Le procès pour crimes de guerre de l'ancien président libérien Charles Taylor -- premier ex-chef d'État africain à comparaître devant la justice internationale -- s'est ouvert lundi à La Haye en dépit de l'absence de l'accusé, qui dénonce un procès «inéquitable».
Malgré cette absence, la juge ougandaise Julia Sebutine, qui préside la chambre du Tribunal spécial du Sierra Leone (TSSL) délocalisée à La Haye, a ordonné la poursuite du procès.
La première audience s'est achevée vers 14H00 GMT et les débats ont été ajournés au 25 juin. M. Taylor, 59 ans, actuellement incarcéré près de La Haye, doit répondre de 11 chefs d'inculpation de crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Il est accusé de soutien aux rebelles qui ont martyrisé les civils en Sierra Leone dans les années 90.
Il est considéré comme la figure centrale des guerres civiles qui ont ravagé le Libéria et la Sierra Leone entre 1989 et 2003, faisant près de 400.000 morts. Il plaide non coupable.
Dans une lettre lue lundi à l'audience par son avocat, le Britannique Karim Khan, l'accusé a estimé qu'il n'aura «pas de procès équitable devant le TSSL». «Je me vois contraint de ne pas comparaître. Je ne peux pas participer à cette comédie qui est injuste pour le peuple du Liberia et pour le peuple de Sierra Leone», a ajouté M. Taylor.
«Il se défendra seul», a déclaré Me Khan, dénonçant «l'inéquité des moyens» entre la défense et le procureur.
À l'issue d'un feu croisé d'arguments, l'avocat a ostensiblement quitté la salle d'audience, malgré l'ordre de s'asseoir que lui donnait la présidente. «Vous frisez l'outrage à la Cour», l'a-t-elle prévenu.
«Je n'ai pas d'autre choix», a-t-il expliqué en quittant les bâtiments de la Cour pénale internationale (CPI), qui abrite une chambre du TSSL.
Il a évoqué les «obstacles» au traitement équitable des parties, «voie royale pour qu'il (M. Taylor) soit condamné».
Dans la salle d'audience, l'atmosphère était tendue, créant l'impression d'un manque de maîtrise de la procédure.
Les juges ont désigné un autre membre de la défense, Charles Jalloh, pour assister l'accusé.
Le procureur Stephen Rapp a alors entamé sa déclaration liminaire, retraçant l'histoire de la guerre civile au Sierra Leone, et définissant le rôle que Charles Taylor y aurait eu.
«Il a pourvu les rebelles en hommes, en armes, en munitions. Il leur a offert un repaire sûr au Liberia», a-t-il assuré, estimant que les actions de l'ancien président étaient soutenues par la «terreur».
Les rebelles appuyés par Taylor «marquaient» leurs victimes aux lettres de leur groupe, ils «forçaient les femmes à l'esclavage sexuel, à être attachées à un commandant, où à être violées», a-t-il poursuivi.
Le gouvernement rebelle de Sierra Leone n'étant pas reconnu, il était dépendant de la vente de diamants que des civils étaient contraints d'extraire. «De temps en temps l'un d'eux était battu à mort, la peur empêchait les autres de fuir», a affirmé M. Rapp.
«La terreur maintenait les victimes dans une prison psychologique et physique», a-t-il déclaré.
Le procureur a indiqué qu'il produirait des preuves de l'implication de Charles Taylor dans les atrocités: «même s'il n'a pas personnellement participé aux horreurs, il n'a rien fait pour empêcher ses subordonnés de les commettre».
«Ce procès ne ressuscitera pas les morts, ne rendra pas leurs membres aux amputés, ne consolera pas des viols, ne restaurera pas les enfances brisées et n'effacera pas les cicatrices des Sierra-léonais, mais il leur permettra de tirer un trait» sur ce passé, a-t-il conclu.
Selon Me Khan, M. Taylor n'est qu'un acteur mineur du conflit, pour avoir soutenu le Front révolutionnaire uni (RUF) et le Conseil des forces armées révolutionnaires (AFRC), groupes armés sierra-léonais.
Si l'ex-président Taylor est condamné, il purgera sa peine en Grande-Bretagne.
«Il se défendra seul», a déclaré son avocat, dénonçant «l'inéquité des moyens» entre la défense et le procureur.
Le procureur Stephen Rapp a réfuté ses arguments et rappelé aux juges leur décision d'entamer le procès ce lundi.
Me Khan a tenté de répliquer, provoquant l'énervement de la présidente Sebutine, refusant «des discours politiques».
