Nettali - Les dernières nouvelles en Mauritanie après le coup d’Etat ?
Abdarrahmane Ngaïndé - Tout semble bien tranquille. Un comité militaire a été mis en place. Deux formations politiques l’App dirigée par le Président de l’Assemblée nationale, Nessaouad Ould Doulkheir et l’Ufp d’obédience ont condamné le coup d’Etat. De même que l’Union africaine. Ils veulent le retour au pouvoir du Président. Il y aurait aussi des renforts militaires qui viendraient de l’intérieur du pays vers Nouatchott. Mais il faudra attendre quelques jours pour savoir dans quel sens les choses vont aller.
Nettali – Quelle lecture faites-vous de ce coup d’Etat pour le moins surprenant quand on sait que la Mauritanie était quand même engagée dans un processus de démocratisation qui semblait bien partie ?
Abdarrahmane Ngaïndé - Je ne crois pas que ce qui s’est passé chez nos voisins du Nord soit surprenant. Nous autres historiens qui travaillons sur ce pays, avions des éléments qui nous permettaient de ne pas écarter toute réversibilité du processus qui était en cours. Moi je travaillais surtout sur l’hypothèse d’un retour de Vall au pouvoir. Mais enfin, ce qui s’est passé n’est pas trop décalé à ce que j’entrevoyais. Sur l’existant, on peut avoir une double lecture à la fois. La première procède d’une lecture immédiate. Je pense que le fait de dégommer des généraux pour mettre des colonels à leur place et de façon si brusque peut engendrer des frustrations. Le Président a commis là une erreur. Mais je pense que cela a juste été le catalyseur de ce qui s’est passé.
Nettali – Qu’est ce qui selon vous a été déterminant ?
Abdarrahmane Ngaïndé - Plus sérieusement, je pense qu’il y a une seconde lecture plus intéressante à faire. Si vous suivez bien ce qui se passe en Mauritanie, vous savez qu’il y a une dynamique de criminalisation de l’esclavage et un retour des réfugiés. Il y a un problème d’insertion qui se pose et cela créé des perturbations au niveau de certains grands équilibres sociaux. Il ne faut pas oublier que le Général Ould abdelaziz qui a pris la tête de la junte est impliqué dans des massacres de même qu’Ould Vall. On a sans doute senti que quelque chose était en train de se passer qui n’arrange pas certaines classes en Mauritanie. L’autre élément intriguant, c’est que parmi les ministres impliqués dans le putsch, on en retrouve six qui sont issus du coup d’Etat de Ma’Ouiya Ould Taya. Il ne faut pas non plus oublier le fait que la quasi-totalité de la haute hiérarchie militaire est issue de la caste guerrière locale. Et le pouvoir fonctionne comme une sorte de délégation par ces militaires aux civils. Mais le mécanisme est diffus ou officieux. Mais c’est une donne importante. Et ce sont eux qui gèrent la sécurité du Président. Vous voyez ce que ça fait ?
Nettali - Ce régime a juste fait un an, c’est même inquiétant.
Abdarrahmane Ngaïndé - Inquiétant oui. Mais c’était prévisible. J’allais oublier d’évoquer une autre raison liée à l’omniprésence de l’épouse du Président. Elle a créé une fondation et tout l’argent public va dans sa Fondation. Au point d’ailleurs que des députés ont demandé à y voir plus clair. Il y a donc un problème de redistribution des richesses. Et aussi un problème de raréfication des richesses nationales liée à une forme d’assainissement des finances. A Nouatchott, on vous dit que l’argent ne circule plus. Je crois qu’il y a tout cela participe à créer un terreau fertile aux coups d’Etat.
Nettali - Et la question pétrolière dans tout ça ?
Abdarrahmane Ngaïndé - Je crois que c’est marginal dans cette affaire.
________________
Source: nettali
(M) avomm
Abdarrahmane Ngaïndé - Tout semble bien tranquille. Un comité militaire a été mis en place. Deux formations politiques l’App dirigée par le Président de l’Assemblée nationale, Nessaouad Ould Doulkheir et l’Ufp d’obédience ont condamné le coup d’Etat. De même que l’Union africaine. Ils veulent le retour au pouvoir du Président. Il y aurait aussi des renforts militaires qui viendraient de l’intérieur du pays vers Nouatchott. Mais il faudra attendre quelques jours pour savoir dans quel sens les choses vont aller.
Nettali – Quelle lecture faites-vous de ce coup d’Etat pour le moins surprenant quand on sait que la Mauritanie était quand même engagée dans un processus de démocratisation qui semblait bien partie ?
Abdarrahmane Ngaïndé - Je ne crois pas que ce qui s’est passé chez nos voisins du Nord soit surprenant. Nous autres historiens qui travaillons sur ce pays, avions des éléments qui nous permettaient de ne pas écarter toute réversibilité du processus qui était en cours. Moi je travaillais surtout sur l’hypothèse d’un retour de Vall au pouvoir. Mais enfin, ce qui s’est passé n’est pas trop décalé à ce que j’entrevoyais. Sur l’existant, on peut avoir une double lecture à la fois. La première procède d’une lecture immédiate. Je pense que le fait de dégommer des généraux pour mettre des colonels à leur place et de façon si brusque peut engendrer des frustrations. Le Président a commis là une erreur. Mais je pense que cela a juste été le catalyseur de ce qui s’est passé.
Nettali – Qu’est ce qui selon vous a été déterminant ?
Abdarrahmane Ngaïndé - Plus sérieusement, je pense qu’il y a une seconde lecture plus intéressante à faire. Si vous suivez bien ce qui se passe en Mauritanie, vous savez qu’il y a une dynamique de criminalisation de l’esclavage et un retour des réfugiés. Il y a un problème d’insertion qui se pose et cela créé des perturbations au niveau de certains grands équilibres sociaux. Il ne faut pas oublier que le Général Ould abdelaziz qui a pris la tête de la junte est impliqué dans des massacres de même qu’Ould Vall. On a sans doute senti que quelque chose était en train de se passer qui n’arrange pas certaines classes en Mauritanie. L’autre élément intriguant, c’est que parmi les ministres impliqués dans le putsch, on en retrouve six qui sont issus du coup d’Etat de Ma’Ouiya Ould Taya. Il ne faut pas non plus oublier le fait que la quasi-totalité de la haute hiérarchie militaire est issue de la caste guerrière locale. Et le pouvoir fonctionne comme une sorte de délégation par ces militaires aux civils. Mais le mécanisme est diffus ou officieux. Mais c’est une donne importante. Et ce sont eux qui gèrent la sécurité du Président. Vous voyez ce que ça fait ?
Nettali - Ce régime a juste fait un an, c’est même inquiétant.
Abdarrahmane Ngaïndé - Inquiétant oui. Mais c’était prévisible. J’allais oublier d’évoquer une autre raison liée à l’omniprésence de l’épouse du Président. Elle a créé une fondation et tout l’argent public va dans sa Fondation. Au point d’ailleurs que des députés ont demandé à y voir plus clair. Il y a donc un problème de redistribution des richesses. Et aussi un problème de raréfication des richesses nationales liée à une forme d’assainissement des finances. A Nouatchott, on vous dit que l’argent ne circule plus. Je crois qu’il y a tout cela participe à créer un terreau fertile aux coups d’Etat.
Nettali - Et la question pétrolière dans tout ça ?
Abdarrahmane Ngaïndé - Je crois que c’est marginal dans cette affaire.
________________
Source: nettali
(M) avomm