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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

AJD/MR : Contribution aux Etats Généraux de l’Education et de la Formation (EGEF) 2012


AJD/MR : Contribution aux Etats Généraux de l’Education et de la Formation (EGEF) 2012
Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Rénovation (AJD/MR)

Secrétariat National chargé de l'Education
Contribution aux Etats Généraux de l'Education et de la Formation (EGEF) 2012
Nouakchott, le 11 juillet 2012


Etats Généraux de l’Education et de la Formation (EGEF) 2012

Introduction

De prime abord, il y a lieu de souligner que l’éducation est un droit humain universellement reconnu. Un tel principe est du reste corroboré, confirmé par notre sainte religion l’Islam et aussi par la déclaration universelle des Droits de l’Homme et la charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples.

Par ailleurs, l’éducation constitue sans conteste un puissant moyen de promotion socio-économique, elle a un apport considérable dans la préservation et le développement de nos cultures nationales et elle est aussi un vecteur essentiel de progrès.

Et puisqu’aucune nation au monde ne s’est véritablement développée en dehors de sa propre culture, il demeure évident que la langue, vecteur essentiel de cette culture, est la pierre angulaire du projet éducationnel visant le développement intégral et authentique d’un pays quel qu’il soit.

Les mauritaniens, toutes nationalités confondues, ont très tôt perçu cet enjeu majeur du rôle de la langue et de la culture nationale dans la libération effective du pays et pour son développement. Jusqu’ici les efforts fournis sont allés dans une confrontation stérile et sans lendemain en vue de consacrer l’hégémonie d’une culture nationale sur les autres et la résistance acharnée des autres composantes nationales. Un tel antagonisme a entrainé des situations dramatiques qui n’ont fait que retarder le projet d’intégration national qui doit consister en une symbiose de toutes nos cultures nationales donnant naissance à une véritable interculturalité.

Les mesures d’octobre 1979, malgré les lacunes constatées dans leur mise en application, constituent à nos yeux, une première réponse objective que la nouvelle reforme envisagée doit revisiter pour en capitaliser les acquis. Désormais il doit être clair pour tous que notre éducation nationale doit être basée pour l’essentiel sur notre culture nationale, et partant de nos langues, avant de s’ouvrir vers l’extérieur. Comme consacrée désormais par la constitution, le droit à la différence et la diversité culturelle passe par la prise en charge par l’état du développement des langues nationales pulaar, sooninke et wolof afin de les introduire effectivement dans le système éducatif.

Les acquis, dans ce domaine pour la Mauritanie, qui ont été salués par l’UNESCO dans son rapport d’évaluation de 1984 qui préconise sa généralisation dans toute l’Afrique et la commission nationale chargée d’évaluer les travaux réalisés par l’Institut des Langues Nationales en 1988 ne peuvent pas être ignorés par la future réforme.

De la sorte, nous répondons aux vœux des ministres africains dont celui de la Mauritanie qui ont adopté à Accra en aout 1996 la déclaration visant l’introduction sans délais des langues nationales africaines dans les systèmes éducatifs nationaux.

C’est pourquoi, nous sommes assurément fondés à considérer que les enfants mauritaniens, sans exclusive, sans discrimination aucune, doivent bénéficier d’un enseignement à la hauteur des ambitions et des intérêts de notre peuple.

De l'accession de la Mauritanie à la souveraineté internationale à nos jours, le système éducatif mauritanien a connu plusieurs aménagements et réformes (1959 1967, 1973,1979 et 1999).

Dans toutes ces réformes, exceptée celle de 1979, le souci des autorités a été d'accorder à chaque fois plus de place à la langue arabe avec comme but ultime la « repersonnalisation de l'homme mauritanien », expression apparue dans le rapport issu du congrès du Parti du Peuple Mauritanien (PPM) en juillet 1971. Comme si cette repersonnalisation devait passer nécessairement et uniquement par l'introduction de l'arabe dans le système éducatif, laissant ainsi en rade les autres langues nationales qui n'avaient pas droit de cité dans notre enseignement.