Alors que le calme semblait revenir, Me Khan a ostensiblement refermé ses dossiers et quitté la salle d'audience, ce qu'a tenté d'empêcher la présidente, lui rappelant ses devoirs d'avocat commis d'office et lui ordonnant de s'asseoir.
«Vous frisez l'outrage à la Cour», l'a prévenu la présidente, «mais si c'est votre choix, allez-y !»
Après un bref mot d'excuse, il a quitté la salle.
«Je n'ai pas d'autre choix, je ne suis plus habilité à représenter M. Taylor», a estimé Me Khan, en quittant les bâtiments de la Cour pénale internationale (CPI), qui abrite le TSSL.
«Ce que l'accusé dit, c'est que des obstacles sont placés par un traitement inéquitable des accusés. (...) Il a estimé que ceci est la voie royale pour qu'il soit condamné, et dans ces circonstances, il a exercé son droit à mettre un terme à mon travail et décidé de se défendre seul», a déclaré Me Khan.
L'affrontement entre la présidente et l'avocat, ainsi que des problèmes d'interprétation ont tendu l'atmosphère, créant l'impression d'un manque de maîtrise de la procédure.
Les juges ont décidé que la procédure devait cependant continuer et ont désigné un autre membre de la défense, Charles Jalloh.
Le procureur a alors entamé sa déclaration liminaire, retraçant l'histoire de la guerre civile au Sierra Leone, et définissant le rôle que Charles Taylor y a eu, selon l'acte d'accusation.
Charles Taylor, 59 ans, est accusé d'avoir soutenu les rebelles qui ont martyrisé des civils en Sierra Leone dans les années 90. Selon l'accusation, il contrôlait des rebelles au Sierra Leone qui ont tué et mutilé des civils, contraint des femmes à l'esclavage sexuel et recruté ou forcé des enfants à s'enrôler comme soldats.
L'accusé est considéré comme la figure centrale dans les guerres civiles qui ont ravagé le Libéria et la Sierra Leone entre 1989 et 2003 et fait près de 400 000 morts.
Charles Taylor plaide non coupable. Selon Me Khan, il n'est qu'un acteur mineur du conflit, pour avoir soutenu le Front révolutionnaire uni (RUF) et le Conseil des forces armées révolutionnaires (AFRC), des groupes armés sierra-léonais.
S'il est condamné à l'issue du procès qui devrait durer un an et demi, selon l'accusation, la Grande-Bretagne est prête à l'accueillir comme prisonnier.
Gerald de Hemptinne
Agence France-Presse
La Haye
Source: Cyberpresse
(M)
Malgré cette absence, la juge ougandaise Julia Sebutine, qui préside la chambre du Tribunal spécial du Sierra Leone (TSSL) délocalisée à La Haye, a ordonné la poursuite du procès.
La première audience s'est achevée vers 14H00 GMT et les débats ont été ajournés au 25 juin. M. Taylor, 59 ans, actuellement incarcéré près de La Haye, doit répondre de 11 chefs d'inculpation de crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Il est accusé de soutien aux rebelles qui ont martyrisé les civils en Sierra Leone dans les années 90.
Il est considéré comme la figure centrale des guerres civiles qui ont ravagé le Libéria et la Sierra Leone entre 1989 et 2003, faisant près de 400.000 morts. Il plaide non coupable.
Dans une lettre lue lundi à l'audience par son avocat, le Britannique Karim Khan, l'accusé a estimé qu'il n'aura «pas de procès équitable devant le TSSL». «Je me vois contraint de ne pas comparaître. Je ne peux pas participer à cette comédie qui est injuste pour le peuple du Liberia et pour le peuple de Sierra Leone», a ajouté M. Taylor.
«Il se défendra seul», a déclaré Me Khan, dénonçant «l'inéquité des moyens» entre la défense et le procureur.
À l'issue d'un feu croisé d'arguments, l'avocat a ostensiblement quitté la salle d'audience, malgré l'ordre de s'asseoir que lui donnait la présidente. «Vous frisez l'outrage à la Cour», l'a-t-elle prévenu.
«Je n'ai pas d'autre choix», a-t-il expliqué en quittant les bâtiments de la Cour pénale internationale (CPI), qui abrite une chambre du TSSL.
Il a évoqué les «obstacles» au traitement équitable des parties, «voie royale pour qu'il (M. Taylor) soit condamné».
Dans la salle d'audience, l'atmosphère était tendue, créant l'impression d'un manque de maîtrise de la procédure.
Les juges ont désigné un autre membre de la défense, Charles Jalloh, pour assister l'accusé.
Le procureur Stephen Rapp a alors entamé sa déclaration liminaire, retraçant l'histoire de la guerre civile au Sierra Leone, et définissant le rôle que Charles Taylor y aurait eu.
