Depuis le 28 Novembre 2010, l’état mauritanien a initié l’enrôlement biométrique des populations. Le but est de doter notre pays d’un état civil fiable et infalsifiable. Dans son esprit, l’AJ/MR ne peut que saluer une telle initiative. Cependant les conditions de réalisation de l’opération posent d’immenses difficultés aux pauvres citoyens de l’intérieur comme de l’extérieur. A l’extérieur certaines ambassades ont commencé sans difficulté l’enrôlement des mauritaniens. C’est le cas de l’Arabie saoudite ou de la Cote d’ivoire. Très récemment, pour recenser nos compatriotes vivant en Europe, une équipe a été envoyée en France. Mais les conditions imposées aux seuls Mauritaniens de France, outre leur caractère discriminatoire, ségrégationniste et raciste, sont inacceptables, intolérables, contraires à la souveraineté et à la dignité de notre pays sur la scène internationale.

En effet, comment un pays indépendant et souverain peut-il exiger de ses propres citoyens, de justifier leur mauritanité, sur un territoire mauritanien (Ambassade de Mauritanie à Paris) par des papiers délivrés par une autre administration étrangère, en l’occurrence la France, ancienne puissance colonisatrice ? Pourquoi exiger des seuls Mauritaniens de France la production d’une carte de séjour, alors qu’une telle condition n’est pas exigée à nos ressortissants en Arabie Saoudite ou en Côte-D’ivoire ? Que cherche l’état Mauritanien à travers cette condition inique et discriminatoire ? Est-ce par ce que la majorité des Mauritaniens vivant en France sont noirs ? Depuis plusieurs mois, nos compatriotes vivant en France sont mobilisés à travers des manifestations régulières, des sit-in permanents devant l’ambassade de Mauritanie en France, devant l’assemblée nationale Française et le Parlement Européen pour dénoncer les conditions de cet enrôlement discriminatoire. De plus, par manque d’égard pour la Diaspora en Europe, l’Etat Mauritanien n’a ouvert qu’un seul centre d’enrôlement pour toute l’Europe. Des Mauritaniens sont obligés de parcourir plusieurs centaines voire des milliers de kilomètres pour venir faire le pied de grue devant l’ambassade à Paris, sans être certains d’être enrôlés.
Devant cette situation scandaleuse, discriminatoire et raciste faite à nos compatriotes vivant en Europe, l’AJD/MR leur apporte son soutien total et exige de l’état Mauritanien la suppression du titre de séjour français comme condition préalable à leur enrôlement. Nos compatriotes sont des Mauritaniens, l’état Mauritanien ne peut donc leur exiger qu’une pièce administrative délivrée par les autorités Mauritaniennes.

A l’extérieur, une mission de l’AJD/MR sillonne la Vallée depuis le 03 Juillet 2013. Elles s‘est rendue entre autres dans les régions du Trarza, du Brakna, du Gorgol et du Guidimakha et a pu constater, à ce stade de sa mission, des obstacles similaires à ceux des Mauritaniens de France, même s’ils sont de nature différentes. A Salndé (Médina Fanaye), Dar Salam, Mbahé, Woloum Néré, Maguama, Wouro Hésso et Jaarèbé entre autres sites, les populations sont confrontées à des difficultés matérielles quotidiennes pour s’enrôler. Plus concrètement à Saldé, ce sont des refugiés rentrés avant le processus qui peinent à s’inscrire ou à inscrire les membres de leurs familles. Des enfants en âge d’être scolarisés n’ont pas pu être inscrits, de ce fait, ils ne peuvent jouir de leurs droits élémentaires à l’éducation. Même situation à Woloum Néré et Magama. A Wouro Hésso des populations d’anciens refugiés au Mali qui sont rentrées d’elles-mêmes ont toutes les difficultés pour s’enrôler. Sur un village de plus de 400 personnes, environ moins de 70 personnes se sont enrôlées à ce jour : soit moins de 20%. Si on y ajoute les difficultés et les tracasseries administratives pour inscrire les nouveau-nés, les enfants, les abus de pouvoir des chefs de centres qui décident arbitrairement du nombre de personnes qui doit s’enrôler par jour, surtout au gré de leur humeur du jour : tous les ingrédients existent pour faire exploser la situation dans les localités du sud et en Europe.
L’AJD/MR dénonce avec la dernière énergie cette épuration biométrique en cours l’échec de l’épuration physique des années 89-91.

Transformer des Mauritaniens en apatrides à l’extérieur comme à l’intérieur est un dessein inavoué des autorités que l’AJD/MR ne saurait cautionner. Elle le combattra vaille que vaille.


Nouakchott, le 14 juillet 2013
Le Bureau politique de l'AJD/MR