Moctar Touré, âgé de 25 ans
"Ce n'est pas notre bras qu'ils ont coupé, c'est notre vie qu'ils ont enlevée": la vie de Souleymane et Moctar est devenue un calvaire depuis qu'ils ont été amputés d'une main au nom de la charia (loi islamique) par les islamistes qui contrôlent depuis huit mois le nord du Mali.
Les deux jeunes gens d'une vingtaine d'années étaient chauffeurs routiers dans le Nord lorsqu'ils ont été arrêtés il y a deux mois par les jihadistes pour "trafic et vol d'armes". Tous deux reconnaissent les faits, mais les armes dérobées aux islamistes étaient destinées à l'armée malienne, affirment-ils.
Agé de 25 ans, un béret noir vissé sur la tête, Moctar Touré s'exprime la tête baissée. Quatrième enfant d'une fratrie de huit, il explique que sa "nouvelle vie" est à jamais hantée par le jour où sa main droite a été coupée.
"Ce jour là, les islamistes ont caché ma tête dans une couverture. Un docteur est venu me faire une piqûre. On m'a bandé les yeux, et avec un couteau, on m'a coupé la main droite", souffle-t-il.
Dans le nord du Mali, qu'ils occupent entièrement depuis juin, les groupes islamistes liés à Al-Qaïda imposent une interprétation rigoriste de la charia: lapidations ou coups de fouets à l'encontre des couples non mariés, des buveurs d'alcool et des fumeurs, amputations pour des voleurs, etc.
"Nous n'avons plus de vie. C'est terminé pour nous. Ce n'est pas notre bras qu'ils ont coupé, c'est notre vie qu'ils ont enlevée", soupire, Moctar, en cachant son membre amputé sous un ample boubou.
Agé d'une vingtaine d'années, Souleymane Traoré est encore sous le choc. Amputé une semaine après Moctar, il ne veut plus raconter la scène. Mais il tempête sur un point: il est sûr que sa main coupée a été revendue par les jihadistes pour en faire des fétiches.
Devenir chanteur pour "crier" sa haine des islamistes
Les deux hommes sont désormais hébergés chez des parents à Bamako, où leur quotidien se résume au repos et à la télévision. Ils n'ont plus aucune ressource parce qu'un chauffeur qui n'a pas ses deux mains "n'est plus un chauffeur", mais ils veulent rester "dignes".
"Je ne veux même plus voir des journalistes", s'emporte Souleymane. "Ils viennent de France, d'Allemagne, et presque tous me disent qu'ils vont me donner de l'argent si je me déshabille pour qu'ils prennent la photo de ma main. Ce n'est pas une photo qui va me ramener ma main!".
Les deux jeunes amputés souhaitent aujourd'hui apprendre un nouveau métier. Moctar songe parfois à devenir chanteur pour "crier" sa haine des islamistes. Souleymane, lui, ne sait pas encore, peut-être "vendeur de cartes de recharge pour téléphone".
En attendant, les deux jeunes doivent apprendre à se servir uniquement de leur main gauche et sont contraints de demander l'aide de leurs proches pour prendre un bain, se vêtir ou se dévêtir. "Ma nouvelle vie, est de tout faire maintenant avec une seule main, la main gauche, alors que que je suis pas gaucher", raconte Moctar.
Pour Habib Touré, un psychiatre malien, qui s'est porté volontaire pour les aider, "il ne peut y avoir pour eux de nouvelle vie sans le mental". "Ils veulent comprendre leur drame et notre rôle est de leur expliquer ce qui est arrivé", explique-t-il.
"C'est tout un processus. Il y a eu des cas de suicides, après un choc pareil", ajoute le praticien qui a conseillé aux deux jeunes de se promener au moins trente minutes par jour.
Mais Souleymane ne supporte plus le regard des autres: "Même quand on ne me regarde pas, je crois qu'on regarde mon bras coupé", dit-il.
