Charles Taylor apparaît en audience à La Haye

LA HAYE - Après avoir boycotté le début de son procès, l'ancien président libérien Charles Taylor a fait une apparition surprise en audience à La Haye, où il est jugé par un tribunal spécial pour son rôle dans les atrocités commises durant le conflit de 1991-2002 en Sierra Leone.

Taylor, inculpé d'incitation au meurtre, aux mutilations et au recrutement d'enfants-soldats en vue de faire main basse sur les diamants du pays, s'était plaint de ne pas disposer de fonds suffisants pour constituer une équipe de défense acceptable. Il avait refusé de comparaître à deux reprises.

Les juges lui ayant fait attribuer de nouveaux défenseurs et repoussé le procès au 22 août pour leur donner le temps de se préparer, Taylor s'est présenté en retard à l'audience de mardi durant laquelle était exposé le règlement.

Vêtu d'un élégant costume sombre et d'une cravate claire, il est resté calme. Un représentant a dit que son retard était dû à des mesures de sécurité affectant la circulation automobile.

Taylor n'a pris la parole que pour réaffirmer qu'il plaidait non coupable d'esclavage sexuel, chef qui a fait l'objet d'une reformulation dans un acte d'accusation légèrement révisé.

REVIREMENTS

"Je crois qu'il a compris qu'il n'avait rien à gagner en s'absentant et quelque chose à gagner en étant présent", a déclaré le procureur Stephen Rapp par téléphone de Sierra Leone.

Taylor avait précédemment plaidé non coupable de onze chefs d'inculpation pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité perpétrés durant la guerre civile sierra-léonaise, qui s'est soldée par 50.000 morts environ.

Il avait révoqué son avocat à l'ouverture du procès en exprimant d'abord la volonté d'assurer lui-même sa défense, mais il a depuis changé d'avis et réclamé les services d'un avocat renommé.

Les procureurs tablent sur ce procès pour répandre l'idée que la justice internationale peut se révéler efficace et équitable et se saisir de dossiers concernant des personnages très puissants. Mais certains observateurs craignent que Taylor ne cherche à perturber le déroulement des audiences.

Le procès proprement dit reprendra en août avec les dépositions de témoins.

Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone a été créé en 2002 par le gouvernement de ce pays et les Nations unis afin de juger les personnes considérées comme responsables de violations des droits de l'homme.

Il a été décidé que le procès de Taylor se tiendrait à La Haye par crainte que des troubles n'éclatent s'il se déroulait à Freetown, la capitale sierra-léonaise.


Source: Africatime.com