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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Allons Kaédiens, un peu de courage! par Tidiane KOÏTA

Cet article réactualisé a été publié pour la première fois le 22 avril 2011 sous le titre: Kaédi, une ville comme la nôtre.


Allons Kaédiens, un peu de courage! par Tidiane KOÏTA
Introduction
 
La ville de Kaédi est la plus importante agglomération de la vallée du Gorgol. Ville attachante du sud mauritanien, jadis grenier du Fouta, centre culturel et artistique, elle est désormais confrontée à d'innombrables dysfonctionnements qui tendent à hypothéquer sont devenir. Le présent texte n’a pas vocation à porter un jugement sur les comportements des uns et des autres. Il n’a pas pour objet de donner des leçons à qui que soit. Loin de moi cette  tentation. La naïveté ne guide pas non plus son écriture. Il a pour but uniquement d’attirer - pour une fois de plus - notre attention collective sur la situation désastreuse de notre bonne ville et au-delà de proposer quelques pistes, non exhaustives, pour y répondre.  Les réponses apportées à l'insoutenable situation nécessiteront forcément des efforts et des sacrifices de la part de chacun. Des freins, venant de là où on ne les attend pas, pourraient tenter de bloquer les ambitions collectives. Mais il ne faudra pas y céder. Seule la volonté de faire avancer la ville doit être le fil conducteur des engagements communs. Au risque de choquer certains, je pose le postulat selon lequel, pour sortir la commune de sa décadence actuelle, il est indispensable de transcender les clivages politiques, ethniques et sociaux. Sans cette prise en compte, tous les efforts entrepris seront vains et n’auront aucune efficacité dans la durée.
 
Un développement urbain totalement en panne
 
Située à près de 500 kilomètres de la capitale, l'agglomération s'étend le long du fleuve Sénégal. Elle recèle de nombreux atouts. Les larges et riches bandes de terres agricoles du Walo, les potentialités d'élevage et même les terres sablonneuses du Djiéri constituent des opportunités inestimables pour y promouvoir des activités économiques, génératrices de revenus pour les habitants. Mais les freins sociaux et politiques bloquent la valorisation de ces atouts.
 
Aussi, la commune ne peut pas tout attendre de l'Etat mauritanien qui est lui même en difficulté. Le contexte économique y est désastreux, poussant de nombreux jeunes à aller tenter leur chance dans d'autres villes du pays. Certains s'inscrivent même dans d'hypothétiques canaux d'immigration internationale. A la quête d'un bien être - le plus souvent introuvable - ils rompent progressivement leurs liens avec la ville. Aux autochtones en place, s'est ajoutée  désormais une nouvelle population. En effet, depuis le début des années 70, celle-ci accueille des populations rurales, venues de toutes les régions du pays. Des quartiers entiers sont sortis de terre, habités exclusivement par ces nouveaux migrants, chassés par la sécheresse. Devenus de vrais kaédiens, ils doivent construire avec les anciens habitants - sans distinction entre eux - l'avenir de la ville à laquelle  ils sont profondément attachés.
 
Au cours des quatre dernières décennies, le visage de la commune a énormément changé. Elle s'étend désormais de manière anarchique sur des zones inondables - en sursis - qui ont été en partie détruites par les violentes pluies de 2010. La stupidité de ces occupations arbitraires et des choix d'urbanisation, contraires à toute règle de sécurité et  l'urbanisme moderne, expose leurs habitants à des dangers permanents. Les vieux quartiers de Touldé et de Tantadji regardent tranquillement le fleuve. Ils poursuivent cependant leur lente mutation urbaine. Le quartier Gataga, plus à l'ouest, loin du fleuve, est quant à lui aussi progressivement défiguré par la construction de petits immeubles, peu adaptés au mode de vie locale. La volonté de rentrer dans la modernité est en train de changer le paysage de ces territoires confrontés par ailleurs à des problèmes d'assainissement de tout ordre (eaux usées, ordures ménagères jonchant les rues...).
 
Les seules réalisations emblématiques dans l'agglomération, devenues des ruines au fil du temps, ont été effectuées avant le milieu des années 70 sous la direction du député-maire d'alors. Ces équipements, susceptibles d'accueillir des activités économiques et d'augmenter le pouvoir d'achat des habitants, sont maintenant dégradés. Ils sont devenus des refuges pour animaux errant. Les équipes municipales qui se sont succédées n'ont pas eu de politique urbaine ambitieuse, ni même de politique volontariste. Elles semblent être surtout spectatrices de la dégradation de la ville, devenue à certains endroits un dépotoir d'ordures à ciel ouvert, une réserve de chômeurs et un étalement urbain dépourvus de services publics efficaces. La décentralisation, transférant des compétences à la commune, contribue à fragiliser l'action municipale qui ne dispose pas de moyens financiers et techniques suffisants pour relever les défis. Mais la gestion urbaine n'est pas seulement une affaire de « sous ». Elle consiste aussi à être organisée en l'appuyant sur un projet urbain cohérent et ambitieux, porté par des élus et une société civile volontaires.
 