Dans leur malheur, ils reconnaissent cependant avoir eu de "la chance", parce que d'autres Maliens arrêtés par "les barbares", comme ils appellent les islamistes, ont eux été amputés "d'une main et d'un pied".
Source: le point
Les deux jeunes gens d'une vingtaine d'années étaient chauffeurs routiers dans le Nord lorsqu'ils ont été arrêtés il y a deux mois par les jihadistes pour "trafic et vol d'armes". Tous deux reconnaissent les faits, mais les armes dérobées aux islamistes étaient destinées à l'armée malienne, affirment-ils.
Agé de 25 ans, un béret noir vissé sur la tête, Moctar Touré s'exprime la tête baissée. Quatrième enfant d'une fratrie de huit, il explique que sa "nouvelle vie" est à jamais hantée par le jour où sa main droite a été coupée.
"Ce jour là, les islamistes ont caché ma tête dans une couverture. Un docteur est venu me faire une piqûre. On m'a bandé les yeux, et avec un couteau, on m'a coupé la main droite", souffle-t-il.
Dans le nord du Mali, qu'ils occupent entièrement depuis juin, les groupes islamistes liés à Al-Qaïda imposent une interprétation rigoriste de la charia: lapidations ou coups de fouets à l'encontre des couples non mariés, des buveurs d'alcool et des fumeurs, amputations pour des voleurs, etc.
"Nous n'avons plus de vie. C'est terminé pour nous. Ce n'est pas notre bras qu'ils ont coupé, c'est notre vie qu'ils ont enlevée", soupire, Moctar, en cachant son membre amputé sous un ample boubou.
Agé d'une vingtaine d'années, Souleymane Traoré est encore sous le choc. Amputé une semaine après Moctar, il ne veut plus raconter la scène. Mais il tempête sur un point: il est sûr que sa main coupée a été revendue par les jihadistes pour en faire des fétiches.
Devenir chanteur pour "crier" sa haine des islamistes
Les deux hommes sont désormais hébergés chez des parents à Bamako, où leur quotidien se résume au repos et à la télévision. Ils n'ont plus aucune ressource parce qu'un chauffeur qui n'a pas ses deux mains "n'est plus un chauffeur", mais ils veulent rester "dignes".
"Je ne veux même plus voir des journalistes", s'emporte Souleymane. "Ils viennent de France, d'Allemagne, et presque tous me disent qu'ils vont me donner de l'argent si je me déshabille pour qu'ils prennent la photo de ma main. Ce n'est pas une photo qui va me ramener ma main!".
Les deux jeunes amputés souhaitent aujourd'hui apprendre un nouveau métier. Moctar songe parfois à devenir chanteur pour "crier" sa haine des islamistes. Souleymane, lui, ne sait pas encore, peut-être "vendeur de cartes de recharge pour téléphone".
En attendant, les deux jeunes doivent apprendre à se servir uniquement de leur main gauche et sont contraints de demander l'aide de leurs proches pour prendre un bain, se vêtir ou se dévêtir. "Ma nouvelle vie, est de tout faire maintenant avec une seule main, la main gauche, alors que que je suis pas gaucher", raconte Moctar.
Pour Habib Touré, un psychiatre malien, qui s'est porté volontaire pour les aider, "il ne peut y avoir pour eux de nouvelle vie sans le mental". "Ils veulent comprendre leur drame et notre rôle est de leur expliquer ce qui est arrivé", explique-t-il.
"C'est tout un processus. Il y a eu des cas de suicides, après un choc pareil", ajoute le praticien qui a conseillé aux deux jeunes de se promener au moins trente minutes par jour.
Mais Souleymane ne supporte plus le regard des autres: "Même quand on ne me regarde pas, je crois qu'on regarde mon bras coupé", dit-il.
Dans leur malheur, ils reconnaissent cependant avoir eu de "la chance", parce que d'autres Maliens arrêtés par "les barbares", comme ils appellent les islamistes, ont eux été amputés "d'une main et d'un pied".
Source: le point