04 septembre 1986- 04 septembre 2007, 21 ans jour pour jour. C´était le 4 septembre 1986, les premiéres arrestations des militants et sympathisants des FLAM suite à la publication du manifeste du négro-mauritanien opprimé.
En publiant ce manifeste en 1986, nous avions montré que des problèmes réels de coexistence entre les deux communautés raciales existaient. Nous avions aussi montré par quels mécanismes, ils avaient été engendrés. Nous avions également indiqué les perspectives dangereuses(guerre civile) sur lesquelles pouvaient déboucher ces problèmes, s´ils n´étaient pas résolus à temps correctement.
Nous avions enfin appelé à un débat national:" Les problèmes mauritaniens doivent être posés par des Mauritaniens, discutés entre Mauritaniens et solutionnés par les Mauritaniens eux-mêmes. Notre amour pour ce pays nous commande à inviter toutes nos nationalités à un dialogue des races et des cultures, dans lequel nous nous dirons la Vérité pour guérir nos maux.
Il faut que nous traduisons dans la réalité nos appels au Salut National et au Redressement de notre pays, au lieu de dépenser toutes nos ressources et toutes nos potentialités humaines dans des querelles raciales et culturelles dont les principaux bénéficiaires ne seraient certainement pas les Mauritaniens".(dixit Manifeste du négro-mauritanien opprimé- avril 1986).
L´esprit du Manifeste était, en patriotes sincéres d´attirer l´attention des pouvoirs publics sur les problèmes de la nation, en vue de leur trouver des solutions avant qu´il ne fut trop tard. Quelle fut la réponse du gouvernement raciste de Ould Taya? cinglante, féroce et sanglante.
Depuis 1986, le régime raciste a systématisé dans le cadre de sa consolidation la politique de répression et de la mise à l´écart de la communauté noire et cela dans tous les domaines de la vie politique.
Ainsi en septembre de la même année, prenant comme prétexte la parution du "Manifeste du négro-mauritanien opprimé" le système procéda arbitrairement à l´arrestation d´une centaine d´intellectuels noirs (parce qu´il n´avait pas des idées à nous opposer) qui furent inhumainement torturés, sommairement jugés et lourdement condamnés. Plusieurs centaines d´autres seront révoqués de la fonction publique ou contraints à l´exil.
En 1987, les corps militaires et para-militaires connaitront une véritable purge qui se soldera par la radiation de plus de 3000 gendarmes, policiers, gardes et militaires noirs. Cette politique de mise à l´écart s´accompagne d´une volonté délibérée d´extermination de la communauté négro-mauritanienne déjà largement sous représentée dans tous les secteurs de l´Etat.
Ainsi, après l´assassinat le 6 décembre 1987 des lieutenants BA SEYDI, SY SAÏDOU et SARR AMADOU, le régime de Maawiya Ould Taya s´attela à la liquidation physique des prisonniers politiques envoyés à cet effet à la prison mouroir de Oualata, l´écrivain TENE YOUSSOUF GUEYE, L´ADJUDANT-CHEF BA ALASSANE OUMAR, LE LIEUTENANT BA ABDOUL GHOUDOUSS, LE DOYEN DJIGO TAFSIROU y seront froidement assassinés.
Le pouvoir raciste engagé dans le démentélement de la composante noire s´appuie essentiellement sur les Baathistes et Nassériens qui infiltrent l´appareil d´Etat à tous les niveaux en rivalisant d´ardeur dans la répression des noirs. C´est ainsi que durant toute l´année 1988, les exactions contre les noirs étaient devenues des pratiques quotidiennes. Les éléves , étudiants et civils noirs qui avaient tenté de manifester contre cette situation d´injustice à Nouakchott furent arrêtés, torturés et obligés à payer des lourdes amendes que les officiers de police baathistes fixaient selon leurs humeurs.
A Kaédi, Diowol, Rosso, Sélibaby, Nouadhibou, Zouératt, c´est la même atmosphére de terreur contre les civils noirs avec arrestation, torture et amende à ceux qui disaient non à l´injustice.
Durant la même année 1988, le gouvernement envoya dans le Sud des brigades militaires beydanes, oui beydanes, pour exproprier les terres, perquisitionner et désarmer les villageois négro-africains, en état de siége.
C´est dans ce contexte de chasse à l´homme généralisée contre les Négro-africains que survient le conflit "sénégalo-mauritanien".