I-Etat des lieux

I-1-De la place des langues dans le système éducatif

Exclusion systématique et arbitraire des langues nationales (pulaar, sooninke et wolof) du système éducatif.


I-2-Du niveau des élèves

Différentes évaluations portant sur le niveau et les performances de nos élèves ont été réalisées ces dernières années. Elles révèlent toutes la très faible performance des élèves dans les disciplines instrumentales (langue arabe, langue française et mathématiques).


I-3-De la formation initiale et continue des enseignants

La formation initiale des enseignants est caractérisée par l'improvisation et la frilosité quant à la durée et le contenu de la formation des élèves-maîtres et élèves-professeurs.

Quant à la formation continue, elle est quasi-inexistante ces dernières années eu égard aux faibles moyens mis à la disposition des IDEN et DREN qui sont les structures chargées de la formation de proximité des enseignants.


I-4-De la scolarisation des enfants

S'il y a un domaine où il y a lieu de constater des progrès notables, c'est bien celui de la scolarisation des enfants d'âge scolaire et particulièrement celle des filles.


I-5-Des manuels scolaires et autres outils didactiques

S'il est vrai qu'à la date de la dernière Réforme (1999) à nos jours, un effort louable a été fait au niveau de l'IPN pour doter les élèves et les maîtres de manuels scolaires et guides pédagogiques dans toutes les disciplines, il faut aussi se rendre à l'évidence que la qualité de ces documents aurait pu être meilleure si on avait accordé plus de temps à" la phase conception" et envisagé une expérimentation des produits obtenus avant de les mettre à la disposition des usagers.

Quant à la distribution, il faut se réjouir de la présence des livres de l'élève dans les écoles tout en déplorant l'inexistence de guides pédagogiques pour les maîtres.

Autre fait à regretter, la quasi-inexistence de certains outils didactiques essentiels (matériel de géométrie, cartes géographiques…)


I-6-Des Curricula

Concomitamment à la Réforme de 1999, une Réécriture des programmes existants a été entreprise suivant l'Approche pédagogique dite "Approche par les Compétences".

Il a été constaté une forte mobilisation des ressources humaines, financières et matérielles pendant ces dernières années.

En 2007-2008, ces programmes ont été distribués à l'ensemble des enseignants en service. Si le geste est honorable, l'option est contestable, car de tout temps, les programmes ont été distribués au niveau des établissements, comme propriété de ces écoles, ce qui en garantissait la pérennité.

Il faut cependant noter que la formation sur l’Approche par les Compétences n’a pas été généralisée au secondaire.


I-7-Des conditions de travail des personnels de l’enseignement

L'enseignant, qui est la cheville ouvrière de tout système éducatif, a vu certaines de ses indemnités revalorisées ces quatre dernières années (primes de craie, de bilinguisme…).
Malgré tout, il n'est pas encore à l'abri des besoins sociaux, compte tenu de la dégradation galopante de son pouvoir d'achat face à la cherté croissante du coût de la vie, ce qui compromet gravement sa noble mission d'Educateur.

Le Directeur d’école qui a vu son indemnité multipliée par cinq a constaté que cette augmentation a été substantiellement grevée par les impôts. Il en va de même pour les Inspecteurs de l’Education National, des Inspecteurs de circonscription et des conseillers pédagogiques.


I-8-Des infrastructures scolaires

Un effort particulier a été fait dans le domaine de la construction d'écoles, de salles de classes, de clôtures et de latrines; ces réalisations sont visibles dans toutes les Wilayas.

Il y a lieu cependant de demander aux autorités scolaires d'être plus regardantes et exigeantes sur la qualité de ces infrastructures pour une meilleure durabilité.

Au supérieur, insuffisance de structures de bases (salles de travaux dirigés, laboratoires, amphithéâtres, bibliothèques) ouverture d’instituts dans des locaux non appropriés.


