Lorsqu'il est sur une scène, le sénateur de l'Illinois, Barack Obama, a le feu sacré
La course au leadership démocrate devait, jusqu'à tout récemment, se traduire par le couronnement d'Hillary Clinton. Barack Obama vient de brouiller les cartes. Il est maintenant premier en Iowa, dont les caucus donneront le coup d'envoi à la course à la Maison-Blanche le 3 janvier prochain.
Notre journaliste a été témoin de l'effet Obama dans cet État du Midwest, où aura lieu aujourd'hui le dernier débat démocrate de l'année.
Dedra Lewis en a encore des sanglots dans la voix. Sa fille de 10 ans, Alexsiana, souffre d'une maladie rare et est passée à un cheveu de devenir aveugle l'an dernier.
Mme Lewis, Afro-Américaine du Massachusetts, explique à Barack Obama qu'elle a perdu son assurance maladie en cessant de travailler à temps plein. Du coup, elle ne pouvait plus se procurer les médicaments qui empêchaient sa fille de perdre la vue. Fort heureusement, elle a fini par obtenir l'aide de l'État.
«Pouvez-vous regarder Alexsiana dans les yeux et me répondre: les enfants ne méritent-ils pas tous des soins médicaux?» lance la mère éplorée au candidat démocrate.
«Absolument», réplique Barack Obama. Sa chaleureuse voix de stentor est réconfortante. Il serre ensuite Alexsiana dans ses bras et lui murmure quelque chose à l'oreille. La jeune fille retourne aux côtés de sa mère, sourire aux lèvres.
Puis, le candidat se lance dans une tirade passionnée. Il se veut à la fois dénonciateur du système actuel et porteur d'espoir. «Le gouvernement a un rôle à jouer pour s'assurer que les Américains peuvent réaliser leurs rêves», lance-t-il, sur le ton d'un preacher.
La scène se déroule lors d'un forum public au centre des congrès de Des Moines en Iowa, petit État du Midwest de 3 millions d'habitants. Quelques milliers de travailleurs du milieu communautaire y participent ainsi que cinq des huit candidats démocrates.
Obama = Kennedy
Ce sera l'une des nombreuses envolées enflammées de Barack Obama dont nous serons témoins ce jour-là. Lorsqu'il est sur une scène, le sénateur de l'Illinois a le feu sacré. Il envoûte littéralement certains électeurs démocrates.
Si bien qu'après avoir été exposés à plusieurs reprises à ce politicien électrisant, plusieurs habitants de l'Iowa ont eu le coup de foudre ces derniers mois.
Le plus récent sondage du Des Moines Register, quotidien le plus important de l'Iowa, le donne gagnant dans cet État crucial. Il y récolterait 28% des intentions de vote.
La sénatrice de l'État de New York, Hillary Clinton, est pour sa part en deuxième position, à 25%. Elle est talonnée par l'ancien sénateur de la Caroline du Nord, John Edwards, à 23%. Et ce sondage ne tient pas compte de l'effet Oprah. Il a été effectué avant les sorties publiques effervescentes de la célèbre animatrice en compagnie d'Obama le week-end dernier.
Rappelons que les caucus de l'Iowa, premier rendez-vous électoral de la course à la Maison-Blanche, se dérouleront le 3 janvier. Ils pourraient donner l'élan nécessaire à Obama pour ravir à Clinton le titre de leader du Parti démocrate.
«C'est le Bobby Kennedy de ma génération! Le John Kennedy! Il exalte les gens comme aucun autre candidat. Et il les intéresse à s'impliquer activement en politique», s'exclame l'un des membres de l'auditoire, Seth Andersen, 37 ans, débordant d'un enthousiasme juvénile.
«Il serait le seul président dans l'histoire à avoir été organisateur communautaire. Il aurait pu faire des centaines de milliers de dollars, mais il a choisi de travailler pour des peanuts parce qu'il voulait aider des gens sans emploi», ajoute ce partisan.
L'effet Obama, c'est aussi ça: non seulement possède-t-il un charisme hors du commun, mais il a l'air d'un être humain authentique plus que d'un politicien. Chose rare parmi les candidats à la présidence des deux partis.
Son histoire personnelle lui donne un sérieux coup de pouce. Lorsqu'il parle de santé, par exemple, il cite systématiquement sa mère, qui a succombé à un cancer des ovaires à 53 ans. «Je sais ce que c'est de voir quelqu'un souffrir parce qu'il est malade mais aussi parce qu'il se demande s'il aura assez d'argent pour payer ses soins de santé», raconte-t-il souvent.