Profitant d´une crise sciemment provoquée avec son voisin le Sénégal, le Système affiche au grand jour sa parenté optionnelle avec la théorie nazie en reprenant à son compte les recettes désuètes des exécutions extra-judiciares et des déportations vers le Sénégal et le Mali de plusieurs centaines de Négro-mauritaniens. Utilisant à bon escient la fermeture de la frontière avec le Sénégal, les hordes d´Ould Taya installent la terreur dans toute la vallée, massacrant froidement de paisibles citoyens et contraignant d´autres à l exil.
Alors qu´en Afrique du Sud de l´apartheïd on est persecuté à cause des idées et opinions de remise en cause de l´apartheïd, en Mauritanie où l´Etat se veut arabe, on est persécuté parce que non arabe. Autre comparaison qui irrite certainement, c´est qu´en Afrique du Sud de Botha le pouvoir blanc, tout raciste qu´il était, n´est pas allé jusqu´à déporter les noirs du pays, il se " contentait", si l´on peut dire, de les parquer dans les bantoustans et au mieux dans les townships.
C´est la volonté d´épuration et cette logique sanguinaire et raciste qui permettent d´expliquer les événements d´octobre 1990-mars 1991. Le régime de Taya, conformément aux prétextes classiques, accusa des négro-africains(militaires, bergers, vendeurs ambulants, étudiants, simples fonctionnaires civils et désarmés)d´avoir comploté contre le régime et procéda à l´arrestation de plus de 3000 Négro-mauritaniens.
Le choix par le régime du génocide de la composante noire comme solution aux problèmes mauritaniens, à travers les événements d´Avril 1989, dans leur préparation méthodique, les conséquences horribles montrent à quel point la communauté noire était menacée dans son existence.
En mars 1991, avec la pression nationale et internationale , la dictature raciste recula et procéda à des "remises de peine grâcieuses" qui devaient aboutir à la "libération" des prisonniers politiques négro-mauritaniens.
Le bilan de ces arrestations s´éléve à des centaines de morts tous éxécutés extra-judiciarement, des milliers de cas de disparition dans la vallée pendant ces années de braise.
Aujourd´hui, dans la totalité des villes et villages du Sud, de Ndiago en passant par Daffor jusqu´à Gourel Falli (Assaba)) il n y a aucune famille négro-africaine qui ne compte en son sein, soit un exilé, soit un déporté, un assassiné ou estropié à vie. Entre temps beaucoup d´eau, de salives , d´encre et de larmes ont coulé.
Taya est parti en exil, Ely est passé en "transit" ou en transition, Sidi a repris le flambeau mais on a impression que le système est têtu. Ne dit-on pas Chasser le naturel il revient au galop?
Le 4 septembre 86, l´histoire des années de braise commencait par là et elle continue toujours ,malgrè les promesses d´assinissement et de changement de la vie politique nationale. La nature a certainement horreur du vide.
Les FLAM portérent les premières le flambeau de la résistance et elles continuent de lutter et à rester vigilantes et à résister aux coups d´assaut du systéme et de ses gardiens. Rien et personne ne détournera ses membres de l'objectif visé: la justice et l'égalité.
On a beau critiquer, dénoncer, réformuler, réformer, refonder, on revient au même constat du manifeste de 1986 et reformuler ses recommandations: Le dialogue inter-communautaire pour un Etat juste, égalitaire et non-racial.
On ne le dira jamais assez que l’exclusion est en soi économiquement mauvaise, socialement corrosive et politiquement explosive. Tentons dès à présent de sortir de ce cul-de-sac qui, tout le monde le sait, ne mène nulle part. Pour en sortir, il faut, à notre avis, une attitude, un climat et des conditions.
Une attitude courageuse, d’ouverture sincère et de reconnaissance du problème de fond. Un climat de décrispation sociale grâce à un train de mesures positives concrétes à l’endroit de tous ceux qui, victimes et blessés dans leur chair, ont subi des préjudices matériels et moraux. La sanction des crimes commis pour rendre leur dignité aux victimes, à leurs veuves et à leurs enfants.
Je crois qu’il faut se parler, car ce formidable potentiel de révolte enfouie commence à gronder. Il serait erroné de croire qu´avec des simples promesses on peut calmer la tempête de notre désert politique. Il faut un débat national sur la question nationale dont les conclusions pourraient éventuellement être soumises au peuple, pour aborder enfin la phase d’une véritable réconciliation et de démocratisation.
