 1993, conclus entre les deux parties et l’établissement d’un calendrier de négociations avec les bons offices de la Gambie et de la Guinée-Bissau.

Les rencontres qui suivent débouchent sur la mise sur pied de la Mocap (Mission de surveillance des accords de paix), regroupant les représentants des deux pays garants, du Mfdc, de l’État, de la société civile et du comité clérical, avec comme mission de veiller à l’application des accords signés. Et c’est à cette étape qu’est intervenue l’alternance politique du 19 mars 2000 au Sénégal. Comme on se le rappelle, la première approche du président Wade a consisté à demander à tous ceux qui interviennent dans le processus de paix de se mettre sur la touche. Ce qui remet en cause tous les acquis obtenus par l’ancien régime avec comme première conséquence la reprise des hostilités, marquée par de violents affrontements le 19 avril 2000 à Mpack où les combattants de Atika, appuyés selon toute vraisemblance par des militaires bissau-guinéens ont violemment attaqué les postes frontaliers de l’armée et de la douane. Me Abdoulaye Wade persiste dans cette logique en tentant de trouver une ouverture lui permettant de discuter directement avec les détenteurs des armes mais en vain. Il se résout finalement à se tourner vers l’aile politique, ce qui lui permit d’obtenir la rencontre du 16 décembre 2000 entre le gouvernement et le Mfdc à Ziguinchor.

Mais le choix de cette localité et des négociateurs du président de parler exclusivement avec l’abbé Diamacoune crée une division au sein de la rébellion et c’est ainsi que Sidy Badji et ses hommes refusent d’assister à cette rencontre. Il a fallu l’intervention de bonnes volontés pour faire revenir à de meilleurs sentiments l’ex-chef du maquis, mais il n’y vient qu’en tant qu’observateur, lui et ses lieutenants. La montagne accouche d’une souris à l’issue de cette rencontre, annoncée avec grande pompe par le nouveau régime. Les deux autres rencontres des 16 et 23 mars 2001 ne connaîtront pas de succès elles aussi. La division qui commençait à s’approfondir au sein du mouvement indépendantiste en étant la principale cause. Pendant ce temps, le sang continue de couler. Pour permettre au Mfdc de se retrouver, de nouvelles assises sont convoquées à Banjul en août 2001. Ses initiateurs décident, à l’occasion, d’évincer l’abbé Diamacoune de son poste de chef du Mfdc. Cela entraîne des blocages faisant intervenir personnellement le président Yaya Jammeh qui arrache un compromis aux antagonistes. Ce compromis relègue l’abbé au poste de président d’honneur et Jean-Marie Biagui au poste de secrétaire général.

Rentrés à Ziguinchor, l’abbé et ses partisans remettent en cause ce compromis et déclarent à qui voulait les entendre que le prélat est un président actif et non d’honneur. La confusion refait à nouveau surface et pour en venir à bout, l’abbé demande à Jean-Marie Biagui de démissionner afin de rendre le bureau issu des assises de Banjul caduc. Le prélat signe un autre communiqué réhabilitant M. Biagui de son poste et exclut Sidy Badji (celui-ci entre temps s’autoproclame secrétaire général du Mfdc par intérim suite à la démission de Biagui) et tous ses lieutenants. Le mouvement ne se retrouve plus jusqu’au décès de Sidy Badji en mai 2003 suite à une longue maladie. C’est dans cette division que l’abbé Diamacoune signe les accords de paix du 30 décembre 2004 à Ziguinchor avec le gouvernement.

Des accords qui n’ont jamais été suivis d’effets jusqu’à la mort du prélat en janvier 2006 à l’hôpital du Val de Grâce de Paris suite à une insuffisance rénale. Entre temps, la violence qui a connu une baisse assez sensible a encore fait des victimes et non des moindres. Il y a eu l’assassinat le 31 décembre 2006 de Oumar Lamine Badji, ancien président du conseil régional de Ziguinchor et la semaine passée celui de Dino Samsidine Néma Aïdara, chargé de mission à la présidence de la République.



Auteur: Mamadou DIALLO (Ziguinchor)
le matin
Vendredi 28 Décembre 2007 - 13:39
Vendredi 28 Décembre 2007 - 13:47
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