Une énième violence en Afrique, bascule du temps? C'est au fond, autre fois, dans une année, où tous ensemble nous aimions méditer sur la coulée du temps, sur la violence qui gangrénait notre continent. La violence est toujours latente, dans la famille, la société, l’Etat ; une modernité, ou une démocratisation scandée par des "Blancs", étrange contradiction...
Au Sénégal, en Côte-d’Ivoire, en Egypte, nous criions, nous hurlions, nous nous embrassions bruyamment. Les klaxons scandaient interminablement des milliers de "victoires sur le dictateurs". Manière étonnante de défier le temps plutôt que de le saluer. Voici que l’Afrique tombe, dans les travers, de ce que les autres lui ont vanté comme miroir de la modernité : la démocratie. L’Afrique aux yeux des Occidentaux, semble, plus impréparée à la démocratie, et favorable à la dictature. À la lecture des faits exposés, par-ci et par-là.
Silence, tuez !
Le silence conviendrait mieux, mais il serait pesant... dans l’illusoire ivresse de ce champagne de démocratie offert, avec autant de convivialité, par ceux qui des années durant ont armé, entraîné, exploité, la pléthore de dictatures qui avaient pignon sur rue en Afrique. Car cette démocratie qui coule à flots dans les flutes et les coupes de ceux qui ont été les maîtres de l’Afrique, est une tentative pathétique et sympathique à la fois, de nier au temps ses qualités ambigües : son indifférence, sa force fatale et lente, sa manière d'anticiper notre propre fin, la fin de la modernité.
Cette liesse soudaine à l’endroit des Africains, n’est qu’une feinte, un masque contre la douleur de nos âmes dans l'effroi de la durée de notre hibernation. A moins, en effet, que nous saluions avec sincérité la force que nous donne, à chacun, le fait d'avoir vécu notre propre enfermement. Un esclavage, d'avoir à en vivre un autre, d'avoir à retenir les souvenirs de notre inertie. Et pourtant, après le départ de ces dictateurs, il aurait fallu donner aux nouvelles forces patriotiques, les moyens de s'atteler avec vaillance aux projets à neuf d’un pouvoir neuf.
Voilà ce qu'un seul coup de main, le coup du maître, déclenche une nuée d’incompréhensions et de violences, comme si les dictatures furent meilleures garanties de stabilité. C'est cette duperie politique, qui fait que atteignions un col qui nous découvre, de l'autre côté, une vallée encore obscure et embrumée. Des hommes et des femmes immatures, pour opérer une vraie alternance. A contrario, la nouvelle donne nous invite, à songer à une possibilité pire que la première : la semi liberté contrôlée et accélérée. Ainsi de jour en jour, et pour toujours, nous aurons le sentiment que l'avenir ne dépend pas de nous.
De Dakar a Port Saïd
Qu’est-ce qui se passe pour observer autant de ratés dans les Etats, récemment applaudis pour leur ancrage dans la démocratie ? De mémoire, la disputaille tant au Sénégal, qu’en Egypte, autour de la présence de dirigeant que le peuple ne veut plus ou pas. La polémique sur la place de la religion en politique.
Le plan fixé par la junte en Egypte, pour transmettre le pouvoir aux civils, où l’observateur que je suis, n’a rien compris, comme les dizaines de millions d’Egyptiens concernés. La question tourne à l'obsession : Que veut dire la liberté ? L'identité démocratique, l'identité nationaliste, l'identité de l’Egypte, quelle que soit la manière dont on tourne les mots est une façon maladive de tourner autour du pot. La peur de l ‘islam. La peur de l’inconnu. Et, surtout, d'une possibilité radicalisation des pensées. Si l'on savait, depuis le temps, ce que signifie "être libre". La liberté a ses revers et travers, autant donc l’accepter avec ce qu’elle est… Voilà pourquoi, sans justifier cette barbarie, on voit des jeunes s’emporter sans fair-play, à travers un match de football, et exercer une forme de défiance à l’Etat de droit.
On peine à suivre la communauté internationale, en Côte-d’Ivoire, les élections sont passées, et il reste une forte présence des forces d’occupation. Dans le même chapitre, et dans ce pays, la communauté internationale, nous fait comprendre qu’il n’y a qu’une justice à charge, et non à décharge. Tout cela est source de violence ! C’est même de la violence !
Le maintien de Wade au pouvoir. Les coups de pied et de main pratiqués à l’endroit de Wade, qui mettent le peuple sénégalais entre parenthèses, concourent à faire souffler la tempête entre les différentes parties engagées. Voilà diable que la révolution des urnes, pourrait se transformer en révolution des armes !
Ce que la communauté internationale a raté dans le processus de démocratisation en Afrique : la recherche d'un nouvel équilibre de vie ; l'attention aux racines culturelles ; l’association de l’intelligentsia locale aux décisions concernant leurs Etats respectifs ; une nouvelle lecture des rapports de force entre l’Afrique et le monde occidental ; En somme, une autre politique, avec d’autres interlocuteurs ; une nouvelle vie, quoi ! Avec les nouveaux enjeux de l’heure, tout silence de la communauté serait désertion.
