Toutes les dispositions sont là à portée de main !
Il suffit de se redresser davantage (Clap ! tournez la manivelle, tournage !) et de ne plus jamais se courber devant le monde. Pourquoi d’ailleurs avoir accepté de se courber quand la rencontre des cultures avait sonné ses clairons et clarinettes, ses sifflets et tambours, ses pinceaux, micros et caméras, les hommes jetèrent dans les airs toutes les étoiles fluorescentes en leur possession. Elles finirent par barioler leur propre horizon devenu comme un éclat blanc dans une salle sombre. Surgit un film sur un écran : « Timbuktu » ! Voir : « Salle Debussy du Palais des Festivals ». Cannes 15/05/2014 !
« Les absents ont vraiment eu tort. On a découvert «Timbuktu» (« Le chagrin des oiseaux»), le cinquième long métrage du réalisateur mauritanien, Abderrahmane Sissako ». J’ai lu sur le Net comme tout monde.
En tant qu’historien je vais m’amuser. Je vais donner en vrac plein d’éléments d’un puzzle historique complexe. Je le fais pour une raison toute simple: pour démontrer qu’il nous est impossible de nous retrouver dans une identité fixe, figée jusqu’à assigner un lieu comme une appartenance exclusive et excluante.
Donc : Tin-Buktu, « puits », « lieu », Tamasheq, Songhaï : « dépression entre les dunes », « ville aux 333 saints », « perle du désert », « sommet de la boucle du Niger », mosquée de Sankoré, mosquée de Djingareyber, Medersa aux dimensions de la Kaaba, Sonni Ali Ber, Ahmed Baba, Abu Ishaq, les Alouites ancêtres de ceux d’aujourd’hui, René Caillé même, mais avant lui un certain Abderrahmane Es Saâdi (et bien d’autres…) avec son livre incontournable qui décrit la ville vers 1660, Tarikh es-Soudan. Patrimoine mondial de l’unesco, jusqu’à Belmoktar le borgne et serval comme un aigle laissant tomber une décharge insoumise : mnla !
On ne s’y retrouve pas jusqu’au Mali actuel avec toutes les complexités historiques (puzzle historique) qui sont à l’origine de ce film d’un Abderrahmane Sissako, mauritanien bien particulier, car métis débout et affirmé. Sinon quelques journaux en France n’auraient jamais titré : « Un diamant noir. La révélation du jour. Un choc, un bonheur pur… « Timbuktu », seul film africain de la sélection, qui a ouvert hier la compétition officielle, mérite la Palme d’or ».
En tout cas il fait la Une des infos cinématographiques, occupe des pages de journaux, défile sur les sites d’informations : « seul film africain de la sélection »). Le journal Aujourd’hui en France (numéro 4568 du vendredi 16 mai 2014, lire pp. 32-33) titre, en couverture avec photo à l’appui : « Et si l’Afrique tenait sa Palme ? »
C’est fini ! Lumières ou remboursez ! Ranger vos caméras et vos films, nous avons gagné ! Au prochain festival…
J’ai bien sursauté (comme devant une scène joyeuse ou triste dans une salle de cinéma) de ma chaise et j’ai arrêté toute autre activité. Je me suis mis à lire tous ce qui pouvait renforcer en moi l’idée que mon homonyme allait bien décrocher cette palme tant convoitée par tant de talentueux. Mais à chacun son tour chez le hallaq du coin ! « Seul film africain de la sélection » ! Quelle beauté ! Ma fibre nationale - régionale, continentale, internationale même nègre - électrise tout mon corps, mais il fallait aussi se rassoir et ne pas trop rêver. Mais « si si si… » me dit une voix interne ! Et pourquoi pas ?
Surtout quand nous prenons en compte la réalité qui se dissimule derrière cette vieille Bouctou (une femme dit-on !) qui garde une « dépression entre les dunes » selon l’étymologie Songhaï ou un « puits », un « lieu » selon la culture Tamasheq. Cela importe peu que ce soit du tamasheq, du bambara, du hassanya, du fulfulde ou du soninké… c’est comme un film, s’il est bon, il est bon et s’il est mauvais, eh bien c’est un vrai navet. Et le navet c’est berk ! comme disent les enfants de nos immigrés. Paroles de rue…
Parce que, quelque-soit l’identité ethnique source d’inspiration de cette dénomination, tout le monde s’accorde que c’est un entre dunes, puits, lieu et une mère protectrice commune, Bouctou. Leçon historique : trois constantes et une variable, mais fondatrice de leur seule et unique essence : la convergence. Je crois que c’est l’es-sen-tiel en tout, et c’est très suffisant pour se faire rencontrer les hommes venant de partout, et ayant la volonté de bâtir civilisation et prospérité car la boucle du Niger est équidistante par rapport aux deux rives de l’Afrique (blanche et noire ou tout simplement créole).