I-9-De la tutelle

Multiplicité des organigrammes dont certains n’ont même pas connu de début d’application.

Nominations arbitraires à des postes de responsabilité (choix des inspecteurs, chefs de service, DREN, IDEN, etc.).
Affectations ne tenant compte d’aucun critère.


I-10-Des conditions des étudiants

Très souvent les bacheliers arrivant à l’université ont un niveau bas par rapport au niveau académique requis et ils sont également limités dans le choix de filières de formation. Malgré l’augmentation des bourses, les problèmes de transport et de logement continuent à se poser avec acuité.


I-11-Association des parents d’élèves

Insuffisance de formation, manque de coordination entre les associations, manque de visibilité des actions des parents d’élèves.


I-12-De l’alphabétisation

L’arabe demeure la seule langue d’alphabétisation.
Malgré les ressources financières importantes allouées à cette activité, le bilan reste mitigé.


II-Orientations générales

Nous préconisons :

1. Un enseignement en harmonie avec les valeurs culturelles et sociales de toutes nos composantes nationales et qui tient compte en outre de leur environnement.

2. Une reforme du Système Educatif ayant comme option fondamentale, comme base intangible l’enseignement dans langues nationales, Arabe, Pular, Sooninke et Wolof. Ce qui implique l’officialisation des trois dernières langues citées.
Le français est maintenu comme langue d’ouverture, sans compter l’enseignement d’autres langues étrangères, par exemple l’anglais, l’espagnol.

3. Une régionalisation de l’enseignement

4. Une réhabilitation des internats

5.Un enseignement fondé sur l’acquisition d’une vaste culture générale doublée de connaissances scientifiques et techniques solides et qui inclut un travail manuel.
-Un enseignement fonctionnel répondant aux impératifs de développement du pays. Dans ce cadre une place importante doit être accordée à la formation technique et professionnelle.
-Un enseignement moderne fondé sur des techniques d’enseignements éprouvées et efficientes.

6. Un enseignement qui donne une place de choix à la formation des filles et des handicapés.

7. Un enseignant accordant au préscolaire l’importance et les moyens requis.

8. Un enseignement gratuit

9. Un enseignement obligatoire jusqu’à la fin du premier cycle secondaire

10. Une augmentation substantielle du budget alloué au ministère de l’Education Nationale

11. Un enseignement faisant du sport une vertu et une pratique incontournable.

12. Une alphabétisation fonctionnelle dans toutes nos langues nationales.


III-Propositions

L'introduction des langues nationales viendra corriger une injustice qui a été infligée pendant longtemps à des composantes de notre nation. Elle consacrera un droit essentiel de l'homme: "le droit de chaque individu d'apprendre sa langue maternelle est un droit inaliénable; et s'inscrit parfaitement dans le cadre de la convention concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l'enseignement et la convention internationale sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles adoptées par l'UNESCO, respectivement le 14 décembre 1960 et le 20 octobre 2005."

"Il est unanimement reconnu que la langue maternelle est le meilleur moyen pour l'enfant de s'épanouir. Ainsi, sur le plan psychopédagogique, il a été prouvé que le rendement scolaire de l'élève qui apprend dans sa langue maternelle est plus élevé que quand il apprend dans une langue étrangère. C'est pourquoi il est utile que les notions de base (en calcul, lecture et écriture) soient données dans la langue maternelle de l'apprenant."

Sur la base des constats susmentionnés, nous formulons les propositions suivantes :


III-1-Au niveau du préscolaire

L’enseignement préscolaire que nous préconisons comprend trois cycles :

-la petite section 2 à 4 ans,
-la moyenne section 4 à 5 ans
-la grande section 5 à 6 ans.

L’enseignement du préscolaire se fera exclusivement en langue maternelle.
Compte tenu de l’importance de l’enseignement préscolaire dans la poursuite du cursus scolaire de l’enfant, il est nécessaire de rattacher cet ordre d’enseignement au Ministère d’Etat à l’Education Nationale à l’Enseignement Supérieur et à la Recherche Scientifique.