Aimé Mathurin Moussy
Source: camer.be
Au Sénégal, en Côte-d’Ivoire, en Egypte, nous criions, nous hurlions, nous nous embrassions bruyamment. Les klaxons scandaient interminablement des milliers de "victoires sur le dictateurs". Manière étonnante de défier le temps plutôt que de le saluer. Voici que l’Afrique tombe, dans les travers, de ce que les autres lui ont vanté comme miroir de la modernité : la démocratie. L’Afrique aux yeux des Occidentaux, semble, plus impréparée à la démocratie, et favorable à la dictature. À la lecture des faits exposés, par-ci et par-là.
Silence, tuez !
Le silence conviendrait mieux, mais il serait pesant... dans l’illusoire ivresse de ce champagne de démocratie offert, avec autant de convivialité, par ceux qui des années durant ont armé, entraîné, exploité, la pléthore de dictatures qui avaient pignon sur rue en Afrique. Car cette démocratie qui coule à flots dans les flutes et les coupes de ceux qui ont été les maîtres de l’Afrique, est une tentative pathétique et sympathique à la fois, de nier au temps ses qualités ambigües : son indifférence, sa force fatale et lente, sa manière d'anticiper notre propre fin, la fin de la modernité.
Cette liesse soudaine à l’endroit des Africains, n’est qu’une feinte, un masque contre la douleur de nos âmes dans l'effroi de la durée de notre hibernation. A moins, en effet, que nous saluions avec sincérité la force que nous donne, à chacun, le fait d'avoir vécu notre propre enfermement. Un esclavage, d'avoir à en vivre un autre, d'avoir à retenir les souvenirs de notre inertie. Et pourtant, après le départ de ces dictateurs, il aurait fallu donner aux nouvelles forces patriotiques, les moyens de s'atteler avec vaillance aux projets à neuf d’un pouvoir neuf.
Voilà ce qu'un seul coup de main, le coup du maître, déclenche une nuée d’incompréhensions et de violences, comme si les dictatures furent meilleures garanties de stabilité. C'est cette duperie politique, qui fait que atteignions un col qui nous découvre, de l'autre côté, une vallée encore obscure et embrumée. Des hommes et des femmes immatures, pour opérer une vraie alternance. A contrario, la nouvelle donne nous invite, à songer à une possibilité pire que la première : la semi liberté contrôlée et accélérée. Ainsi de jour en jour, et pour toujours, nous aurons le sentiment que l'avenir ne dépend pas de nous.
De Dakar a Port Saïd
Qu’est-ce qui se passe pour observer autant de ratés dans les Etats, récemment applaudis pour leur ancrage dans la démocratie ? De mémoire, la disputaille tant au Sénégal, qu’en Egypte, autour de la présence de dirigeant que le peuple ne veut plus ou pas. La polémique sur la place de la religion en politique.
Le plan fixé par la junte en Egypte, pour transmettre le pouvoir aux civils, où l’observateur que je suis, n’a rien compris, comme les dizaines de millions d’Egyptiens concernés. La question tourne à l'obsession : Que veut dire la liberté ? L'identité démocratique, l'identité nationaliste, l'identité de l’Egypte, quelle que soit la manière dont on tourne les mots est une façon maladive de tourner autour du pot. La peur de l ‘islam. La peur de l’inconnu. Et, surtout, d'une possibilité radicalisation des pensées. Si l'on savait, depuis le temps, ce que signifie "être libre". La liberté a ses revers et travers, autant donc l’accepter avec ce qu’elle est… Voilà pourquoi, sans justifier cette barbarie, on voit des jeunes s’emporter sans fair-play, à travers un match de football, et exercer une forme de défiance à l’Etat de droit.
On peine à suivre la communauté internationale, en Côte-d’Ivoire, les élections sont passées, et il reste une forte présence des forces d’occupation. Dans le même chapitre, et dans ce pays, la communauté internationale, nous fait comprendre qu’il n’y a qu’une justice à charge, et non à décharge. Tout cela est source de violence ! C’est même de la violence !
Le maintien de Wade au pouvoir. Les coups de pied et de main pratiqués à l’endroit de Wade, qui mettent le peuple sénégalais entre parenthèses, concourent à faire souffler la tempête entre les différentes parties engagées. Voilà diable que la révolution des urnes, pourrait se transformer en révolution des armes !
Ce que la communauté internationale a raté dans le processus de démocratisation en Afrique : la recherche d'un nouvel équilibre de vie ; l'attention aux racines culturelles ; l’association de l’intelligentsia locale aux décisions concernant leurs Etats respectifs ; une nouvelle lecture des rapports de force entre l’Afrique et le monde occidental ; En somme, une autre politique, avec d’autres interlocuteurs ; une nouvelle vie, quoi ! Avec les nouveaux enjeux de l’heure, tout silence de la communauté serait désertion.
Aimé Mathurin Moussy
Source: camer.be