L’indispensable volontarisme collectif pour construire l'avenir de la ville de Kaédi
 
Un défi majeur se dresse ainsi devant les kaédiens. Il rend urgent de dépasser les sordides querelles et les inutiles divisions qui ne profitent qu'aux seuls ennemis de la ville. Il nécessite par ailleurs que chacun avale son égo afin de bâtir ensemble, sans discrimination sociale et ethnique, un solide projet pour la commune. Aussi, est-il évident d'admettre que tous les kaédiens ne peuvent pas être des chefs. Pour fonctionner efficacement, tout groupe, quel qu’il soit, doit être doté d'une discipline irréprochable. Il doit être organisé et avoir des buts précis, sous la conduite d'un leader, reconnu par tous. La vie est ainsi faite pour les humains et même dans les sociétés animales. La nécessité de s'organiser dernière un leader qui sera choisi et soutenu sincèrement par les habitants pour porter les ambitions collectives s'impose plus que jamais. Celui ci pourra conduire la ville et ses habitants vers des victoires collectives. Tout comme il aura été choisi pour porter la parole et défendre l'intérêt général, il pourra être destitué s'il s'écartait de ces attentes.
 
La ville a tout donné à chacun de ses fils. A leur tour, ils devront lui rendre maintenant ce qu'elle attend depuis longtemps, sans rechigner, ni prétexte. Elle a besoin de tous quelque soit leurs compétences, leur situation sociale et économique, leur origine ethnique, leur lieu de résidence et leur ancienneté dans la commune. Chacun possède un talent qui peut être utile pour l'avenir de celle-ci. Alors, rassemblés et mobilisés autour d'un objectif commun, les kadiens pourraient faire gagner leur agglomération. Rassemblés, ils seront forts et capables de lever les freins qui bloquent son développement. Au-delà de leurs différences politiques et sociales, il y a un objectif essentiel qui doit impérativement les unir : l’avenir de la commune.  La construction de cet avenir vaut plus que toute idéologie politique et tout prétexte fallacieux. Dans le contexte présent, la ville perd progressivement son rang au niveau national. Aussi, son image et l'influence qu'elle avait sur son environnement rural immédiat diminue. Il n'est donc pas étonnant, ni surprenant que certains villages alentours tendent à la supplanter, au moins politiquement. Personne ne modifiera ce processus à la place des natifs de la ville. Alors kaédiens, soyez donc courageux et assumez clairement vos responsabilités. L'histoire ne vous jugera pas par vos réussites individuelles - même si c'est important - mais par vos réactions et vos comportements collectifs pour la réussite de cette belle terre qui vous a vu naître et grandir et qui a été la fierté de vaillants érudits.
 
La capitale de la quatrième région ne fait plus trop rêver les villageois alentours comme autrefois. Mais grâce au nouvel élan, elle pourrait, redevenir la capitale stratégique, le centre économique, le pôle culturel et la ville mythique qu'elle avait été dans le passé. Les dysfonctionnements urbains et économiques actuels à l'œuvre ne sont ni inéluctables, ni une fatalité. La spirale de l'exclusion n'est pas non plus irréversible. Tous les fils de Kaédi sont fiers et attachés à leur ville. Ils en parlent avec enthousiasme et ferveur. Ils s'y identifient dès que possible. Alors pourquoi sont-ils incapables de se rassembler pour en faire un havre de vie paisible et exemplaire? Pourquoi sont-ils frileux lorsqu'il s'agit de se mobiliser pour porter concrètement ensemble un projet commun auquel chacun apportera sa contribution? Pourquoi se privent-ils de rêver ensemble pour construire une ville radieuse dont ils seront encore plus fiers ? Pourquoi ne sont-ils pas capables de mettre l'intérêt de Kaédi au dessus de tout autre intérêt?
 
Personnellement, je rêve du moment - que j'espère imminent - où rassemblés, tous montrerons au pays notre capacité à redonner une image positive et enviée à notre chère ville. Je rêve de l’instant où rassemblées, nous attirerons vers la perle du Fouta des investisseurs enthousiastes, des centres de formation performants, des établissements scolaires efficaces, des artistes talentueux et bien d'autres acteurs économiques, éducatifs et culturels qui contribueront  à son rayonnement. Nous referons  ainsi de ce haut lieu des spiritualités le symbole d'un développement harmonieux, prenant en compte toutes les questions actuelles de la ville (environnement, économie, action sociale, emploi, formation…). Rien ne sera toutefois simple, des empêcheurs de tourner en rond seront toujours à l’œuvre. Mais avec la détermination, la persévérance et la clarté d'esprit, nous pourrons réussir. Je suis prêt - en ce qui me concerne et sans condition, ni intérêt personnel - à assumer pleinement ma part de responsabilité dans ce défi pour Kaédi. J'y prendrai toute ma part et souhaite que chacun d'entre nous participe activement et sans complaisance, ni calcul quelconque à cette aventure pour hisser vers les sommets cette ville qui nous appartient tous et qui sera, quoiqu'il en soit et quelque soit notre attitude, notre fierté ou notre honte…
 
Conclusion
 
Pour relever les défis qui se dressent devant nous, il ne s'agira point d'exclure qui que ce soit.  Aussi, il  sera nécessaire de transcender les clans, les clivages et les factions. Nous ne devons pas avoir peur d'affronter la réalité afin de conjurer les démons de la division et de l'échec. Les échéances municipales et législatives à venir constituent donc une belle opportunité pour construire ce rassemblement tant attendu par de nombreux kaédiens. Alors kaédiens, un peu de courage!
 

Tidiane KOÏTA
Directeur Général Adjoint des Services
Ville de Beauvais et Communauté d'Agglomération
du Beauvaisis (Oise-France)

Source: Tidiane Koïta
Dimanche 25 Août 2013 - 19:01
Dimanche 25 Août 2013 - 19:48
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