Cinq pays du Sahel viennent de porter sur les fonts baptismaux un cadre institutionnel dénommé G5 pour le Sahel. Il s’agit du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad. Ce cadre a été installé lors d’un sommet tenu dimanche dernier à Nouakchott. Sa création ressemble à un coût d’Etat contre le Sénégal qui est à moitié dans le Sahel
Pourquoi le gouvernement du Sénégal n'est pas partie prenante de ce cadre? En tout cas, le communiqué sanctionnant la fin des travaux souligne que le G5 pour le Sahel est présidé par le chef de l'État mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz. Le secrétariat permanent sera installé à Nouakchott et présidé par le Niger. Le prochain sommet aura lieu à N'Djamena, capitale du Tchad.
Selon le texte, les cinq dirigeants africains ont également décidé, au cours du sommet, d'élaborer un programme prioritaire d'investissement et un portefeuille de projets structurants accordant une large priorité à la sécurité, aux infrastructures (transport, énergie, télécommunications, hydraulique), au défi démographique, à la sécurité alimentaire et au pastoralisme, ainsi qu’à l'adaptation aux changements climatiques ».
La sécurité sera donc au cœur des activités du G15. Pays frontalier du Mali et de la Mauritanie, le Sénégal est directement concerné par les problèmes sécuritaires concernant ces Etats. Pour preuve, plus de 500 soldats sénégalais sont présents dans le nord du pays. Le pays a d’ailleurs perdu deux éléments lors des affrontements avec les Djhadistes.
A l'ouverture des travaux, dimanche matin, Ould Abdel Aziz avait souligné que les menaces sécuritaires qu'endure la région du Sahel « rappellent, par leurs manifestations, même sporadiques, que la lutte contre le terrorisme et le crime organisé exige une vigilance de chaque pays et une action multidimensionnelle de longue haleine ». Il a expliqué qu'une corrélation forte existe entre sécurité et développement dans la mesure où il n'est de développement durable sans sécurité ni de sécurité pérenne sans développement effectif. Au de-là des aspects sécuritaires, le G5 prendra en charge les questions de développement. Le Sénégal partage avec le Mali et la Mauritanie l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (Omvs), un instrument important de développement pour les trois Etats. Mieux, il est aussi dans l’Uemoa avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Dakar est aussi membre du Comité inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel.
Les mêmes arguments qui avaient prévalu lors de la création du Cilss ne peuvent-ils pas prévaloir avec le lancement du G5 ? La diplomatie sénégalais-t-elle failli ? En tout cas, l’Onu envisage d’injecter environ 9 milliards sur la sécurité dans le Sahel. Les cinq pays du G5 veulent s’accaparer de cette manne financière au détriment de Dakar ?
Issa Ndiaye
Source: pressafrik