Là le film du compatriote aiguise davantage mon appétit de tendeur de tous ces pièges amicaux et critiques de notre manque d’observation sur ce qui point chez nous, à partir de notre propre horizon. Abderrahmane Sissako fait converger les critiques et les appréciations comme le suggèrent toutes les deux étymologies (Songhai et Tamasheq) de Timbuktu : lieu. Mais Abderrahmane Sissako est métis ! C’est aussi la rencontre (le lieu = événement) et l’ultime d’entre elle l’amour portée au fond de soi.
Et comment ne pas croire à la profondeur de l’âme de ce cinéaste mauritanien que le monde est en train de découvrir. Il dit une chose terrible et qui fait froid au dos quand il explique la naissance de son idée. Voilà ce qu’il lance du comme une bande sonore de son film : « l'élément déclencheur a été la lapidation d'un couple non marié, père de deux enfants, dans le village de Aguelhok, au nord du Mali (…) On n'en a pas parlé, alors que quand un nouveau téléphone sort, la presse le filme. On devient indifférent à l'horreur si on ne fait pas attention. » Voilà un en-ra-gé : « … quand un nouveau téléphone sort, la presse le filme. On devient indifférent à l'horreur… ». Mais la mondialisation des futilités est un domaine encore vierge dans la recherche scientifique alors que ce volet de notre « planétarisation » détermine notre errance, jusqu’à ne pas faire attention à Aguelhok ou on lapidait des êtres au XXIe siècle alors quelques quatre petits siècles avant de véritables civilisations « laïques » étaient là dans une prospérité qui défie notre mondialisation et ses valeurs moribondes. En tout état de cause les hommes, qui rencontrèrent les premiers la femme Bouctou gardienne du lieu, venaient de partout des sphères du monde : vraie mondialisation, vraie modernité !
Mais la caméra d’Abderrahmane Sissako fait écrouler notre conscience devant l’aberration « moderne » dans laquelle nous vivons. L’image, rendue du film par les journaux, montre une femme en rage malgré l’acte barbare qu’elle endure : sa liberté de chanter malgré l’interdiction. Son habit noir rappelle l’image insoutenable diffusée par Boko Haram sur ces jeunes et innocentes filles enlevées à tout.
L’homme a souffert comme tant d’autres sur ce continent sinon il n’aurait pleuré, mais il s’explique et cela fait bien pleurer les âmes sensibles. Mais ses pleurs sont un accomplissement. Abderrahmane Sissako accomplit une mission donc il « … pleure à la place de ceux qui ont vécu cette réelle souffrance (…) Le vrai courage, c'est ceux qui ont vécu un combat silencieux. Tombouctou n'a pas été libéré par Serval. La vraie libération, c'est ceux qui chantaient au quotidien dans leur tête une musique qu'on leur avait interdite, ceux qui jouaient au foot sans ballon.»
L’homme est engagé, enflammé de l’intérieur. Il bouillonne et son corps, de son esprit n’accepte pas ce que nous avons vécu. Il ne souhaite point refermer le rebord de cette blessure sans penser sa cicatrice future. Donc, il nous la rend car nous en sommes les destinataires. Il fait son boulot avec esprit et conscience. Merci !
Son film est d’une actualité brûlante pour l’ensemble du monde et la Mauritanie en premier. Leur fils, déjà adulé, par tous les observateurs car le film semble avoir recréé la notion même d’événement au cœur du cinéma tel qu’il est pensé en occident. « chef-d’œuvre », « rien n’est fabriqué, rien n’est ‘’pensé’’ pour écrire un chef-d’œuvre », « Timbuktu est un coup de maître ! »
Le film réalisé en un mois et demi a été exécuté dans des conditions de sécurité inquiétante. Abderrahmane Sissako revient, en détails sur l’histoire même du film et remercie l’état mauritanien qui assuré la sécurité. L’enjeu est de taille ( ?). Félicitons-le quand même, dans ce cas précuis ! Car il faut encourager la création.
