Mandela sera enterré demain dimanche 15 décembre 2013 dans le village de son enfance. L’hommage universel rendu à cette figure de la résistance contre l’apartheid est à la hauteur de son engagement et du combat qu’il a mené sans relâche contre le racisme érigé en système. La victoire transformée en vivre ensemble harmonieux dans son principe ne doit pas être une source de canonisation. Ce que Mandela a donné à l’humanité sans réserve, s’appelle le passage à l’acte de la générosité par la médiation de la lutte. Madiba ne s’est pas contenté de belles intentions, ni de proclamation de principe, mais de l’action militante fondée sur le courage, la lucidité et l’intelligence. Il ne s’est pas livré à une logique de fabrique idéologique, de discours philosophique, d’incantation mystérieuse. L’option de Mandela, dans sa radicalité principielle, s’est conjuguée avec une détermination sans opportunisme. L’objectif était clair : la mise à mort du racisme érigé en système officialisé comme apartheid, ségrégation, c’est-à-dire développement séparé entre les races.
Jamais un système d’oppression n’a autant choqué et bouleversé l’humanité des humains. Il ne suffisait pas d’en rester à la caractérisation scientifique ou philosophique, ni à la protestation, encore moins à l’indignation. L’idéal poursuivi par Mandela ne manquait pas de clarté : une société fondée sur la liberté, l’égalité, la démocratie. Il n’a pas varié sur ces valeurs. Le combat de Mandela n’est pas celui d’un prophète, ni d’un saint, mais celui d’un homme révolté contre l’injustice, l’humiliation, l’oppression et l’arbitraire. Le choix de Mandela était de libérer son peuple sous la domination et l’oppression. Partant, il a mobilisé ses ressources humaines, intellectuelles, spirituelles et physiques en activant le meilleur de lui-même pour la libération de son peuple. Mandela a épousé cette cause et en a fait un défi et un pari en termes de résistance organisée.
Ce qui a fait Mandela, c’est l’orientation fondamentale et primordiale de sa vie qu’il a identifiée comme un dévouement à la libération de son peuple. Avant que cette cause ne devienne universelle, il a fallu des larmes et du sang des hommes, des femmes et des enfants de son peuple. Au début de la résistance contre l’apartheid, le soutien était presque inexistant. C’est quand le rapport de forces a basculé à la faveur des résistants que le système a commencé à vaciller et à douter. C’est à partir de ce moment que la mutation s’est opérée. Le résistant « terroriste » d’hier est devenu alors un héros, ensuite, un mythe et enfin une légende. Ce cheminement a été marqué par la radicalité du refus, de la résistance contre toutes formes de mesquinerie, qu’elle qu’en soit la provenance. L’enjeu du combat de Mandela portait sur une dimension radicalement humaine. C’est le signifiant fondamental, primordial et structural qui a fondé les racines de sa résistance et non une quelconque idéologie ou supputation culturelle ou culturaliste.
En homme né libre et libéré par ses choix et ses options, il a pris la résolution de porter un coup dur à une des significations les plus minables et les plus médiocres que des humains peuvent porter à d’autres humains; signification cruellement porteuse du déni d’humanité. Mandela a refusé d’être un prophète pour ne pas prêcher dans le désert ; il n’a pas souhaité être un saint pour ne pas être hermétique. Il n’a pas versé dans l’hérésie. Il a choisi le combat dans sa dimension guerrière, celle de la souffrance, des sacrifices et du renoncement. La cohérence qui a animé son combat est une forme de tension qui s’articule avec un choix éthique ne s’embarrassant pas de scrupules. Mandela n’était pas un homme de compromis, dans le principe et les idéaux, mais dans la tactique. Il n’était jamais pour les compromissions, ni pour le dialogue, parce qu’il n’a jamais accepté les préalables, mais il fut un combattant, et à ce titre, pour la discussion et la négociation, à partir du moment où les conditions étaient remplies et les objectifs identifiés. Mandela n’avait pas mis en avant ni le pardon, ni la réconciliation. D’abord, c’était la lutte, la résistance, le combat qui ont défini son option. C’est quand l’impossible d’hier, a pointé le possible, et que la victoire s’approchant, que Mandela, dans la logique de sa générosité a ouvert la perspective d’une nation arc-en-ciel.