Obama est né d'une mère blanche du Kansas et d'un père noir du Kenya. Il lui arrive donc aussi de parler de sa grand-mère, qui habite un petit village africain «sans eau courante, dévasté par la malaria et le sida».
Le candidat de 46 ans fait son entrée dans l'univers politique américain au bon moment. Une large majorité d'Américains pense que le pays va dans la mauvaise direction. Obama porte un message d'espoir et de changement. Et il peut se permettre de se présenter comme un outsider qui va dompter Washington. Cela fait uniquement trois ans qu'il siège au Sénat américain.
Il promet aussi d'unifier un pays où démocrates et républicains sont à couteaux tirés. C'est cet engagement qui a séduit Abby Longstreet, jeune femme de Chicago qui a fait ses études universitaires à McGill.
Elle était à Montréal lorsque Bush a été élu pour la première fois. Elle dit avoir pleuré. «Je trouvais ça horriblement dur d'être américaine», raconte-t-elle. En février dernier, elle a trouvé son rédempteur. Elle est devenue bénévole pour la campagne d'Obama.
L'atout du rassembleur
«Le problème avec Hillary est qu'elle diviserait le pays elle aussi. Obama, lui, rassemblerait les indépendants et même certains républicains», dit cette femme de 27 ans au visage poupin.
Ce thème reviendra chez plusieurs autres électeurs de l'Iowa interrogés lors de notre séjour. Des démocrates qui disent admirer la sénatrice de l'État de New York, mais hésitent à l'appuyer lors des caucus du 3 janvier.
C'est le cas de Judy Aycock, 60 ans, rencontrée lors d'un rassemblement mettant en vedette la femme d'Obama, Michelle. Elle a cru pendant longtemps qu'elle voterait pour Clinton, mais elle est en train de changer d'idée.
«Obama n'a pas d'antécédents, pas d'allégeances, pas de notions préconçues de la façon dont fonctionne Washington», dit cette dame aux cheveux gris, qui veut également éviter la naissance d'une nouvelle dynastie. Elle a fait ses calculs. Si Clinton est élue, les États-Unis auront été dirigés pendant deux décennies par la famille de la sénatrice de New York et par celle de George W. Bush. «Vingt ans pour deux familles! lance-t-elle. Je pense que c'est trop.»
Alexandre Sirois
Source: cyberpresse
(M)
Notre journaliste a été témoin de l'effet Obama dans cet État du Midwest, où aura lieu aujourd'hui le dernier débat démocrate de l'année.
Dedra Lewis en a encore des sanglots dans la voix. Sa fille de 10 ans, Alexsiana, souffre d'une maladie rare et est passée à un cheveu de devenir aveugle l'an dernier.
Mme Lewis, Afro-Américaine du Massachusetts, explique à Barack Obama qu'elle a perdu son assurance maladie en cessant de travailler à temps plein. Du coup, elle ne pouvait plus se procurer les médicaments qui empêchaient sa fille de perdre la vue. Fort heureusement, elle a fini par obtenir l'aide de l'État.
«Pouvez-vous regarder Alexsiana dans les yeux et me répondre: les enfants ne méritent-ils pas tous des soins médicaux?» lance la mère éplorée au candidat démocrate.
«Absolument», réplique Barack Obama. Sa chaleureuse voix de stentor est réconfortante. Il serre ensuite Alexsiana dans ses bras et lui murmure quelque chose à l'oreille. La jeune fille retourne aux côtés de sa mère, sourire aux lèvres.
Puis, le candidat se lance dans une tirade passionnée. Il se veut à la fois dénonciateur du système actuel et porteur d'espoir. «Le gouvernement a un rôle à jouer pour s'assurer que les Américains peuvent réaliser leurs rêves», lance-t-il, sur le ton d'un preacher.
La scène se déroule lors d'un forum public au centre des congrès de Des Moines en Iowa, petit État du Midwest de 3 millions d'habitants. Quelques milliers de travailleurs du milieu communautaire y participent ainsi que cinq des huit candidats démocrates.
Obama = Kennedy
Ce sera l'une des nombreuses envolées enflammées de Barack Obama dont nous serons témoins ce jour-là. Lorsqu'il est sur une scène, le sénateur de l'Illinois a le feu sacré. Il envoûte littéralement certains électeurs démocrates.