Cependant, notre future probable Palme d’or de Cannes ne doit pas servir pour redorer le blason de qui que ce soit. Mais servir à reconstruire, par exemple, les cinémas El Mouna, Lansar , Cinéma Gaumeze (du nom de ce français « illuminé » fondateur des premières salles chez nous), El Feth voire la salle de Kaëdi. Et créer même une filière à l’université qui encouragerait les filles à être derrière les caméras. Faire revivre le cinéma mauritanien. Qui ne se rappelle des vieux films Tergit et ceux de Med Hondo (grand voxographe, prêtant sa voix à de grands acteurs noirs américains) avec Les Bicots-Nègres, nos voisins (1973), Sidney Sokhna avec Safrana ou le droit la parole (1977). C’est possible. Les écrans ont changé et les thèmes aussi. Abderrahmane Sissako a allumé sa caméra depuis Bamako, film, sorti en 1990, comme bande annonce d’une future probable palme.
Tout cela me rappelle ce vieux professeur français Fuzeau René -d’Angoulême- qui, dans les années 70 à Boghé, était le seul à nous procurer la joie de regarder des films auxquels nous ne comprenions (film sur Victor Hugo et autres plus fantastiques les uns les autres) rien endurant toute la poussière et les moustiques qui agrémentent une projection à ciel ouvert.
Abderrahmane Sissako n’est pas dupe quand il dit : « Moi, j’appartiens à l’Afrique, au Sahel. Il fallait vraiment que je témoigne de ce qui s’y passe ». La dimension africaine de l’histoire est plus qu’importante. Et pour cause ? Le cinéma africain est en crise depuis bien longtemps. Fort témoignage qui permettra aussi au cinéma africain de revivre au moment où tous les secteurs de la vie du monde amorcent d’importantes bifurcations sous le poids des orientations économiques et politiques des plus puissants d’entre nous.
Et voilà mon petit témoignage sur lui et le bonheur que son film suscite déjà et ne manquera pas de susciter surtout quand sera déclarée cette sentence : La Palme d’or du festival de Cannes 2014 a été attribuée, à l’unanimité des membres du jury, au film Timbuktu du réalisateur africain (mauritanien) Abderrahmane Sissako !
Fin…
Abdarahmane NGAIDE
Nantes, le 16/05/2014
Il suffit de se redresser davantage (Clap ! tournez la manivelle, tournage !) et de ne plus jamais se courber devant le monde. Pourquoi d’ailleurs avoir accepté de se courber quand la rencontre des cultures avait sonné ses clairons et clarinettes, ses sifflets et tambours, ses pinceaux, micros et caméras, les hommes jetèrent dans les airs toutes les étoiles fluorescentes en leur possession. Elles finirent par barioler leur propre horizon devenu comme un éclat blanc dans une salle sombre. Surgit un film sur un écran : « Timbuktu » ! Voir : « Salle Debussy du Palais des Festivals ». Cannes 15/05/2014 !
« Les absents ont vraiment eu tort. On a découvert «Timbuktu» (« Le chagrin des oiseaux»), le cinquième long métrage du réalisateur mauritanien, Abderrahmane Sissako ». J’ai lu sur le Net comme tout monde.
En tant qu’historien je vais m’amuser. Je vais donner en vrac plein d’éléments d’un puzzle historique complexe. Je le fais pour une raison toute simple: pour démontrer qu’il nous est impossible de nous retrouver dans une identité fixe, figée jusqu’à assigner un lieu comme une appartenance exclusive et excluante.
Donc : Tin-Buktu, « puits », « lieu », Tamasheq, Songhaï : « dépression entre les dunes », « ville aux 333 saints », « perle du désert », « sommet de la boucle du Niger », mosquée de Sankoré, mosquée de Djingareyber, Medersa aux dimensions de la Kaaba, Sonni Ali Ber, Ahmed Baba, Abu Ishaq, les Alouites ancêtres de ceux d’aujourd’hui, René Caillé même, mais avant lui un certain Abderrahmane Es Saâdi (et bien d’autres…) avec son livre incontournable qui décrit la ville vers 1660, Tarikh es-Soudan. Patrimoine mondial de l’unesco, jusqu’à Belmoktar le borgne et serval comme un aigle laissant tomber une décharge insoumise : mnla !