Le ministère de tutelle prendra les dispositions qui s’imposent pour une meilleure formation initiale et continue des éducatrices de ce secteur.


III-2-Au niveau de l’enseignement fondamental


III-2-1-Les langues d'enseignement au niveau de l'Enseignement Fondamental, dont la durée est de six ans et cible les enfants de six à douze ans, sont l'arabe, le pulaar, le sooninke et le wolof.

Tout enfant mauritanien aura comme première langue d'enseignement sa langue maternelle:

- l'arabe pour les enfants dont la langue maternelle est l'arabe,
- le pulaar pour les enfants dont la langue maternelle est le pulaar,
- le sooninke pour les enfants dont la langue maternelle est le sooninke,
- le wolof pour les enfants dont la langue maternelle est le wolof


III-2-2-Les langues secondes sont les langues nationales:

- l'arabe est la langue seconde obligatoire pour les enfants dont les langues maternelles sont le pulaar, le sooninke ou le wolof,
- le pulaar, le sooninke ou le wolof sera la langue seconde obligatoire pour les enfants dont la langue maternelle est l'arabe.

La langue seconde (deuxième langue nationale) sera introduite en quatrième année. Les trois premières années du Fondamental seront consacrées à l'enseignement de la première langue c'est-à-dire la langue maternelle de l'apprenant. L'enseignement sera dispensé exclusivement dans la langue maternelle de l'apprenant et dans toutes les matières aussi bien à l'oral qu'à l'écrit.


III-2-3-Pour ce qui est de l'enseignement du Coran en tant que discipline, la démarche
suivante a été retenue:

a- S'agissant des apprenants dont l'arabe n'est pas la langue maternelle:


- la première année sera consacrée à la diction et la mémorisation de quelques versets de Coran,
- la deuxième année permettra aussi une bonne diction et une mémorisation de quelques versets avec un support visuel,
- la troisième année sera réservée en plus de la diction et de la mémorisation des versets nouveaux à la lecture des versets acquis, par la méthode globale,
- l'écriture interviendra en quatrième année, année de l'introduction de l'arabe, langue seconde.

Le commentaire du Coran et l'explication des Hadiths prophétiques se feront en langues pulaar, sooninke ou wolof.

b- Pour les apprenants dont l'arabe est la langue maternelle, l'acquisition du Coran se fera par la diction, la mémorisation, la lecture et l'écriture dès la première année.
L'utilisation de la langue maternelle comme l'unique langue d'enseignement, oralement et graphiquement à l'exception du cas cité plus haut pour l'enseignement du Coran et des Hadiths, permettra à l'enfant d'acquérir des savoirs et savoir-faire qui constitueront un fondement et une base solide pour lui, ce qui évitera l'introduction prématurée de la langue seconde.

III-3-Au niveau de l’enseignement Secondaire

III-3-1-Langues

La réhabilitation de l’institut des langues nationales est un préalable et une nécessité.
L’expérimentation au fondamental a été concluante, il s’agit désormais de la continuer au secondaire. Cette expérimentation sera évidemment évaluée et auditée… Sur la base des résultats obtenus, nous pourrions envisager les dispositions et réaménagements suivants :

-De façon générale, dans toutes les classes, l’enseignement religieux sera dispensé en arabe et l’instruction civique en langue maternelle.

Situation linguistique dans les classes

1AS : Langues Maternelles (LM) + Arabe (AR) + Français (FR) + Anglais (AN)
2AS : Idem
3AS : Idem
4AS (seconde) : En plus des quatre langues enseignées, introduction d’une autre langue nationale au choix
5AS : Introduction de la philosophie; première partie du programme.
6AS : même option qu’en 5ème AS

III-3-2-Matières ou disciplines

L’enseignement des matières scientifiques doit être plus pratique et plus attrayant. Tous les établissements secondaires doivent avoir des laboratoires pour permettre diverses expérimentations, au bout du compte sortir de la routine et très souvent des cours théoriques et magistraux.