Et la lutte continue.
Elimane Bilbassi
source : Flamnet
En publiant ce manifeste en 1986, nous avions montré que des problèmes réels de coexistence entre les deux communautés raciales existaient. Nous avions aussi montré par quels mécanismes, ils avaient été engendrés. Nous avions également indiqué les perspectives dangereuses(guerre civile) sur lesquelles pouvaient déboucher ces problèmes, s´ils n´étaient pas résolus à temps correctement.
Nous avions enfin appelé à un débat national:" Les problèmes mauritaniens doivent être posés par des Mauritaniens, discutés entre Mauritaniens et solutionnés par les Mauritaniens eux-mêmes. Notre amour pour ce pays nous commande à inviter toutes nos nationalités à un dialogue des races et des cultures, dans lequel nous nous dirons la Vérité pour guérir nos maux.
Il faut que nous traduisons dans la réalité nos appels au Salut National et au Redressement de notre pays, au lieu de dépenser toutes nos ressources et toutes nos potentialités humaines dans des querelles raciales et culturelles dont les principaux bénéficiaires ne seraient certainement pas les Mauritaniens".(dixit Manifeste du négro-mauritanien opprimé- avril 1986).
L´esprit du Manifeste était, en patriotes sincéres d´attirer l´attention des pouvoirs publics sur les problèmes de la nation, en vue de leur trouver des solutions avant qu´il ne fut trop tard. Quelle fut la réponse du gouvernement raciste de Ould Taya? cinglante, féroce et sanglante.
Depuis 1986, le régime raciste a systématisé dans le cadre de sa consolidation la politique de répression et de la mise à l´écart de la communauté noire et cela dans tous les domaines de la vie politique.
Ainsi en septembre de la même année, prenant comme prétexte la parution du "Manifeste du négro-mauritanien opprimé" le système procéda arbitrairement à l´arrestation d´une centaine d´intellectuels noirs (parce qu´il n´avait pas des idées à nous opposer) qui furent inhumainement torturés, sommairement jugés et lourdement condamnés. Plusieurs centaines d´autres seront révoqués de la fonction publique ou contraints à l´exil.
En 1987, les corps militaires et para-militaires connaitront une véritable purge qui se soldera par la radiation de plus de 3000 gendarmes, policiers, gardes et militaires noirs. Cette politique de mise à l´écart s´accompagne d´une volonté délibérée d´extermination de la communauté négro-mauritanienne déjà largement sous représentée dans tous les secteurs de l´Etat.
Ainsi, après l´assassinat le 6 décembre 1987 des lieutenants BA SEYDI, SY SAÏDOU et SARR AMADOU, le régime de Maawiya Ould Taya s´attela à la liquidation physique des prisonniers politiques envoyés à cet effet à la prison mouroir de Oualata, l´écrivain TENE YOUSSOUF GUEYE, L´ADJUDANT-CHEF BA ALASSANE OUMAR, LE LIEUTENANT BA ABDOUL GHOUDOUSS, LE DOYEN DJIGO TAFSIROU y seront froidement assassinés.
Le pouvoir raciste engagé dans le démentélement de la composante noire s´appuie essentiellement sur les Baathistes et Nassériens qui infiltrent l´appareil d´Etat à tous les niveaux en rivalisant d´ardeur dans la répression des noirs. C´est ainsi que durant toute l´année 1988, les exactions contre les noirs étaient devenues des pratiques quotidiennes. Les éléves , étudiants et civils noirs qui avaient tenté de manifester contre cette situation d´injustice à Nouakchott furent arrêtés, torturés et obligés à payer des lourdes amendes que les officiers de police baathistes fixaient selon leurs humeurs.
A Kaédi, Diowol, Rosso, Sélibaby, Nouadhibou, Zouératt, c´est la même atmosphére de terreur contre les civils noirs avec arrestation, torture et amende à ceux qui disaient non à l´injustice.
Durant la même année 1988, le gouvernement envoya dans le Sud des brigades militaires beydanes, oui beydanes, pour exproprier les terres, perquisitionner et désarmer les villageois négro-africains, en état de siége.
C´est dans ce contexte de chasse à l´homme généralisée contre les Négro-africains que survient le conflit "sénégalo-mauritanien".