On ne s’y retrouve pas jusqu’au Mali actuel avec toutes les complexités historiques (puzzle historique) qui sont à l’origine de ce film d’un Abderrahmane Sissako, mauritanien bien particulier, car métis débout et affirmé. Sinon quelques journaux en France n’auraient jamais titré : « Un diamant noir. La révélation du jour. Un choc, un bonheur pur… « Timbuktu », seul film africain de la sélection, qui a ouvert hier la compétition officielle, mérite la Palme d’or ».
En tout cas il fait la Une des infos cinématographiques, occupe des pages de journaux, défile sur les sites d’informations : « seul film africain de la sélection »). Le journal Aujourd’hui en France (numéro 4568 du vendredi 16 mai 2014, lire pp. 32-33) titre, en couverture avec photo à l’appui : « Et si l’Afrique tenait sa Palme ? »
C’est fini ! Lumières ou remboursez ! Ranger vos caméras et vos films, nous avons gagné ! Au prochain festival…
J’ai bien sursauté (comme devant une scène joyeuse ou triste dans une salle de cinéma) de ma chaise et j’ai arrêté toute autre activité. Je me suis mis à lire tous ce qui pouvait renforcer en moi l’idée que mon homonyme allait bien décrocher cette palme tant convoitée par tant de talentueux. Mais à chacun son tour chez le hallaq du coin ! « Seul film africain de la sélection » ! Quelle beauté ! Ma fibre nationale - régionale, continentale, internationale même nègre - électrise tout mon corps, mais il fallait aussi se rassoir et ne pas trop rêver. Mais « si si si… » me dit une voix interne ! Et pourquoi pas ?
Surtout quand nous prenons en compte la réalité qui se dissimule derrière cette vieille Bouctou (une femme dit-on !) qui garde une « dépression entre les dunes » selon l’étymologie Songhaï ou un « puits », un « lieu » selon la culture Tamasheq. Cela importe peu que ce soit du tamasheq, du bambara, du hassanya, du fulfulde ou du soninké… c’est comme un film, s’il est bon, il est bon et s’il est mauvais, eh bien c’est un vrai navet. Et le navet c’est berk ! comme disent les enfants de nos immigrés. Paroles de rue…
Parce que, quelque-soit l’identité ethnique source d’inspiration de cette dénomination, tout le monde s’accorde que c’est un entre dunes, puits, lieu et une mère protectrice commune, Bouctou. Leçon historique : trois constantes et une variable, mais fondatrice de leur seule et unique essence : la convergence. Je crois que c’est l’es-sen-tiel en tout, et c’est très suffisant pour se faire rencontrer les hommes venant de partout, et ayant la volonté de bâtir civilisation et prospérité car la boucle du Niger est équidistante par rapport aux deux rives de l’Afrique (blanche et noire ou tout simplement créole).
Là le film du compatriote aiguise davantage mon appétit de tendeur de tous ces pièges amicaux et critiques de notre manque d’observation sur ce qui point chez nous, à partir de notre propre horizon. Abderrahmane Sissako fait converger les critiques et les appréciations comme le suggèrent toutes les deux étymologies (Songhai et Tamasheq) de Timbuktu : lieu. Mais Abderrahmane Sissako est métis ! C’est aussi la rencontre (le lieu = événement) et l’ultime d’entre elle l’amour portée au fond de soi.
Et comment ne pas croire à la profondeur de l’âme de ce cinéaste mauritanien que le monde est en train de découvrir. Il dit une chose terrible et qui fait froid au dos quand il explique la naissance de son idée. Voilà ce qu’il lance du comme une bande sonore de son film : « l'élément déclencheur a été la lapidation d'un couple non marié, père de deux enfants, dans le village de Aguelhok, au nord du Mali (…) On n'en a pas parlé, alors que quand un nouveau téléphone sort, la presse le filme. On devient indifférent à l'horreur si on ne fait pas attention. » Voilà un en-ra-gé : « … quand un nouveau téléphone sort, la presse le filme. On devient indifférent à l'horreur… ». Mais la mondialisation des futilités est un domaine encore vierge dans la recherche scientifique alors que ce volet de notre « planétarisation » détermine notre errance, jusqu’à ne pas faire attention à Aguelhok ou on lapidait des êtres au XXIe siècle alors quelques quatre petits siècles avant de véritables civilisations « laïques » étaient là dans une prospérité qui défie notre mondialisation et ses valeurs moribondes. En tout état de cause les hommes, qui rencontrèrent les premiers la femme Bouctou gardienne du lieu, venaient de partout des sphères du monde : vraie mondialisation, vraie modernité !