La Physique, la Chimie seront enseignées à partir de la 4AS, l’Informatique à compter de la 2AS.

Il faut donc moderniser et favoriser l’essor du cycle secondaire en y introduisant les NTIC qui constituent un véritable raccourci pour la formation des élèves.

III-3-3-Examens

Le BEPC sera organisé en 3AS.
Le BAC en 6AS.

NB : Les élèves seront évalués dans toutes les matières au programme, de plus il s’agira aussi de réhabiliter les épreuves orales dans certaines disciplines.

III-3-4-Orientation en série ou autres

Collège à lycée à partir de la 3AS.
Série Lettre Moderne
Série Lettre Originelle
Série Sciences Naturelles
Série Mathématiques


III-3-5-Approche pédagogique

Nous recommandons le maintien de l’APC pour son caractère moderne et surtout pragmatique. Au demeurant, une telle option n’interdit guère l’utilisation d’autres techniques ou recettes qui ont fait leurs preuves avant l’introduction de l’APC… L’approche ne peut être efficiente qu’à condition que les enseignants en soient convaincus, qu’ils l’adoptent et qu’ils soient véritablement bien formés et bien suivis.


III-3-6-Manuels

Cette reforme doit s’accompagner de la conception de nouveaux manuels de qualité du point de vue de leurs formes et de leurs fonds et répondant aux standards internationaux actuels.

Concernant l’enseignement des langues, il faudrait élaborer des manuels distincts de lecture, de grammaire, d’orthographe et de conjugaison.


III-3-7-Régime d’internat

Il y a lieu de réhabiliter les internats. Ceux-ci permettront assurément aux élèves mauritaniens, toutes races, toutes ethnies et toutes catégories sociales confondues de se retrouver, mieux se connaitre, vivre en symbiose, toutes choses qui sont un gage d’unité nationale et de cohésion sociale. En sus, ces internats constitueront sans conteste un soutien inestimable pour les élèves déshérités.


III-3-8-Mesures d’intégration

Pour corriger la situation de cloisonnement générée par le nouveau système éducatif, nous recommandons que tous les cours de langue soient communs…


III-3-9-Finances

Pour garantir la réussite de ce système éducatif, il est nécessaire d’augmenter de façon substantielle le pourcentage du secteur éducatif dans le budget national, nous proposons que ce pourcentage soit porté à 30 ou 40 %.


III-3-10-Période transitoire

En attendant, la mise en place complète du nouveau système éducatif, nous suggérons, le maintien de la reforme de 1999. Celle-ci doit être revue et corrigée pour remédier aux insuffisances constatées.

La Philosophie et l’Histoire et la Géographie seront enseignées en français.
Aucune discipline ne sera supprimée au baccalauréat.


III-4-au niveau de l’enseignement originel

En ce qui concerne nos écoles traditionnelles que nous appelons mahdara, leur méthode est particulière : les systèmes d’enseignement sont différents, les peulhs, sooninke et wolof utilisent leur langue dès que l’enfant commence à apprendre à partir de l’alphabet. Les arabes font la même chose, c’est le hassanya qui est utilisé.

Cela dit, nous n’utilisons pas la transcription de nos langues dans ces écoles, il y a lieu de demander l’introduction de leur écriture dans les dites écoles et l’enseignement de certaines matières : calcul, sciences d’observation, géographie, histoire à partir de 7 ans ou 8 ans dans les langues maternelles.

A partir de 10 ou 12 ans, les élèves des mahadras commencent à étudier l’Histoire, la géographie dans les langues vivantes afin que cela leur permette de participer aux concours d’admission dans les écoles publiques pour poursuivre leurs études.