«Il a pourvu les rebelles en hommes, en armes, en munitions. Il leur a offert un repaire sûr au Liberia», a-t-il assuré, estimant que les actions de l'ancien président étaient soutenues par la «terreur».
Les rebelles appuyés par Taylor «marquaient» leurs victimes aux lettres de leur groupe, ils «forçaient les femmes à l'esclavage sexuel, à être attachées à un commandant, où à être violées», a-t-il poursuivi.
Le gouvernement rebelle de Sierra Leone n'étant pas reconnu, il était dépendant de la vente de diamants que des civils étaient contraints d'extraire. «De temps en temps l'un d'eux était battu à mort, la peur empêchait les autres de fuir», a affirmé M. Rapp.
«La terreur maintenait les victimes dans une prison psychologique et physique», a-t-il déclaré.
Le procureur a indiqué qu'il produirait des preuves de l'implication de Charles Taylor dans les atrocités: «même s'il n'a pas personnellement participé aux horreurs, il n'a rien fait pour empêcher ses subordonnés de les commettre».
«Ce procès ne ressuscitera pas les morts, ne rendra pas leurs membres aux amputés, ne consolera pas des viols, ne restaurera pas les enfances brisées et n'effacera pas les cicatrices des Sierra-léonais, mais il leur permettra de tirer un trait» sur ce passé, a-t-il conclu.
Selon Me Khan, M. Taylor n'est qu'un acteur mineur du conflit, pour avoir soutenu le Front révolutionnaire uni (RUF) et le Conseil des forces armées révolutionnaires (AFRC), groupes armés sierra-léonais.
Si l'ex-président Taylor est condamné, il purgera sa peine en Grande-Bretagne.
«Il se défendra seul», a déclaré son avocat, dénonçant «l'inéquité des moyens» entre la défense et le procureur.
Le procureur Stephen Rapp a réfuté ses arguments et rappelé aux juges leur décision d'entamer le procès ce lundi.
Me Khan a tenté de répliquer, provoquant l'énervement de la présidente Sebutine, refusant «des discours politiques».
Alors que le calme semblait revenir, Me Khan a ostensiblement refermé ses dossiers et quitté la salle d'audience, ce qu'a tenté d'empêcher la présidente, lui rappelant ses devoirs d'avocat commis d'office et lui ordonnant de s'asseoir.
«Vous frisez l'outrage à la Cour», l'a prévenu la présidente, «mais si c'est votre choix, allez-y !»
Après un bref mot d'excuse, il a quitté la salle.
«Je n'ai pas d'autre choix, je ne suis plus habilité à représenter M. Taylor», a estimé Me Khan, en quittant les bâtiments de la Cour pénale internationale (CPI), qui abrite le TSSL.
«Ce que l'accusé dit, c'est que des obstacles sont placés par un traitement inéquitable des accusés. (...) Il a estimé que ceci est la voie royale pour qu'il soit condamné, et dans ces circonstances, il a exercé son droit à mettre un terme à mon travail et décidé de se défendre seul», a déclaré Me Khan.
L'affrontement entre la présidente et l'avocat, ainsi que des problèmes d'interprétation ont tendu l'atmosphère, créant l'impression d'un manque de maîtrise de la procédure.
Les juges ont décidé que la procédure devait cependant continuer et ont désigné un autre membre de la défense, Charles Jalloh.
Le procureur a alors entamé sa déclaration liminaire, retraçant l'histoire de la guerre civile au Sierra Leone, et définissant le rôle que Charles Taylor y a eu, selon l'acte d'accusation.
Charles Taylor, 59 ans, est accusé d'avoir soutenu les rebelles qui ont martyrisé des civils en Sierra Leone dans les années 90. Selon l'accusation, il contrôlait des rebelles au Sierra Leone qui ont tué et mutilé des civils, contraint des femmes à l'esclavage sexuel et recruté ou forcé des enfants à s'enrôler comme soldats.
L'accusé est considéré comme la figure centrale dans les guerres civiles qui ont ravagé le Libéria et la Sierra Leone entre 1989 et 2003 et fait près de 400 000 morts.
Charles Taylor plaide non coupable. Selon Me Khan, il n'est qu'un acteur mineur du conflit, pour avoir soutenu le Front révolutionnaire uni (RUF) et le Conseil des forces armées révolutionnaires (AFRC), des groupes armés sierra-léonais.
S'il est condamné à l'issue du procès qui devrait durer un an et demi, selon l'accusation, la Grande-Bretagne est prête à l'accueillir comme prisonnier.
Gerald de Hemptinne
Agence France-Presse
La Haye
Source: Cyberpresse
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