Il est faux de penser que la logique de la réconciliation était l’option de Mandela. Sa lucidité s’est fondée sur le refus du racisme, du sectarisme, du tribalisme. Il est tout aussi faux de penser que Mandela avait proclamé le pardon comme finalité.
Il a fait don de sa vie au nom de la résistance contre l’oppression, l’humiliation dont était victime son peuple du fait de la couleur de sa peau. La clarté de son combat a structuré et rythmé les différentes étapes ; il n’a jamais varié par rapport à cette exigence. Au préalable la lutte, la fragilisation, la précarisation et l’affaiblissement du système, condition de son anéantissement. Mandela n’a pas cédé, d’où sa grandeur et son sens élevé de la dignité. C’est l’ennemi qui a fait le chemin inverse. Il est resté sur sa ligne et sur une seule et unique revendication jusqu’à ce que celle-ci soit reconnue et admise par tous les protagonistes. Il s’agit de la règle inamovible de la démocratie : un homme une voix. C’est ce credo qui a donné une trame universelle et limpide à son combat. Il n’a pas été ni dans l’ambiguïté, encore moins dans l’ambivalence.
C’est ainsi que Mandela est devenu une singularité exceptionnelle et universelle, figure emblématique du schème anthropologique qui laissera à l’humanité une personnalité hors du commun et un héritage merveilleux.
Madiba sera enterré demain dimanche 15 décembre 2013, mais Mandela ne mourra jamais, son esprit va se reposer, mais son âme continuera à vibrer pour l’humanité juste, engagée et révoltée. Mandela nous a fait un cadeau, restituant ainsi à l’humanité du don qui lui avait été confié de libérer son peuple. Mandela a dessiné ainsi le visage de l’humanité arc-en-ciel, à l’image de la nation du même nom, qu’il a édifiée. Ce que nous devons à l’humanité de Rolihlahla, c’est d’avoir inscrit à l’ordre du jour un monde libéré du racisme, de la discrimination et de l’arbitraire. Cette âme qui a été baptisée Nelson Mandela continuera à nourrir notre combat et nous inspirer par son courage, son intelligence, sa sensibilité, sa générosité et sa dignité.
Hamdou Rabby SY
Philosophe, militant des Droits Humains
avomm.com
Jamais un système d’oppression n’a autant choqué et bouleversé l’humanité des humains. Il ne suffisait pas d’en rester à la caractérisation scientifique ou philosophique, ni à la protestation, encore moins à l’indignation. L’idéal poursuivi par Mandela ne manquait pas de clarté : une société fondée sur la liberté, l’égalité, la démocratie. Il n’a pas varié sur ces valeurs. Le combat de Mandela n’est pas celui d’un prophète, ni d’un saint, mais celui d’un homme révolté contre l’injustice, l’humiliation, l’oppression et l’arbitraire. Le choix de Mandela était de libérer son peuple sous la domination et l’oppression. Partant, il a mobilisé ses ressources humaines, intellectuelles, spirituelles et physiques en activant le meilleur de lui-même pour la libération de son peuple. Mandela a épousé cette cause et en a fait un défi et un pari en termes de résistance organisée.
Ce qui a fait Mandela, c’est l’orientation fondamentale et primordiale de sa vie qu’il a identifiée comme un dévouement à la libération de son peuple. Avant que cette cause ne devienne universelle, il a fallu des larmes et du sang des hommes, des femmes et des enfants de son peuple. Au début de la résistance contre l’apartheid, le soutien était presque inexistant. C’est quand le rapport de forces a basculé à la faveur des résistants que le système a commencé à vaciller et à douter. C’est à partir de ce moment que la mutation s’est opérée. Le résistant « terroriste » d’hier est devenu alors un héros, ensuite, un mythe et enfin une légende. Ce cheminement a été marqué par la radicalité du refus, de la résistance contre toutes formes de mesquinerie, qu’elle qu’en soit la provenance. L’enjeu du combat de Mandela portait sur une dimension radicalement humaine. C’est le signifiant fondamental, primordial et structural qui a fondé les racines de sa résistance et non une quelconque idéologie ou supputation culturelle ou culturaliste.