Même s’ils n’ont pas besoin d’étudier dans les écoles publiques, l’étude de matières sus-citées est une chose indispensable pour leur bien être.


III-5-Au niveau de l’enseignement technique

Notre pays a tout intérêt à accorder une grande importance à l’enseignement technique et professionnel et peut être même en faire une priorité. En effet, certains pays ont pu se développer rapidement et fortement en hissant le pourcentage des élèves du secondaire à 40 et même 75% dans un cas.


- Orientation

Elle s’effectue à partir de la 3ème Année Secondaire.


- Filière

L’enseignement technique se subdivise en quatre séries (génie civil, génie électrique et électronique, génie mécanique et génie hydraulique et chantier naval).

L’enseignement professionnel se divise en quatre série aussi (technique, industrielle, rurale, sociale). En plus des séries, les centres d’apprentissage devront accueillir les élèves devant sortir en qualité d’ouvriers qualifiés et cela pour tous les secteurs (plomberie, maçonnerie, « teinturerie », enseignement ménager, …).


- Les recommandations

Former des formateurs qualifiés pouvant assurer une formation technique et professionnelle adéquate.

Leur assurer une formation continue (recyclage, remise à niveau) eu égard au développement fulgurant des sciences et des technologies.

Ouvrir des centres de formation et de perfectionnement professionnel en fonction de la vocation et des besoins des régions.

Renforcer en matériels appropriés toutes les écoles, tous les instituts de formation technique et professionnels.


III-6-Au niveau de l’enseignement Supérieur

La réforme de 1999 a mis fin à la mission de l’Institut des Langues Nationales. L’enseignement et le développement des langues nationales (Pulaar, Sooninke et Wolof) sont confiés au Centre de Recherche et d’Enseignement des Langues (CREL) qui en réalité ne s’occupe que de l’enseignement du français et de l’arabe. Le CREL est passé à côté concernant sa mission pour les langues nationales.

L’enseignement supérieur s’est diversifié depuis la création de l’université de Nouakchott. Au niveau de certaines de ses facultés, des départements de langues, arabe, français et anglais ont été ouverts pour la formation, mais pas les langues nationales. Ces dernières sont, souvent associées à des recherches littéraires, linguistiques et sociologiques... Au niveau des sciences expérimentales, techniques et économiques, les langues française et anglaise sont intégrées dans le volume horaire hebdomadaire de la première à la dernière année du cursus universitaire comme soutien à la communication et accès aux ouvrages scientifiques. Et, enfin depuis 2007-2008 avec le passage au nouveau système Licence-Master-Doctorat (LMD), les langues (arabe, français et anglais) sont intégrées dans les modules des blocs transversaux des Faculté de Sciences.

Au terme de ce bref aperçu, nous constatons que les langues nationales (pulaar, sooninke et wolof) n’ont jamais fait l’objet d’attention des académies universitaires. Or, l’université devrait avoir vocation de recherche, de formation et même d’apprentissage des langues nationales.

Dans le souci de repenser les carences du système éducatif national et dans le souci de créer une multiculturalité interactive, base d’une interculturalité fondement de l’unité nationale ; l’enseignement supérieur doit soutenir et accompagner les réformes de l’éducation nationale.

Dans la perspective de l’introduction des langues nationales (pulaar, sooninke et wolof) dans le système éducatif, l’enseignement supérieur peut jouer un rôle fondamental dans l’enseignement, la recherche, la vulgarisation et l’animation artistique de ses langues par :

-la création de départements de linguistique et sociolinguistique à la faculté des lettres et sciences humaines qui va s’occuper de la recherche, du développement et de la formation, de l’introduction de ces langues comme modules ou éléments dans le cycle universitaire Licence-Master.

L’expérimentation de l’enseignement des langues nationales se poursuivra au supérieur pour qu’à terme elles deviennent des langues de formation, au même titre qu’au niveau du préscolaire du fondamental et du secondaire.