Si bien qu'après avoir été exposés à plusieurs reprises à ce politicien électrisant, plusieurs habitants de l'Iowa ont eu le coup de foudre ces derniers mois.
Le plus récent sondage du Des Moines Register, quotidien le plus important de l'Iowa, le donne gagnant dans cet État crucial. Il y récolterait 28% des intentions de vote.
La sénatrice de l'État de New York, Hillary Clinton, est pour sa part en deuxième position, à 25%. Elle est talonnée par l'ancien sénateur de la Caroline du Nord, John Edwards, à 23%. Et ce sondage ne tient pas compte de l'effet Oprah. Il a été effectué avant les sorties publiques effervescentes de la célèbre animatrice en compagnie d'Obama le week-end dernier.
Rappelons que les caucus de l'Iowa, premier rendez-vous électoral de la course à la Maison-Blanche, se dérouleront le 3 janvier. Ils pourraient donner l'élan nécessaire à Obama pour ravir à Clinton le titre de leader du Parti démocrate.
«C'est le Bobby Kennedy de ma génération! Le John Kennedy! Il exalte les gens comme aucun autre candidat. Et il les intéresse à s'impliquer activement en politique», s'exclame l'un des membres de l'auditoire, Seth Andersen, 37 ans, débordant d'un enthousiasme juvénile.
«Il serait le seul président dans l'histoire à avoir été organisateur communautaire. Il aurait pu faire des centaines de milliers de dollars, mais il a choisi de travailler pour des peanuts parce qu'il voulait aider des gens sans emploi», ajoute ce partisan.
L'effet Obama, c'est aussi ça: non seulement possède-t-il un charisme hors du commun, mais il a l'air d'un être humain authentique plus que d'un politicien. Chose rare parmi les candidats à la présidence des deux partis.
Son histoire personnelle lui donne un sérieux coup de pouce. Lorsqu'il parle de santé, par exemple, il cite systématiquement sa mère, qui a succombé à un cancer des ovaires à 53 ans. «Je sais ce que c'est de voir quelqu'un souffrir parce qu'il est malade mais aussi parce qu'il se demande s'il aura assez d'argent pour payer ses soins de santé», raconte-t-il souvent.
Obama est né d'une mère blanche du Kansas et d'un père noir du Kenya. Il lui arrive donc aussi de parler de sa grand-mère, qui habite un petit village africain «sans eau courante, dévasté par la malaria et le sida».
Le candidat de 46 ans fait son entrée dans l'univers politique américain au bon moment. Une large majorité d'Américains pense que le pays va dans la mauvaise direction. Obama porte un message d'espoir et de changement. Et il peut se permettre de se présenter comme un outsider qui va dompter Washington. Cela fait uniquement trois ans qu'il siège au Sénat américain.
Il promet aussi d'unifier un pays où démocrates et républicains sont à couteaux tirés. C'est cet engagement qui a séduit Abby Longstreet, jeune femme de Chicago qui a fait ses études universitaires à McGill.
Elle était à Montréal lorsque Bush a été élu pour la première fois. Elle dit avoir pleuré. «Je trouvais ça horriblement dur d'être américaine», raconte-t-elle. En février dernier, elle a trouvé son rédempteur. Elle est devenue bénévole pour la campagne d'Obama.
L'atout du rassembleur
«Le problème avec Hillary est qu'elle diviserait le pays elle aussi. Obama, lui, rassemblerait les indépendants et même certains républicains», dit cette femme de 27 ans au visage poupin.
Ce thème reviendra chez plusieurs autres électeurs de l'Iowa interrogés lors de notre séjour. Des démocrates qui disent admirer la sénatrice de l'État de New York, mais hésitent à l'appuyer lors des caucus du 3 janvier.
C'est le cas de Judy Aycock, 60 ans, rencontrée lors d'un rassemblement mettant en vedette la femme d'Obama, Michelle. Elle a cru pendant longtemps qu'elle voterait pour Clinton, mais elle est en train de changer d'idée.
«Obama n'a pas d'antécédents, pas d'allégeances, pas de notions préconçues de la façon dont fonctionne Washington», dit cette dame aux cheveux gris, qui veut également éviter la naissance d'une nouvelle dynastie. Elle a fait ses calculs. Si Clinton est élue, les États-Unis auront été dirigés pendant deux décennies par la famille de la sénatrice de New York et par celle de George W. Bush. «Vingt ans pour deux familles! lance-t-elle. Je pense que c'est trop.»
Alexandre Sirois
Source: cyberpresse
(M)