Profitant d´une crise sciemment provoquée avec son voisin le Sénégal, le Système affiche au grand jour sa parenté optionnelle avec la théorie nazie en reprenant à son compte les recettes désuètes des exécutions extra-judiciares et des déportations vers le Sénégal et le Mali de plusieurs centaines de Négro-mauritaniens. Utilisant à bon escient la fermeture de la frontière avec le Sénégal, les hordes d´Ould Taya installent la terreur dans toute la vallée, massacrant froidement de paisibles citoyens et contraignant d´autres à l exil.
Alors qu´en Afrique du Sud de l´apartheïd on est persecuté à cause des idées et opinions de remise en cause de l´apartheïd, en Mauritanie où l´Etat se veut arabe, on est persécuté parce que non arabe. Autre comparaison qui irrite certainement, c´est qu´en Afrique du Sud de Botha le pouvoir blanc, tout raciste qu´il était, n´est pas allé jusqu´à déporter les noirs du pays, il se " contentait", si l´on peut dire, de les parquer dans les bantoustans et au mieux dans les townships.
C´est la volonté d´épuration et cette logique sanguinaire et raciste qui permettent d´expliquer les événements d´octobre 1990-mars 1991. Le régime de Taya, conformément aux prétextes classiques, accusa des négro-africains(militaires, bergers, vendeurs ambulants, étudiants, simples fonctionnaires civils et désarmés)d´avoir comploté contre le régime et procéda à l´arrestation de plus de 3000 Négro-mauritaniens.
Le choix par le régime du génocide de la composante noire comme solution aux problèmes mauritaniens, à travers les événements d´Avril 1989, dans leur préparation méthodique, les conséquences horribles montrent à quel point la communauté noire était menacée dans son existence.
En mars 1991, avec la pression nationale et internationale , la dictature raciste recula et procéda à des "remises de peine grâcieuses" qui devaient aboutir à la "libération" des prisonniers politiques négro-mauritaniens.
Le bilan de ces arrestations s´éléve à des centaines de morts tous éxécutés extra-judiciarement, des milliers de cas de disparition dans la vallée pendant ces années de braise.
Aujourd´hui, dans la totalité des villes et villages du Sud, de Ndiago en passant par Daffor jusqu´à Gourel Falli (Assaba)) il n y a aucune famille négro-africaine qui ne compte en son sein, soit un exilé, soit un déporté, un assassiné ou estropié à vie. Entre temps beaucoup d´eau, de salives , d´encre et de larmes ont coulé.
Taya est parti en exil, Ely est passé en "transit" ou en transition, Sidi a repris le flambeau mais on a impression que le système est têtu. Ne dit-on pas Chasser le naturel il revient au galop?
Le 4 septembre 86, l´histoire des années de braise commencait par là et elle continue toujours ,malgrè les promesses d´assinissement et de changement de la vie politique nationale. La nature a certainement horreur du vide.
Les FLAM portérent les premières le flambeau de la résistance et elles continuent de lutter et à rester vigilantes et à résister aux coups d´assaut du systéme et de ses gardiens. Rien et personne ne détournera ses membres de l'objectif visé: la justice et l'égalité.
On a beau critiquer, dénoncer, réformuler, réformer, refonder, on revient au même constat du manifeste de 1986 et reformuler ses recommandations: Le dialogue inter-communautaire pour un Etat juste, égalitaire et non-racial.
On ne le dira jamais assez que l’exclusion est en soi économiquement mauvaise, socialement corrosive et politiquement explosive. Tentons dès à présent de sortir de ce cul-de-sac qui, tout le monde le sait, ne mène nulle part. Pour en sortir, il faut, à notre avis, une attitude, un climat et des conditions.
Une attitude courageuse, d’ouverture sincère et de reconnaissance du problème de fond. Un climat de décrispation sociale grâce à un train de mesures positives concrétes à l’endroit de tous ceux qui, victimes et blessés dans leur chair, ont subi des préjudices matériels et moraux. La sanction des crimes commis pour rendre leur dignité aux victimes, à leurs veuves et à leurs enfants.
Je crois qu’il faut se parler, car ce formidable potentiel de révolte enfouie commence à gronder. Il serait erroné de croire qu´avec des simples promesses on peut calmer la tempête de notre désert politique. Il faut un débat national sur la question nationale dont les conclusions pourraient éventuellement être soumises au peuple, pour aborder enfin la phase d’une véritable réconciliation et de démocratisation.
Et la lutte continue.
Elimane Bilbassi
source : Flamnet