III-7-L’alphabétisation

L’enseignement des adultes doit utiliser toutes les langues maternelles. Par ailleurs, Il est nécessaire qu’il assure l’alphabétisation fonctionnelle des jeunes qui n’ont pas eu la chance d’être admis dans les écoles publiques.

Il faut aussi ouvrir des passerelles entre les deux systèmes pour permettre aux jeunes de poursuivre leurs études après avoir fait un concours de sélection. Les plus âgés doivent être destinés aux centres de formation professionnelle.

Au début, le contenu de ce système doit être comme de l’enseignement fondamental. A cet égard, les matières suivantes doivent être privilégiées : calcul, sciences de l’observation (étude du milieu), environnement, religion, géographie, Histoire, orthographe, conjugaison et grammaire.

Ces langues maternelles sont : arabe, pulaar, sooninke, wolof. Les langues étrangères peuvent être enseignées à certains niveaux afin de permettre aux apprenants de les utiliser dans leur vie quotidienne.


Conclusion

De notre accession à l’indépendance à nos jours, notre système éducatif national a connu des avancées notoires dans tous les domaines. Toutefois, l’on constate amèrement qu’il s’est fortement dégradé à partir des années 70. Cet état de fait est imputable à l’irresponsabilité, à l’incurie et au chauvinisme des décideurs politiques mauritaniens. La preuve c’est que les réformes opérées ont été, c’est le moins qu’on puisse dire, subjectives et idéologiques, très souvent, elles ont été élaborées au pas de charge et sans concertation.

L’on peut affirmer sans se tromper que les stigmates les plus saillants de la faillite de notre école se révèlent dans le bas niveau des élèves, la précarité des conditions de vie et de travail des enseignants, le manque de débouchés pour les étudiants après leur formation (inadéquation formation-emploi ; l’apprentissage étant au service de l’emploi) et last but not least, l’absence d’introduction des langues nationales dans le cursus éducatif ; ici, il faut souligner fortement qu’il est inacceptable d’exclure ces langues ad vitam aeternam, comme si elles étaient condamnées à mort.

Les Etats Généraux de l’Education et de la Formation ne peuvent point occulter cette problématique (elle n’est pas uniquement linguistique, elle est aussi culturelle, politique et économique) de nos langues nationales (Sooninke, Pulaar et Wolof). C’est incontestablement une question de bon sens, d’honnêteté intellectuelle, de démocratie, d’équité et de justice tout cout.

Sous ce rapport, nous mauritaniens, en ce début de 21ème siècle, devons nous rendre compte, accepter et intérioriser les vérités essentielles suivantes :

Primo : une communauté humaine n’existe et ne se définit que par sa langue et sa culture. A ce sujet, feu Mamadou Samba Diop dit Murtudo, que Dieu ait son âme, ne disait-il pas : « Demngal ko fittaandu lengnol, demngal ko daaba pinal. » Ce qui veut dire que la langue est l’âme d’un peuple, la langue est le véhicule de la culture.

Secundo : « les langues sont le reflet d’une situation et d’une expérience socioculturelle et elles varient en fonction des changements d’une société » ; et on peut inclure à cela que leur évolution positive et qualitative est tributaire de leur statut juridique (seul le droit fonde une société et un Etat) et donc de la volonté politique des décideurs.

Tertio : toutes les langues se valent ; un élève ou un étudiant peut acquérir le savoir scientifique et technique dans sa langue maternelle.

Quarto : c’est dans sa langue et sa culture que l’Homme se réalise le mieux.

Finalement, après tant d’échecs et de dégâts accumulés, il y a lieu de se ressaisir et d’avoir le reflexe décisif.

Ces EGEF doivent être nécessairement réussis, car il s’agit clairement de sauver notre école.

