CR DECU PQR LE NOUVEAU GOUVERNEMENT
LE CALAME
Conscience et Résistance (CR), un mouvement de l’opposition en exil, exprime dans une déclaration publiée dimanche denier, sa déception après la formation du nouvel attelage gouvernemental, exige la rectification du tir dans le cadre de l’inévitable renouvellement du personnel dirigeant au sommet de l’Etat qui devrait suivre celui des membres du gouvernement, et plaide en faveur de certaines mesures urgentes pour la naissance d’une nouvelle Mauritanie. L’organisation de Jemal Ould Yessa (il vient d’annoncer son prochain retour au pays) qui redoute une recomposition «de l’ordre hégémonique à la base» relève une première «erreur» dans la composition du no uveau gouvernement: «la majorité du personnel dirigeant appartient au système de domination tribal et affairiste des 20 dernières années», même si «les symboles les plus fameux de la corruption ont été maintenus à l’écart». CR note au passage «l’exception remarquable des portefeuilles attribués à l’Alliance Populaire Progressiste (APP)». Pour le reste «les titulaires des positions d’influence appartiennent à deux environnements qui se complètent, par la convergence de leurs intérêts: des cadres apolitiques y côtoient des serviteurs secondaires de la dictature; l’ensemble aboutit à une équipe peu soudée, au profit incertain», peut on lire sur la déclaration.
Ce constat autorise CR à pronostiquer une courte durée de vie au nouvel attelage gouvernemental, «pur produit de l’hégémonie ethno tribal, le gouvernement de la Mauritanie libérée ne semble devoir excéder une durée de vie semestrielle» . En plus de cette tare originelle, la première équipe de l’ère Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi «réserve des surprises désagréables» et «paraît avoir été conçue à l’insu du chef de l’état, tant le choix de certains individus ne correspond ni aux déclarations réitérées par le candidat présidentiel, ni ressortir du cercle de ses connaissances. Il y a là un sujet d’inquiétude pour la suite du quinquennat», avertit le mouvement de l’opposition en exil. CR donne la liste des personnes occupant six départements ministériels «dont l’implication au service du pays interpelle les citoyens avertis et mérite, de la part du sommet, une correction de départ».
Éviter la ligne rouge
Pour éviter «la ligne rouge», CR demande au nouveau président de rectifier le tir dans le but «de maintenir en vie l’attente du changement». Une nouvelle orientation qui consisterait à revoir les critères de désignation des hauts fonctionnaires et à s’entourer «d’un service d’investigations et d’évaluation permanentes dont les notes détermineraient la décision de confier ou de retirer une tâche sensible à tel ou tel agent de l’état».
Le mouvement met en garde contre tout laxisme dans le traitement de certaines questions ultra sensibles: «il serait impardonnable de traiter les dossiers lourds dans la précipitation et sur la superficie d’un consensus tiède, alors que le sens de la durée dicte de réfléchir d’abord puis d’oser le pari sur l’équité, sans trop sacrifier aux avertissements et exhortations de ceux que le primat de la loi précipite dans l’anxiété alarmiste et l’immobilisme par la dissémination de la panique». En somme, CR estime que les questions liées au contentieux de l’égalité devant la loi: passif humanitaire, retour des réfugiés, réparation des crimes, éradication de l’esclavage, ne doivent souffrir «du moindre défaut de concertation» avec les victimes, les défenseurs des droits humains, la communauté internationale» . Une telle démarche de concertation avec ces acteurs légitimes ayant pour objectif de conjurer la catastrophe «de vouloir noyer ces acteurs légitimes dans une assemblée de notables, sous le couvert d’imams n’ayant jamais levé le doigt contre l’injustice et qui équivaudrait à un montage dont l’impossible amnistie de 1993 démontre la vanité».
Pour ne pas tomber dans ces pièges et éviter à la Mauritanie d’être rattrapée par les vieux démons et retomber dans les errements du régime déchu, CR, en vertu de son rôle de contre pouvoir, indique «la direction juste» résumée en 16 actes d’urgences «au prix de quoi le changement redeviendrait possible». Les mesures concernent le droit de vote aux mauritaniens de la diaspora, l’abolition de la peine capitale et des dispositions du code pénal inspirées de la Charia «qui autorisent les atteintes à l’intégrité du corps humain». Figurent aussi au rang des actes d’urgence le règlement définitif des atteintes à l’unité du peuple dont la concrétisation serait la création d’un Conseil National de la Concorde (CNC) composé de juristes impartiaux, de défenseurs notoires des droits humains, de représentants des associations d’ayants droits, de survivants et de réfugiés. Celui devant être investi par le président de la république d’une mission «d’investigation, d’identification et de proposition, dans les limites d’un projet de règlement consensuel que l’avenir du pays requière».
Amadou Seck
LE CALAME