En homme né libre et libéré par ses choix et ses options, il a pris la résolution de porter un coup dur à une des significations les plus minables et les plus médiocres que des humains peuvent porter à d’autres humains; signification cruellement porteuse du déni d’humanité. Mandela a refusé d’être un prophète pour ne pas prêcher dans le désert ; il n’a pas souhaité être un saint pour ne pas être hermétique. Il n’a pas versé dans l’hérésie. Il a choisi le combat dans sa dimension guerrière, celle de la souffrance, des sacrifices et du renoncement. La cohérence qui a animé son combat est une forme de tension qui s’articule avec un choix éthique ne s’embarrassant pas de scrupules. Mandela n’était pas un homme de compromis, dans le principe et les idéaux, mais dans la tactique. Il n’était jamais pour les compromissions, ni pour le dialogue, parce qu’il n’a jamais accepté les préalables, mais il fut un combattant, et à ce titre, pour la discussion et la négociation, à partir du moment où les conditions étaient remplies et les objectifs identifiés. Mandela n’avait pas mis en avant ni le pardon, ni la réconciliation. D’abord, c’était la lutte, la résistance, le combat qui ont défini son option. C’est quand l’impossible d’hier, a pointé le possible, et que la victoire s’approchant, que Mandela, dans la logique de sa générosité a ouvert la perspective d’une nation arc-en-ciel.
Il est faux de penser que la logique de la réconciliation était l’option de Mandela. Sa lucidité s’est fondée sur le refus du racisme, du sectarisme, du tribalisme. Il est tout aussi faux de penser que Mandela avait proclamé le pardon comme finalité.
Il a fait don de sa vie au nom de la résistance contre l’oppression, l’humiliation dont était victime son peuple du fait de la couleur de sa peau. La clarté de son combat a structuré et rythmé les différentes étapes ; il n’a jamais varié par rapport à cette exigence. Au préalable la lutte, la fragilisation, la précarisation et l’affaiblissement du système, condition de son anéantissement. Mandela n’a pas cédé, d’où sa grandeur et son sens élevé de la dignité. C’est l’ennemi qui a fait le chemin inverse. Il est resté sur sa ligne et sur une seule et unique revendication jusqu’à ce que celle-ci soit reconnue et admise par tous les protagonistes. Il s’agit de la règle inamovible de la démocratie : un homme une voix. C’est ce credo qui a donné une trame universelle et limpide à son combat. Il n’a pas été ni dans l’ambiguïté, encore moins dans l’ambivalence.
C’est ainsi que Mandela est devenu une singularité exceptionnelle et universelle, figure emblématique du schème anthropologique qui laissera à l’humanité une personnalité hors du commun et un héritage merveilleux.
Madiba sera enterré demain dimanche 15 décembre 2013, mais Mandela ne mourra jamais, son esprit va se reposer, mais son âme continuera à vibrer pour l’humanité juste, engagée et révoltée. Mandela nous a fait un cadeau, restituant ainsi à l’humanité du don qui lui avait été confié de libérer son peuple. Mandela a dessiné ainsi le visage de l’humanité arc-en-ciel, à l’image de la nation du même nom, qu’il a édifiée. Ce que nous devons à l’humanité de Rolihlahla, c’est d’avoir inscrit à l’ordre du jour un monde libéré du racisme, de la discrimination et de l’arbitraire. Cette âme qui a été baptisée Nelson Mandela continuera à nourrir notre combat et nous inspirer par son courage, son intelligence, sa sensibilité, sa générosité et sa dignité.
Hamdou Rabby SY
Philosophe, militant des Droits Humains
avomm.com