En tout état de cause, l’AJD/MR se fait le devoir de suivre régulièrement les activités de la Commission Nationale Chargée de l’Organisation des EGEF et naturellement se met à sa disposition pour impulser et concrétiser la mise en place d’une reforme idoine de notre système éducatif national. Celle-ci est forcément une réforme de rupture dans la mesure où elle induit l’enseignement et l’alphabétisation dans les langues nationales wolof, sooninke et pulaar. Cette réforme contribuera à n’en pas douter à la formation d’un bon citoyen et donc à l’avènement d’une cohabitation harmonieuse, gage d’une unité nationale véritable, toutes choses pour forger et assurer à la République Islamique de Mauritanie un avenir apaisé, stable et prospère.

Nouakchott, le 11 juillet 2012


ANNEXE

Mesures d’accompagnement

La réintroduction des langues nationales dans le système éducatif passe nécessairement par la prise d’un certain nombre de mesures indispensables, nous en citerons entre autres :

- La réouverture de l’institut des langues nationales,
- Le recensement exhaustif de tout personnel enseignant et d’encadrement qui a eu à travailler dans le passé dans cet institut,
- L’affectation d’un budget conséquent à cet institut pour lui permettre de jouer pleinement son rôle,
- L’adoption d’une loi reconnaissant toutes les langues nationales comme langues officielles d’enseignement et d’administration,
- La reconnaissance, dans un souci d’équité et de justice, comme bilingue tout celui qui parle et écrit deux langues nationales,
- L’obligation pour tout agent de l’Etat de pratiquer deux langues nationales au moins : sa langue maternelle et une ou plusieurs langues nationales,
- La stimulation du multilinguisme : l’Etat doit prendre des dispositions pratiques ouvrant aux citoyens de larges possibilités d’apprentissage de plusieurs langues nationales et étrangères,
- La délivrance de diplômes en langues nationales à la fin de chaque cycle d’enseignement ; ces diplômes donneront les mêmes droits et avantages que ceux en arabe et en français,
- L’introduction d’une épreuve en langue nationale dans tous les examens et concours de l’enseignement général et professionnel,
- L’ouverture de sections de langues nationales dans toutes les écoles de formation professionnelle (ENI, ENS, ENA etc.) et de sections de traducteurs en langues nationales à l’université et à l’ENA,
- La création de services de traduction en langues nationales à tous les échelons de l’administration,
- L’utilisation exclusive des langues maternelles au préscolaire comme préalable indispensable à la formation du jeune être,
- La traduction en langues nationales de tous les imprimés de l’administration mis à la disposition des citoyens,
- Le sous-titrage dans les différentes langues nationales des panneaux d’utilité publique,
- Toutes les dispositions qui étaient prises pour soutenir l’arabisation dans les précédentes réformes seront réinvesties pour la généralisation de l’enseignement des langues nationales.


Source: Communication AJD/MR
avomm.com
Mardi 17 Juillet 2012 - 18:15
Mardi 17 Juillet 2012 - 18:29
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1.Posté par watt oumar le 18/07/2012 11:40
banndiraabe o jamm daddado yo geno waddum jabaad, sabu ala ko buri nde daddande naattde hakkille, gangriyanke. fof in yihtoheen ndimaagumum,e ngodaagumum timungu.

2.Posté par Bassoum le 18/07/2012 22:59
En voici une contibution osée, détaillée, ambutieuse. Reste si les états généraux ( responsables et participants)en tiendront compte.
Il est admis que tout tourne autour des langues, si nous reconnaissons à chacun une certaine dignité, il impératif de permettre à chacun de s'épanouir dans sa propre langue et baigner dans sa culture. Une fois tout cela fait, une chance inouie est donnée aux Mauritaniens. Il nous reste fils de ce pays d'oser d'une façon sincère et honnète d'affronter de telles questions. C'est des questions cruciales, difficiles à trancher, qui appellent du courage et d'honneté intellectuelle. Que Dieu guide ces déchargent et les conduisent au succès et à la satisfaction générale.

3.Posté par Moulaye Dioum le 19/07/2012 12:15
Une contribution de qualité qu'il faut soutenir et saluer.

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