Mais la caméra d’Abderrahmane Sissako fait écrouler notre conscience devant l’aberration « moderne » dans laquelle nous vivons. L’image, rendue du film par les journaux, montre une femme en rage malgré l’acte barbare qu’elle endure : sa liberté de chanter malgré l’interdiction. Son habit noir rappelle l’image insoutenable diffusée par Boko Haram sur ces jeunes et innocentes filles enlevées à tout.
L’homme a souffert comme tant d’autres sur ce continent sinon il n’aurait pleuré, mais il s’explique et cela fait bien pleurer les âmes sensibles. Mais ses pleurs sont un accomplissement. Abderrahmane Sissako accomplit une mission donc il « … pleure à la place de ceux qui ont vécu cette réelle souffrance (…) Le vrai courage, c'est ceux qui ont vécu un combat silencieux. Tombouctou n'a pas été libéré par Serval. La vraie libération, c'est ceux qui chantaient au quotidien dans leur tête une musique qu'on leur avait interdite, ceux qui jouaient au foot sans ballon.»
L’homme est engagé, enflammé de l’intérieur. Il bouillonne et son corps, de son esprit n’accepte pas ce que nous avons vécu. Il ne souhaite point refermer le rebord de cette blessure sans penser sa cicatrice future. Donc, il nous la rend car nous en sommes les destinataires. Il fait son boulot avec esprit et conscience. Merci !
Son film est d’une actualité brûlante pour l’ensemble du monde et la Mauritanie en premier. Leur fils, déjà adulé, par tous les observateurs car le film semble avoir recréé la notion même d’événement au cœur du cinéma tel qu’il est pensé en occident. « chef-d’œuvre », « rien n’est fabriqué, rien n’est ‘’pensé’’ pour écrire un chef-d’œuvre », « Timbuktu est un coup de maître ! »
Le film réalisé en un mois et demi a été exécuté dans des conditions de sécurité inquiétante. Abderrahmane Sissako revient, en détails sur l’histoire même du film et remercie l’état mauritanien qui assuré la sécurité. L’enjeu est de taille ( ?). Félicitons-le quand même, dans ce cas précuis ! Car il faut encourager la création.
Cependant, notre future probable Palme d’or de Cannes ne doit pas servir pour redorer le blason de qui que ce soit. Mais servir à reconstruire, par exemple, les cinémas El Mouna, Lansar , Cinéma Gaumeze (du nom de ce français « illuminé » fondateur des premières salles chez nous), El Feth voire la salle de Kaëdi. Et créer même une filière à l’université qui encouragerait les filles à être derrière les caméras. Faire revivre le cinéma mauritanien. Qui ne se rappelle des vieux films Tergit et ceux de Med Hondo (grand voxographe, prêtant sa voix à de grands acteurs noirs américains) avec Les Bicots-Nègres, nos voisins (1973), Sidney Sokhna avec Safrana ou le droit la parole (1977). C’est possible. Les écrans ont changé et les thèmes aussi. Abderrahmane Sissako a allumé sa caméra depuis Bamako, film, sorti en 1990, comme bande annonce d’une future probable palme.
Tout cela me rappelle ce vieux professeur français Fuzeau René -d’Angoulême- qui, dans les années 70 à Boghé, était le seul à nous procurer la joie de regarder des films auxquels nous ne comprenions (film sur Victor Hugo et autres plus fantastiques les uns les autres) rien endurant toute la poussière et les moustiques qui agrémentent une projection à ciel ouvert.
Abderrahmane Sissako n’est pas dupe quand il dit : « Moi, j’appartiens à l’Afrique, au Sahel. Il fallait vraiment que je témoigne de ce qui s’y passe ». La dimension africaine de l’histoire est plus qu’importante. Et pour cause ? Le cinéma africain est en crise depuis bien longtemps. Fort témoignage qui permettra aussi au cinéma africain de revivre au moment où tous les secteurs de la vie du monde amorcent d’importantes bifurcations sous le poids des orientations économiques et politiques des plus puissants d’entre nous.
Et voilà mon petit témoignage sur lui et le bonheur que son film suscite déjà et ne manquera pas de susciter surtout quand sera déclarée cette sentence : La Palme d’or du festival de Cannes 2014 a été attribuée, à l’unanimité des membres du jury, au film Timbuktu du réalisateur africain (mauritanien) Abderrahmane Sissako !
Fin…
Abdarahmane NGAIDE
Nantes, le 16/05/2014